jeudi 16 juin 2011

Nuits blêmes et Boulevard des étoiles de Daniel Sernine

J'ai attaqué la pile de livres reçus en prix au concours de l'Ermite. Dans cette pile se trouvait trois recueils de nouvelles de Daniel Sernine. Tous à peu près introuvables à l'heure actuelle d'ailleurs (ils ont été édités en 1990 et 1991 respectivement par XYZ et par les défuntes Publications Janus), alors je ne vais pas m'éterniser, mais je voulais souligner quelques belles trouvailles dans les deux premiers que j'ai lus.

La plume de Sernine, tout d'abord, est telle que j'en avais gardé le souvenir : précise et presque lyrique par moment, puis soudainement si crue et familière qu'on en sursaute. J'adore ce mélange des genres, l'équivalent littéraire de s'emmêler dans une toile d'araignée tendue entre deux arbres au moment même où on se disait que la forêt en cette saison, c'est vraiment parfait pour les promenades!

Outre la qualité du style, le premier recueil, "Nuits blêmes" ne m'a pas particulièrement marquée, je dois dire. Par moment, les images étaient même un peu trop envahissantes pour mon goût.  Cependant, une nouvelle, "Le visiteur", m'a surprise par sa manière et son propos, précurseur du film "Sixth Sense". Un personnage y discute avec son père, qui désapprouve tous ses choix de vie. On découvre à la fin de la nouvelle que ledit paternel est décédé depuis un an et que le fils parle dans le vide... ce qui n'est peut-être pas très différent de ce qu'il faisait auparavant de toute façon. Criant de réalisme malgré le filtre fantastique. Je l'ai relue deux fois.

C'est dans le second recueil, "Boulevard des étoiles", que j'ai trouvé, ou plutôt retrouvé, davantage de thèmes à mon goût. Je me souvenais, voyez-vous, d'avoir un jour lu des histoires qui se déroulaient dans un lieu où l'ambiance de carnaval et de fête foraine était permanente, avec toutes les grandeurs et décadences que cela suppose.

Hé bien, voilà, je viens de retrouver où j'avais lu ça : dans ce recueil de Daniel Sernine! Les habitants d'une Terre dépeuplée (et de ses colonies) trompent leur oisivité en faisant la fête tous les soirs ou en courtisant la mort à bord d'avions chargés d'explosifs ou d'aéronefs lancés à plein vitesse dans des parcours resserrés. Lorsqu'on connaît suffisamment de retraités désoeuvrés, ces textes prennent des accents très véridiques : il y a des gens qui ne sauraient pas quoi faire de leur vie si les impératifs de notre monde de consommation à outrance n'était pas là pour les encadrer. Dans l'une de ces nouvelles, l'auteur introduit également l'idée d'un "sensicircuit", un système permettant à des spectateurs de vivre par procuration les sensations et émotions d'un athlète de haut niveau (dans ce cas-ci les pilotes trompe-la-mort des aéronefs). Si un jour on l'invente, les réseaux des sports vont faire fortune!

Un élément de ce recueil fait sourire : sur la fête permanente du "Boulevard des étoiles" plane l'un des éléments récurrents de l'univers de Daniel Sernine, soit la cité lunaire d'Argus et ses observateurs qui ont oeuvré dans l'ombre pour que l'humanité atteigne afin la paix. Les résultats doivent les laisser songeurs...

(Lecture 2011 #27 et #28)

4 commentaires:

ClaudeL a dit…

Je ne commente pas tous tes billets, mais ça ne veut pas dire que je ne les lis pas. Même si parfois, selon les sujets, c'est en diagonale. Fidèle malgré tout!

Gen a dit…

@ClaudeL : Merci :) Même chose de mon côté : c'est pas parce que je commente pas que je ne lis pas! :)

Luc Dagenais a dit…

Quel hasard, je suis justement en train de terminer le T.2 de "Boulevard des étoiles" et j'adore! (Bon c'est sommaire comme commentaire, mais je ne vais pas me lancer dans une analyse plus longue que la tienne, hein?)

;op

Gen a dit…

@Luc : J'ai le tome 2 dans ma pile aussi. On en jasera plus en détails plus tard! lol! ;)