mardi 26 novembre 2013

Scène banlieusarde (3)

Chéri et moi arrivons au métro Longueuil. Nous constatons aussitôt que l'air pue le monoxyde de carbone.

Avec la fermeture de deux voies sur le pont Champlain, une partie des automobilistes ont visiblement décidés d'utiliser le pont Jacques-Cartier. Ils s'entassent sur des kilomètres sur la 132, le long des installations du métro, en attendant d'accéder au pont. Moi, si j'étais eux, il me prendrait une envie furieuse de débarquer de mon véhicule qui n'avance pas, de traverser le terre-plein et de m'engoufrer dans le métro avec les autres usagers du transport en commun qui, eux, s'enlignent pour être à l'heure.

Je donne une bise à mon chéri et je descends prendre le métro. Je m'attends à ce qu'il y ait beaucoup plus de gens que d'habitude sur le quai, mais l'affluence est à peine notable. On est loin d'un matin de Grand Prix! C'est à peine si toutes les places assises sont occupées dans les voitures qui ont été rajoutées à la rame.

Je passe prendre mon café. En marchant dans le centre-ville, je remarque qu'il y a moins de voiture dans les rues. J'arrive au boulot, à la même heure que d'habitude. Je m'assois. Je lis les journaux en buvant mon café. Je commence à travailler.

Une heure plus tard, les collègues qui habitent sur la Rive-Sud et qui s'obstinent à venir en voiture jour après jour, même s'ils n'ont pas besoin de se déplacer durant la journée, commencent à arriver.

Et quand je leur fais remarquer qu'ils auraient ptêt dû laisser leur voiture dans un stationnement incitatif et traverser le pont en autobus ou en métro, on me répond un très banlieusard "Beurk, non, ça pue le métro pis c'est plein d'itinérants".

Snobisme et préjugés 1
Logique et écologie 0

27 commentaires:

idmuse a dit…

Ce matin, tu me tues!
Hé ben... on aura tout entendu!

Prospéryne a dit…

Se taper le pont tous les matins: non merci! Je ferais la même chose que toi Gen!

Hélène a dit…

C'est ridicule, surtout qu'une fois sur place, on paie cher le stationnement sur l'île, quand on trouve une place. Les préjugés ont la vie dure, comme les habitudes égocentriques.

Claude Lamarche a dit…

Et ça ne pue pas le monoxyde de carbone des autos qui avancent lentement à la queue-leu-leu? Paraît même que ça vaut bien des cigarettes.

Pierre a dit…

Y'a pas de stationnement incitatif à Longueuil. C'est un gros défaut du transport en commun sur la Rive-Sud. Et prendre l'autobus où j'habite pour se rendre au métro prend un bon 30 minutes. Alors je comprends les gens de vouloir éviter ça le plus possible. Sauf que présentement c'est une situation exceptionnelle et ça vaudrait probablement la peine de prendre le transport en commun plutôt que de perdre son temps dans le trafic.

Gen a dit…

@idmuse : Moi c'est les gens qui s'obstinent, malgré les circonstances, à prendre leur voiture qui me tuent!

@Prospéryne : J'ai pas de mérite, paraît-il, parce que j'aime pas conduire. Mais j'arrive pas à concevoir qu'on puisse préférer 1h de conduite dans le trafic à 30 minutes de transport en commun!

@Hélène : Une partie du problème vient sans doute du fait que, dans la majorité des entreprises, les cadres et professionnels ont des stationnements payés!

@ClaudeL : Ben oui, ça pue le monoxyde. Mais comme ça brûle des neurones en prime, ceci explique peut-être cela! ;)

@Pierre : Présentement, à ce que j'ai lu, ils ont ouvert des stationnements incitatifs partout (je suppose qu'il y en a un à Longueuil, mais qu'il faut chercher). Par contre, je t'accorde qu'en temps normal ça manque effectivement à Longueuil. Mais oui, dans les circonstances actuelles, prendre un bus pour se rendre au métro, je suis sûre que ce serait encore plus rapide qu'essayer de traverser le pont.

Et puis, à Brossard il y a un stationnement incitatif (même deux) et il y a deux circuits de bus express qui amènent les gens en ville. Sauf que là les bus sont à moitié vides et ils sont pognés dans le trafic du pont au milieu des voitures des gens qui auraient dû prendre les dits bus!!!!

Pierre a dit…

J'ai pas entendu parler d'un stationnement incitatif à Longueuil, même maintenant. Sylvie a pris 50 minutes pour se rendre en voiture de chez nous à l'École Polytechnique. Ça lui aurait pris 25 minutes de plus en métro et autobus. C'est certain que ce n'est pas très bon pour la planète, mais va falloir qu'ils améliorent le transport en commun de façon importante ou qu'ils rendent ça encore plus pénible pour les automobilistes pour qu'il y ait un changement dans les habitudes des gens.

myr_heille a dit…

Aussi, vous pouvez habiter proche de votre travail et marcher. Ma solution favorite! ;)

Cela dit, en fin de semaine pour le Salon on s'est stationnés au campus Longueuil de l'UdeS (parce qu'on haït conduire à Montréal) et ça c'est tellement bien fait! Même pas eu besoin de sortir dehors de la fin de semaine, le rêve*! ;)

* YMMV!

Nomadesse a dit…

Chez nous (Lévis), le chum fait une heure et demi d'autobus matin et soir pour éviter de prendre le char qui reste bien tranquillement dans le stationnement. Je lui ai dit qu'il pouvait le prendre s'il le voulait, mais il n'en veut pas: attendre de passer le pont avec l'auto est beaucoup moins le fun que de lire et/ou jouer à la DS dans le bus, bien assis peu importe la tempête (de neige, de poutres qui s'écroulent, d'accidents). Il trouve ça long et pas toujours confortable, mais beaucoup moins frustrant (et plus écologique aussi, évidemment).

Alors c'est drôle quand je vois les gens chialer parce qu'ils doivent faire une demi-heure d'autobus avant de prendre le métro... Ça ne me semble pas si long (même quand j'habitais Montréal, c'est ce que je faisais à tous les jours). Tout dépend est relatif, c'est le cas de le dire!

Mais je trouve ton texte très drôle. Il souligne bien à quel point on aime s'accrocher à nos habitudes, même quand elles deviennent illogiques et très chères (char, assurances, essence, etc.)

Gen a dit…

@Pierre : C'est assez particulier de t'entendre dire qu'il faudrait qu'ils améliorent le transport en commun de façon importante étant donné que tu es à Longueuil, où le transport en commun est excellent! O_o Mais bon, c'est sûr que des fois, dépendamment des trajets de bus, le transport en commun peut demander plus de temps... (J'ai magasiné ma maison en fonction de sa localisation par rapport aux circuits de bus, mais bon, y'a pas beaucoup de gens qui font ça).

Par contre, présentement, vérifie avec le site de la STL, je suis sûre d'avoir entendu dire qu'ils feraient de la place pour stationner plus de voiture.

Gen a dit…

@myr_heille : Plus compliqué dans notre coin : malgré la construction de tours à bureaux, les employeurs semblent réticents à quitter Montréal. Même dans les situations où 95% de leurs employés viennent de la Rive-Nord ou de la Rive-Sud! Et le stationnement va très bien à Longueuil, mais il faut payer, ce que beaucoup de gens refusent de faire.

@Nomadesse : Moi aussi je préfère faire 1h30 de trajet où je peux lire (ou écrire) que 30 minutes de conduite frustrante et stressante... Mais bon, c'est un choix de vie je suppose. Je connais beaucoup de gens qui comptabilisent les minutes, sans réaliser que le temps de transport en commun, ben ça peut être du "temps qui compte double" si on l'utilise bien! ;)



Pierre a dit…

Pour le stationnement, ça me surprendrait, parce qu'ils sont à refaire le stationnement. Ils l'ont coupé de moitié. Et ce n'est pas un stationnement incitatif. Ça coûte 10$ pour la journée. En temps normal, Sylvie prend 40 minutes pour se rendre à polytechnique et elle part du garage au chaud. Si elle prenait le transport en commun, il faudrait qu'elle marche 5 minutes, se fasse geler sur le coin de la rue pendant 10 minutes, prenne le bus pour au moins 20 minutes et le métro pour 45 minutes. Le transport en commun est logique pour une certaine clientèle, moins pour une autre. Avec un vrai stationnement incitatif à Longueuil, ce serait différent.

Pierre a dit…

@Gen : Si tu avais deux enfants (je ne parle pas pour moi, mes enfants n'en sont plus), je ne suis pas certain que tu préférerais 3h dans le transport en commun à 1h dans ta voiture.

Gen a dit…

@Pierre : Je ne juge pas ta situation particulière. suis tout à fait d'accord que certaines circonstances, ça peut effectivement être peu pratique d'utiliser le transport en commun (quoique le 10 minutes à se geler sur le coin, ben peu importe à quel point le circuit de bus est bien conçu, ça fait partie du confort qu'il faut parfois accepter de sacrifier).

Ce qui me frustre, c'est quand je vois des gens qui habitent à côté de l'arrêt de train ou de bus et qui boudent quand même le transport en commun. (Et y'en a quand même beaucoup parmi mes collègues!).

Pis me semble que c'est justement avec des enfants que le temps passé dans le transport en commun doit être le plus précieux! lolol! (Cela dit, je n'ai jamais vécu un trajet de transport en commun qui était beaucoup plus long qu'un trajet en voiture. Moi j'ai plutôt vu des situations où je mettais 1h à me rendre au boulot, alors que ça prenait 45 minutes aux automobilistes.)

Daniel Sernine a dit…

Ah les banlieusards. Mon frère et sa conjointe travaillent respectivement au Complexe Desjardins et à un coin de rue du métro Sherbrooke, et un collègue de mon frère habite à un coin de rue de chez lui, tous au fin fond de Longueuil. Vous aurez compris -- tout le monde aura compris -- qu'ils pourraient faire du covoiturage à trois [à défaut de se salir l'égo dans le métro]. Eh bien non, ils vont travailler dans leurs trois voitures...
Pauvre planète.

Gen a dit…

@Daniel : La seule fois que j'ai parlé de covoiturage à une collègue qui, je venais de le découvrir, vivait près de chez moi, je me suis fait regarder de travers. "Et si je veux partir plus tôt un soir?" m'a-t-elle dit. "Ben je pars plus tôt moi aussi ou je m'arrange autrement." ai-je répondu. Sa réponse "Ah non, ça me mettrait trop mal à l'aise." Dur de changer les habitudes des gens, très très dur.

Pierre a dit…

Moi je prenais le métro quand j'avais à aller travailler, mais je me stationnais au métro. Je voulais juste faire ressortir qu'on ne connait pas toujours la situation qui incite une personne à adopter un comportement plutôt qu'un autre. En passant, Sylvie fait souvent 20 minutes de marche pour se rendre (et 20 minutes pour en revenir!) à l'épicerie, à la bibliothèque ou à la pharmacie, et si on a utilisé la sécheuse 10 fois en 25 ans c'est beau... on étend dehors ou dans la maison été comme hiver... Alors on n'est pas complètement insensible aux problèmes environnementaux... Et on conduit des voitures qui ne consomment pas beaucoup d'essence. Et je pourrais certainement donner d'autres exemples. Chacun fait sa part comme il peut et selon sa situation.

Gen a dit…

@Pierre : C'est effectivement de bons efforts, mais tu sais, à trop te justifier, t'as l'air de quelqu'un qui a des problèmes de conscience! :p (Je te taquine!!!)

Avant que Daniel le dise, je vais souligner que c'est aussi très banlieusard de se sentir accusé dès qu'on parle d'écologie. :p (Et ça vient d'une banlieusarde ;)

Mon point avec ce billet était surtout de souligner que ce n'est certainement pas tous les véhicules qui encombraient les ponts ce matin qui avaient de bonnes raisons d'y être.

Y'en a qui ont la conscience tranquille, tant mieux pour eux (et bonne patience). Mais y'en a qui auraient besoin de réviser leurs habitudes. Et ils ne le font pas. Ceux-là, leur caractéristique principale, c'est qu'ils ne se sentiront pas visés par ce billet.

Pierre a dit…

À regarder vivre certaines personnes autour de moi, je n'ai vraiment aucun problème de conscience :-) Je voulais juste pas que tu penses que Sylvie est une grosse méchante parce qu'elle voyage en auto :-)

Gen a dit…

@Pierre : Pour imaginer Sylvie en méchante sorcière qui essaie d'étouffer la planète à petit feu, faudrait plus d'imagination que même moi je peux en fournir! ;)

Pierre a dit…

C'est vrai, j'ai oublié de dire que j'ai écrit en 2005 et publié en 2007 "Le Père Noël perd sa culotte", un livre très moralisateur sur le réchauffement de la planète... Une autre belle justification pour me libérer la conscience :-)

Prospéryne a dit…

Durant mes études universitaires, j'ai pris le train de banlieue depuis Mont-St-Hilaire pendant quatre ans. 1h30 par trajet... Un tue-monde, mais il faut dire que je partais de très loin dans la banlieue. De mon nouvel appart, ça me prendrait une heure et demie pour rejoindre le métro... Ceci pour dire que je comprends les gens qui préfèrent se taper 45 minutes de trafic intense plutôt que deux heures d'autobus. Malgré tout, j'essaie d'utiliser les transports en commun autant que possible. À la fois parce que c'est plus écolo et parce que ça économise de l'essence! :)

Gen a dit…

@Pierre : Lol! ;)

@Prospéryne : 1h30 pour rejoindre le métro en bus? T'es sûre que t'es sur l'île? :p

Prospéryne a dit…

Oui, je suis sur l'île, mais dans la partie nébuleuse surnommée West-Island où la moitié des villes a défusionné. Ça doit les décourager d'investir dans le coin...

Gen a dit…

S'cuse l'habitude de banlieusarde : j'oublie toujours qu'il y a des coins de l'île où le métro se rend pas vraiment.

Anonyme a dit…

Une note scientifique: le monoxyde de carbone est inodore. C'est ce qui en fait une substance si dangereuse quand elle s'accumule dans un espace clos. Ce qu'on sent dans le traffic, ce sont les sous produit de la combusion de l'essence et, pire, du diesel.
Sinon, j'adore le métro et je le prends souvent quand je suis à Montréal. Mais les autobus, non merci, surtout l'hiver.
Joël Champetier

Gen a dit…

@Joël : Ah, c'est vrai, je savais pourtant que le monoxyde de carbone est inodore! J'aurais donc dû dire "ça pue les gaz d'échappements".
Les autobus, dans mon coin, sont quasiment plus pratiques que le métro : à l'heure, chauffés, y'a toujours des places assises et ça ne pue pas! ;)