mardi 3 décembre 2013

Les Fugitives d'Alice Munro

Je lis Alice Munro pour la deuxième fois de ma vie. (Que celui qui n'a jamais boudé de classiques de littérature "blanche" me lance la première pierre! ;)

La première fois, un prof d'anglais du cégep m'avait fait lire une de ces nouvelles. Ça parlait d'un évier en faïence bleue pis d'une femme qui lavait de la vaisselle. J'avais trouvé ça plate, tout en me doutant que c'était parce que je ne comprenais pas tout.

Là je suis en train de lire un recueil de nouvelle, Les Fugitives. Brillamment traduites en français et publiées chez Boréal Compact.

Ce sont des histoires de plusieurs femmes qui échappent à leur quotidien. Parfois, ce sont des récits de véritables fuites. Mais souvent, ce sont des histoires esquissées, tout en non dits, où les personnages échappent à des carcans de tabous et de principes étouffants qui ne sont jamais nommés. Certains personnages reviennent. Et au bout de plusieurs apparitions, on devine leur vie à eux aussi, bien qu'elle ne fasse jamais l'objet d'une nouvelle à part entière.

Je ne suis pas étonnée de ne pas avoir compris le propos du texte lu jadis en anglais. Les subtilités des nouvelles sont telles que, même en lisant en français, parfois j'en finis une en me disant "Euh, bon, ça racontait quoi?" et puis, quelques heures plus tard, les images me reviennent en tête et je me dis "Ah! Mais bien sûr, tout le propos de cette nouvelle, c'était l'angoisse et la culpabilité de la mère" (qui, dans un récit, découvre que, par sa distraction, elle a laissé son bébé jouer avec un clou).

Faut aimer ce genre d'histoire intimiste. Ce type de récit à propos de presque rien, des petits bonheurs et malheurs des gens ordinaires. Mais si on aime, on aimera à fond!

Pas étonnant que ça ait valu à Alice Munro le premier prix Nobel de littérature décerné à un Canadien. J'ai lu je sais plus où qu'on comparait son style à celui de Tchekhov. C'est tout à fait ça! Sauf que Tchekhov, des fois c'est long (pis plate) en tabouère. Découpé en nouvelles, ça se prend pas mal mieux! ;)

7 commentaires:

Luc Dagenais a dit…

Petite correction: Alice Munro est la première à recevoir un Nobel. Il y a déjà une bonne vingtaine de canadiens qui en on reçu, même un en littérature. :) Just sayin'

Luc Dagenais a dit…

*première canadienne

Gen a dit…

@Luc : Je voulais dire "prix Nobel de littérature" évidemment (je sais que des Canadiens en ont reçu dans d'autres disciplines). Mais selon ce que j'ai lu partout, il s'agit bien du premier citoyen Canadien à recevoir un Nobel de littérature.

Une femme libre a dit…

Pas lu mais je vais certainement m'y mettre. Tu m'as fait penser à Foglia qui a trouvé ça plate aussi, d'un "ennui délicieux". ..."un ennui qui emplit de joie profonde et sereine" (sa chronique du 25 novembre dans La Presse.

Gen a dit…

@Femme libre : Effectivement, "un ennui délicieux", ça reflète assez bien l'impression générale. Ce qui me fascine d'ailleurs avec ce genre de texte, c'est que je me demande toujours comment l'auteure fait pour ne pas passer de l'ennui "délicieux" à l'ennui mortel. Ça vient de la qualité de l'écriture je suppose. Qui est pourtant très sobre et dépouillée.

Ce genre de littérature "blanche" (par opposition aux littérature "de genre" comme la SF, le fantastique, le policier, etc) me fascine complètement.

J'aimerais acquérir cette qualité d'écriture. Je me dis toujours que du "genre" écrit de cette façon, ce serait génial!

Claude Lamarche a dit…

J'pense que je vais attendre encore un peu. Ça me rappelle trop un auteur français qui avait écrit tout un roman sur des tomates, c'était qui donc? Le genre qu'on lit à l'université. J'en suis plus là!

Gen a dit…

@ClaudeL : Ah, j'ai pourtant l'impression que ça te plairait. Tu sembles aimer les récits assez intimiste d'habitude. Et on est loin d'un roman sur les tomates. Plus près de l'anecdote familiale.