lundi 10 février 2014

Visage moderne de la pauvreté

En fin de semaine, j'en ai appris une bonne.

Il semblerait qu'un couple de mon cercle de connaissance (deux professionnels dotés de jobs payantes, de deux enfants, deux autos, deux couples de grands-parents qui se battent pour jouer à la gardienne, deux Iphones, deux garde-robe de linge griffé, des collections de lunettes et de chaussures plus à la mode les unes que les autres, alouette!) s'est inscrit à des distributions d'aliments, financées par des organismes de charité.

Parce qu'il semblerait qu'en plus du reste, ils ont deux marges de crédit maxées.

Paraît que c'est ça le visage moderne de la pauvreté : le jeune couple surendetté.

Sauf que ce jeune couple, qu'on fréquente depuis des années, on sait que son problème, c'est qu'il a des goûts de luxe et qu'il ne sait pas compter. Que c'est pas normal qu'il se paie, sur la marge de crédit, des trucs que, malgré nos finances saines, on trouve hors de prix.

Ça me dérangerait pas trop (enfin, ça m'a dérangée la fois où ils ont snobbé mon manteau d'hiver usé-et-démodé-mais-encore-chaud, mais bon j'suis passée par-dessus), si les organismes qui les appuient désormais n'étaient pas justement ceux auxquels je donne régulièrement!

Je comprends les gens qui voient des cas semblables et qui décident d'arrêter les dons de charité.

Heureusement que je sais que j'aide aussi des gens véritablement dans le besoin.

Ou, en tout cas, j'espère!

17 commentaires:

Guillaume Voisine a dit…

J'en connais aussi, de ces pauvres nouveau genre. À voir leur train de vie (et à la vitesse à laquelle ils remplissent leur marge de crédit, justement), je me dis que, même si je ne leur souhaite pas, ça va fort probablement leur péter dans face.

Gen a dit…

@Guillaume : Ouais, tôt ou tard, ça pète. Si c'est pas pendant leur vie active, ce sera à leur retraite. Mais ce qui m'insulte un peu, c’est que les gens raisonnables financièrement finissent par devoir soutenir et aider (via des œuvres de charité ou les filets sociaux) ces gens surendettés qui sont loin d’être pauvres et qui ont profité, sur le bras du crédit, d'un niveau de vie que les gens raisonnables ne pourront jamais se payer.

myr_heille a dit…

Avec un taux d'endettement de 163% (grosso modo, les Canadiens dépensent 1.63$ pour chaque 1$ qu'ils gagnent), ça me surprend même plus des histoires de même. Quelle tristesse quand même.

Sébastien Chartrand a dit…

J'en côtoie tous les jours, des personnes comme ça. Parmi mes consoeurs, je ne crois pas me tromper en disant que le quart (si ce n'est pas le tiers) s'endettent en vivant largement au-dessus de leurs moyens.

Gen a dit…

@myr_heille : Le pire, c'est qu'il faut que tu fasses pas mal d'argent pour que les banques te laissent t'endetter à ce point-là! Je trouve ça tout simplement fou. Quand tu es déjà capable de vivre confortablement, pourquoi est-ce que tu t'endettes pour essayer de vivre comme un millionnaire?

@Sébas : Ouais, mais tes consoeurs ont de la misère avec les maths de sixième année! lolol! ;) Et bon, j'ai connu des gens très endettés pendant leurs études qui ont fini par se calmer quand ils ont réalisé que papa-maman n'épongerait plus leurs dettes.

Il devrait y avoir un cours "d'économie domestique" obligatoire au cégep.

Luc Dagenais a dit…

@Gen: Et d’après toi, est-ce que le fait de s’inscrire aux distributions d’aliments va les réveiller et leur permettre de reprendre leurs finances en mains, ou est-ce qu’au contraire, maintenant que la case « alimentation » de leur budget est libérée, ils vont juste dépenser plus ailleurs ?

Gen a dit…

@Luc : D'après ce que j'ai compris, ça vient juste de leur permettre de s'endetter un peu moins chaque mois. Au moins ils semblent résolus à ne pas s'endetter davantage.

Luc Dagenais a dit…

@Gen: Triste histoire dans le fond. Je leur souhaite de s'en sortir.

Gen a dit…

@Luc : Oui, triste, mais tellement mauditement commun qu'un moment donné c'est juste enrageant.

Surtout quand ces personnes se permettent de te dire (ou de te faire sentir) que ce que tu viens d'acheter (genre un lit de bébé IKEA) est cheap. Ptêt, mais au moins je l'ai payé cash!

Nomadesse a dit…

J'ai lu ton billet et ça m'a fait réfléchir tout l'avant-midi. Et ironiquement, j'ai le goût de me faire l'avocat du diable.

1: ce 1,63$ que les Québécois dépensent pour 1$ gagné est une moyenne. Ce qui veut dire qu'il est fort probable que cela ne soit pas représentatif de la plupart des gens (la moyenne peut être boostée sérieusement quand quelques personnes plus riches, avec un poids disproportionné, sont très endettées). Je resterais donc prudent là-dessus, sachant que deux doctorants sont justement sur ce sujet-là.

2. Dois-je remercier tes amis pour le fait que mes REER ont pris du mieux depuis la crise de 2008, grâce à tous ces gens qui font exactement ce qu'on les encouragent à faire en masse: dépenser et surconsommer? Notre société étant ainsi faite, c'est grâce à eux que mes fonds se sont mis à remonter, certainement pas avec moi qui achète assez peu et souvent usagé...

3. Dois-je également les remercier pour tous ces points que j'accumule sur ma carte de crédit, carte qui me donne toujours plus de marge de crédit pour être bien certain que je me ramasse un jour à être surendettée moi aussi (même si elle ne fait pas un sou avec moi, c'est grâce à ceux qui paient des intérêts que j'ai droit à tous ces "bonus" et ces "primes" lors de mes achats)? C'est très triste à dire, mais encore une fois, tout est fait, et très bien fait, pour créer le besoin et le rendre le plus accessible possible.

En gros: tes amis font pitié à la fois parce qu'ils se sont laissés embarquer dans cette idée que tout était possible, mais aussi ils ont cru que pour être heureux, il faut bien évidemment tout avoir. Je ne voudrais pas pantoute être à leur place et je les plains beaucoup.

Mais si tout le monde agissait comme toi et moi, notre économie tomberait tout de suite. Ce qui prouve à quel point on a sans doute besoin d'une grande réflexion sur la façon dont elle fonctionne...

Luc Dagenais a dit…

Pis y aura jamais un hussier qui va partir avec... ;0)

Gen a dit…

Lolol! ;) En effet!

Gen a dit…

Notre économie ne s'effondrerait pas immédiatement et ce, pour deux raisons.

1- Faut quand même pas croire que tous les gens deviendraient raisonnables en même temps.

2- Soudainement plusieurs industries "non rentables" (artisans, produits écologiques, productions locales, bien culturels, etc) se retrouveraient avec des marges de profit semblables aux produits trop luxueux ou trop cheap soudain boudés par les consommateurs. Je gage que ce serait pas long que les industries établies comprendraient le message.

En plus, le risque permanent qu'un taux d'endettement fait subir à l'économie d'un pays est réel. Après tout, la crise de 2008 a été causée par l'explosion du taux de faillite aux USA. La reprise depuis vient non pas tant de l'économie canadienne (qui stagne), mais de la reprise américaine. Donc pour nos REER qui remontent, faut dire merci à Obama (quoique, si je compare mes rendements avec ceux de 2003, mettons, on a pas de super remerciements à faire encore...)

Et 163% c'est une moyenne, en effet. Mais selon ce que j'ai lu, ce ne sont pas les ménages les plus riches qui boostent la moyenne. Ce sont les ménages qui font environ 100 000$ par an. Ceux-là sont juste assez riches pour qu'on leur prête beaucoup et trop "pauvres" pour être vraiment capable de tout s'acheter.

Cela dit, tu soulèves un bon point quand tu dis que mes amis sont des victimes du système. Sauf qu'on s'est tous déjà fait expliquer comment il marche le système. Pourquoi mettre le doigt dans l'engrenage?

Et oui, on est dus pour une réflexion sur notre économie. Mais c'est pas demain la veille qu'on la verra éclore.

Je crois que, au contraire de ce que tu présentes, ce sont les gens conscientisés qui vont finir par faire changer le système. Le jour où les cartes de crédit auront du mal à financer leurs systèmes de bonus si alléchants, ben elles vont arrêter de les offrir. L'incitation à mettre l'épicerie sur la carte de crédit disparaîtra.

Nomadesse a dit…

Absolument, la conscientisation et l'éducation en économie sont absolument essentielles, on s'entend là-dessus. Et je suis d'accord avec ton billet: tout ne s'effondrerait pas si vite, mais je ne suis pas sûre qu'on irait vers "la croissance infinie", comme c'est le cas aujourd'hui.

Reste qu'il me semble qu'on ne va pas du tout dans la bonne direction: rien n'a vraiment changé après la crise de 2008 et nos enfants n'ont toujours aucun cours d'économie obligatoire à l'école. Déprimant...

Gen a dit…

La croissance infinie n'étant pas soutenable à long terme (et n'ayant jamais fait partie des bases du capitalisme, mais plutôt de la société de consommation de l'après-guerre), pas trop grave si on doit l'abandonner.

Et en effet, pour le moment, on ne va pas dans la bonne direction. Hep, à nous d'enseigner l'économie à nos enfants. (Ça pis l'orthographe, étant donné que c'est plus tellement au programme à l'école!!!)

Sébastien Chartrand a dit…

Dans mon temps (argh, fait chier de commencer un commentaire comme ça), on avait Économie Familiale en secondaire 2 où on apprenait à gérer un budget et Éducation Économique en secondaire 5 où on comprenait les rouages du crédit, des impôts, des taxes, des types d'épargnes... on a jugé que ce n'était pas le rôle de l'éducation publique mais celui des parents d'enseigner ses choses-là.
Ça me déçoit.
Primo, ce ne sont pas tous les parents (loin de là) qui ont des finances saines pouvant servir d'exemple.
Secundo, à moyen-long terme, la société gagne à éviter le surendettement.

Gen a dit…

@Sébas : Ouaip, j'ai suivi les mêmes cours que toi (en fait non : à la place d'Économie Familiale, j'ai fais Théâtre! ;). Je garde de précieux souvenirs de mon cours d'économie. C'est grâce à lui que je me suis ouvert un compte REER dès que j'ai eu 18 ans!

En effet, je trouve ridicule qu'on considère que ce n'est pas à l'école d'enseigner ça!