lundi 5 septembre 2011

Planter un arbre, théorie et pratique

Alors, vous voulez planter un arbre pour agrémenter votre terrain? Rien de plus simple. Voici les étapes à suivre :

1. Allez à la pépinière pour choisir un arbre qui vous plaît et qui est rustique dans votre zone d'habitation.

En réalité : allez à la pépinière, regardez les arbres qui se ressemblent pas mal tous (une branche avec quelques feuilles vertes) et tentez de lire les étiquettes. Repérez les chiffres concernant la zone de rusticité. Cherchez une légende sur un mur au sujet des zones. On est dans quelle zone? Accrochez l'un des employés qui court partout. Obtenez la réponse "zone 5". Regardez l'arbre dont la photo sur l'étiquette vous plaît... "Zone 3" C'est bon pour pas? Trouvez un autre employé. Ah oui, si le chiffre est plus petit, c'est parfait.  

2. Ramenez l'arbre chez vous.

Ouais, c'est ça, vous essaierez ça vous autre de faire rentrer dans une Hyundai Accent un arbre qui a poussé tout l'été dans la cour d'une pépinière! Réalistes, demandez plutôt la livraison. On vous annoncera que l'arbre sera livré le lendemain. Le lendemain, après avoir attendu toute la journée, appelez la pépinière vers 16h30. Faites-vous répondre que l'arbre a été livré. Obstinez-vous qu'il n'y a personne qui a sonné à votre porte et qu'il n'y a pas d'arbre sur votre terrain. Imaginez pendant un instant un voleur d'arbres... et ayez l'air fou quand votre douce moitié découvre l'arbre dans votre cour arrière, dans le seul coin absolument invisible depuis les fenêtres de la maison. Raccrochez le téléphone en demandant au gars de la pépinière de dire à ses livreurs de sonner la prochaine fois.  

3. Creusez un trou dont le diamètre excède de 4 pouces le diamètre du pot contenant l'arbre et qui est environ 1 pouce plus profond.

Découvrez que sous votre gazon il se cache des fragments de brique, des morceaux de madrier, du gravier et de la glaise. Oh et une maudite grosse roche que vous allez cogner solide avec la pelle, ce qui va vous résonner jusque dans les dents. Réfléchissez au fait que le gazon est vraiment pas difficile pour pousser là-dedans. Vous avez tout votre temps : le trou est long en maudit à creuser dans ces conditions. De temps à autre, passez la pelle à votre douce moitié, ça vous donnera un répit. Faites des jokes au sujet des tombes parfaites que tout personnage de fiction (particulièrement Dean et Sam de Supernatural) arrive à creuser en un quart d'heure.

4. Mettez de l'engrais, arrosez le fond du trou, sortir l'arbre du pot et le déposer dans le trou.

Réalisez tout seul comme un grand que vous devez découper le pot et non pas essayer d'en sortir la motte de terre et félicitez-vous de cette étape qui s'est passée à peu près comme prévu.

5. Comblez le trou avec la terre achetée à cet effet.

Et, évidemment, comprenez trop tard que deux poches de terre c'était pas tout à fait assez, ça en aurait pris une demi de plus. Bouchez l'espace qui reste avec un peu de glaise patiemment récupérée, une poignée à la fois, dans le tas de débris de construction. Évitez de remettre les fragments de brique, c'est probablement pas très nourrissant pour l'arbre.

6. Plantez un tuteur.

Enlevez vos gants, marchez jusqu'à la maison, enlevez vos bottes boueuses. Allez chercher le maillet de caoutchouc dans l'atelier. Remettez les bottes, sortez de la maison, remettez les gants, allez enfoncer le tuteur correctement grâce au maillet. Si vous avez oublié le tournevis pour le collet servant à attacher l'arbre au tuteur, répétez les étapes. Et tant qu'à y être, profitez-en donc pour ranger le maillet.

7. Admirez votre nouvel arbre.

Avant ça, discutez de ce que vous pouvez bien faire de votre tas de débris. Roulez votre grosse poubelle jusque dans la cour. Pelletez les débris dans la poubelle. Roulez à nouveau la poubelle à sa place. Ramassez les outils qui traînent. Enlevez les gants et les bottes. Rentrez dans la maison. Remarquez la pelle oubliée contre la remise. Sortez pieds nus dans le gazon. Marchez sur une roche. Lâchez un juron tout en rangeant la pelle. Revenez dans la maison, mais seulement après avoir bien essuyé vos pieds pour pas rentrer de gazon avec vous (vous allez en rentrer pareil). Mettez de la glace sur votre dos magané par la pelle et par le poids de la poubelle pleine de débris. Allez prendre une douche.

Le lendemain matin, soyez vaguement surpris en découvrant l'arbre au milieu du terrain. Penchez-vous pour ramasser un brin de gazon qui traîne. Votre dos vous rappellera que l'arbre n'est pas arrivé là par l'opération du saint-esprit! :p

Recevez un coup de fil de belle-maman qui aimerait savoir si elle pourrait pas vous offrir un cerisier, parce que ce serait thématique avec votre roman. Expliquez à belle-maman que vous venez de vous acheter un amélanchier. Évitez l'attaque d'hystérie lorsqu'elle vous demande, pleine de bonnes intentions, si vous auriez pas envie d'avoir deux arbres dans votre cour!

9 commentaires:

ClaudeL a dit…

Toujours aussi douée pour les "punches" de la fin.
J'adore.
Tu veux pas un petit pin, j'en ai des centaines... Non, hein. Bon, oublie ça!

Prospéryne a dit…

Ok, juste en lisant le titre, j'étais sûre et certaine de lire ce billet en étant morte de rire et je ne me suis pas trompée! Trop drôle Gen! Mais en fait, je crois que l'on dit amélanchier ;)

Gen a dit…

@ClaudeL : Non, merci pour le pin! lol! ;)

@Prospéryne : Le jour où je voudrai écrire un truc de chick lit, je pourrai faire un recueil des billets du même genre! lol! :p Mais sans farce, mautadine que c'est toujours plus compliqué que ce que la théorie disait!

(Et oui, merci, après vérification de l'étiquette, c'est bien amélanchier et non émélanchier!)

Prospéryne a dit…

J'ai drôlement hâte à ton roman de chick-lit alors! :D

Guillaume Houle a dit…

Je te félicite pour ta bravoure! Le bon, c'est que l'arbre restera là pour plusieurs années! :-)

Isabelle Lauzon a dit…

Mouahahahahahaha! Bon sang, ce que j'ai ri en lisant ton billet!!!

C'est d'autant plus drôle que je suis en train d'essayer de convaincre mon chéri de planter un arbre chez nous...

Ben, c'est drôle, là, j'ai un peu moins le goût tout à coup! Je vais encore y penser un peu, tiens... LOL!

Pat a dit…

J'ai une autre méthode: le planter «jeune pousse».

Le défi, beaucoup moins spectaculaire, consiste à ne pas passer dessus avec la tondeuse dans les années à venir. :)

Isabelle Simard a dit…

Oh zut!! Il manque une étape, celle de mettre les engrais dans le fond du trou pour permettre aux racines de bien prendre. Surtout qu'il est tard en saison pour planter un arbre.

LOL!

Tu m'a bien fait sourire après mon avant-midi qui a commencé pas mal rough.

Gen a dit…

@Prospéryne : J'aurai du fun à l'écrire! ;)

@Guillaume : Oui, heureusement!

@Isa : Laisse pas Martin lire le billet et t'as une chance de le convaincre! :p

@Pat : On avait essayé ça la fois d'avant et on s'est fait avoir : il était pas rustique dans les environs, alors on a pris grand soin d'une pousse qui a pas passé l'hiver.

@Isabelle : Non, non, on a pas oublié l'engrais. C'est l'étape qui s'est bien passée! hihihihi! :p