jeudi 27 novembre 2014

Scène de salon du livre (6) - Les types de clients

Ah, les Salons du livre! Quand on n'a pas encore publié de roman, on en rêve. On a tellement hâte de s'installer derrière notre table, de rencontrer des lecteurs, de vendre des livres...

Mais une fois que le rêve se réalise, on constate que, à moins d'être une vedette avec une longue file devant sa table, le client-lecteur-qui-achète-un-livre, il vient assez rarement nous visiter. On a plutôt droit au...

Client-perdu.
C'est son premier salon du livre. Il ne sait pas comment ça marche, alors les chances qu'il achète sont minces.
Échantillon rencontré dernièrement : deux dames qui pensaient qu'une "séance de signature", ça voulait dire que l'écrivain (moi en l'occurrence) était disponible pour un genre de service d'écrivain public. Quand je leur ai dit que oui je pouvais "leur écrire quelque chose", mais que ce serait une dédicace dans un de mes livres qu'elles auraient préalablement acheté, elles ont été déçues.

Client-sorti-de-notre-passé
C'est une vieille connaissance. On ne l'a pas vu depuis une éternité. Il est content de connaître un auteur publié. Mais pas assez pour lui acheter un livre.
Échantillon rencontré dernièrement : un ancien collègue de travail, prof de français, qui m'a jasé vingt minutes et n'a même pas fait semblant de s'intéresser à un de mes bouquins. Cheap!

Client-bizarre
Vous le voyez venir de loin. Il se parle tout seul. Ou il a l'air débraillé. Ou il regarde autour de lui comme s'il voyait des gens que vous ne percevez pas. Vous priez pour qu'il ne s'arrête pas à votre table. Vous fuyez le contact visuel... Vous devriez changer de religion, le dieu auquel vous vous adressez semble dur d'oreille, parce que le bizarre s'arrête pile devant vous. Avec un peu de chance (et d'expérience) vous réussirez à vous en débarrasser assez rapidement, parce que vous savez bien qu'il n'achètera rien.
Échantillon rencontré dernièrement : un type qui se disait magicien et qui m'a expliqué à quel point la page couverture de "6, Chalet des brumes" était un symbole fort et que ça paraissait que j'écrivais la nuit. Désolée, j'écris de jour.

Client-qui-vient-te-jaser-parce-qu'il-te-trouve-à-son-goût
Il vous fait un beau sourire, vous pose quelques questions sur vos livres, mais sans regarder les couvertures, trop occupé à vous contempler (ou, pour les filles, à contempler votre décolleté). Gentil, d'habitude il ne s'attarde pas au point de devenir envahissant, mais, malheureusement, il n'achète pas non plus.
Échantillon rencontré dernièrement : plusieurs hommes dans la cinquantaine. Accueillis de plus en plus fraîchement à mesure que l'heure avance, parce qu'on se tanne de les voir repartir les mains vides.

Client-pot-de-colle
Lui, il achète. Mais ensuite, il ne repart plus. C'est un moindre mal : souvent, c'est notre seule vente de la journée.
Échantillon rencontré dernièrement : aucun. Vente totale de bouquins durant le dernier salon : deux. Oups...

Ami-auteur ou Ami-lecteur
Il vient vous parler pour vous désennuyer. Vous savez qu'il achètera pas et vous vous en foutez.
Échantillon rencontré dernièrement : Ben à peu près tout le monde, merci d'être passés! ;)

Avez-vous d'autres types de client à ajouter?

19 commentaires:

Annie Bacon a dit…

En jeunesse, il y a les chasseurs de signet!

Heureusement aussi, il y a le client qui a des petites étoiles dans les yeux lorsque tu lui raconte ton histoire, et qui repart avec le livre signé. Et, encore mieux, celui qui t'attend à ton arrivée, son livre amené de la maison exprès dans les mains. Il repart sans avoir acheté... parce qu'il les a déjà tous lu. Celui-là, c'est mon préféré!

Unknown a dit…

Pour l'auteur d'horreur: la madame perplexe qui est sidérée de voir qu'un auteur d'horreur peut être sympathique. Qui pose plein de questions et qui, parfois, finit par acheter un livre pour assouvir sa curiosité.

myr_heille a dit…

J'ai vu ton nom sur ta table mais je n'ai pas réussi à te croiser, j'en étais bien triste! Ça s'est donc bien passé, ton premier salon avec la puce? :)

Daniel Sernine a dit…

Il y a le client qui vient faire signer ses exemplaires de ton livre achetés
a) Dans une solderie, probablement à 2$.
b) Au solde annuel des Bibliothèques de Montréal.
Et qui passe son (long) séjour devant toi à se plaindre du prix des livres neufs, surtout ceux de Ken Follett.

Pierre-Alexandre Bonin a dit…

Il y a aussi le client qui vient te dire qu'il t'a peut-être « ploggué » dans le Châtelaine! ;)

À ma défense, j'avais acheté tes livres avant le Salon! ;)

En plus, je veux vraiment lire ta trilogie jeunesse! ;)

Et j'espère faire partie des clients-amis (parce que l'ancien collègue, il m'a fait poiroter pendant 20 minutes derrière lui!)

Gen a dit…

@Annie : Ah oui, j'ai oublié les chasseurs de signet. Pour ce qui est du "fan déjà acquis", c'est sûr qu'il fait toujours plaisir à voir lui! :)

@Fred : LOLOL! Ah oui, le client qui trouve que t'as pas la face pour écrire ce genre de livre, c'est quelque chose ça aussi.

@myr_heille : J'ai laissé la puce à la maison finalement. Ça m'a forcée à écourter mes heures et à faire le salon à la course, mais j'pense qu'au final ça m'aura permis de mieux dormir ces deux soirs-là. (Bébé n'aime pas se faire changer ses habitudes)

@Daniel : Lolol! Ah, le client cheap. Bah, on peut toujours espérer qu'il va finir par acheter des bouquins neufs un moment donné.

@Pierre-Alexandre : Oh oui tu fais partie des clients-amis! (tsé, une ploggue dans Châtelaine, ça crée ben des amitiés! hihihihihihihihihi!)

Luc Dagenais a dit…

Tu oublies les écrivain(e)s frustré(e)s qui viennent se plaindre des refus qu'ils essuient de la part des différentes maisons d'éditions (Hein, Isabelle?! ;o)) Ou les clients combos; genre le pot-de-colle-sorti-de-notre-passé… O_o!

Daniel Sernine a dit…

Et puis il y a l'Asperger, qui est généralement un Tanguy en même temps, et à qui tu ne sais pas trop comment parler car lui il ignore totalement comment interagir avec les gens et, surtout, ne sait pas décoder quand la conversation est terminée (ou devrait l'être).
Certains reconnaîtront ici ce qui est vite devenu mon anecdote préférée du Salon.

Gen a dit…

@Luc : Hé! Isa me l'a pas racontée celle-là!

@Daniel : Ça se classe dans les bizarres me semble! :p (cette anecdote-là j'en ai entendu parler! ;)

Daniel Sernine a dit…

Le plus drôle c'est que Natasha, elle, ne l'a pas trouvé weird du tout!

Gen a dit…

@Daniel : Pwahahahahaha!

Prospéryne a dit…

Ah! Ah! Ah! Oui, les amis-lecteurs/auteurs sont sûrement les meilleurs amis des auteurs en dédicace. J'avoue adorer abuser de ce privilège! En essayant toujours de ne pas trop prendre de place pour ne pas décourager des lecteurs-acheteurs éventuels! ;)

Gen a dit…

@Prospéryne : Et tu es toujours la bienvenue! D'ailleurs, je ne t'ai pas vue en fin de semaine passée et ça m'a manqué!

Isabelle Lauzon a dit…

À Luc : LOLOL Ouais, c'est bien connu, les maisons d'édition sont tellement pas fines avec les auteurs de génie bourrés de talent... Systématiquement, elles refusent leurs manuscrits, juste pour les écoeurer et vendre des livres poches à la place... ;)

À Gen : Je te raconterai ça en privé, ma chère... ;)

Isabelle Lauzon a dit…

N'oublions pas les visiteurs de salons prêts à découvrir de nouvelles affaires! Intrigués par la couverture du bouquin, ils viennent faire un tour pour voir de quoi il retourne... et finissent parfois par repartir avec le livre dédicacé (si on est moindrement vendeur! Hihi!)! Ceux-là, je les adore, ils nous donnent l'occasion de jaser, de leur faire découvrir nos oeuvres et ils ont généralement l'esprit ouvert! :)

Gen a dit…

@Isa : Ils sont rares certains jours malheureusement!

Prospéryne a dit…

Ouais, disons que mon Salon de cette année a été plutôt poche... J'ai pas vu grand monde et j'étais pas vraiment en mode Salon du livre. Je me rattraperai au prochain et sans doute que là, tu auras le nouveau Hanaken! :P

Gen a dit…

@Prospéryne : Je confirme : sortie prévue en mai! :)

Prospéryne a dit…

Encore si longtemps à attendre? Zut... Enfin, on va le savourer une fois arrivé! ;)