jeudi 9 janvier 2014

En attendant mon café

Lundi matin, après deux semaines de grasses matinées, mettons que lorsque mon cadran a sonné, deux pensées ont surgi dans mon esprit :
1- Noooooooooooooon! Je veux pas me lever
2- Le latté Starbucks va être bon (et nécessaire) tout à l'heure!

À peu près une heure plus tard, une fois arrivée en ville, je me suis donc arrêtée à mon Starbucks habituel, celui qui est à deux rues du boulot.

La file était longue. Tout le monde affichait un visage fripé post-temps-des-Fêtes et une humeur morose de caféinomane en manque. Les employés du café travaillaient vite et bien (et affichaient les sourires de ceux qui boivent leur café gratuitement et avant tout le monde), mais j'avais l'impression qu'on avançait à pas de tortue. Derrière moi, quelques personnes soupiraient d'impatience. Je les comprenais : je commençais à désespérer à l'idée d'arriver en retard au boulot. Et j'avais vraiment hâte de sentir un peu de caféine circuler dans mes veines! 

Juste devant moi, un type bien habillé pitonnait frénétiquement sur son téléphone. Sans doute pour passer le temps. Ou pour commencer sa journée de travail plus vite que prévu. La file a avancé. Il a fait un pas en avant sans décoller les yeux et les pouces de son téléphone.

La file a avancé à nouveau. C'était à son tour de passer sa commande. Puis ce serait enfin le mien!

L'employée du Starbucks a lancé au type un "Oui, monsieur, votre commande?" fort engageant. Le gars n'a pas répondu. Il n'a même pas levé les yeux de son téléphone. Il a tout simplement, sans paraître remarquer qu'il retardait une vingtaine de travailleurs déjà impatientés, terminé d'écrire son message sur son cellulaire! Ça a bien dû lui prendre trente longues secondes, pendant lesquelles l'employée a essayé trois fois d'attirer son attention en l'interpellant.

Il a finalement terminé son message, l'a envoyé, puis il a daigné lever les yeux et passer sa commande à une employée dont le sourire avait plutôt disparu. Il n'a évidemment pas laissé de pourboire.

Mon tour est arrivé. J'ai adressé à l'employée le sourire le plus large que je pouvais inventer. Puis je l'ai saluée et j'ai promptement passé ma commande.

"Merci, m'a-t-elle dit, je me demandais si j'existais encore."

"T'en fais pas, ai-je répondu, c'est juste son téléphone qui l'a rendu sourd."

L'employée, surprise de mes propos (surtout que j'avais parlé assez fort) a glissé un regard vers l'obsédé du cellulaire, qui était juste à côté de moi et attendait de recevoir son café. Le type n'a pas réagi. Il n'avait visiblement rien entendu, parce qu'il s'était remis à pitonner.

Un étudiant, derrière moi, a lancé "CQFD".

Je n'aurais pas pu mieux dire. ;)

9 commentaires:

Prospéryne a dit…

En tout cas, j'espère que ton latté était bon! :)

Claude Lamarche a dit…

Je n'ai jamais voulu travailler à la réception d'une entreprise ou commerce, j'aurais eu dû mal à servir les clients sans rien dire. Devant la file, j'aurais dit: "et vous madame (en m'adressant à toi), que puis-je vous servir?" Juste pour voir la tête du gars pour voir s'il se serait aperçu que je l'ignorais et ne le servirais pas.

Gen a dit…

@Prospéryne : Délicieux! :)

@ClaudeL : J'aurais également fait ça (ignorer le type qui m'ignorait). Et moi j'ai travaillé longtemps au service à la clientèle. Un moment donné, c'est pas parce qu'on sert des clients qu'il faut se transformer en tapis. Certains employeurs le comprennent très bien. Les autres... Ben on manque pas vraiment d'emplois disponibles dans le secteur du service à la clientèle au Québec! lol! ;)

Daniel Sernine a dit…

Je ne prends pas du tout la défense du client pitoneux (avoir été la caissière je me serais adressée à toi, la cliente suivante), mais il m'arrive de plus en plus souvent que la caissière (de la pharmacie, par exemple), m'ignore tout en scannant mes articles, trop occupée qu'elle est à placoter avec, genre, sa voisine de caisse ou, genre, son emballeur. Tout juste consent-elle à interrompre sa (tellement cruciale) conversation pour me dire le prix.

Gen a dit…

@Daniel : Ouais, j'en ai vu des comme ça moi aussi (j'ai même eu droit à une caissière qui parlait au cellulaire). Je sais pas comment ça se fait que c'est rendu quasiment la norme : quand moi je travaillais dans ce genre de poste, si on avait le malheur de placoter un brin (clients ou pas), on se le faisait dire! (et comme j'ai la langue bien pendue, me suis souvent fait réprimander et menacée de suspension)

Gaby a dit…

Je travail dans un commerce au détail, alors des clients de ce genre, j'en vois malheureusement souvent.

Gen a dit…

@Gaby : J'attends avec impatience que les parents commencent à inculquer à leurs enfants des bonnes manières reliées à l'usage du cellulaire... Hum... Encore faudrait-il que les parents eux-mêmes aient de bonnes manières...

Hélène a dit…

Non mais! Quel égocentrisme. Le pire c'est que comme tu l'as si bien illustré, à moins d'y aller franchement, le type est tellement déconnecté de la réalité qu'il ne s'aperçoit de rien.

Gen a dit…

@Hélène : En effet, je crois que j'aurais pu dire n'importe quoi, il ne m'aurait même pas entendue!