mercredi 22 février 2012

Crimes de Ferdinand Von Schirach

Je viens de terminer la lecture du recueil de nouvelles "Crimes" écrites par l'Allemand Ferdinand von Schirach. Je l'avais achetée parce que Norbert Spehner (grande autorité des genres au Québec et fondateur de la revue Solaris, pour ceux qui sauraient pas) en avait dit beaucoup de bien. Et puis parce que l'auteur est un avocat de la défense. Voyez-vous, à date, dans ma vie de secrétaire juridique, j'ai toujours trouvé fascinants les criminalistes que j'ai croisés. Alors j'avais envie de lire ce que l'un d'eux aurait à raconter.

Ça tombait bien : le recueil proposait de raconter onze histoires tirées d'affaires criminelles auxquelles l'auteur avait été mêlé. On nous promettait une plongée dans la psychée des criminels, racontée avec le "laconisme d'un style chirurgical", une "prose glaçante".

J'aurais dû me méfier!

Ce n'est pas que les histoires ne sont pas intéressantes, loin de là. Comment ne pas être fascinée par cette histoire d'un changement d'heure qui permet à un avocat d'éviter à son client d'être condamné pour meurtre? Ou par le récit de cet autre homme qui en tue deux en situation de légitime défense, mais d'une façon si efficace que la police le soupçonne du pire et se refuse à le libérer? Ou par ce mari qui assassine son épouse après quarante ans de vie commune... et dont on se dit que, à sa place, on aurait sans doute agit de même?

Cependant, tout est raconté sur un ton tellement clinique que j'avais l'impression de lire des procédures officielles et non pas des nouvelles. Les récits nous sont racontés par l'avocat, au "je", mais le narrateur s'y fait tellement discret qu'à chaque fois que le "je" intervient pour la première fois, on en sursaute. "Ah tiens, réalise-t-on, un personnage nous parlait depuis le début?" En onze nouvelles, on n'apprend d'ailleurs pas grand chose de ce "je", sinon qu'il est avocat et qu'il prend un grand soin de ses clients.

Je ne peux pas dire que j'ai aimé. Je n'ai pas détesté non plus. J'ai été intéressée. Cependant, sans doute parce que j'ai déjà lu des jugements de procès criminel, je n'ai pas pu me débarrasser de l'impression que l'auteur n'avait pas cherché bien loin son inspiration. Qu'il nous a simplement livré les onze histoires les plus marquantes de sa carrière, dans un style façon "dictée à la secrétaire".

Est-ce que c'était vraiment une faiblesse du récit? Ou est-ce que ça a simplement rallumé la jalousie que je ressens parfois devant des gens qui me semblent avoir des boulots bien plus trépidants que le mien et bien plus propice à leur inspirer des histoires passionnantes? Mystère... Faudra que quelqu'un d'autre le lise et qu'on compare nos impressions! ;)

9 commentaires:

Isabelle Lauzon a dit…

Hum... Dommage, ce quelqu'un d'autre ne sera probablement pas moi! C'est ta faute, ta critique ne m'a pas tellement donné envie de lire ce bouquin... LOL!

Luc Dagenais a dit…

Hum... moi ça me tente de relever le défi! Tu as lu la traduction française ou anglaise? Question de lire la même chose... ;o)

Isabelle Lauzon a dit…

Woah, t'es courageux, Luc! ;P

Luc Dagenais a dit…

Oui et non; je ne suis pas patient du tout avec les lectures qui m'ennuient, alors, si après 2-3 nouvelles ça ne clic pas je laisse tomber, tout simplement. :)

Gen a dit…

@Isa : Lol! Désolée!

@Luc : Je l'ai lu en français (quand je lis des traductions, je lis toujours en français). Et si tu le veux, je te le prête! ;)

Luc Dagenais a dit…

@Gen: Cool, merci! :)

suzanne m. a dit…

Je ne comprends pas les critiques négatives que je lis sur ce livre. Je viens de le refermer et je pleurais a la dernière nouvelle, touchante à mort. J'ai lu le bouquin en deux jours, il m'a gardé tout du long. Je n'ai pas trouvé son ton particulièrement clinique, seulement juste, précis et en fait, plutot compatissant. Je suis moi-même auteure, j'apprécie un style simple, pas alambiqué, qui va droit au but sans fioriture. c,est peut-etre cela qui a dérangé, cette manière de dire les choses sans détour, sans dentelles. N'hésitez pas à le lire, n'écoutez pas les langues tristes, ce livre n'a pas été un tel succès pour rien. Il n'est en rien raccoleur, il est tout simple, il est ce qu'il est, il raconte des histoires.

Gen a dit…

@Suzanne : Eh bien, tant mieux si vous avez apprécié. Personnellement, j'apprécie beaucoup les styles qui vont droit au but (d'ailleurs, je suis auteure aussi...), mais celui-là ne m'a pas touchée.

Cela dit, comme je l'ai mentionné, je l'ai tout de même trouvé intéressant.

Elise a dit…

Pour ma part, je l´ai lu en allemand et cela se lit très bien : les histoires sont captivantes (même choquantes !). Le style prétendument froid souligne les faits de manière épurée et m´a beaucoup plu. C´est un avocat, pas un conteur !