lundi 31 mars 2014

Les osties de silences

Après plusieurs années à regarder presqu'exclusivement des séries télé américaines, mon chéri et moi avons décidé de goûter un peu aux produits locaux ces derniers temps. Comme je venais de lire plusieurs bonnes critiques sur la série Série Noire, on a décidé de l'essayer. Après tout, ça se présente bien : l'histoire met en scène deux scénaristes qui ont écrit une série télé poche et se font maintenant commander une suite. Beaucoup de rires en perspective.

Hum... Ptêt pas finalement.

On a vu juste le premier épisode. Ça a tout pris pour le finir. Si les personnages avaient été deux écrivains sympathiques qui tirent le diable par la queue et décident de faire mauvaise fortune bon cœur et d'assumer leur succès même s'ils n'aiment pas le projet (qu'ils auraient accepté pour remplir leur frigo), ben ça aurait pu être drôle. En l'occurrence, les deux personnages sont des intellos snobs et sans talents (mais avec des beaux appartements), qui décident qu'en expérimentant des situations dangereuses, ils vont être capables d'écrire une meilleure série. Pénible.

En plus, l'épisode était affligé de tous les défauts des séries québécoises qui nous ont convaincus, il y a quelques années, de "passer à l'ennemi" et d'écouter des téléséries américaines.

Première problème : les dialogues. Ou plutôt, les osties de silence dans les dialogues! Ou alors les répétitions à l'identique d'un échange, en forme d'obstinage ou de dialogue de sourd, qui ne cessent que lorsque l'un des interlocuteurs cède. Deux effets, je suppose, destinés à refléter le naturel et le réel. Sauf qu'on regarde la télé pour se distraire, pas pour entendre exactement le genre d'échanges qu'on croise déjà dans notre vie quotidienne. Tant qu'à écouter une conversation naturelle, avec silences et répétitions, on a tous une grande tante ou une grand-mère qu'on pourrait appeler! Les silences dans un dialogue ne sont de mise que lorsque le langage non verbal d'un personnage permet de compléter ses propos. Or, comme tous les dialogues des séries télé sont écrits "points sur les i, barres sur les t" sans aucune subtilité ou sous-entendu, il ne reste rien à compléter. On a compris, merci.

Deuxième problème : le vide. Les épisodes sont pleins de vide. Dès qu'une séquence est supposée être un peu émotive, on nous fait de lents travellings sur le décor ou le personnage. Idem si jamais on pense avoir quelque chose d'impressionnant à montrer. Ça remplit le temps à peu de frais, je suppose, mais ça nous emmerde. Il y a autant de vide dans les séries américaines, mais un effort de montage lui insuffle un peu de rythme.

Troisième problème : les ressorts narratifs cheap. La blonde de l'un qui le trompe (sans blague, en huit saisons de How I Met Your Mother, il y a une seule histoire de tromperie, alors qu'on en retrouve une par semaine dans n'importe quelle série québécoise... nos scénaristes sont vraiment pas capable d'imaginer un autre genre de problème de couple?). L'agression en pleine rue, sans que personne ne crie à l'aide. Le gars mou qui refuse quelque chose pour le faire ensuite, ce qui est censé nous surprendre, mais ne nous surprend pas du tout, parce qu'on l'a trop vu. On est vraiment pas capables de faire mieux?

Quatrième problème : le jeu. On a des comédiens fantastiques au Québec. Pis on en a des vraiment poches. Mais comme on braque souvent une caméra à deux pouces du nez du comédien talentueux (ce qui nous pousse à remarquer que ses larmes sont ptêt un peu fake ou qu'il a du poil dans le nez), pis qu'on donne des répliques sans subtilité à tout le monde, ben il s'opère un espèce de nivellement par le bas. Tout le monde sort mal. 

Bref, on a abandonné la série, avec un petit pincement au cœur (on est des défenseurs de littérature québécoise, pourquoi est-ce qu'on arrive pas à aimer la télé québécoise?). On a glissé les DVD d'Omertà, saison 1, dans le lecteur. Et on a poussé un soupir de soulagement. Coudonc, il s'est déjà fait de la bonne télé chez nous.

Qu'est-ce qui s'est passé depuis?

jeudi 27 mars 2014

J'suis juste pas faite pour le marché du travail

Plus les années passent, plus j'en arrive à une conclusion : j'suis juste pas faite pour le marché du travail.

Quand je lis des billets comme ceux d'Isa ou d'Isabelle ou même de Prospéryne, ça me fascine. Ça me fascine aussi quand je vois mon chum coder des projets personnels après avoir passé une journée à se casser la tête sur des lignes de code. Les découvrir passionnés par leur travail, prêts à s'y investir et à y mettre du temps, même non payé, pour affiner leurs compétences et mieux accomplir leurs tâches, je trouve ça beau. (Bon, dans le cas de mon chum, que ses projets personnels affinent ses compétences, c'est plutôt un adon, mais reste que ça lui est profitable dans son travail).

Je trouve ça beau, donc, et... incompréhensible. J'ai toujours travaillé parce qu'il le fallait bien. Oh, on m'a souvent dit que c'était parce que je n'avais pas trouvé l'emploi qu'il me fallait, que j'étais pas dans mon domaine, etc... Mais quand je discute avec mes amis qui enseignent l'histoire au cégep ou qui travaillent pour des groupes de recherche, j'en arrive toujours à la même conclusion :

Oui, ça a l'air vraiment intéressant comme boulot, mais à leur place, me semble que je ne garderais pas longtemps la même passion.

J'aime la recherche, surtout historique, ah ça oui, j'aime l'enseignement aussi, mais... mais pas trop longtemps. Pour me garder allumée, stimulée, impliquée, il faut que le boulot varie, que les sujets changent fréquemment, que je sois toujours en train d'apprendre, de créer...

Bref, je suis faite pour être écrivaine. Pour papillonner d'un sujet à l'autre au hasard des exigences de mes projets (d'ailleurs, trois romans sur le même sujet, je trouve ça dur!). Sur le merveilleux marché du travail, y'a pas grand job qui me convienne (ironiquement, celle que j'ai occupé pendant quatre ans avec les avocats correspondait fort bien à mon profil, puisque les dossiers variaient beaucoup, jusqu'à ce qu'un supérieur problématique me force à choisir entre une démission ou une dépression).

Je me dis que c'est pas grave, qu'il faut de tout pour faire un monde. Mais des fois, me semble que ça doit être tellement plus simple quand on est passionnés justement par le truc qui fait rentrer l'argent!

Enfin, ce genre de réflexion me conforte dans ma décision : il ne me reste qu'un mois de boulot! ;)

mercredi 26 mars 2014

Le serveur du café

Je ne comprends pas les personnes qui se sentent si sûres de leur importance qu'elles arrêtent de prêter attention aux gens qui les entourent.

Oui, on peut avoir des études poussées dans un domaine. Oui, on peut avoir un talent naturel. Oui, on peut avoir énormément de succès financier.

Mais ça ne veut pas dire que les gens autour de nous, même s'ils paraissent moins éduqués, moins talentueux ou plus pauvres, n'ont rien à nous apprendre.

Le chef d'entreprise qui roule sur l'or a beau être équipé d'une machine à espresso flambant neuve, il ne sait pas dessiner des petits cœurs dans la mousse du lait aussi bien que le serveur du café.

La même analogie s'applique dans le milieu littéraire.

On a toujours quelque chose à apprendre.

mardi 25 mars 2014

Scène de bureau (33)

Le téléphone sonne. Coup d'œil machinal à l'afficheur. "Gouv. Canada". Ah tiens, étrange, c'est rare qu'il y a du monde du gouvernement fédéral qui appellent (ils ont leurs propres assureurs).

Moi (un soleil artificiel dans la voix) - Service à la clientèle bonjour!

Interlocuteur - Bonjour, pourrais-je parler à Monsieur Chose?

Moi - Bien sûr.

Et je transfère l'appel au dernier arrivé du département, un collègue dans la quarantaine. Aussitôt, ma collègue du cubicule d'à côté se précipite à mon bureau.

Collègue (l'air fort excitée) - C'était-tu un appel du gouvernement du Canada?

Moi - Oui, pourquoi?

Autre collègue (qui passait justement par là) - Ben parce qu'il est là depuis deux semaines et c'est le troisième appel qu'il reçoit du gouvernement fédéral.

Ok, rendus ici, vous devriez avoir deviné que nos jobs sont pas exactement passionnantes pour qu'un tel détail pique la curiosité de mes collègues.

Première collègue (sur son ton de potineuse professionnelle) - Ptêt que sa blonde travaille là!

Autre collègue (avec son intonation soupçonneuse habituelle) - Ou bedon c'est Revenu Canada qui lui court après.

Moi - Ou c'est son agent de libération conditionnelle qui veut être sûr qu'il travaille bien ici.

Silence. Mes collègues s'entre-regardent, l'air inquiètes, puis se tournent vers moi, l'air à la fois apeurées par l'éventualité évoquée... et découragée par ma propension à toujours imaginer le pire.

Moi (rongée par la culpabilité à l'idée que je risque de leur faire perdre le sommeil pendant une couple de jours... parce qu'il leur en faut pas beaucoup) - Mais pourquoi est-ce que vous m'incluez dans ce genre de discussion?!?

À ce jour, elles m'ont pas encore répondu.

lundi 24 mars 2014

Le travail c'est la santé

Le travail, c'est la santé. Parce que si on est capable de travailler, de bouger, d'interagir avec les autres, d'occuper ses journées à des trucs productifs, ça aide à nous garder en forme. D'ailleurs, c'est prouvé : les retraités oisifs et isolés sont plus souvent malades que les travailleurs du même âge.

Mais à ce que je vois autour de moi ces temps-ci, y'en a qui on mal compris la notion. Le travail, ça ne vous guérit pas de tout. 

L'autre jour, je croise un ami, cerné, début de grippe. Il me raconte qu'il a dû courir ce matin-là pour aller porter ses filles malades chez leur grand-mère, car la garderie refusait de les accepter. Puis il a couru pour être à l'heure à son boulot. Et là il sortait du bureau tardivement, ayant fait du temps supplémentaire. Devant lui, une course pour avoir le temps de voir ses filles avant qu'ils ne se couchent. Parce que malades comme elles étaient, il allait les mettre au lit de bonne heure.

Moi - Pauvre toi! Demain, tu vas rester avec eux à la maison?

Lui - T'es folle! *tousse tousse* J'ai ben trop de travail! *mouche* Pis j'ai pas de congés de maladie.

Moi - Ben oui, mais... t'as l'air d'un gars qui a besoin de repos. T'as pas des journées de vacances qui restent? Ou du temps accumulé avec tout l'overtime que tu fais?

Lui - C'est sûr, *mouche* j'ai des vacances en masse : j'ai même pas trouvé le temps de prendre toutes celles de l'année passée! *tousse tousse* Mais je peux pas prendre congé maintenant. On est ben trop dans le rush. On est toujours dans le rush, t'as pas idée!

Moi - Ah bon. Ben... Bonne chance. J'espère que tu pourras te reposer en fin de semaine.

Lui - Pas samedi en tout cas *mouche*, faut que je rentre travailler.

Je l'ai quitté avant qu'il ne me tousse davantage de microbes dessus, en songeant à ses pauvres collègues qu'il allait sans doute contaminer dans les jours à venir. Et en me demandant si ces collègues, une fois malades, allaient être aussi "investis" que mon ami et continuer à travailler malgré leur état.

Le travail, c'est ptêt la santé, mais quand on est malade, rentrer au boulot, ça ne me semble pas la meilleure des idées... Pis les vacances, c'est fait pour être pris! Je constate de plus en plus souvent autour de moi que les gens, arrivés dans la trentaine et donc dans des fonctions d'une certaine importance, semblent gênés lorsqu'ils doivent demander un congé auquel ils ont droit (et dont ils ont besoin). J'trouve ça plate pour eux. Parce que le jour où l'employeur aura besoin, pour des raisons de rationalisation ou autre, de couper leur poste, ben lui il ne se gênera pas.

Dans un système où la sécurité d'emploi n'existe plus et on où risque de se retrouver au chômage un jour ou l'autre, me semble qu'on est aussi bien d'y arriver reposé et en santé! ;)

jeudi 20 mars 2014

Suprématie de Laurent McAllister

Bon, malgré le fait que le bouquin s'est pratiquement désintégré dans mes mains, j'ai fini par terminer "Suprématie" de Laurent McAllister.

Le livre raconte l'histoire d'Alcaino, commandant de la nef spatiale le Doukh, et commence durant la dernière mission d'envergure de ce capitaine. Face au Doukh et à son équipage se dressent les Suprémates, de races et d'origines diverses, mais tous unis par le même consensus, la même façon de percevoir la réalité. Remarquez, les Suprémates n'ont pas tellement le choix d'adhérer à ce consensus : des implants cérébraux manipulent leurs perceptions et leurs raisonnements grâce à des "filtres de réalité" qui aplanissent les différents. Le capitaine du Doukh, son équipage et leurs alliés s'opposent à cette tyrannie de la bonne entente obligée et entendent prouver que la créativité de l'esprit humain est plus forte que les consensus artificiels.

Comment ne pas aimer un bouquin qui raconte comment la créativité et la libre pensée se montrent plus fortes qu'un bonheur factice et anesthésiant? ;) Le concept de "Suprématie" est excellent. La construction, qui accumule les retour en arrière et nous raconte les personnages au moyen de leurs souvenirs, est bien faite et donne son rythme à l'ensemble du récit.

Ryhtme qui, cependant, est lent. Très lent. Les personnages sont nombreux, pas à l'excès, mais leur nombre, et l'obligation de les présenter convenablement, ralentit la progression de l'intrigue. Par contre, toutes leurs histoires personnelles sont passionnantes. Au point où, parfois, malgré le volume déjà conséquent du bouquin, on se dit qu'on aurait pas détesté en savoir un peu plus sur certains d'entre eux. Alcaino, le capitaine, est une figure centrale riche, bâtie par petites touches habiles. Il n'a pas beaucoup de nuances, mais son passé explique son fanatisme et arrive à nous le rendre sympathique.

Cependant, ce qui, à mons sens, nuit le plus au rythme du récit, ce sont les explications techniques, passages obligés de tout livre de SF qui se respecte. Dans un roman, les longs raisonnements et explications scientifiques tendent à m'emmerder rapidement. Une fois qu'on m'a dit que tel système planétaire se présente sous la forme suivante et que oui, c'est un truc possible, je n'ai pas besoin de l'explication de deux pages sur le pourquoi du comment, avec équations physiques devinées en filigrane. C'est, tant qu'à moi, l'équivalent du lexique linguistique de la langue inventée dans une série de romans de fantasy : c'est le fun que l'auteur soit au courant de ces informations et détails, mais c'est pas nécessaire de tout mettre dans le bouquin.

Cela dit, je ne suis pas une fan de hard SF. J'ai lu "Suprématie" un peu par à-coups, accélérant le rythme de lecture lorsqu'on plongeait dans l'action, dans l'histoire des personnages, dans la planification de leur grand coup final, puis ralentissant drastiquement, allant même jusqu'à le mettre de côté quelques jours, lorsque je tombais sur, par exemple, la description détaillée (en 2 pages!!!) des effets de l'explosion d'une bombe.

Cela dit, je ne l'ai jamais laissé tomber, curieuse de connaître la fin. Et celle-ci valait la peine de s'accrocher. :) Si vous n'avez pas lu de bon space opera depuis longtemps, "Suprématie" est à essayer. Quitte à lire les bouts techniques en diagonale. ;)

mercredi 19 mars 2014

L’après grossesse - Ajout

À entendre les femmes de mon entourage qui ont déjà eu des enfants, toutes les transformations et malaises vécus pendant la grossesse, y’a rien là, c’est ben pire après.

Selon elles, après avoir accouché je dois m’attendre à ce que:

- mes seins s’affaissent et disparaissent
- mon ventre soit à jamais mou et gros et marqué de vergetures
- mon dos reste douloureux, avec un nerf sciatique coincé
- mes dents tombent
- mes cheveux aussi
- une moustache me pousse
- mes cernes deviennent permanents à cause du manque de sommeil
- je n’aie plus le temps de faire du sport, lire un livre, teindre mes cheveux, magasiner des vêtements à ma taille ou même prendre une douche
- je doive dire adieu à ma libido

Pourtant, à chaque fois que je croise un chauve moustachu édenté et cerné, avec un gros ventre mou, une démarche de canard, un discours d’inculte, une frustration sexuelle évidente et une apparence pas très soignée, il m’assure qu’il n’a jamais été une femme et qu’il n’a jamais donné naissance! :p

Addendum
Mon journal local jase de moi. Et c'est vraiment le fun d'apprendre ce que Christine Brouillette pense de mon texte! :) La journaliste a fait une bonne job de résumé en plus: j'pense qu'on a parlé pendant quasiment une heure.

mardi 18 mars 2014

Scène de bureau (32)

J'entre dans le bureau de ma patronne, parce que le moment est venu de l'Évaluation annuelle. Exercice qui, avec un peu de chance, débouchera sur la mythique Augmentation de salaire.

Patronne - Gen, heille on est vraiment super satisfaits de ton rendement cette année!

Hum, ça commence mal. J'ai assez d'expérience pour savoir qu'un tel compliment sera suivi par la chanson de l'enveloppe budgétaire.

Patronne - Par contre, il faut comprendre qu'on a une enveloppe budgétaire maximale pour les salaires.

Je garde un visage neutre, mais je sens que les mots "Me semblait bien aussi" doivent être inscrits au néon dans mes yeux.

Patronne - Et puis, il faut admettre que tu n'as pas rencontré tes objectifs annuels.

Moi - Ah oui, les dossiers que je devais fermer "à temps perdu" et que je n'ai fermé qu'à 80%, étant donné que la charge de travail sur les dossiers actifs a augmentée de 45% par rapport à l'année dernière, diminuant d'autant mon "temps perdu"?

Patronne (faisant semblant d'ignorer que j'ai donc fermé 25% de dossiers de plus que ce à quoi on pouvait s'attendre) - C'est ça, ça n'a pas été atteint. Et puis, l'augmentation de l'inflation était très basse cette année...

Je remarque que, comme tous les employeurs, elle confond soigneusement "inflation" et "coût de la vie".

Patronne - On t'offre donc 3% d'augmentation.

Moi - Tu es au courant qu'il y a six mois on a changé d'assureur et que, depuis, j'ai dû payer de ma poche un montant équivalent à 4% de mon salaire en frais médicaux divers, que le nouvel assureur ne rembourse pas, mais que l'ancien, lui, remboursait?

Patronne (mal à l'aise) - Oui, tu m'en avais parlé.

Moi - Avec ce que vous m'offrez, compte tenu de l'inflation, je me retrouve donc avec une diminution de salaire de 2%.

Patronne - Euh...

Moi - Est-ce que tu veux que je vous offre une diminution de rendement de 2%?

Patronne - Ben là...

Elle fait une longue pause, puis son visage s'illumine.

Patronne - Tu pars en congé dans combien de temps déjà?

Moi - Un peu plus qu'un mois.

Patronne - Bon, alors, tout ça va être derrière toi bientôt, ça vaut pas la peine de te fâcher.

Moi (en sortant du bureau) - J'suis pas fâchée.

Et c'est vrai. Ça vaut pas la peine de me fâcher pour un mois. Surtout que je sais que je les ferai pas changer d'idée. Mais 2% de ma semaine normale de travail, c'est trois quart d'heure. Amplement de quoi écrire un billet de blogue entre deux dossiers.

Paraît que le pire problème de l'économie québécoise, c'est le manque de productivité. Ptêt que si les employeurs essayaient de motiver les employés en les augmentant (pour vrai) de temps à autres, la productivité se porterait mieux.

J'dis ça de même...

lundi 17 mars 2014

Le dit du Musè (19)

Au début de la semaine passée, alors que je venais tout juste de me débarrasser de mon pénible rhume, mon chum se lève un matin, congestionné, tousse à quelques reprises, se mouche avec bruit et revient péniblement se coucher.

Lui - Ze suis balaaade!

Moi - Ben oui, je vois ça.

Lui - C'est à cause du changebent d'heure.

Moi - Euh... Comment ça?

Lui - C'est cobbe dans les zeux bidéos. On a reculé l'heure, alors les bicrobes borts sont rebenus à la vie et ils m'ont attaqué!

Moi - Hum... Tu veux-tu deux Advils décongestionnants?

Lui- Abec un berre d'eau siteplaît.

Des fois, ça sert à rien de le contrarier... Surtout si on haït pas son explication sur les effets possible d'un changement d'heure! ;)

vendredi 14 mars 2014

L'heure du dévoilement est arrivée

L'heure du dévoilement est arrivée.

Bébé est... une fille! :)

Bon, là on va pouvoir commencer la décoration de la chambre! ;)

jeudi 13 mars 2014

Tempête de neige

Je venais de marcher 20 minutes dans le froid et la neige et la poudrerie et j'allais mettre le pied dans le bus qui m'amenait à l'école secondaire (balade d'une grosse heure), quand mon cellulaire-jamais-allumé-d'habitude a sonné.

 L'école était fermée à cause de la tempête. Les animations d'aujourd'hui sont remises à... on verra ben quand.

J'ai marché un autre 20 minutes dans l'autre sens pour regagner ma maison. J'y suis arrivée complètement gelée.  Il était tellement tôt que, si j'avais voulu, j'aurais pu appeler à mon boulot pour leur dire que, finalement, je n'aurais pas besoin de mon congé du jour, que je pouvais rentrer travailler s'ils voulaient de moi.

 À la place, je suis allée me recoucher.

 Hé, si la tempête de neige me donne congé, je vais quand même pas contrecarrer les plans célestes! ;)

mercredi 12 mars 2014

Partie divertir 210 ados!

Pour les deux prochains jours, le blogue va être assez silencieux, parce que votre blogueuse (et ses sinus bouchés) s'en va divertir 7 classes d'adolescents! (Avec une moyenne de 30 ados par classe, ça en fait pas mal!)

Ouaip, 7 heures d'animation en perspective, pour lesquelles je vais être équipée en tout et pour tout de quelques bouquins, une pile de signets et des exemples de mes pages de note et de mes plans de travail. (Parce qu'au moment où j'ai accepté l'animation, Bibitte était sur le point de rendre l'âme, alors j'avais renoncé à l'idée de lui demander de supporter une présentation PowerPoint).

Si je ne suis pas de retour lundi, c'est qu'ils m'ont dévorée vivante.

Mais dans le cas le plus probable, je devrais être là... avec quelques anecdotes! ;)

Déjà, mon chum m'a préparée psychologiquement au fait que, les ados n'ayant plus de cours de sexualité à l'école, mon bedon rond pourrait susciter plus d'intérêt que mes bouquins. :p

mardi 11 mars 2014

Principe existentiel

Le principe existentiel qui régit ma vie, c'est que lorsque je finis par obtenir quelque chose que je désirais depuis longtemps, c'est toujours à un moment où d'autres préoccupations ont surgi dans ma vie et ravalé l'objet de mon désir dans le bas de mon échelle des priorités.

Ces jours-ci, par exemple, je fantasme sur le fait de pouvoir avaler deux Advil Rhume et Sinus. Y'a pas à dire, en temps normal on sous-estime la désirabilité des décongestionnants!

À côté de l'inconfort permanent de mes sinus bloqués (et du fait que je commence à avoir mal aux abdos à force de me moucher), les histoires de concours littéraire et même l'acceptation de la réécriture de mon premier texte d'atelier dans Brins d'éternité, ça devient secondaire! ;)

lundi 10 mars 2014

Crudessence ou friser la surdose de vert

Vendredi soir passé, mon chéri et moi avions envie de passer une soirée en ville. Il viendrait me rejoindre près de mon travail, on souperait dans un resto, puis on irait au cinéma avant de s'en retourner tranquillement vers notre Rive-Sud natale.

Bref, des plans de vendredi soir ben ordinaires (limites plates) pour 99% des gens. Seulement, avec la maladie céliaque de chéri, sortir au resto tout en préservant sa santé, c'est pas simple.

Dans le coin de mon boulot, on a déjà pas mal épuisé les possibilités de resto sans danger (à savoir, aux deux opposés du spectre alimentaire, le très végétarien "Commensal" et le très carnivore "Bâton Rouge"). Vendredi passé, on avait envie de faire différent.

Une petite recherche dans nos souvenirs (et sur Internet) nous a mis sur la piste de l'un des rares restaurants 100% sans gluten : le Crudessence qui propose un menu crudivore et végétalien. Ouaip, un resto qui propose des aliments pas cuits, pas de viande et même pas de produits d'origine animale.

Réaction de mon chéri devant ce menu assez peu commun : "Wow! Je peux manger de tout! J'ai envie de goûter à tout! Go, go, go, on y va!" (Je plains tous les céliaques du monde qui n'ont pas l'ouverture d'esprit de mon chum sur le plan culinaire : ils doivent trouver leur bouffe assez monotone merci!)

On est donc débarqués dans cet antre de l'alimentation vivante. Sur la trentaine de clients présents, nous étions parmi les plus jeunes. Et mon chum représentait 25% de la clientèle masculine. Sur les tables, des pichets d'eau verte attendaient les courageux qui oseraient s'en servir un verre. Qu'à cela ne tienne, nous avons bravement rempli nos verres de liquide vert (qui s'est révélé légèrement parfumé à la menthe) et commandé des nachos de tomates séchées et graines de sésame, une lasagne d'aubergine aux épinards avec parmesan de noix, un bol de chili de patates douces sur lit de quinoa, un smoothie au chou kale, persil, dattes, lait de coco et bananes, ainsi qu'un assortiment de desserts.

Pendant ce temps, à la table derrière la nôtre, un autre 25% de la clientèle masculine a commencé par s'exclamer "Hein? C'est pas cuit?" avant de dire "Euh, j'peux-tu avoir juste un petit morceau de lasagne?" En attendant nos assiettes, mon chéri et moi avons tenté de comprendre comment ce gars-là s'était ramassé dans le resto. On a deviné que la dame qui l'accompagnait avait dû choisir leur destination. (Plus tard, on a également supposé que c'était l'une de leurs premières rencontres et qu'il n'y aurait peut-être pas de prochaine fois, mais bon, c'est une autre histoire! ;)

Lorsque la bouffe est arrivée, on a eu de belles surprises. Les nachos étaient forts goûteux, de même que la lasagne d'aubergine et le chili. Et mon smoothie vert était délicieux, parfaitement onctueux et juste assez sucré pour demeurer désaltérant. Par contre, je dois admettre qu'à ce point-là du repas, on était pas loin de la surdose visuelle de vert. Entre l'eau vert clair, le smoothie vert pomme, la guacamole vert vibrant sur les nachos et le chili, le vert pâle des aubergines, le vert foncé des épinards et le vert tendre de la luzerne, ça commençait à faire beaucoup. Heureusement que le décor du resto était blanc!

Au moment d'attaquer notre assiette de dégustation de desserts, nos yeux ont enfin pu se reposer, tandis que nos papilles gustatives sont passées du mode "découverte" au mode "party". C'est pas mêlant, la crème glacée au lait de coco était à se rouler à terre de plaisir! Les brownies, la tarte choco-banane et la tarte à la lime valaient eux aussi le détour.

Bref, on est ressortis du Crudessence parfaitement repus. En prime, on venait de redécouvrir le plaisir de pouvoir partager nos assiettes au resto sans s'inquiéter de contamination croisée.

On avait bien une légère impression d'être dans la matrice et de déceler une teinte verdâtre dans toutes les couleurs, mais ça a fini par passer! ;)

jeudi 6 mars 2014

Conseils bien intentionnés (3)

Scène qui survient au moins une fois par semaine dans ma vie de femme enceinte, surtout quand je me livre à des activités dangereuses comme enfiler mes bottes ou soulever trois livres :

Personne bien intentionnée : Penche-toi pas comme ça! (Ou : Lève pas ça!) C'est pas bon pour le bébé.

Moi (qui ne se sent pas essoufflée et qui n'a pas l'impression de forcer parce que je fais encore régulièrement du yoga et de l'aquaforme et puis je plie les genoux pour épargner mon dos) : Ah bon?

Personne bien intentionnée : Ben non! La belle-soeur de ma cousine par alliance elle s'est penchée (ou : a soulevé un sac à peine lourd), elle a toussé en même temps et elle s'est brisé le coccyx!

Moi (complètement incrédule et non sincère, mais j'ai appris dès la première semaine de grossesse que ça servait à rien d'essayer de raisonner les gens bien intentionnés) : Ah ouais, wow. Je vais faire attention.

Fait amusant : après quelques recherches au sujet de cette légende urbaine, j'ai découvert qu'il est effectivement possible que des femmes enceintes en fin de grossesse se fêlent les os du coccyx suite à un mouvement trop ample accompagné d'une toux ou d'un éternuement.

La cause de cette fêlure : un relâchement musculaire causé par un manque d'activité physique depuis le début de la grossesse!

J'vous laisse : j'vais faire quelques postures de yoga axées sur le renforcement musculaire avant d'aller au bureau! ;)

mercredi 5 mars 2014

Future maman vs ses hormones

Être enceinte, des fois, c'est se battre contre ses hormones. Lutter contre l'impulsion instinctive qui donne envie de rester évachée sur le divan et de passer trop de temps sur Facebook à regarder des photos de chatons, louveteaux et autres bébés mignons en poussant des "Ooohhh" attendris. Se débattre contre l'envie irrépressible de pleurer, même si on n'a, rationnellement, aucune raison d'être triste ou inquiète.

Devant cet état des choses, il y a deux options : se laisser aller à ces impulsions hormonales (au risque de perdre notre personnalité et de noyer notre chum dans un torrent de larmes) ou résister dans la mesure du possible (c'est-à-dire en apprenant à s'accorder une journée de congé pour refaire le plein d'énergie quand le yoyo hormonal devient impossible à gérer). C'est pas facile par contre, parce qu'en début de grossesse on se rend pas compte de ce qui nous arrive.

Par exemple, juste avant Noël, je suis allée me promener avec mon chéri au Salon des métiers d’art. D’habitude, je regarde plutôt les vêtements, les objets courants (comme des sacs ou des portefeuille) ou, à la limite, les bijoux. Mais cette fois-ci, (je venais de découvrir que j'étais enceinte) j’étais attirée par…

Moi – Oh! Chéri, regarde, ils font des coussins en forme de toutous un peu endormis!

Chéri, amusé lui aussi – C’est vrai qu’ils sont mignons.

Moi – Y’en a même des tout petits, pour les bébés!

Chéri, attendri à son tour – Ben oui, c’est cute.

Plus loin.

Moi – Oooooh! C’est trop mignon, regarde : des serviettes de bain avec un capuchon qui a des oreilles pour représenter divers animaux!

Chéri – C’est comique, si t’aimes ça, on en achètera quand on aura le bébé.

Encore plus loin.

Moi- Regaaaarde, c’est tellement cuuuuuute!

Chéri, peut-être un brin impatienté – Oui, oui, des marionnettes en feutre pis des jouets en bois avec une ficelle qu’un bébé qui marche peut tirer derrière lui... Dis-moi, mon amour, la phase de la grossesse où la maman veut instinctivement faire son nid pis accumuler plein de trucs pour l’enfant, ça commence quand?

Moi (absorbée par la contemplation de mini-pyjamas) – Le nesting? Oh, vers le cinquième mois je pense.

Chéri – Hein? Tu veux dire que t’es pas encore dedans?

Moi (à présent en admiration devant un ours en peluche) – Non, pourquoi?

Chéri – Oh, pour rien. (pause et soupir de résignation) Tu veux un toutou?

Moi (me rappelant que je suis une adulte et redéposant le nounours) – Non, non, je les trouve juste hyper beaux, mais bon, c’est un peu rapide.

Chéri – Ah, fiou. T’as raison, j’ai encore une couple de mois de break.

Moi – De quoi tu parles?

Chéri ne répond pas et me fait un câlin. Plus tard, à la maison, après qu'un film d'arts martiaux m'aie ramenée à mon état normal, il m'a raconté l'anecdote comme je viens de vous la présenter et on en  a rigolé tous les deux.

Cette historiette démontre deux choses : les hormones de la grossesse, quand on y prend pas garde, ça modifie un tantinet le comportement... et mon chum a un excellent instinct de conservation! ;)

mardi 4 mars 2014

Solaris #189

Décidément, les revues ont décidé de sortir des sentiers battus côté couverture pour les derniers numéros! :) L'illustration délicieusement rétro de ce Solaris vaut le détour.

En plus, elle s'accorde parfaitement aux rééditions des trois nouvelles de Jean Dion (dont une co-écrite avec Guy Sirois), un nouvelliste qui nous a quittés cette année. On le présente dans la préface comme le "secret le mieux gardé de la science-fiction québécoise". Et je dois dire que je n'en avais effectivement jamais entendu parler. À la lecture des rééditions, je ne peux que déplorer ce fait, car j'ai adoré les trois nouvelles, particulièrement "L'évangile des animaux", qui évoquait un peu l'ambiance de "Bladerunner".

Suivait "Cheese!" de Katerine Thériault, dont c'était la première publication dans les pages de Solaris. Je n'ai pas détesté le style, mélange de français et d'anglais très vivant et familier, qui colle parfaitement à l'ambiance hallucinatoire du récit, mais je suis restée un peu sur ma faim avec la finale. Cela dit, pour un premier texte, ça promet! :)

"Le passeur" d'Isabelle Lauzon a, pour moi, une histoire particulière : ce texte a été écrit en grande partie sur mon sofa et sur ma table de cuisine, lors d'une fin de semaine de l'été 2012 où Isa et moi avions décidé de nous improviser un atelier. J'ai adoré relire, en version retravaillée, cette réinterprétation du motif du vaisseau fantôme et du capitaine damné avec son navire.

La nouvelle suivante "Ta mère un vieux char" de Juan Munoz m'a tout d'abord rendue perplexe à cause de son aspect un peu échevelée (on est pas toujours de qui fait quoi où et quand), mais une fois qu'on réalise que l'intrigue est aussi ébouriffée que le style, on se laisse porter par ces voitures-animées qui conseillent leur conducteur sur leur vie amoureuse.

La section des fictions se terminait sur une série de vignettes de Michel Lamontagne "Futurs empoisonnés". J'en ai trouvé plusieurs tout à fait savoureuses, mais j'ai trop cherché, je crois, à les assembler en un tout cohérent, ça a gâché mon plaisir de lecture. Si vous avez pas encore lu ces textes, partez du principe qu'ils n'ont pas de liens et vous en profiterez davantage. :)

Pour finir, si la chronique Sci-néma de Christian Sauvé ne vous donne pas envie de voir "Gravity" et si l'analyse des relations entre le Vatican et les extra-terrestre, signée Mario Tessier, ne vous inspire pas une nouvelle ou deux, je sais ben pas ce qui se passe avec vous! ;)

lundi 3 mars 2014

Scène de bureau (31)

Au boulot c'est la grande saison des renouvellements de polices d'assurance. On a envoyé massivement des lettres à nos clients. Et là, y'en a plusieurs qui appellent...

Moi (dont le ton professionnel ne trahit pas ma posture évachée dans ma chaise, ni le fait que je reçois 60 appels par jour depuis une semaine) - Service à la clientèle bonjour, comment puis-je vous aider?

Client – Bonjour, j'suis en train de renouveler ma police là, pis je me demandais... je peux-tu postdater mon chèque?

Moi – Pas plus tard que le 1er mars.

Client – Mais ma nouvelle police commence juste le 1er avril.

Moi (sur le pilote automatique, parce que la question revient fréquemment) – Oui, mais pour que vous bénéficiez du rabais qu'on vous offre, il faut encaisser le chèque avant le 1er avril. Et comme on reçoit plus de mille chèques par jour, pour qu'il n'y ait pas de délai de traitement, on les demande datés du 1er mars.

Client – Y’a-tu une loi qui dit qu’il faut que ce soit fait le 1er mars?

Moi (soudain prise de l'impression que j'ai parlé dans le beurre) – C’est ça qu’on demande dans les documents que vous avez reçu et on explique pourquoi. C'est pour bénéficier de votre rabais.

Client – Ben j’vais le faire au 5 mars le chèque, ça va être correct, hein?

Ben oui, ça va être correct, mais j'ai pas le droit de le dire, parce qu'un chèque postdaté, ça met les pauvres commis comptables (qui encaissent mille chèques par jour) dans la merde.

Moi – Écoutez, faites ce que vous voulez, moi je vous ai dit qu’on les voulait pour le 1er mars, à partir de là, prenez votre décision.

Client (sur un ton satisfait, comme si je venais de lui dire « Ben sûr, le 5 mars, pas de trouble) – Ok merci, bonne fin de journée!

Les conversations du genre, je les trouve toujours un peu surréalistes. Pourquoi est-ce que les clients appellent pour poser une question s'ils ont déjà décidé de ce qu'ils feraient, peu importe la réponse?