mercredi 4 mai 2011

Solaris #175 - Uchronies et autres variations historiques

Ce numéro étant celui de l'été 2010, j'suis un peu en retard pour commenter, mais il s'était retrouvé au bas de ma pile de "à lire", alors...

Cela dit, avoir su que ce Solaris là était un spécial uchronies et variations historique, je me serais garochée dessus pour le lire bien avant!!!

Alors, au sommaire, il y avait :

Monarque des glaces de Michèle Laframboise, Prix Solaris 2010. C'est un récit de SF au parfum d'anticipation qui a amplement mérité l'honneur récolté! Je ne connaissais pas la plume "adulte" de Michèle et je dois dire que j'apprécie ma découverte. L'histoire nous amène sur les ailes d'un papillon nouveau genre, au-dessus des banquises artificielles qui devaient sauver le monde et qui semblent l'avoir plutôt condamné. La finale rappelle Cyrano : "C'est bien plus beau quand c'est inutile".

Les pantoufles de Louis XVI de Geneviève F. Goulet est quand à elle une uchronie plus classique. Un jouet destiné au roi a des conséquences inattendues, dont la moindre n'est pas de causé la mort prématurée de Marie-Antoinette. Par la suite, le roi érudit arrive à remplir son rôle de monarque des Lumières mieux qu'il ne le fit dans l'histoire connue. Intéressante et irréprochablement écrite, cette nouvelle est cependant dépourvue de véritable fin. Elle pourrait sans mal constituer les premiers chapitres d'un court roman, d'où l'insatisfaction que j'ai ressentie en la terminant. D'un autre côté, "ça se finit trop vite" est pas le pire qu'on puisse reprocher à une nouvelle! hihihihi

La Cité de l'ombre double de Paul Martin Gal retrouve les ruines de la Grèce hellénistique sous les sables de l'Afghanistan. De l'action voilée de mysticisme musulman et de superstitions anciennes. Délicieusement dépaysant!

Le Chant de Syriopée de Marie-Christine Boyer nous amène, au contraire, dans le terrain fort connu de la fantasy classique. Peuple ancien dont la langue et les dons sont oubliés, peuple sylvain et magicien, quête de la mer disparue (aïe, on est pas loin de la "mer allée" de Tyranaël), rêves prémonitoires... Pas la meilleure nouvelle du lot, mais ça se laisse lire.

Gravité faible de Prune Mateo. Euh... je pense que cette nouvelle est un ovni. Ça se rattachait à aucune période historique passée ou à venir. En fait, ça avait pas vraiment de trame temporelle non plus. On aurait dit un tableau contemporain : y'a d'la technique là-dessous, mais ça ressemble quand même à rien! :p

L'île perdue de Jacques Carlo Lavoie. Lovecraftien, pour le meilleur et pour le pire. Bref : c'est un peu sur-écrit, ça a un gentil parfum vieillot (ici, on s'aventure en 1700 chez les pirates), y'a une grosse bibitte horrible cachée quelque part et le personnage principal va perdre lentement sa santé mentale. Quand même bien fait dans le genre.

Faisant suite à la nouvelle de Lavoie, ce numéro de Solaris se conclut avec une étude de la popularité de l'univers Lovecraftien, qui ne se dément pas malgré les ans. Nous avons ensuite droit à la traduction de l'allocution de Ted Chiang au dernier Boréal, conférence durant la laquelle il démontre que l'assimilation du cerveau à un ordinateur nous a menés sur des pistes de réflexion qui sont maintenant épuisées d'un point de vue philosophique et qu'en tant qu'auteur de science-fiction nous devrions nous renouveler et permettre d'envisager de nouvelles questions morales et éthiques. Voilà de quoi se mettre l'eau à la bouche pour le Boréal qui vient, en plus d'ouvrir une nouvelle perspective quant à notre "devoir" d'écrivain! ;)

Au final, un excellent numéro, qui ne méritait pas de ramasser la poussière si longtemps!

(Lecture 2011 #18)

4 commentaires:

lucdagenais a dit…

Je ne me rapelle plus si c'était mentionné dans le magazine, mais "La cité..." est un hommage -fort réussi- (ou sinon de très forte inspiration) à El Borak, un personnage de R.E. Howard.

Gen a dit…

@Luc : Oui, c'était mentionné. Mais je dois dire que je suis inculte quand on touche à Howard. J'ai même jamais lu "Conan" (shame on me, je sais). Alors je peux pas dire dans quelle mesure c'était ressemblant. À ce que je sache, la Bactriane hellénistique était un contexte original entk...

lucdagenais a dit…

J'adore Howard. Je l'ai découvert sur le tard, mais depuis j'ai lu sa série "Kull" et "Solomon Kane", et je suis justement en train de lire le recueil des "El Borak" (je me garde les Conans pour la fin, hehehe).

À date, dans El Borak il y a au moins une histoire qui se déroule dans la Bactriane, et elle était excellente. Si ça t'intéresse, je te le prête quand j'aurai terminé; celui-là je ne le vendrai pas c'est certain! LOL! ;-)

Gen a dit…

@Luc : Si tu le vends pas, je suis preneuse! ;)