mardi 30 juillet 2013

Roman journalistique

La Presse a eu une idée pour l'été : elle a demandé à 10 personnes d'écrire un roman policier à relais. C'est Jean-Jacques Pelletier qui a fait le premier morceau. Il y en a eu 32 en tout. Le tout est disponible par La Presse +... À laquelle je ne peux toujours pas accéder (parce que j'ai pas encore de Ipad et pas vraiment l'intention d'en acheter un), mais j'ai une patronne adorable qui me prête le sien certains midis pour que je puisse lire le feuilleton. Elle est enthousiasmée par le projet. Ça lui rappelle les feuilletons de son enfance, publié dans les journaux.

Comme quoi La Presse a bien ciblé l'âge de la clientèle de La Presse +! ;)

L'idée n'est pas mauvaise, sauf sur un point : après le départ en fanfare de Jean-Jacques, c'est des journalistes-chroniqueurs qui ont enchaîné.

Plusieurs ont une plume "fictive" honorable. Mais d'autres nous servent des chapitres clairement écrits "à la journaliste" : repères temporels flous (faut que l'article soit intéressant même quand on le lit trois jours plus tard), la première phrase résume le propos à venir (vraiment anti-climatique dans un roman policier!!!), invraisemblances procédurales (ce sont pas tous des journalistes d'affaires criminelles...) et, surtout, problèmes de cohérences internes (le personnage principal a au moins quatre personnalités, pis des fois une bouteille simplement sentie devient soudainement une bouteille à laquelle on a goûté).

En plus, on a droit aux embûches classiques des textes à relais : bonjour les clash de style et les retournements improbables. Tant qu'à mettre un feuilleton en ligne, ça leur tentait pas d'acheter les droits d'un vrai roman et de le découper en tranche?

Enfin, je vais arrêter de chialer et plutôt vous informer de la raison pour laquelle ma patronne me met, quasiment de force, son Ipad dans les mains deux fois par semaine depuis un mois : y'a un concours littéraire à la clef. Quelqu'un, après l'embrouillamini concocté par les journalistes, va devoir conclure cette histoire de fous (on parle d'un début imaginé par Jean-Jacques, je vous rappelle, alors déjà c'était pas simple) en 1000 mots ou moins.

Ma patronne est persuadée que je vais gagner. J'veux pas lui faire de peine, alors j'vais au moins participer. ;)

11 commentaires:

Guillaume Voisine a dit…

Ça te prend combien de mots pour dire que tout ce qui venait avant, c'était un rêve? Sûrement moins de 1000 mots. Succès garanti.

Hélène a dit…

Nooooooooooon! Pas le coup du rêve. C'est quoi le grand prix? Intéressant. Un peu plus et ça donnerait le goût de s'acheter un Ipad. Mais non, je blague. C'est dommage que Lapresse + demeure inaccessible aux pauvres non-consommateurs de "I-products". Ouep.

Gen a dit…

@Guillaume : Lololol! Et s'ils acceptent et publient, ma réputation est finie! :p

@Hélène : Je pense que le grand prix consiste surtout en "bragging rights" (droits de se péter les bretelles). Mais bon, les gagnants seront publiés dans La Presse + du dimanche, alors ça peut pas être mauvais pour ma notoriété d'écrivaine.

Mais oui, La Presse + et son exclusivité Ipad, ça écoeure pas à peu près!

Nomadesse a dit…

Ouf, je te trouve bien courageuse de tenter de sauver le tout: j'ai suivi le roman avec intérêt (j'aime ces types d'histoire-feuilleton, je trouve que ça manque dans nos journaux: je suis bien plus vieille que mon âge!), mais j'ai trouvé que ça s'en allait n'importe où! Je n'en reviens pas que certains aient réussi à écrire des longueurs alors qu'ils avaient si peu de lignes...

Remarque à propos de l'exclusivité iPad: ce n'est pas si exclusif que cela... En faisant "partager", n'importe qui qui lit le feuilleton peut l'envoyer par courriel à une personne qui ne possède pas le iPad... Ma belle-mère l'a fait tous les jours pour mon beau-père. Je ne suis pas une experte, mais je pense donc que c'est donc plus "ouvert" que ça ne paraît...

Gen a dit…

@Nomadesse : Ouais, ça partait VRAIMENT dans tous les sens. Mettons que j'ai ramassé ça en faisant un gros nœud avec toutes les ficelles que j'ai pu récupérer! lol! ;)

Pour la fonction "Partager", oui, je suis au courant, mais c'est quand même pas aussi sympa que de juste mettre le truc en ligne, comme le reste de La Presse! C'est d'autant plus injustifié que l'application Ipad est gratuite elle aussi... à condition de payer pour le Ipad. C'est bizarre comme décision quand même!

ClaudeL a dit…

Fion de l'autre-là, celle qui est d'une autre génération: c'est quoi du clash style? J'ai cherché, trouvé bien des sites, bien des titres, quelques images, mais pas plus compris.
Exemple de phrase qui seraient "clash style".

ClaudeL a dit…

"phrases qui seraient"

Gen a dit…

@ClaudeL : Fais écrire une première partie d'un texte par Michel Tremblay, la suite par Beaudelaire et la fin par, ben mettons moi avec mon vocabulaire "billet-de-blogue-écrit-comme-je-parle". Voilà, t'auras tout un "clash" de style! ;)

("Clash" est un mot anglais qui signifie deux choses qui s'entrechoquent avec un bruit très fort, comme des cymbales... Soit dit en passant, après mes recherches pour Le Chasseur, j'ai constaté que l'anglais avait plus de mots que le français pour décrire les sensations sonores. ;)

Isabelle Lauzon a dit…

Hé! Justement, un collègue m'a parlé de ce concours, mais je n'avais pas été capable de trouver d'infos en ligne (ouaip, tu l'auras compris, je n'ai pas de ipad moi non plus!). Alors j'ai laissé tomber.

Mais là, sachant que c'est du policier, super! C'est dans tes cordes, ça c'est certain! Bonne chance ma chère! :D

ClaudeL a dit…

Merci pour la leçon madame la prof. Je comprends mieux.
Quant à la possibilité d'une liste de "sensations sonores" (c'est quoi ça des sensations sonores, des sons? des bruits?) plus longue en anglais qu'en français, ne me mets pas au défi, je serais capable de le relever, tu le sais bien!

Gen a dit…

@Isa : On verra bien! ;)

@ClaudeL : "Sensations sonores", c'était comme ça que j'avais appelé ma liste de mots relatifs à l'ouïe pour Le Chasseur. Et je te garantis que ma liste était très exhaustive dans les deux langues. Comme toujours, le français donnait moyen d'arriver à des résultats semblables, mais souvent avec des périphrases, tandis que l'anglais a plus de mot qui ressemblent presque à des onomatopées et qui se passent de précision.