vendredi 29 juin 2012

J'étais là

Bon, alors pour ceux qui n'ont pas deviné (ou pas lu le billet d'hier), j'ai donc passé la fin de semaine de la Saint-Jean au Vermont, en camping, à faire de la randonnée. Plus précisément, nous étions à Smuggler's Notch State Park (un parc créé autour d'une ancienne route utilisée par les contrebandiers à l'époque de la prohibition) dans les Green Mountains. Le parc était magnifique et, malgré ce que je laisse entendre dans mon billet d'hier, nous ne nous sommes pas perdus.

Par contre, nous avons découvert que, dans ce parc, quand on vous dit qu'un sentier est "Difficile", ça veut dire qu'il fait au moins le double de la longueur annoncée et que vous regretterez plusieurs fois votre décision de l'emprunter, même s'il est magnifique. En contrepartie, le sentier dit "Modéré", que vous choisirez prudemment le lendemain, peut être emprunté par une mémé en marchette tenant un chien en laisse et la longueur annoncée implique l'aller-retour!

Enfin, malgré ce petit désagrément, nous avons tout de même bien apprécié notre expérience. Si vous êtes des amateurs de randonnée, je vous recommande ce parc. J'avais oublié à quel point c'est grisant de s'élancer sur un sentier inconnu (après cinq ou six ans de randonnées au Mont St-Hilaire). Même le kit de secours qu'on ajoute par précaution au fond du sac d'expédition participe à l'impression de partir à l'aventure! :)
Dans le sentier "Difficile", au début, ça montait comme ça (le type en haut, c'est mon beau-frère)

Puis ça montait encore (là c'est moi qui est en haut)
Heureusement, la vue au sommet valait l'effort (vous voyez les bâtiments et le petit lac en bas sur la gauche de la photo? C'est de là qu'on était partis et on a grimpé le flanc de la montagne sur la droite, parallèlement aux pentes de ski qu'on voit bien... et qui sont cotées double diamant)
     
L'écrivaine à 4500 pieds d'altitude, en "position d'attente fléchie" de taekwondo, sac d'expédition sur les épaules, nuages à l'arrière-plan... J'ai toujours voulu avoir une photo de même! ;)


Mon beau-frère et sa copine dans la descente. L'angle quasiment vertical n'est pas un truc de photographe : c'était à pic en sivouplaît! Remarquez la jolie végétation alpine et le fait que tout le monde est en manches longues.
Vincent, qui évalue la marche à suivre pour la suite

Les chutes, sur le sentier "Modéré" du lendemain. Falaises blanches au milieu de la forêt verte. C'était magnifique!

jeudi 28 juin 2012

Où étais-je?

Durant la fin de semaine de la St-Jean, je ne suis pas restée chez moi. Je suis allée passer trois jours... Ah, tiens, voyons si vous pourrez deviner. La réponse est en trois partie.

J'étais dans un endroit où il est normal d'entendre :

- Oups, j'ai oublié de mettre des bas dans mes sandales.

- Bois une bière, faut garder l'eau pour faire la vaisselle.

- Tes vêtements propres, c'est ceux qui sentent la boucane.

- L'avantage du réchaud au propane, c'est qu'il allume même sous la pluie.

- Non, c'est pas tes ronflements qui m'ont réveillée, c'est les oiseaux.

Cet endroit était situé dans une région où on se demande :

- Comment ça se fait que l'asphalte est belle de même, mais que la route ferme en hiver?

- Un mile, ça donne combien en kilomètre déjà?

- Si nos oranges viennent d'ici, pourquoi on peut pas en amener?

Et j'ai profité de ces trois jours pour me livrer à une activité qui donne lieu à ce genre de commentaires :

- J'ai hâte qu'on mange, ça va alléger le sac.

- C'est un sentier, ça?

- Un mile, ça donne combien en kilomètre déjà?

- Toi tu mets la crème solaire avant ou après le muscol?

- T'es sûr que la carte dit deux miles? Parce que la pancarte, là, dit cinq.

- Si le nord est par là, nous on est perdus.

- Descendre, c'est pas supposé être moins crevant que monter?

- Ouaip, ça valait le trouble. Prends la pose ici, ça va faire une belle photo.

Alors, qui a deviné où j'étais et ce que je faisais?

mercredi 27 juin 2012

Une sur trois dans tous les cas

En l'honneur des trois ans du blogue, voici donc une petite nouvelle inédite. Le concept m'en était venu un matin que j'écoutais des collègues comparer leurs horoscopes du jour...
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Yves marchait sur le trottoir propret d'une banlieue tranquille. Il avançait de son pas mesuré, très exactement un mètre l'enjambée, de comptable sans histoire. Arrivé à dix-huit pas de sa demeure, le numéro 16-14, comme à son habitude il glissa la main dans sa poche et sortit son trousseau de clef.

Cependant, contrairement aux autres jours, son portefeuille, au lieu de rester gentiment en place, s'accrocha dans l'une des neuf clefs, fut tiré avec elles de sa poche et tomba sur le trottoir. Il fallut un moment, pendant lequel Yves fit quatre pas, avant que cette entorse aux conventions ne fasse son chemin dans son cerveau plus conçu pour l'addition que pour la gestion d'événements. Enfin, des signaux d'alarme s'y allumèrent. Il avait échappé son portefeuille!

Yves se retourna en fronçant les sourcils, pressé de récupérer l'objet fautif. Il découvrit alors qu’un inconnu s’était déjà chargé de ramasser le portefeuille. L’homme étant vêtu d'un complet fort correct, valant au bas mot onze cent dollars, Yves présuma qu’il s’agissait de l’un des discrets habitants du quartier et qu’il avait récupéré le portefeuille par serviable réflexe, dans l’intention de le rendre à son propriétaire.

— Merci, lança donc Yves en tendant la main vers son bien, je l’ai laissé tomber on dirait!

L’inconnu eu un geste de recul, ramenant le portefeuille dix centimètres en arrière, contre sa poitrine, comme pour le protéger. L’inquiétude gratta timidement à la porte de l’esprit du comptable. Qu’est-ce que c’était que ce comportement?

— Pardonnez-moi, répondit l’inconnu, mais vous n’auriez pas un emploi à m’offrir?

Yves fronça les sourcils. À d’autres, le demande aurait pu paraître naïve ou puérile. Son propre champ d’expertise consistant à assainir des budgets en réduisant la masse salariale, cette requête lui sembla tout simplement grossière. Il observa plus attentivement son vis-à-vis et, malgré ses vêtements de bon aloi, il remarqua chez lui une touche d’excentricité mystique, matérialisée par son épingle à cravate en or frappée des douze symboles du zodiaque. Voilà qui expliquait le comportement étrange de l’inconnu. On pouvait s’attendre à tout de la part de gens crédules orientant leur vie selon les diktats d'un système astronomique fautif et de prédictions volontairement vagues composées grâce au détournement d'algorithmes mathématiques!

— Non, je suis désolé, je suis comptable, pas recruteur, répondit Yves. Pourrais-je récupérer mon portefeuille?

L'inconnu baissa les yeux vers l'objet en question, qu'il tenait toujours d'une main et s'essuya le front, où avaient perlé six grosses gouttes de sueur, du revers de la manche de son autre bras. Ce comportement écoeura Yves. On ne maltraitait pas ainsi un costume de prix! Sous ses yeux, l'inconnu se tortilla sur place, sauta d'un pied sur l'autre huit fois, avançant puis reculant de quelques centimètres à chaque occurrence, comme s'il était tiraillé dans deux directions différentes par de quelconque pressions internes. Et l'une de ces directions semblaient être diamétralement opposée à Yves! L'inquiétude ouvrit la porte de l'esprit du comptable et envahit la place. Cet homme ne songeait tout de même pas à lui voler son portefeuille?

— Alors vous n'auriez pas une fille, une soeur ou une collègue à me présenter? repris l'inconnu d'une voix geignarde, presque suppliante.

Tandis que l'inquiétude s'installait à demeure dans la tête d'Yves, mettant ses pieds sur le bureau et bousculant sa calculatrice intérieure, le comptable pensa brièvement à sa fille de quinze ans, sa soeur de dix-sept, ses sept collègues de travail féminines... Il n'oserait infliger à aucune d'elle cet individu agité, aux questions désespérées, à l'épingle de cravate déplorable, aux manches imbibées de transpiration et qui présentait une fâcheuse tendance à garder les portefeuilles en otage.

— Non, non et non! rétorqua-t-il. Je ne suis pas une agence de rencontre! Rendez-moi mon portefeuille!

La réponse d'Yves parut calmer brusquement l'inconnu, qui cessa de se tortiller. Il leva un bref instant les yeux au ciel, haussa les épaules, lâcha un « Non » résolu et s'enfuit en courant, à une vitesse approximative de treize kilomètres heures, beaucoup trop rapide pour qu'Yves puisse espérer le rattraper.

Dans sa fuite, l'inconnu abandonna derrière lui un bout de papier, peut-être échappé de l'une des cinq poches de son veston. Espérant que celui-ci contiendrait quelque renseignements sur l'identité de son voleur, Yves le ramassa.

Le papier se révéla être le coin déchiré d'un journal, une partie de la section des horoscopes, où on lisait :

Sagittaires
Amour - Aujourd'hui, vous croiserez une personne significative
Travail - Aujourd'hui, vous croiserez une personne significative
Argent - Aujourd'hui, vous croiserez une personne significative

Cela n'apprit pas grand chose au comptable... Sinon que son voleur et lui avaient le même signe astrologique et que l'une des trois prédictions du jour, pourtant clairement le fruit d'une aberration statistique ou d'un hoquet du système de rédaction automatisé, venait de se réaliser.

mardi 26 juin 2012

Trois ans

Wow... Quand j'ai commencé, je pensais pas que je me rendrais là...

Mais voilà, on y est : ce blogue a trois ans aujourd'hui! :)

Trois ans à cinq billets par semaine (parfois plus), sauf en période de vacances. Trois ans à nouer des amitiés virtuelles avec un paquet de lecteurs fantastiques. Grâce à vous, les amis, la blogosphère est vraiment un endroit génial! :)

Cependant, je vous préviens tout de suite : le rythme du blogue risque de changer.

C'est pas que j'aime pas vous jaser tous les jours, au contraire. Sauf que je commence à ne plus savoir quoi dire. Alors je vais me permettre de ralentir le rythme. Vous en faites pas : ce sera pas instantané, mais je vais désormais m'autoriser à sauter une journée de temps en temps, au lieu de me coucher à minuit pour taper un billet les soirs où l'inspiration vient pas vite (histoire vécue et pas qu'une seule fois). Avec un peu de chance, ça me permettra d'avoir plus d'anecdotes comiques à vous raconter et moins de réflexions déprimantes sur l'actualité.

En plus, j'ai beaucoup de projets en cours : cours de traduction, romans et nouvelles à écrire, bébé à fabriquer (écrire des billets de blogue jusqu'à minuit est malheureusement un tantinet contraceptif), etc. Un moment donné, mes journées à moi aussi ont juste 24 heures (oui oui), alors faut que je fasse des choix.

Bref, à partir de maintenant, n'appelez pas la police même si vous découvrez, un matin, que le billet affiché est le même que la veille. Si ça se produit deux jours de suite, par contre... ;)

Allez, sur une note plus encourageante, je vous annonce que je vais sacrifier à la tradition (imposée à coup de chantage émotif par Pat, hihihihi! ;) et que demain vous aurez droit à une courte nouvelle! ;)

vendredi 22 juin 2012

Bonne Saint-Jean, créez pas trop fort - Ajout

Bonne fin de semaine de la Saint-Jean à tout le monde!

Célébrez bien, mais si vous écrivez ou créez autre chose, allez-y pas trop fort. Parce qu'il semblerait que la censure est de retour au Québec.

Si jamais vous l'avez manquée, je voudrais attirer votre attention sur cette affaire, celle du groupe de musique "Mise en demeure". Les titres des chansons du groupe disent clairement ses opinions politiques : "Matraque-moi", "L'anti-émeute arrive", etc. Les paroles, elles, sont parfois de mauvais goût selon ma sensibilité personnelle, mais elles me semblent permettre à ceux qui en ont besoin de gueuler leur colère de façon artistique (ce que je trouve parfaitement sain) au lieu d'aller l'exprimer physiquement (ce qui peut être sain aussi) aux détriments de personnes non consentantes ou de biens d'autrui (c'est là que le bât blesse).

Sauf qu'évidemment nos politiciens ne choisissent pas de voir dans ces chansons une catharsis, mais bien un incitatif à la violence. Ce qui a fait dire à certains (je cite ici l'article) :

(Charest) On dirait qu'il y a une habitude qui se prend et que c'est devenu acceptable de faire n'importe quoi et de dire n'importe quoi. [...] Il y a une minorité qui est en train d'imposer ce discours sous prétexte qu'il y a une liberté de parole.

(Christine St-Pierre, ministre de la Culture) L'ironie ne peut justifier les écarts dans les chansons du groupe.  Il n'y a rien de drôle quand on parle de tuer quelqu'un [comme] des policiers, des journalistes, des élus, quelque être humain que ce soit. Il n'y a rien de drôle là-dedans.

(Gérard Detell, CAQ) Il y a des limites à la liberté d'expression. Ce n'est pas vrai qu'on peut tout dire. On ne peut pas tolérer des actes de violence et des incitations à agir de la sorte.

Euh, s'cusez, c'est pas la liberté de parole ou l'ironie qui est en jeu ici. "Mise en demeure" n'a pas écrit des tracts politiques, des articles de journeaux ou des billets de blogue. Ils ont écrits des chansons, calvaire! On est dans le domaine artistique ici, le terrain de jeu de la fiction. Un domaine où la liberté d'expression est supposée être à son summun, bien plus que dans la sphère du sérieux et de l'opinion!

Si la ministre St-Pierre pense sérieusement ce qu'elle a dit, elle va devoir exclure les romans policiers des bourses du Conseil des arts. Et les romans d'horreur aussi.

Bonne fête nationale à tous! Entre deux bières, prions pour que Saint-Jean nous protège des politiciens apeurés qui ont perdu tout sens des réalités.

Le blogue sera en pause jusqu'à mardi, pour cause de long congé... et de blogueuse qui a grand besoin d'une cuite pour supporter l'actuel climat politique! ;)

AJOUT
Bon, pis là on a des membres de la CLASSE qui ne veulent pas de l'argent recueilli pour eux par des humoristes, sous prétexte que ceux-ci font des blagues qui entretiennent les préjugés racistes, homophobes et sexistes!?!?! Euh... Dites, ce sont des humoristes, leur job, elle repose essentiellement sur l'usage des clichés!

Ok, j'vais oublier la bière pour la cuite en fin de semaine. Pour avaler ce qui se passe ces jours-ci, ça va prendre du fort.

jeudi 21 juin 2012

Western montréalais

Il y a quelques mois, je me suis mise à la recherche d’un bon roman de style western. Je l’ai cherché, évidemment, du côté des auteurs américains. Et quand j’ai arrêté de chercher, je l’ai finalement trouvé mon western littéraire, mais c’est de Montréal qu’il m’est parvenu. Le roman s’intitule Griffintown, de l’auteure Marie Hélène Poitras. Et c'est tout un bouquin!

Le jour se lève sur Griffintown après le temps de survivance, les mois de neige et de dormance.

Hommes et chevaux reprennent le chemin de l’écurie. L’hiver a eu raison de quelques-uns. Certains, comme John, reprennent le collier comme on renoue avec une mauvaise habitude. Pour d’autres, qui traînent plusieurs vies derrière eux, il s’agit souvent du cabaret de la dernière chance. Marie, la Rose au cou cassé, cherche quant à elle un boulot qui la rapprochera des chevaux. Elle ignore ce que lui réserve l’été, le dernier de Griffintown. Car tandis qu’une procession de désespérés défile vers le Far Ouest à la recherche d’une maigre pitance, la Mouche ourdit sa vengeance.

Histoire de meurtre, d’amour et d’envie dans un décor où tous les coups sont permis, Griffintown expose au grand jour l’intimité des cochers du Vieux-Montréal, ces cow-boys dans la ville. Un détournement habile, porté par une langue sensible et rude, du western spaghetti sauce urbaine.

Griffintown n’est pas un polar, malgré le meurtre, ni un roman contemporain, malgré le décor, ni même un roman réaliste, malgré la présence de ces cochers qu’on peut croiser tous les jours d’été dans le Vieux Montréal. Avec ce texte, on est plongé dans un habile mélange du vrai et de l’imaginé. C'est une « légende urbaine » au sens propre, mise en mot par un poète qui aurait traîné un temps ses bottes dans la boue et le crottin. Certains passages sont très lyriques, mais ils demeurent courts et mettent brillamment en relief la rudesse du sujet.  

Bref, une belle réussite! J’aurais voulu avoir écrit ce bouquin, mais je sais pertinemment que j’en aurais été incapable… à tout le moins pour le moment! ;)

Publié aux éditions Alto, ce livre ne fait que renforcer la réputation d’excellence de cette petite maison, qui nous avait déjà offert le délicieux Maleficium.

mercredi 20 juin 2012

Dépenses somptuaires

En tant que secrétaire, il m'arrive souvent de devoir organiser des réunions. La routine, partout où j'ai travaillé, est toujours la même : réserver une salle, préparer les documents, m'assurer qu'il y aura de l'eau et du café, commander un lunch auprès d'un traiteur si on insiste pour que la réunion chevauche l'heure du midi. Mais seulement si on insiste : ça revient cher vite la bouffe de traiteur et les budgets sont toujours serrés.

Et puis, un jour, alors que je procède selon ma routine, mon patron se met à faire des caprices. Ah non, pas cette salle-ci, elle a pas de fenêtre. Le café, est-ce que ce serait possible d'en avoir du meilleur que l'acide qu'on boit à l'année longue? Oh et la réunion est le matin, alors un plateau de viennoiseries, ce serait bien...

Je ne comprends plus rien. Depuis quand le café du bureau n'est pas suffisant pour une réunion? Pourquoi dépenser pour des viennoiseries? Les invités sont pauvres et n'auront pas déjeuner?

Réponse du patron : on reçoit un ministre.

Ah... Alors, que je lui demande, est-ce que tu veux que je dise à la femme de ménage de mettre du papier de toilette parfumé triple épaisseur dans les salles de bain?

Le patron me regarde avec l'air complète perdu.

Tsé, t'as beau le traiter comme la huitième merveille du monde, il va aller pisser comme tout le monde ton ministre. Alors tant qu'à y être...

J'ai pas gardé cette job-là longtemps. Mais elle m'a appris bien des choses au sujet de la gestion de nos fonds publics!

Addendum
Découverte matinale. Wow, la récidive s'en vient! ;)

mardi 19 juin 2012

Couverture du Chasseur

Au cas où vous l'auriez manquée, voici la couverture officielle du Chasseur :


Ah, que de travail ce fut pour en arriver là! lol!

Pour ma part, je tenais à ce que la couverture montre le grillage qui compose les côtés de la cage dans laquelle se déroulent les combats de MMA, grillage qui est aussi typique de tous les paysages urbains. Et puis, la clôture, l'obstacle à franchir, ça allait avec la thématique du roman.

Guillaume Houle tenait au poing serré, à la démonstration de force. Et, évidemment, fallait rester dans le noir-blanc-rouge des Nova.

L'illustrateur, François Pierre Bernier, nous a soumis proposition sur proposition (pauvre lui, on l'a fait pédaler!).

Les membres du comité de lecture ont finalement été appelés en renfort pour nous départager et ils nous ont évité de nous retrouver avec une illustration qui aurait fait "roman de zombie" ou "affiche de film d'action style années 90" (travers dans lequel je tombais facilement, parce que je regarde sans doute trop de films de Van Damme! ;)

Au final, je pense qu'on est tous pas mal contents du résultat! :)

Coudonc, deux billets de promotion diverses de suite, je vous gâte pas. Allez, je me reprends demain, promis! ;)

lundi 18 juin 2012

L'Archiviste - Les Dieux pure laine - Extrait

Ici Luc Dagenais, dit l'Archiviste. Le numéro 183 de Solaris sortira prochainement, et je vais enfin — remarquez, c’est de ma faute, je n’écris vraiment pas vite — y publier à nouveau. À preuve, cette prochaine nouvelle est née, en quelque sorte, à l’été 2009 lorsque j’ai pondu un titre cool pour lequel je n’avais pas d’histoire. Il m’a fallu un an (et un flash qui m’est venu à la suite de la lecture d’un commentaire de Gen sur son blogue) pour trouver ce que je voulais en faire. Et l’écriture s’est ensuite étalée de 2010 à 2011... Parlant de Gen, je tiens à la remercier de me permettre de squatter son blogue (une fois de plus ;o) pour en présenter un extrait.

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Les Dieux pure laine

Toujours habité de sa saine colère d’homme de chantier, Raoul arrivait chez Mémère. La vieille se trouvait au milieu de nulle part, un nowhere trop grand pour qu’on en voie les limites ; le regard s’y perdait dans toutes les directions sans jamais rencontrer rien d’autre que le vide. Assise sur un vieux tabouret de bois au vernis usé et craquelé, elle ressemblait à la Sagouine, seule sur une scène de théâtre. Une ceinture fléchée, la fabrique du temps et du destin, dont le Québec n’était qu’un fil, s’étirait au sol devant elle à perte de vue. De ses mains noueuses et vieilles comme le monde, elle tissait sans relâche, sans erreur, sans hésitation, encore et encore ; un fil dessus, un fil dessous, un fil dessus, un fil dessous. De temps à autre, elle avançait son petit bâton pour sauver son ouvrage. Les fils non tissés, qui constitueraient la ceinture, reposaient en balles ou en tas, à même le sol derrière elle.

— Mémère ! l’interpella Raoul, mais la vieille ne réagit pas.

— Mémère ! Mémère !

Cette fois, Raoul avait crié le plus fort qu’il pouvait, à pleins poumons, à faire trembler le sol. Le tonnerre roula sur la forêt boréale, un vent de mousson fouetta le sous-continent indien. Il toussa, se racla la gorge et cracha un gros morceau de vieillesse qui venait de se déloger de ses poumons. Mémère cessa alors de dodeliner de la tête. Elle se tourna dans une direction, choisit au hasard, leva ses yeux voilés de cataractes et dit :

— Y as-tu quelqu’un ? Si oui, je vous entends pas et je vous vois pas. Ça sert à rien d’essayer de me parler.

Pendant qu’elle parlait, ses doigts s’activaient sans relâche, sans ralentir ni accélérer : un fil dessus, un fil dessous, un fil dessus, un fil dessous, et elle avançait son petit bâton pour sauver son ouvrage.

— Mémère ! C’est moi, Raoul, vous souvenez-vous de moé ? Je suis la drave, je suis le bûcheronnage. Je suis celui qui tenait tête au foreman. J’étais le Québec, quand le Québec avait du cœur. J’avais ben du front pis je me tenais drette steady. Mais là, je suis rendu vieux pis faible, Mémère, et c’est tout le Québec qui s’en ressent. Vous pouvez pas faire quelque chose pour moé, Mémère ?

vendredi 15 juin 2012

Solaris #182

Héhéhé, me voilà enfin abonnée à Solaris (ainsi qu'à Alibis, mais j'y reviendrai). Ah, le plaisir de me faire livrer dans ma boîte aux lettres ma livraison trimestrielle de nouvelles... qui s'en vont attendre sur la pile de trucs à lire que j'aie enfin le temps de les dévorer! lol! ;)

Mais bon, j'ai fini par trouver le temps de lire le numéro 182 de Solaris, dont la couverture met en scène un décor futuro-gothique (ou serait-ce néo-baroque-noir?) et les chaînes les plus rigides qu'il m'ait été donné de voir! Hihihihi

Ironiquement, alors que l'éditorial nous confie que certains lecteurs ne savent jamais à quoi s'attendre de Solaris, j'ai trouvé ce numéro agréablement sans surprise. C'est-à-dire qu'on y trouvait toutes les qualités que la liste des auteurs laissait présager! ;)

Il y avait, premièrement, un duo de nouvelles de vampire, écrites par Claude Lalumière (en traduction de Pascale Raud) et par Nathasha Beaulieu. N'ayez crainte : Solaris n'a pas cédé au courant bit lit. Ces deux nouvelles sont d'abord parues en anglais dans un anthologie présidée par Nancy Kilpatrick, anthologie qui voulait explorer la manière dont l'utilisation de la figure du vampire pouvait évoluer. J'ai préféré Buffet à volonté de Lalumière, qui apportait un vent de fraîcheur sur le plan de la forme et de l'idée, à Évolution de Beaulieu qui était plus conventionnel. Pour peu qu'on soit amateur de vampires, les deux textes donnent envie de se procurer l'anthologie complète. Cependant, tentative de renouvellement ou pas, ça reste des histoires de vampire, alors vous tomberez pas en bas de votre chaise.

Tout à la fois de Dave Côté est l'un de ces textes absurdes dont Dave a le secret. On y raconte l'histoire de plusieurs êtres qui se retrouvent à partager intimement leur réalité. Avec ce texte, comme avec Noir Azur, il me semble remarquer une dimension plus psychologique dans l'écriture de Dave, ce qui n'est pas du tout pour me déplaire. Le seul défaut de ce texte pourrait être, à la limite, que l'histoire n'y sert que de prétexte à mettre en scéne la délicieuse narration. Mais faut vraiment finasser! ;)

L'envers du labyrinthe est, quand à lui, un bijou relativement typique de la plume d'Ariane Gélinas (ambiance magnifiquement plantée, mots justes, tournures un brin lyriques) avec, toutefois, une touche d'urbanité qui ne lui est pas habituelle. Plutôt que d'explorer une région éloignée ou un recoin oublié, Ariane nous entraîne cette fois à la suite d'un chauffeur de taxi montréalais et de sa cliente... très loin à leur suite!

Martin Mercure, le seul auteur "inconnu" du numéro, se montre parfaitement à la hauteur des autres textes avec Pièces détachées, un récit qui mêle polythéisme, relents de civilisations anciennes, reliques toutes puissantes et noirceurs de l'âme humaine. J'ai adoré! Bravo à Martin! Dire que je l'ai rencontré au Boréal et que j'ai pas pu lui parler de son texte parce que je l'avais pas lu! Et, c'est rare que je commente les illustrations intérieures, mais là celle de Mario Giguère vaut la peine d'être mentionnée, parce qu'elle accompagne parfaitement le texte.

Après les nouvelles, on retrouve une entrevue avec Claude Janelle au sujet du Daliaf (le dictionnaire dans lequel tous mes amis sont mentionnés, mais pas moi! lol!), un dossier très érudit d'Élisabeth Vonarburg sur les thèmes de la SF (à relire chaque fois que vous pensez avoir eu une idée géniale), un texte de Mario Tessier sur la poésie scientifique (qui m'a rappelé les exercices de traduction de mes cours de grec et de latin, car les gens de l'Antiquité appréciaient beaucoup les leçons en vers, dans toutes les matières), puis les habituelles critiques.

Au final, un numéro égal à l'idée qu'on se fait normalement de Solaris : très bon du début à la fin! :)

jeudi 14 juin 2012

Le dit du Musè (10)

Musè : n.m., du grec ancien "mousai", source d'inspiration.

On se dirigeait vers l'épicerie de notre paisible (comme dans "il se passe rien après 22h") banlieue. Je remarquais que, malgré le développement récent de certains quartiers aisés, les commerces du coin faisaient pitié. Que, pour trouver mieux que quelques stands à patates, deux pizzérias et des épiceries grande surface, faut faire un bon bout de chemin.

Chéri - Y'a deux places à croissants et des épiceries qui vendent des olives en or massif... en tout cas d'après le prix.

Moi - C'est ben beau les boulangeries artisanales ou les épiceries fines, sauf que c'est une librairie qu'il faudrait pour que le coin ait l'air civilisé.

Chéri - Y'a une bibliothèque.

Moi - Pas la même chose. Librairie veut dire bouquin qu'on vend. Dissémination de la civilisation. Tsé, l'ère moderne.

Chéri - Bof. Tant qu'à moi, les librairies, c'est le début de la fin.

Moi - Pardon? Quoi?

(Il faut du culot pour dire ça à une écrivaine quand même!)

Chéri (qui commence à avoir du mal à se retenir de rire) - Ben oui, du moment où t'arrête de t'entraîner au glaive dans un bâtiment pour le remplir de rouleaux de parchemin, la fin est proche.

Histoire et Chéri : 1
Moi et mon désir de librairie : 0

J'haïs ça quand l'histoire compte des points contre moi! :p

Addendum
Le Musè était particulièrement en forme hier, parce qu'il vient d'apprendre que "Le Vaisseau C.H.O.V." a été accepté par Brins d'éternité. Comme il a écrit une partie du texte, cette fois-ci la nouvelle est officiellement une collaboration. Il porte pu à terre! ;)

mercredi 13 juin 2012

Propagande

Je l'ai souvent dit, je n'écoute pas la télé. Ça m'épargne un tas de messages publicitaires (ce qui, mine de rien est excellent pour mes finances). Ça m'a aussi empêchée de remarquer le changement dans les tactiques de communication de notre gouvernement.

La première fois que j'ai noté une différence de ton, c'est en faisant mes impôts cette année. Sur ma trousse d'impôts provinciale, on lisait JUSTE en caractère géant, avec "pour tous" écrit en plus petit en dessous. Je m'étais dit que si c'était rendu nécessaire d'écrire sur les formulaires que les impôts étaient justes, c'était ptêt le signe qu'il y avait un malaise au sein de la population... Malaise très compréhensible tant qu'à moi. Suffit de regarder les paliers d'imposition pour le comprendre.

Puis, récemment, j'ai entendu le message radiophonique qui explique à quel point la loi 78 est une bonne loi, mise en place pour protéger ma sécurité personnelle, sans attenter à mes droits. J'en croyais pas mes oreilles. Hein? Le gouvernement dépense de l'argent de mes impôts pour faire de la propagande et m'enfoncer dans la gorge une loi dénoncée par l'ONU?!?

La dernière fois que j'avais entendu "un message du gouvernement du Québec", me semble que ça parlait de la couverture d'assurance médicament ou de l'importance de manger des fruits et légumes. C'était de l'information donnée à la population. Pas de la foutue propagande!

Mais qu'est-ce qui se passe dans ce pays? On accuse un adorable bouclé à lunettes d'arborer "un symbole d'intimidation et de violence" parce qu'il ne veut pas recevoir un prix et se réjouir au moment où les gens de sa génération gueulent en vain dans les rues depuis des mois? On prétend que s'attaquer à quelques vitrines de banques et de grosses corporations corrompues, c'est s'attaquer à "tous les Québécois"? On accuse ceux qui manifestent dans les rues sans donner leur itinéraire de "mettre en péril la paix sociale"?

Est-ce que quelqu'un pense vraiment que tous ces mensonges vont régler quoique ce soit?

mardi 12 juin 2012

Les tripes

Je pense que c'est important qu'une histoire "résonne" quelque part dans l'esprit de l'auteur, qu'elle le touche, qu'il la sente dans ses tripes d'une façon ou d'une autre, bref qu'il ait une raison particulière pour l'écrire. J'ai l'impression que c'est ce qui fait la différence entre un texte correct et un bon texte ou entre un passage fort et le reste du récit.

Pour ma part, ça a toujours été clair : les textes dans lesquels je mettais mes tripes ont souvent été publiés. Les autres, les constructions purement intellectuelles, ont été rejetés. J'ai fini par comprendre le concept.

La question que je pose le plus aux gens qui me font lire des textes, c'est donc "Pourquoi?". Pourquoi as-tu écrit ce texte-là? Qu'est-ce qu'il veut dire pour toi? Ce sont les questions que je me pose devant les textes que je viens de finir (ou même avant de les entreprendre). Mine de rien, ça m'aide souvent à cerner la thématique et à me montrer l'angle que le texte doit prendre. 

Le conseil que je donne le plus à date, c'est "Mets tes tripes dans ce que tu écris". Tu te poses des questions sur la vie, l'univers et tout le reste? Ben mets-les dans ton texte. Pas besoin d'avoir des réponses (42!), la question suffit. Parce que si tu te la poses, il y a sans doute un lecteur quelque part qui se la pose aussi. Et donc ton texte va sonner vrai pour lui.
Cela dit, des fois quand on lit ce que ça donne lorsque certains écrivains mettent (enfin) leurs tripes dans leur texte on se dit...

"Wow, ce gars-là est dû pour une thérapie!"

lundi 11 juin 2012

Le Chasseur - Pourquoi un aveugle?

Les Six Brumes viennent de dévoiler la "couverture alternative" de ma novella Le Chasseur. Elle est en braille, pour rappeler le fait que le personnage principal de la novella est un aveugle.

Pourquoi diable ai-je choisi de mettre en scène un personnage aveugle vous demandez-vous? (Ou peut-être pas, auquel cas, vous pouvez passer à autre chose :p ) 

Parce que je voulais expérimenter une nouvelle façon d'écrire, qui ne reposerait pas sur les descriptions visuelles, mais bien sur les quatre autres sens.

Parce que je regardais énormément de MMA et que je découvrais que, durant ces combats, la plus grande peur de tous, ce sont les blessures aux yeux. Si elles s'aggravent, elles peuvent rendre un combattant aveugle. Ce n'était pas encore arrivé, mais il était aisé d'imaginer les conséquences d'une blessure pareille sur la vie d'un de ces athlètes.

Parce que je commençais à apprendre le jiu-jitsu et que je constatais qu'il est possible, même lorsqu'on ne voit pas son adversaire, de deviner ses mouvements grâce au jeu des muscles, puisque la flexion d'un poignet se répercute jusque dans un muscle pectoral et que nos mains peuvent apprendre à lire ces répercussions. Et qu'un combattant, même aveugle, posséderait encore ce savoir...

Parce que je me disais que pour un ancien combattant vedette devenu aveugle, les sentiments d'inutilité et de vulnérabilité seraient sans doute les pires ennemis à affronter, sauf si...

Sauf s'il y avait une autre menace, dans les rues de la ville. Et qu'être aveugle arrêtait d'être un désavantage.

J'vous en dis pas plus. On lancera bientôt la prévente! ;)  J'ai tellement hâte d'avoir les réactions des lecteurs! Lol! Faut que je me retienne à deux mains pour pas vous raconter le roman! Hihihihihi! ;)

vendredi 8 juin 2012

Bilan printanier

Bon, ben, et si je vous faisais un petit bilan de mes activités, hein? Histoire de savoir moi-même où j'en suis...

Alors Le Chasseur est bientôt prêt pour l'imprimerie. On attend la version finale de la couverture. J'ai peut-être même trouvé un endroit qui serait pas mal cool pour faire le lancement. Et où les robinets devraient fonctionner normalement...

J'attends la correction linguistique d'Hanaken II. Les croquis de la couverture sont prometteurs. J'ai eu des idées pour le troisième et dernier tome, mais j'attends un peu avant de faire le plan. Je veux que ça mijote encore.

Les salons du livre de l'automne sont en bonne partie réservés. Il y aura le Saguenay, l'Estrie où je devrais faire une animation, Longueuil, Montréal, Gatineau et peut-être Trois-Rivières, si on arrive à me vendre une animation. Sinon, je vais sans doute laisser tomber. Par expérience, rendue à ce point-là de la saison, j'ai plus beaucoup de jus!

Au boulot, j'ai l'impression que dans la dernière année les choses n'ont pas tournées comme elles le promettaient. Alors j'essaie de travailler sur mon détachement, histoire d'éviter les implications émotionnelles.  Traduction : j'espère arriver à m'en sacrer suffisamment pour ne plus passer la moitié de mes journées en crisse. C'est pas gagné. J'en ai tellement ras-le-bol que j'ai fini par faire ce que je m'étais promis de ne pas faire : je me suis inscrite à un cours pour septembre. Hé oui, encore des études. En traduction (vers l'anglais) cette fois-ci. Ça fait des années que ça m'énerve de ne pas arriver à écrire en anglais aussi facilement qu'en français (puisque j'arrive déjà à parler et à lire sans problème), alors là je vais essayer d'y remédier. Ça débouchera peut-être sur un changement de boulot à moyen terme. On verra.

Je n'ai pas vraiment de nouvelle littéraire dans les limbes, je n'ai rien d'accepté qui va paraître en 2013. C'est bizarre, d'habitude à ce temps-ci de l'année, je sais déjà que j'ai des textes qui paraîtront l'année suivante. Là, après les deux parutions d'août-septembre (Le Chasseur et Hanaken II), je vais me retrouver sans rien devant moi pour un bout. C'est la première fois depuis 2009. Étrange comme sensation.

Pour les projets d'écriture en cours, je suis un peu mêlée. J'ai au moins deux projets à retravailler, mais c'est pas ce qui me tente. J'ai envie d'écrire un policier. J'ai aussi envie d'écrire un truc de sfff totalement noir et plutôt sauté. J'ai une histoire d'espionnage qui me flotte dans la tête. Y'a une commande qui attend que je m'y mette...

Mais il me semble que tous les projets menacent d'être très gros et accaparants. Je n'ose pas en commencer un, de peur de ne jamais pouvoir toucher aux autres.

C'est probablement juste signe qu'aucun n'est encore arrivé à maturité, que je dois réfléchir encore un peu. Attendre que l'un d'eux me parle. Mais le temps file, les semaines passent, les pages du calendrier tournent et, bientôt, ça va déjà être le moment de retourner au Japon, une dernière fois, faire mes adieux à mes Hanaken. J'aimerais bien visiter un autre univers entretemps.

Je me demande si Miuri a des plans pour l'été... Moi j'suis pas en vacances avant la fin août...

jeudi 7 juin 2012

Décès de Ray Bradbury

Ray Bradbury, l'auteur de Farenheit 451 est décédé, je l'ai appris ici.

Bon... Je dois vous avouer que je pensais que c'était fait depuis longtemps.

Farenheit 451 fut l'un des premiers livres de SF pour adulte que j'ai lu. C'est mon père qui me l'avait mis dans les mains, parce que je partageais déjà son amour des bouquins et qu'il savait bien que cette histoire où on brûlait les livres me toucherait.

J'ai peu lu d'autres Bradbury, sauf, évidemment, le classique Chroniques martiennes, qui m'avait bien amusée parce que c'était la première fois que je lisais des histoires de colonisation de planètes étrangères écrites du point de vue des extra-terrestres.

Pour la communauté d'écrivains de science-fiction et de fantastique, je ne pense pas que la mort de Ray Bradbury changera quoique ce soit. Ses grandes oeuvres lui survivront. Les autres sont déjà en train de sombrer dans l'oubli.

Non, ce que je trouve triste dans l'annonce de ce décès, c'est la citation avec laquelle le journaliste clôt son article. Pour Ray Bradbury, rapporte-t-on, la chose la plus amusante de sa vie était de se lever le matin et de se précipiter sur sa machine à écrire pour noter les nouvelles idées qui lui étaient venues.

Et voilà que la mort le sépare de sa fidèle machine.

J'espère qu'on va l'enterrer avec lui.

mercredi 6 juin 2012

Les amis de Pancho Villa de James Carlos Blake

Je cherchais un roman sur la thématique western. L'Ermite m'a donc suggéré "Les amis de Pancho Villa" de James Carlos Blake, un classique souvent réédité. Le résumé m'a tout de suite conquise :

Quoi de mieux, pour narrer l’épopée de la révolution mexicaine, que de se mettre dans la peau de Rodolfo Fierro, le plus fidèle lieutenant de Pancho Villa ? C’est ce que fait James Carlos Blake qui nous conte, dans un style digne d’un roman d’aventures, l’odyssée grandiose et pitoyable de ces révolutionnaires à la fois idéalistes et cruels.

Mêlant habilement faits et fiction, Blake fait revivre l’histoire chaotique du Mexique au début du XXe siècle. A travers des êtres de chair et de sang, capables d’inspirer la compassion autant que l’horreur, il nous propose une réflexion très intéressante sur le sens de l’action révolutionnaire.


Mouais... Parlez-moi d'un résumé un poil exagéré!

Attention, je n'ai pas détesté ma lecture. Sur le plan historique, le roman tient ses promesses : il nous permet de suivre la chronologie des événements de l'une des révolutions les plus longues et chaotiques du monde moderne.

Par contre, pour ce qui est de l'épopée, du style digne d'un roman d'aventures, de l'odyssée grandiose, des révolutionnaires idéalistes inspirant de la compassion, on repassera!

Le style du roman est plat et sec. Il se contente souvent d'énumérer fait après fait. On est rarement dans l'action. On a plutôt l'impression d'écouter un cours d'histoire donné par un bon prof. Cependant, de temps à autre, on se retrouve devant une anecdote plus détaillée, le prof d'histoire disparaît au profit des personnages, qu'on voit débouler sous nos yeux, pistolets fumants. Alors, le bouquin devient vraiment délicieux et trépidant! Malheureusement, ces moments forts sont trop courts et jamais assez nombreux.

Pour ce qui est des révolutionnaires idéalistes, je les ai cherchés dans tout le roman et je n'en ai pas rencontré beaucoup. "Les amis de Pancho Villa" raconte la vie d'hommes qui auraient été des hors-la-loi et des criminels dans d'autres circonstances, mais qui, grâce à la révolution, ont pu trouver une place dans le monde et, malgré leurs travers, faire figure de héros.

Ne serait-ce que pour cet aspect du récit, cette frontière brouillée entre le bien et le mal qui est caractéristique de mes westerns préférés, ce roman valait la peine d'être lu.

mardi 5 juin 2012

Conversation surprise dans le bus

J'écoutais gentiment ma musique en revenant du boulot lorsque les piles de mon Ipod m'ont lâchée. Merde. J'ai pêché mon livre dans mon sac, mais je savais déjà que j'aurais de la misère à me concentrer, parce que les deux hommes assis derrière moi, deux trentenaires branchés qui auraient eu l'air plus à leur place dans un 5 à 7, parlaient fort... trop pour leurs propos.

En effet, ils jasaient (chialaient) du fait que depuis qu'ils étaient pères, leurs blondes les avait mis au régime sec côté sexe. Que la vie est mal faite, parce que quand les femmes veulent un enfant, c'est non-stop une semaine de temps quand elles sont fertiles, mais qu'une fois le bébé né, le gars peut aller se faire voir, la maman est trop occupée. Que les rares fois où elle se préoccupe des organes génitaux de son chum, c'est pour lui demander de se faire vasectomiser.

Je me sentais un peu mal d'écouter leur conversation (en faisant semblant de lire), mais j'ai dû me rendre à l'évidence : la moitié du bus faisait pareil. Même les cellulaires s'étaient tus.

Les deux gars sont finalement descendus, à quelques arrêts d'intervale. Après leur départ, ma voisine de banc, une femme que je vois souvent et qui porte superbement sa cinquantaine en tailleurs strics, s'est penchée vers moi.

"Quand le gâteau est bon," m'a-t-elle glissé, "on n'a pas envie de se mettre au régime."

On a partagé un fou rire.

lundi 4 juin 2012

Guide de musée d'un jour

Les samouraïs sont à l'honneur au Musée Pointe-à-Callière ces temps-ci, sous la forme de la collection privée de Richard Béliveau. Et j'ai eu la chance de voir l'exposition en avant-première il y a quelques semaines (parce qu'un avocat du bureau avait reçu une invitation dont il ne voulait pas, alors il a eu la gentillesse de me la refiler)! :)

Je l'avais trouvée très impressionnante (surtout si on considère que c'est une collection privée et qu'une partie de ces pièces étaient ordinairement exposées dans le salon de monsieur Béliveau), mais elle présentait le défaut de toutes les expositions de Pointe-à-Callière : le contexte historique des objets était présenté de façon très large et vulgarisée, tandis que les termes techniques pour décrire les dits objets étaient peu expliqués. Même pour une maniaque du Japon comme moi, il m'en manquait des bouts.

Cependant, j'ai quand même été frappée par la beauté des armures et l'air menaçant des lames. Je cherche encore les mots pour décrire les reflets particuliers de l'acier poli des katanas ou l'impression de profond respect qui m'a envahie en posant les yeux sur la toute petite pointe de lance forgée jadis par le légendaire Murasama. Le soir de la première, j'ai vu des invités japonais s'incliner discrètement devant certaines lames de sabre et j'avais ressenti une grande envie de les imiter.

Après ma visite, j'ai acheté le catalogue de l'exposition, toujours plus documenté que les affichettes du musée, pour pouvoir poursuivre mon étude de ces artefacts.

Et en fin de semaine, après avoir assimilé le contenu du catalogue et fait quelques recherches, je suis retournée voir l'exposition, en compagnie de Phil, Luc, Joe et Vincent. À la demande de Phil, j'ai joué au guide de musée. J'avais l'impression, malgré le catalogue, que j'aurais peu de chose à apprendre à mes camarades et qu'ils feraient mieux de lire les affichettes...

Pourtant, je me suis retrouvée à parler pas mal! lol! ;) Et les gars m'ont posé un paquet de questions dont je connaissais sans problème les réponses (mais qui ne figuraient pas nécessairement sur les affichettes). Bref, j'ai eu bien du plaisir à récupérer ainsi mes connaissances de la civilisation japonaise et à leur pointer les détails intéressants des différentes pièces exposées. Il paraît que ça a inspiré Phil... ;)

En attendant le second tome d'Hanaken, si vous passez par le Vieux Montréal, je vous suggère de faire un arrêt à Pointe-à-Callière. Même sans guide de musée privé, l'exposition vaut le détour.


Pour ma part, j'attends mes vacances avec impatience pour aller voir l'exposition du Musée de la Civilisation de Québec sur... les samouraïs.

vendredi 1 juin 2012

Un crochet au foie

Dernièrement, j'ai écrit une nouvelle qui se passait au coeur de l'univers des arts martiaux mixtes. L'histoire d'un gars qui entre dans la cage en pensant affronter un adversaire et qui découvre plutôt des choses sur lui-même...

Ladite nouvelle vient d'être rejetée. Un refus qui fait mal, un vicieux crochet au foie.

Parce que le refus n'est pas motivé par le fait que la nouvelle était mal écrite ou pas originale ou manquait de ci ou manquait de ça ou ne cadrait pas avec autre chose. Bref, on ne refuse pas le travail de l'écrivaine.

Non, on rejette la nouvelle sous prétexte qu'elle relevait plutôt de la boxe ou de la lutte et que la "philosophie" (les guillements sont dans le refus) de ces sports de combat s'éloigne beaucoup de celle des arts martiaux.

La personne à l'autre bout du courriel ne peut pas le savoir, mais elle vient de cracher sur la discipline et les valeurs qui ont gouverné les douze dernières années de ma vie. Merde, dans les combats de MMA, on voit souvent des gars se relever l'un l'autre entre deux rounds, se faire des high five avant de se taper sur la gueule, se féliciter mutuellement après des affrontements acharnés, lâcher une prise avant que l'arbitre ne le réclame pour ne pas blesser leur adversaire... et c'est cet aspect du MMA que je racontais dans ma nouvelle. C'est douloureux de voir que, malgré ça, pour la personne qui m'a lue, les arts martiaux mixtes ne méritent même pas de figurer au rang des arts martiaux.

Ou alors c'est moi qui n'ait pas su rendre mon sujet assez éloquemment... Après tout le temps que j'ai passé à explorer cet aspect particulier de l'écriture, c'est tout aussi déprimant comme pensée.

Ouais, ben, j'aurais besoin d'un câlin là.

Ou de taper dans quelque chose. C'est ptêt pas philosophique, mais c'est très efficace! ;)