mercredi 21 septembre 2016

Ceci est mon texte

Quand un de mes texte est accepté par un éditeur (entk, par un bon éditeur), il est ensuite envoyé au directeur littéraire.

Normalement, le directeur littéraire m'envoie ensuite un texte en "suivi des modifications" bourré de commentaires divers, ainsi que de changements effectués directement dans le texte. Les mots que j'avais écrits apparaissent rayés (comme ça) et la suggestion du directeur littéraire est en couleur.

À moi de voir si la suggestion me convient, d'en proposer une nouvelle si ce n'est pas le cas, voire de m'obstiner pour garder mon ancienne formulation.

Ensuite, une fois que le texte a été modifié de manière à satisfaire le directeur littéraire, on procède de la même manière pour la révision linguistique.

Je suis toujours la dernière à décider ce que j'accepte ou refuse dans le texte (dans la mesure où je ne tiens pas à garder des erreurs grossières qui pourraient pousser l'éditeur à refuser de publier le texte!). C'est normal : c'est MON texte. C'est mon nom qui va apparaître dessus. C'est moi qui serai jugée par les critiques, mes pairs, les lecteurs, etc.

J'avais toujours cru que cette manière de procéder allait de soi, n'en ayant jamais vécu d'autres.

Or, je découvre peu à peu que certaines maisons d'édition envoient des corrections (littéraires ou linguistiques) sous la forme de "suivi des modifications" tronqués (le texte original, au lieu d'être raturé, a disparu) ou alors sans aucun suivi (un texte "modifié" est envoyé, parfois même en PDF).

Je trouve ces deux manières de procéder absolument inacceptables. Ça me semble être un manque de respect total envers l'auteur. Ça l'oblige à se livrer à un boulot de moine pour tout comparer, ligne à ligne. Et si jamais il "échappait" une modification? Si jamais l'un des intervenants n'a pas compris un aspect du texte (ça arrive!), qu'il a fait des fautes affreuses, confondu un personnage avec un autre et changé un nom dans une scène cruciale (ça arrive aussi) ou dans un dialogue important, bref si une correction bien intentionnée bousille le texte, qui en portera l'odieux? L'auteur, uniquement l'auteur.

Chaque fois que j'entends parler d'un éditeur qui procède ainsi, je note le nom. Il va grossir ma liste d'éditeur chez qui je ne soumettrai jamais de manuscrit. Après tout, on est déjà si mal payés pour faire ce boulot, peut-on au moins garder le contrôle de nos textes? Apparemment, non : ma liste s'allonge chaque année.

Avez-vous reçu ce genre de corrections quasi-imposées? Comment avez-vous réagi? Trouvez-vous cela normal? Est-ce que je m'insurge pour rien?

10 commentaires:

Annie Bacon a dit…

Ça ne m'est jamais arrivée, et j'avoue que je resterais bête!! Tous mes éditeurs fonctionnent avec le "track changes" que je peux accepter et refuser. Tu peux donc les mettre dans ta liste de "éditeur avec qui travailler"!!!

Nomadesse a dit…

Jamais au grand jamais! Eh boy! J'aimerais bien que tu me passes ta liste en douce pour que je n'envoie jamais un texte à ces endroits moi non plus!

Gen a dit…

@Annie : Je crois que j'ai entendu parler d'un track change tronqué de la part d'un de tes éditeurs... peut-être qu'il s'essayait avec un nouvel auteur (ou que c'était la faute de la réviseure). Mais je note que je peux les mettre sur la liste des "parlables".

@Nomadesse : Pas de problème, je t'en jaserai à l'atelier! ;)

WikiPA a dit…

Quand j'ai mon chapeau de directeur littéraire (vraiment pas souvent, on s'entend!) ou celui de correcteur/réviseur (pas mal plus souvent celui-là!), c'est systématiquement de cette manière que je procède, JUSTEMENT par respect pour le travail de l'auteur. Ça m'est arrivé une fois, avec un éditeur jeunesse, où on m'a demandé de corriger directement dans le texte, et c'est le mandat le moins plaisant que j'ai eu à réaliser...

Je peux parfaitement comprendre cette blacklist (et moi aussi je veux en savoir plus à l'atelier!)

Sinon, comme je pense peut-être être l'ami anonyme en question, je précise que je ne pense pas du tout que ce soit la norme et je suis très enclin à classer ça comme erreur de bonne foi/charge de travail ridiculement élevé pour un délais ridiculement court pour la dir. litt. au moment d'avoir travaillé mon texte. Donc tu peux le considérer comme "travaillable"! ;)

Si ce n'est pas moi, ben... l'avis vaut quand même! ;)

Gen a dit…

@WikiPA : En effet, pour t'avoir eu en direction et en révision, tu es très respectueux des auteurs! :) (Le fait que tu écrives toi-même y est sans doute pour quelque chose! ;)

Ce n'est pas toi, mais je t'avais en tête aussi. Et dans tous les cas, je ne trouve pas que la charge de travail est une excuse... Mais bon, donnons une chance au coureur. ;) (Anyway, je ne me cherche pas d'éditeur pour le moment : faudrait que je finisse d'écrire avant! lol!)

M a dit…

Si la fonction de suivi a été activée, on peut afficher les modifs (dans les options, on peut choisir de les voir ou pas).

Peut-être faut-il activer la fonction nous-mêmes pour nous prévenir de modifications sans consentement?

Gen a dit…

@M : C'est assez facile à désactiver ou alors la personne peut accepter ses propres modifs (qui consistent à effacer du texte) et ne laisser que celles qui suggèrent. En théorie, il y a moyen de remonter dans les versions si tout le monde a utilisé des logiciels compatibles ou alors d'effectuer une comparaison automatique entre les textes, mais en pratique, c'est rarement le cas.

Guillaume Voisine a dit…

À peu près la seule situation où il est acceptable pour un éditeur d'apporter des modifications sans suivi des modifications, c'est quand les changements sont strictement de l'ordre de la mise en forme (à condition que ce ne soit pas narratimement pertinent, évidemment), parce que ça sert surtout à faciliter le montage (et si le texte appartient à l'auteur, la grille graphique, habituellement, appartient à l'éditeur). Mais sinon, gros red flag, ouais.

Isabelle Lauzon a dit…

Je n'ai pas vécu cette situation (et tant qu'on est en Word, je peux utiliser la fonction *comparer*, alors bonne chance pour essayer de m'en passer une petite vite, héhéhé). Par contre, j'ai aidé récemment une jeune auteure à transformer son manuscrit en PDF afin de le remettre en Word, question qu'elle puisse utiliser cette fameuse fonction *comparer*. J'ai trouvé ça vraiment dégueulasse (n'ayons pas peur des mots) de la part de l'éditeur, d'agir comme ça.

Alors oui, ce genre de situation existe. Ce n'est pas professionnel, c'est moche, mais ça existe. :(

Gen a dit…

@Guillaume : Oh oui, en effet, pour la mise en forme, pas de problème, à moins que ça fasse partie du concept du texte, l'éditeur peut faire ce qui lui plaît!

@Isabelle : J'ai vécu des situations (changement de Mac à PC, d'Open Office à Word, etc) où la fonction "comparer" ne marchait pas super bien (et puis, ça reste un boulot de moine que de comparer comme ça!), mais oui, en effet, au moins ça aide. Pour ce qui est de remettre le manuscrit corrigé en PDF... je devrais remercier ces éditeurs : ils me fournissent plein d'inspiration pour les noms des cadavres de mes prochaines nouvelles policières! :P