vendredi 7 juin 2013

De l’asymétrie des relations modernes

En tant que blogueuse hyperactive, je donne quasiment quotidiennement signe de vie à mes proches et amis. Vous vous demandez ce que je deviens? Passez par mon blogue. Bon, il ne reflète pas souvent mes états d'âme, mais la majeure partie des nouvelles importantes s'y retrouvent. Et si jamais y'a pas de billet en ligne deux jours de suite, sans que ce soit la fin de semaine ou que j'aie déclaré une pause, c'est sans doute qu'il se passe quelque chose de grave.

Envoyez quand même un courriel avant de prévenir la police! ;)

Enfin, bref, tout ça pour dire que mes proches et mes amis qui me lisent régulièrement finissent par tomber dans un drôle d'état mental : ils semblent croire que parce qu'ils ont de mes nouvelles, comme s'ils venaient de prendre un café ou une bière en ma compagnie, je dois être également rassurée quant à leur propre sort.

Malheureusement, dans notre monde moderne, les relations ne marchent plus comme ça. Si vous ne commentez pas sur mon blogue, ne mettez pas votre propre blogue/ page web/ compte Facebook/ Twitter à jour, ne répondez pas à vos courriels et, généralement, ne donnez aucun signe de vie virtuelle, ben un moment donné, moi je peux pas savoir qu'on a pris, selon votre point de vue, notre café ensemble à tous les matins.

Alors, des fois, je m'inquiète.

Si un jour vous recevez un courriel de moi qui se termine avec "donne des nouvelles", sachez que le message caché derrière ce courriel (dont le propos pourrait être très banal) est le suivant :

"Gen désire s'assurer que t'es pas mort."

Si jamais le message provient de mon adresse du boulot, adresse à partir de laquelle je n'écris jamais de courriels personnels, c'est que j'ai activé, à votre insu, l'option "l'expéditeur désire une confirmation de lecture" et que le message, peu importe son propos officiel, est :

"Gen est pas mal sûre que t'es mort, mais elle te donne une dernière chance de la détromper."

Bref, dans tous les cas, ces deux situations me semble issues d'un même problème : l'asymétrie des relations modernes.

Quoique... Y'a-tu juste moi qui vit des situations du genre?

7 commentaires:

Prospéryne a dit…

Euh... Non! Quoique c'est pas tout le monde qui est touchée par ce phénomène. J'ai une amie qui me dit souvent: ben oui, t'en a parlé sur ton blogue! d'un ton joyeux alors que personnellement, je n'ai pas eu de nouvelles depuis deux semaines. Heureusement, ce n'est pas tout le monde qui est comme ça!

ClaudeL a dit…

Oui, bien sûr, mais je n'entrerai pas dans les détails. C'est comme quand tu es jeune tu vois régulièrement des cousins et cousines que tu ne revois quasiment pas de ta vie d'adulte alors que tu blogues avec de purs inconnus de qui tu as plus de nouvelles que ces cousins devenus lointains.

Une femme libre a dit…

Non, j'ai peu d'amies qui lisent mon blogue, mais avec celles-là, quand on finit par se voir, je les écoute parce qu'elles savent déjà tout de moi et des fois, je leur en veux de ne pas en avoir de blogue! Me semble que la relation n'est pas égalitaire.

Gen a dit…

@Prospéryne : Oui, c'est ça, c'est le fameux "Ben oui, t'en as parlé sur ton blogue" qui me dérange parfois. Parce que... Ben oui, j'en ai parlé, mais je me censure un peu. Et j'en ai pas parlé avec cette personne en particulier. Et puis... elle il lui est arrivé quoi pendant ce temps-là?

@ClaudeL : Comparaison très juste... Quoique... J'viens justement de renouer avec certains de mes cousins... et j'pense qu'ils lisent mon blogue maintenant!

@Femme libre : Je commence à me dire qu'il devrait être interdit de lire les blogues si on n'en tient pas un! ;) (ou si, à tout le moins on ne met pas sa page Facebook à jour de temps à autres) Hihihi! ;)

Anonyme a dit…

En même temps, blogger son quotidien n'est pas s'adresser directement et personnellement à un individu avec l'intention de lui partager notre vécu. La personne se trouve indirectement informée. Quand ma mère déclare à ma sœur qu'elle viendra dans la région "nous" visiter, et qu'elle ne me le dit pas personnellement (alors que je ne vis pas dans la même ville et que sa venue a des implications de diverses natures pour moi), je ne considère pas que je devrais officiellement réserver ma fin de semaine. Oui, ma sœur finit par faire le relais, mais pas dans la minute. Elle n'a jamais voté pour être rapporteuse officielle et n'est pas l'attachée de presse de ma mère !

Dans la même veine, être informée par ma mère des potins et événements familiaux passés et à venir ne remplace pas l'appel (et donc l'intérêt) que je devrais recevoir de la parenté, qui me considère informée sans pour autant venir aux nouvelles. Il y a une passivité déguisée dans ce relais-potinage que l'on noie dans une mer de "j'ai pas le temps de faire le tour, je l'ai dit à une telle, l'info va se rendre". Ce web familial semble s'étendre selon la stratégie d'une araignée reine au centre de sa toile qui reçoit et envoie l'info par des impulsions sur les fils de soie, sans jamais se donner la peine de le faire de première main. Quand l'araignée daigne se déplacer, on sait alors que la personne pour laquelle elle se meut est profondément privilégiée.

Tout ça pour dire que le lieu d'expression personnelle libre d'accès public (blog !) peut venir mêler les cartes des relations interpersonnelles, tant du côté de l'émetteur que de celui du récepteur.

E, dimanche matin, 2e café. ;o)

Gen a dit…

@E (euh... est-ce qu'on se connaît? sinon, bienvenue sur mon blogue):

En effet, cette distinction de direct et d'indirect est à souligner. Informer indirectement, c'est jamais comme parler directement. On en dit moins, on choisi ses morceaux... C'est un peu pour ça que des fois je trouve ça plate de me faire répondre "oui, oui, t'en as parlé sur ton blogue" quand j'aborde un sujet avec quelqu'un. Heureusement, la plupart des gens savent bien que je vais leur donner plus de détails, mais il y a quelques personnes qui semblent considérer qu'avoir lu le billet, ça suffit.

Je suppose que si mon blogue n'existait pas, ils n'auraient pas davantage d'intérêt pour les sujets que j'y aborde et donc que la conversation tournerait court, mais bon... :p

J'aime bien cette notion de toile familiale et d'araignée-reine au centre qui diffuse l'info en se disant que ça va se rendre... :)

Nomadesse a dit…

Moi j'envoie des "carnets de voyage" à ma famille et mes amis. Tout le monde adore les photos et les nouvelles que je donne régulièrement, mais je ne le sais pas vraiment...jusqu'à ce que je les vois et qu'ils me le disent en personne! De sorte qu'il arrive que je supprime une personne après deux ans-trois ans sans nouvelle. Et je me demande souvent si ça vaut vraiment la peine d'avoir cette discussion à sens unique...