vendredi 16 mars 2012

Grand prix des conversation superficielles

Jeudi matin, 8 heures moins 10. J'attends impatiemment en ligne chez Starbucks pour obtenir ma dose matinale de caféine. La file est longue. Juste devant moi, il y a deux jeunes femmes. La trentaine chic, mince, bronzé, méchée, manucurée, soigneusement maquillée, en bottes à hauts talons, jupes moulantes, chemisiers asymétriques, manteaux de lainage et sacs à main assortis.

Jeune femme A discute avec jeune femme B. Les deux ont le ton de voix de filles qui ont abusé du Ipod, volume à fond. Traduction : tout le monde peut les entendre dans le café.

Jeune femme A - Il y a presque 150 calories dans le Venti latté écrémé. Je pense que je vais prendre un café régulier.

Jeune femme B - Mais si tu mets un sucre dedans, il monte à 135 calories.

Jeune femme A - Oh, t'as raison. Mais je supporte pas le café régulier sans sucre.

Jeune femme B - Tu vas au gym ce midi de toute façon?

Jeune femme A - Ah oui. Bon, pour 15 calories.

La conversation semble être terminée. La file avance. C'est bientôt mon tour, enfin! Jeune femme A penche la tête vers le Iphone qu'elle tient à la main. Elle envoie un texto, puis se remet à parler.

Jeune femme A - Tu sais ce qu'on devrait faire en fin de semaine?

Jeune femme B - Non, quoi?

Jeune femme A - Me magasiner un pantalon rouge. J'ai rien qui va avec la blouse qu'on a achetée la semaine passée.

Jeune femme B -Bonne idée! J'en ai vu un dans un magazine cette semaine et j'ai tout de suite pensé à toi.

Jeune femme A - Quel magazine? Tu pense que le même pantalon serait en vente à Montréal?

Jeune femme B - Oh, je me souviens plus... Mais tu sais quoi? Viens chez moi ce soir, on va chercher dans mes magazines récents et comme ça on serait prêtes pour aller magasiner samedi!

Jeune femme A - Bonne idée!

Leur tour de commander arrive. Tandis qu'elles se prennent chacune un latté écrémé assez gros pour servir de piscine, je tente de tirer une conclusion sage de la conversation que je viens de surprendre... conversation, soit dit en passant, éligible au grand prix 2012 des conversations superficielles.

Est-ce que c'est un signe que je dois arrêter d'aller chez Starbucks? Ou alors est-ce que je dois bénir cette chaîne de café parce qu'elle me donne du super matériel pour un éventuel roman de chick lit?

13 commentaires:

Prospéryne a dit…

Bénir cette chaîne de café pour le super matériel pour un roman de chick-lit! J'aurais jamais réussi à créer une scène comme celle-là moi! Comme quoi la réalité dépasse parfois la fiction!

ClaudeL a dit…

Tu l'as d'ailleurs très bien recréée ici, dans ce billet. Je les voyais, je les entendais. Je croyais que ta conclusion aurait été dans le choix de ton café. Moi, ce ne sont pas les calories qui m'arrêtent, c'est le prix du café.

Philippe-Aubert Côté a dit…

Le problème à mon sens sera de rendre deux spécimens pareils intéressants pour le lecteur :-)

Ma suggestion : faut que ça vire en gore. Les deux filles s'entretuent pour la robe rouge, l'une empoisonne le café de l'autre... :-) Ou bien tiens, des ninjas débarquent et les deux sont des as du kung fu qui réussissent à ne pas renverser leur café :-p

(Hum... Je dis ça et je ris, et je me souviens que je n'avais pas détesté "Blonde et légale"; ça m'amusait de voir la blonde que tout le monde trouvait superficielle damer le pion aux autres étudiants de harvard mais, aussi, gagner en maturité et perdre en superficialité...)

Gen a dit…

@Prospéryne : Lolol! Incroyable mais vrai : elles planifiaient leurs activités des deux prochains jours autour de la quête d'un pantalon rouge! :p

@ClaudeL : Le prix du café est élevé, mais la qualité est au rendez-vous, alors j'assume. En plus, je ne fais cette dépense que les jours où je travaille : quand je suis chez moi, je me fais mon propre café, aussi bon et pas mal moins cher. Y'a des cafés moins chers autour du bureau, plus artisanaux, mais le problème c'est qu'un matin c'est le meilleur café du monde et le lendemain il goûte le brûlé parce que c'est pas le même barrista et qu'il a surchauffé sa machine. :( Pas le fun.

@Phil : J'aime bien que l'une empoisonnent l'autre ou qu'elles se battent pour le morceau de guenille! Hihihihi ;) Et, en effet, il y a moyen de rendre intéressant les personnages super superficiels : y'a plein de lecteurs qui liront par curiosité morbide! :p

Hélène a dit…

Avoue que c'est tiré de ton imagination, non? Misère! Je croyais que ça n'existait qu'à la télé des greluches pareilles. Ça vaut de l'or. Un peu de recherche pour ta chick lit: tu n'as qu'à te pointer là un matin et les suivre une heure et tu as du matériel pour un bon roman et sa suite je paris.

Gen a dit…

@Hélène : Eh non, c'est 100% réel. Quasiment mot à mot en fait! lol! Mais je crois pas qu'elles me fourniraient à elles seules la matière d'un roman. Ça manquerait assez vite d'action! :p

Mireille a dit…

Que de jugement ici! On ne peut pas toujours être en train de parler du réchauffement climatique et du dernier prix Nobel de littérature. J'ai longtemps compté mes calories et j'aime bien les pantalons rouges; suis-je superficielle pour autant? ;) Sans farce, je comprends ton point de vue et c'est un bon exercice de style (on imagine tout de suite tes madames!) mais je trouve toujours ça plate quand des femmes en insultent d'autres parce qu'elles s'intéressent à des sujets typiquement féminins comme la mode, le magasinage ou les régimes...

Grand-Langue a dit…

Pas de roman chick-lit s.v.p.!

Continuez d'écrire vos billets simplement savoureux!

Grand-Langue

Isabelle Lauzon a dit…

LOLOL! C'est tellement pas ton genre, ce monde-là, Gen! Le mien non plus d'ailleurs...

Tsé, nous autres, c'est plutôt : où vais-je trouver le temps d'écrire avec toutes ces tâches de maison sur ma liste... ;)

Isabelle Simard a dit…

My God! Je les vois très bien tes madames. J'aime bien les suggestions de Phil ça ferait un roman haut en aventures.

Gen a dit…

@Mireille : Euh, je déconne ici, je porte pas de jugement sérieux sur qui que ce soit. Mais bon, planifier une fin de semaine autour d'un magasinage de pantalons rouges, disons que ça fait partie des activités que je ne comprendrai jamais! lol!

Et je trouve curieux ton commentaire "je trouve toujours ça plate quand des femmes en insultent d'autres parce qu'elles s'intéressent à des sujets typiquement féminins". Si j'avais insulté des gars parce qu'ils parlaient chars et hockey, ça aurait été mieux? O_o

@Grand-Langue : Pourquoi pas de chick lit? Ce serait drôle! Hihihihi Et ça exclut pas les billets! ;)

@Isa : Ouaip, nous on développe l'art de composer des dialogues tout en époussettant! :p

@Isabelle : Hihihihi!

Philippe-Aubert Côté a dit…

C'est drôle, mais quand je pense aux valeurs auxquelles Mireille se réfèrent (mode,magasinage,régime), ce n'est pas l'expression "typiquement féminine" qui me vient à l'esprit mais plutôt "superficiel" -- i.e. qui concerne la "surface" des choses, "l'apparence" -- et la mode ou le régime concerne bien l'apparence physique des gens. Et il me semble qu'en ce sens, ces valeurs transcendent les deux sexes. Il y a bien des gars qui se préoccupent de leur apparence, d'avoir un habillement conforme à leur goût (même si ça veut dire "jeans déchirés") et bon, magasiner un char rouge, c'est du magasinage :-p

Ce ne sont pas de mauvaises valeurs en soi mais je dois avouer que dans ma hiérarchie personnelle, elles viennent en dessous de bien d'autres et que moi non plus, je ne comprends pas les gens qui s'intéressent seulement à la surface des choses, sans aller plus loin.

Gen a dit…

@Phil : Tu pouvais pas mieux résumer ma pensée!