vendredi 23 décembre 2011

Joyeuses Fêtes!

C'est enfin le congé des Fêtes! Alors, à compter de ce soir, je vais vous laisser en plan jusqu'au 3 janvier. (Essayez pas de me faire sentir coupable : vous aurez probablement pas plus le temps de me lire que je n'aurais le temps d'écrire! Hihihihi! ;)

Mais avant, je crois que je vais dresser un court bilan de l'année 2011, une année en montagnes russes s'il en fut!

Points négatifs de l'année :
- Une fausse couche
- La maladie de mon éditeur
- Le décès de ma mère
- L'absence d'Hanaken au SLM
- Beaucoup de frictions au boulot

Points positifs de l'année :
- La publication d'Hanaken
- Le Prix Alibis
- Le Prix de l'Ermite
- Mon premier salon du livre
- D'excellentes critiques pour Hanaken
- Le voyage en France
- Et la cerise sur le sunday, reçue hier par la poste : une petite bourse d'un Conseil des arts!!!!! :) (j'suis pas sûre que j'ai le droit de dire lequel, alors posez pas de question pour le moment! ;)

Ouaip, placé comme ça, on dirait que ça s'équilibre et même que le positif prend le pas sur le reste... Étonnant comme, pendant qu'on a les deux pieds dedans, un événement négatif peu tout assombrir!

L'année en chiffre donne :
- 1 suite de roman commandée et entamée
- 2 jours d'atelier
- 2 nouvelles et 1 roman publiées
- 4 textes qui paraîtront en 2012
- 15 heures d'avion
- 160 heures d'entraînement
- 269 billets de blogue (tiens, on dirait que j'ai pris plus de vacances de blogue cette année)

Je vous souhaite de Joyeuses Fêtes (ainsi que santé, bonheur et inspiration), pis on se revoit en 2012!

jeudi 22 décembre 2011

Fin du défi lecture 2011

À l'invitation de Femme libre, je me suis lancée cette année dans un défi lecture­. Le but : lire un livre par semaine et en faire la critique. Le nombre de livres lus a été atteint facilement, mais ça s'est gâté pour ce qui est d'en faire les critiques. Alors je vais y aller en rafale pour finir :

Lecture #49 : Revue Alibis #40

La revue a dix ans! :) Pour son dixième numéro, la revue nous a offert dix textes... et bon, elle a triché, parce qu'en fait il y a huit nouvelles et deux articles, mais c'est pas grave, on va leur pardonner. Parce que les nouvelles sont excellentes. Et que les articles (mi-critique, mi-analyse) donnent, comme souvent, l'envie d'aller défoncer son budget à la librairie la plus proche!

Parmi les nouvelles, j'ai bien aimé Le dernier cri de Sébastien Aubry (nouvelle finaliste du Prix Alibis de cette année), un texte qui m'a fait penser à certaines BD de Bilal. J'ai ri beaucoup de L'enterrement de mémère de Frédéric Desjardins, dont l'humour grinçant était parfaitement à mon goût. Richard Tremblay, Frédéric Durand et Ariane Gélinas faisaient également partie du sommaire et je me suis délectée de retrouver les voix de mes trois amis-collègues-blogueurs dans un genre qui ne leur est pas habituel. Aidant naturel de Daniel Naud m'a quasiment empêchée de dormir : soyez prudents en lisant cette nouvelle capable de vous arracher un morceau de coeur! Enfin, deux vieux routards (Maxime Houde et Jean-Jacques Pelletier) concluent de belle façon ce numéro anniversaire qu'on referme en souhaitant au moins 10 autres années d'existence à la revue! :)

Lecture #50 : Intuitions de Rachel Ward

Depuis son plus jeune âge, Jem voit des nombres flotter au-dessus des personnes qu'elle croise.

C'est le jour où sa mère décède qu'elle en comprend la signification: il s'agit de la date de leur mort. Ce don maudit la pousse à se couper du monde. Jusqu'au jour où elle rencontre Spider... Alors qu'ils partent ensemble à la grande roue de Londres, un phénomène étrange se produit: pourquoi tous les passants ont-ils le même nombre au-dessus de la tête? Pris de panique, Jem et son ami prennent la fuite.

Ils seront les seuls survivants de l'attentat qui va suivre, mais aussi les seuls suspects traqués par la police une fois leur identité révélée par les caméras de surveillance. Mais comment Jem peut-elle expliquer au commun des mortels les raisons de sa fugue, et surtout, comment ignorer la terrible vérité qu'elle peut lire en Spider?

Bon, cette lecture prêtée par mon papa (qui est aussi un grand fan de Twilight) n'était définitivement pas mon genre. Prévisible à l'os, avec une narration qui alternait sans raison entre le passé simple et le passé composé (était-ce la faute de l'auteur ou du traducteur?). Cependant, les personnages étaient bien campés et originaux (on ne voit pas souvent des ados à problème être au centre d'un récit de ce genre, à moins d'avoir suivi la série britannique Misfits) et la construction du récit en faisait un page turner. Adolescente, j'aurais sans doute apprécié.

Lecture #51 : Criminal : The Last of the Innocent, bande dessinée de Brubaker et Phillips

Je vous avais déjà parlé de cette série de BD, que j'adore. Eh bien The Last of the Innocent en est le dernier volet. On y suit Riley Richards, un homme qui semble tout avoir (argent, pouvoir, femme superbe), mais qui est pourtant étreint pas une profonde nostalgie pour sa jeunesse et, surtout, pour son amour de jeunesse, qui semble avoir réussi à conserver son innocent. On découvre peu à peu que Riley est prêt à aller très loin pour tenter de s'approcher de cette innocence...

J'ai du mal à croire que cet opus constituera vraiment les dernières aventures situées dans l'univers de Criminal. Comme d'habitude, les dessins de Phillips m'ont jetée sur le derrière (avec leur mélange vibrant de violence et de sensualité, ainsi que leurs jeux d'ombre et leurs cadrages cinématographiques), mais c'est l'histoire de Brubaker qui continue à me hanter. Serait-il possible que Riley s'en tire à si bon compte?

Lecture #52 : Rome noir, anthologie sous la direction de Maxim Jakubowski

J'ai lâché mon chum dans la salle de vente d'un salon du polar français en lui disant de se trouver quelque chose à lire. Avec quoi est-il revenu? Un policier situé à Paris? Un thriller se déroulant en Bretagne? Eh bien non. Il a plutôt jeté son dévolu sur un recueil de nouvelles noires prenant Rome pour théâtre!
Cette ironie mise à part, le choix de Vincent s'est révélé extrêmement judicieux. Ce recueil (publié aux éditions Asphalte) fait découvrir la Ville Éternelle sous un tout nouveau jour, plus moderne que les histoires traditionnellement situées autour des monuments historiques et moins convenues que les récits aux parfums de mafia. Je vais désormais garder l'oeil ouvert pour trouver des romans des auteurs ayant participé à cette anthologie. Une très très belle découverte!

mercredi 21 décembre 2011

Les dangers des partys de bureau

On entend parler beaucoup de partys de bureau ces temps-ci. Et des risquent qu'ils comportent : les idylles qui s'y forment, les filles qui font jaser à cause de robes trop provocantes, des gens qui boivent trop et foutent leur carrière en l'air en faisant des fous d'eux-mêmes...

Eh ben, moi je vais vous souligner un danger dont on n'a pas parlé : la piste de danse.

En effet, mettez un paquet de gens un peu éméchés par le vin du souper, de la bonne musique, quelqu'un qui décide de partir un continental, une fille qui se souvient jamais de quel bord ça tourne cette affaire-là, un faux pas et un pied inconnu qui écrase une cheville déjà tordue lors du-dit faux pas...

Et voilà : vous obtenez une employée de bureau qui boite pour sa dernière semaine de boulot.

Mautadine! Faut le faire pareil : un an d'arts martiaux sans blessure sérieuse et je me foule une cheville au party de bureau! Que voulez-vous : la danse en talons hauts, c'est un sport extrême! ;)

mardi 20 décembre 2011

Ti-bonhommes en pain d'épice - La recette

Bon, moi qui m'était dit que je mettrais pas de recette sur ce blogue (histoire d'éviter qu'on me rebaptise "matante"), voilà que vous êtes plusieurs à me demander ma recette de ti-bonhommes en pain d'épice. Une fois n'étant pas coutume, la voici (pis j'ai pas grand mérite : je l'ai trouvée sur le web il y a quelques années) :

Ti-bonhommes en pain d'épice
1/2 tasse beurre
1/2 tasse cassonnade
1/2 tasse mélasse
1 jaune d'oeuf
2 tasses farine
1/2 c. à thé sel
1/2 c. à thé poudre à pâte
1/2 c. à thé bicarbonate
1 1/2 c. à thé cannelle
1/2 c. à thé clous de girofle
1 c. à thé gingembre
1/2 c. à thé muscade

Mélanger le beurre, la cassonnade et la mélasse (pas trop, faut juste que ça devienne à peu près homogène). Ajouter le jaune d'oeuf et bien mêler.

Ajouter tous les autres ingrédients, mélanger pour faire une pâte.

Diviser la pâte en deux boules. Enfarinez le plan de travail (allez-y généreusement, parce que la pâte va coller beaucoup, hésitez pas à ajouter de la farine jusqu'à ce que vous puissiez manipuler la boule sans qu'elle vous reste collée aux mains) et abaissez une boule de pâte jusqu'à 1/4 de pouce.

Découpez à l'emporte pièce. Répétez pour l'autre boule. (Une recette donne entre 24 et 36 biscuits)

Faire cuire 8 à 10 minutes à 350F (Les biscuits sont encore mous en sortant du four, ils durcissent en refroidissant, alors ne les faites pas trop cuire).

Si vous en avez le courage, une fois qu'ils seront refroidis, vous pouvez les glacer et les décorer.

lundi 19 décembre 2011

Ont-ils un truc?

À l'approche du temps des Fêtes, j'ai plusieurs collègues de travail qui amènent des desserts faits maison au bureau. On les met dans la cuisinette et tout le monde se sert. Ces jours-là, la question que les gens posent le plus souvent, la bouche pleine, est donc : "Qui a cuisiné ça?"

Mais c'est drôle, à chaque année, j'amène des bonhommes en pain d'épice et, à chaque fois, les gens savent tout de suite que c'est moi qui les a faits (pourtant, je suis pas la seule à en amener, mais ils me félicitent toujours pour les miens).

Coudonc, ils doivent avoir un truc...

Enfin, pendant que je réfléchis à ce mystère, je vous laisse sur une photo de mes trois modèles de ti-bonhommes (ils sont pas décorés, parce que j'en fais 8 à 9 douzaines, alors j'ai pas le courage de tous les glacer).

Mais comment font-ils pour savoir que c'est les miens?

vendredi 16 décembre 2011

Et si la source se tarissait?

Des fois je me fais croire que j'écris de la fiction.

Je sais pas si vous, je peux vous en convaincre, mais moi, je suis pas dupe :
- J'écrivais de la fantasy quand je prenais des cours d'escrime.
- J'écris des aventures pleines de combat depuis que j'ai appris les arts martiaux.
- Je m'inspire d'époques historiques et de diverses mythologies, mais j'ai une maîtrise en histoire.
- Je crée des nouvelles policières et je décortique des lois à la loupe toute la journée.
- J'ai mis des ados en scène après avoir travaillé comme prof.

J'invente rien. Je réutilise, je réinterprète, je pille, je fais du recyclage permanent de ma vie et de celles des autres. Et des fois j'ai peur. Peur que la source s'épuise. Qu'un jour je ne sache rien raconter de neuf. Parce que ma vie rangée n'est pas toujours des plus inspirante.

Puis je regarde ma longue liste "d'idées à exploiter un jour" et je me rassure. Pour un temps.

Et vous, ça va? ;)

jeudi 15 décembre 2011

The lovely bones d'Alice Sebold

Au début de The lovely bones (La nostalgie de l'ange en français), roman d'Alice Sebold, Suzie, 14 ans, est violée et tuée par l'un de ses voisins, au milieu d'un champ de maïs. Cependant, son esprit ne disparaît pas. Depuis un étrange paradis, elle observe la vie de sa famille dévastée, la recherche de son corps et les manoeuvres du meutrier.

L'écriture du livre est magnifique. Le récit est tout entier collé aux émotions de la jeune morte, à ses réactions devant les difficultés vécues par sa famille qui éclate pour mieux se reformer par la suite. On dévore les premiers chapitres.

Et puis... Et puis on se demande un peu où le récit s'en va. On s'ennuie un tantinet devant cette héroïne passive. On se fatigue d'avoir mal en compagnie de ses parents. On a envie de les amener chez le psy, qu'ils puissent pleurer un bon coup. L'histoire, de par sa nature, ne semble pas vouloir se conclure... Mais bon, ça finit par arriver.

C'est pas la fin qui marque, de toute façon. C'est la justesse et la vérité des sentiments. C'est ce qui fait que le roman est à la fois pénible à lire et fascinant.

Je suppose que c'est également pourquoi Peter Jackson s'est essayé à en faire un film. Je l'ai pas vu, mais j'ai du mal à croire qu'il a pu transposer ce récit à l'écran. Est-ce que quelqu'un l'a vu?

(Lecture 2011 #49)

mercredi 14 décembre 2011

Solaris #180

Le numéro 180 marque le 37e anniversaire de Solaris, faisant ainsi de lui la revue littéaire ayant connu la plus longue longévité (ouille, ça sonne vraiment pas bien ça, mais c'est quand même important de le souligner). La rédaction ayant voulu marquer cette étape, nous avons droit à un récapitulatif des dernières années de Solaris et à une anticipation de ce que pourra être son avenir. Je note au passage que j'apparais dans le récapitulatif en tant que membre de la relève (Joël a dû se douter que j'arrêterais pas de le bombarder de textes à lire! hihihi) et que Jean Pettigrew, dans son anticipation des prochaines années, ne parle pas d'augmenter le salaire des auteurs... :p

Le sommaire des fictions (la raison pour laquelle j'achète des Solaris) s'ouvre avec "Le substitut" de Josée Lépire, nouvelle gagnante du Prix Solaris 2011. On y suit les aventures d'une mère véritablement indigne, prête à tout pour quitter la Terre appauvrie, même à échanger son enfant pour un autre. Ça se lit tout seul, mais la fin n'est pas aussi dramatique que je l'aurais pensé. Quoique...

La nouvelle suivante, "Qui êtes-vous Ekaterina Eulenburg?" d'Alain Bergeon, est l'un de mes coups de coeur de ce numéro. Prenez l'ambiance de la Russie totalitaire, transposez-la dans un space opera, ajoutez la quête d'un militaire pour une mystérieuse jeune femme et régalez-vous du résultat!

"Lettre à mon arrière-arrière-grand-père" de Mario Tessier m'a laissée un peu plus froide. Peut-être parce que ce qui y est décrit s'étale sur tellement de génération que soit : a) mon cerveau étriqué en a eu le vertige et n'a pas pu en apprécier l'ampleur ou b) mon cerveau d'historienne n'a pas voulu croire à une si longue survie de sociétés.

Mon autre coup de coeur est "Greg Waverly" de Yves Meynard. En effet, quand on possède une bibliothèque un peu trop bien garnie, il est difficile de ne pas se sentir tout de suite au diapason de ce personnage qui découvre une étrange infection au sein de sa collection de livres.

Si "La Petite Brune aux yeux verts" d'Hugues Morin m'a vraiment plu au départ, avec une ambiance qui donnait presque l'impression d'un de ces films en noir et blanc où seuls quelques détails ressortent en couleur, j'ai été un peu déçue par la finale, vraiment classique.

Pour ce qui est de "L'amour au temps des chimères" d'Élisabeth Vonarburg, c'est une variation classique sur les thèmes favoris d'Élisabeth. On y retrouve une ambiance flottante, une plume poétique et la question de la mutation des êtres. Un texte qui ne surprend pas quand on connaît bien la Grande Dame, mais une belle façon de la découvrir si ce n'est pas le cas.

Mario Tessier reprend la plume une seconde fois pour nous donner "L'hypothèse de Sapir-Wolf ou c'est double plus bon en SF", un autre Carnet du Futurible. Dans cette article fort intéressant, quoiqu'un peu touffu (comme beaucoup de Carnets), Mario Tessier nous explique comment l'hypothèse de Sapir-Wolf a été utilisée (et parfois détournée) en SF. Bon, pour ceux qui auraient pas fait d'études en linguistiques comparées (ou en langues mortes) je résume : en gros, l'hypothèse veut que "la langue d'une société humaine donnée organise l'expérience des membres de cette société et par conséquent façonne son monde et sa réalité". Comme pour tout énoncé relatif aux sciences humaines, ce n'est pas à 100% exact, mais c'est pas tout à fait faux non plus (si vous saviez tous les usages que les Romains avaient trouvé au terme "guerre", vous comprendriez que c'est bien la seule chose qu'ils avaient en tête...). Et ça a généré de fort bonnes histoires, dont nous parle Mario Tessier... "1984", entre autre, pour ceux qui auraient pas reconnu la référence... ;)

Au final, un numéro très satisfaisant, qui nous entraîne dans des ambiances et des styles variés. Une belle façon de souligner le 37e anniversaire de la revue.

(Lecture 2011 #48)

mardi 13 décembre 2011

Guerilla esthétique

"Je comprends pas", me lance une nouvelle collègue de bureau, d'un ton déprimée (alors que j'attendais sagement dans la cuisine que l'eau pour mon thé daigne bouillir et que je ne demandais pas du tout à recevoir les épanchements d'une inconnue).

"Je m'entraîne tous les jours, dit-elle, j'investis dans des bonnes crèmes pour la peau, je vais toujours chez le coiffeur avant d'avoir une repousse, mon vernis à ongle est jamais écaillé, je consulte une styliste pour choisir mon linge, je prends toujours la peine de me maquiller avant de sortir de chez moi... et pourtant j'arrive pas à avoir un homme dans ma vie! Qu'est-ce qu'il faudrait que je fasse de plus?"

J'ai passé mentalement en revue mes ongles coupés archi-courts pour pas grafigner mes partenaires d'entraînement, mes cheveux qui n'ont jamais rencontré un coiffeur, mon pantalon acheté en solde deux ans plus tôt, ma peau qui n'endure à peu près aucun produit cosmétique... et mon couple qui va son petit bonhomme de chemin depuis belle lurette. Pourquoi est-ce qu'elle me posait cette question-là à moi?

La bouilloire ayant eu la bonne idée de compléter son office, j'ai versé l'eau sur mes feuilles de thé en haussant les épaules. "Ça a peut-être pas de rapport..." ai-je hasardé.

J'ai entendu un drôle de sifflement étranglé. J'ai vérifié si j'avais pas oublié de débrancher la bouilloire, avant de réaliser que c'était elle qui râlait un peu, les yeux écarquillés... fixés sur ma bague de mariage!

Oups, je venais de contrer sans m'en apercevoir une opération de guerilla esthétique destinée, pour ma collègue, à rehausser son estime d'elle-même en détruisant la mienne. Ah, les saines relations entre femmes!

Je suis partie avant qu'elle reprenne ses esprits! :p

lundi 12 décembre 2011

Bilan de la fin de semaine

Alors, bilan de la fin de semaine :

- 2 grandes tourtières (et deux petites pour ma grand-maman)

- 7 pâtés au poulet (et deux petits pour ma grand-maman)

- un UFC regardé religieusement, sur le bout de mon siège par moment (la carte du UFC 140 était paquetée, avec Frank Mir qui a été magnifique et Lyoto The Dragon Machida qui a fait perdre son premier round à vie au champion Jon Bones Jones, avant de succomber)

- une bouteille de vin et 12 bières bues... mais j'ai eu de l'aide! ;)

À travers ça, j'ai quand même quasiment fini le texte qu'on m'avait commandé et je suis allée chez ma maman commencer à faire des boîtes et à trier ses possessions. Pas une tâche agréable, mais il faut bien que quelqu'un le fasse.

Coudonc, ça s'en vient-tu les vacances?

vendredi 9 décembre 2011

La publication est à l'écriture

La publication est à l'écriture ce que la ceinture noire est aux arts martiaux.

Quand on commence, ça semble un but tellement lointain, tellement difficile à atteindre...

Pis finalement, une fois que vous vous êtes décarcassés pour y être, vous réalisez que c'est juste le début du boulot. Que vous commencez seulement à comprendre ce que vous faites et pourquoi vous le faites...

Et que plusieurs se demandent ce que vous attendez pour vous mettre sérieusement au travail!

Addendum
J'sais pas ce que vous allez faire en fin de semaine, mais moi entre l'usine de fabrication de tourtières et l'atelier à petits bonhommes en pain d'épice, j'vais essayer de faire diminuer la liste de projets de la colonne de droite! :S

jeudi 8 décembre 2011

Instant de découragement

Des fois, tu lis des commentaires sur tes textes et ils allument des lumières dans ta tête.

Mais des fois, tu lis des commentaires et tu comprends juste pas ce que tu es supposé faire avec, parce que la personne pointe un défaut, mais sans te donner de piste (et, normalement, quand il y a un défaut dans un texte, c'est soit parce que tu l'as pas vu, soit parce que tu sais pas comment le régler).

Habituellement, on ne te donne pas de piste sous le prétexte que le lecteur ne veut pas écrire l'histoire à ta place (et je soupçonne que ça veut dire qu'il sait pas non plus comment régler, parce que quand tes lecteurs ont une idée, ils se privent pas de faire des suggestions! ;)

Et des fois, la personne non seulement te pointe des défauts que tu sais pas comment régler, sans te donner de piste, mais en plus elle ajoute :

"T'es capable de faire mieux que ça."

Et dans ce temps-là, des fois, l'écrivain tout seul face à son texte a un peu envie de hurler que non, il est pas capable de faire mieux.

C'est normalement le moment d'aller se chercher un autre café, de sortir prendre une marche... ou d'écrire un billet de blogue! :p

Pis à ceux qui s'inquiéteraient : je vise pas personne en particulier. Juste une situation qui arrive de temps à autre! lol! ;)

mercredi 7 décembre 2011

La mère-grand et le synthétiseur

Ma grand-maman est une "mère-grand" classique, comme il ne s'en fait plus beaucoup : quatre pieds dix (en théorie, parce qu'elle semble avoir refoulé jusqu'à quatre pieds sept à force de lavage), embonpoint avenant, cheveux blancs bouclés, grosses lunettes, veste de laine avec un kleenex dans la manche et toujours prête à vous servir un repas composé d'un plat principal et de trois desserts. Bref, je l'adore! :)

Depuis des années, son passe-temps préféré était de jouer de l'orgue. Elle en avait un, électrique, un gros monstre qui nous faisait sacrer à chacun de ses déménagements et qui devait dater des années 70. Cependant, l'année dernière, quelques semaines avant Noël, l'orgue a rendu l'âme. Grand-maman a appelé un réparateur, puis un autre, puis un autre. Pas moyen de trouver quelqu'un capable de remettre en marche l'instrument.

Elle était chez moi pour le souper lorsqu'elle nous a raconté ses déboires. C'est alors que mon chum a eu une illumination : il possédait, souvenir d'une époque reculée où il avait étudié la musique, un grand synthétiseur, de ceux capable de jouer 99 instruments différents (avec un rendu fort acceptable pour une trentaine d'entre eux). On l'a donc prêté à ma grand-maman, après lui en avoir expliqué le fonctionnement.

On est allée la voir la fin de semaine passée. Le synthétiseur trône dans son nouvel appartement et elle y pratique sa musique de Noël à temps perdu. C'est plutôt amusant de voir mon petit bout de grand-maman, bientôt 90 ans, s'installer devant le synthétiseur garni de boutons et de petites lumières.

Et c'est encore plus comique quand ses vieux yeux la trahissent un peu et qu'elle programme par erreur l'instrument pour qu'il sonne comme un cor de chasse plutôt que comme un orgue. "Petit papa Noël" pour orchestre de cuivre, y'a juste ma grand-maman à moi qui joue ça! ;)

mardi 6 décembre 2011

Blogueuse cherche romans québécois

Un intervenant juridique qui a souvent des contacts avec de jeunes délinquants a fait appel à moi. Depuis des années, il offre une liste de livres à lire à des adolescents placés en centres jeunesses. Or, sa liste date une peu (beaucoup). Dernièrement, il y a inclus un nouvel élément : mon Hanaken.

Ce fut, m'a-t-il dit, un franc succès. (Gros sourire extatique de la blogueuse ici!)

Alors là il m'a donné le contrat de l'aider à constituer une liste de livres québécois, visant les jeunes garçons de 12 à 17 ans, porteurs d'espoir ou de "belles valeurs" (ses mots, pas les miens! ;) qui leur permettraient de s'évader de leur réalité.

Je sèche complètement, alors si vous avez des suggestions, je suis toute ouïe. Et faites passez le mot!

lundi 5 décembre 2011

Pourquoi j'aime les arts martiaux

J'ai passé mon primaire et mon secondaire à être une petite grosse première de classe... pas besoin de vous spécifier, je suppose, que j'ai mangé quelques volées, en plus de me faire régulièrement abreuver d'insultes et bousculer. Jusqu'au jour où je suis devenue assez méchante en paroles et assez rusée côté relations sociales, jouant un gros bras contre un autre, pour ne plus compter au rang des victimes faciles. 

Cependant, pendant longtemps j'ai regretté de ne pas avoir su me défendre physiquement. Que, contrairement à lui, mes parents ne m'aient pas inscrite à des cours de karaté (remarquez, à l'époque, j'haïssais tellement les cours d'éducation physique, où tout le monde riait de moi, que c'est normal que m'inscrire à une activité sportive ne leur ait pas effleuré l'esprit). Je ne voulais pas devenir une adulte qui craindrait de sortir seule le soir, une grande gueule incapable de se protéger quand les mots ne suffiraient plus. Alors dès que j'ai eu la chance d'apprendre les arts martiaux, j'ai sauté dedans à pieds joints.

Et là j'ai découvert tout un monde que je ne soupçonnais même pas : celui de mes ressources intérieures. Parce qu'un art martial, c'est une affaire de gestes, de techniques et de stratégies, oui, mais c'est surtout un combat contre soi-même, contre ses propres limites. L'adversaire cesse rapidement d'être un opposant pour devenir un outil, le moyen d'affronter la peur, l'épuisement, la douleur et de repousser tout ça d'un cran. Dans un dojo, on apprend très vite que tomber, c'est pas grave, parce qu'on peut se relever. Que la colère et l'agressivité vagues qu'on ressent parfois dans la vie, sans personne vers qui les diriger, ce sont des moteurs très puissants si on sait les contrôler et les utiliser. Pendant un combat, on ne peut penser qu'au moment présent, ce qui nous coupe de nos soucis et nous permet, une fois l'entraînement terminé, de les considérer d'un regard neuf, en les remettant en perspective.

Les arts martiaux m'ont appris à me défendre, mais ils m'ont surtout fait prendre confiance en moi-même, en mes propres ressources et capacités. Chaque entraînement est une occasion d'accomplir des choses dont je ne me croyais pas capable un instant auparavant. Chaque combat professionnel que je regarde est une opportunité d'apprendre, de me fixer de nouveaux buts, un idéal à atteindre, de me motiver.

Après un temps, j'ai découvert que l'état d'esprit qu'on atteint durant un combat, cette concentration qui permet de repousser toutes les distractions, toutes les limites, d'utiliser à bon escient notre énergie, on arrive à s'y glisser dans d'autres circonstances. À l'utiliser pour affronter tous les obstacles que la vie met en travers de notre route. À se relever, encore et encore, plus souvent qu'on s'en serait cru capable.

Alors pourquoi j'aime les arts martiaux? Parce que ce n'est pas seulement un sport. C'est une façon de vivre. Et de survivre.

samedi 3 décembre 2011

Ils les font-tu avec des ceintures de sécurité?

Consultation machinale de Google pour voir ce qui s'est écrit de bon dernièrement au sujet d'Hanaken...

Découverte du bouquin parmi les "Coups de coeur jeunesse" de la Librarie du Centre, l'Oasis francophone à... Ottawa!

Et une écrivaine qui tombe en bas de sa chaise, une!

Kossé qu'Hanaken fait dans les favoris d'une librarie ontarienne?!? J'ai bien un peu de famille dans le coin, mais...

Remontée sur la chaise (rendue pénible par des courbatures post-jiu-jitsu). Poursuite de la navigation Internet...

On me signale Le Libraire, numéro hors série Décembre 2011, page 26.

Écrivaine tombant en bas de sa chaise, prise deux!

Merci Prospéryne! Hanaken, livre jeunesse favori de 2011, c'est quelque chose!!!

Mais...
 
Ils font-tu des chaises d'ordi à roulettes avec ceintures de sécurité vous pensez? Parce que je commence à avoir vraiment mal partout là! ;)

vendredi 2 décembre 2011

Intimidation 2.0

On parle beaucoup d'intimidation ces temps-ci. Il y a à nouveau eu un suicide hautement médiatisé. Sauf que le discours est marqué du sceau du "il y en a toujours eu, ça fait mal, on a survécu, mais c'est dur, faites quelque chose!" Mise dans ce contexte, la question est difficile à prendre au sérieux. Or, peu de gens soulignent le fait qu'il n'y a jamais eu d'intimidation de l'ampleur de celle permise désormais par le web 2.0 et ses réseaux sociaux.

Parce que, voyez-vous, le problème avec le web 2.0, c'est que ce qui se passait jadis dans les cours d'école et les corridors suit maintenant les jeunes partout.

Jadis, si tu te faisais intimider à l'école (et croyez-moi, en tant qu'ex-bouboule première de classe, je sais de quoi je parle) au moins tu arrivais chez toi le soir et tu pouvais croire, pendant quelques heures, que t'étais pas un looser total et que tu pouvais avoir une vie normale.

Tu pouvais faire des activités parascolaires qui impliquaient des jeunes d'une autre école ou d'un autre groupe d'âge, qui savaient pas que t'étais un rejet. Tu pouvais t'inventer un pseudonyme le fun pis chatter sur MIRC ou ICQ avec deux-trois autres geeks. Ton courriel n'était pas connu de tous. Le monde virtuel pouvait être un refuge. Les livres aussi. Pis les jeux vidéos.

Si on t'appelait au téléphone pour t'écoeurer, tu avais 50% des chances que ta mère ou ton père décroche à ta place pis passe un savon au petit cave au bout du fil, avant de le signaler à ses parents ou à la direction de l'école.

Et quand un intimideur était finalement mis en suspension, il était privé de tout moyen de communiquer avec ses amis. Si l'école faisait bien sa job, elle arrivait, en alternant les périodes de suspension, à défaire la cohésion des meutes de loups prêtes à s'en prendre aux plus faibles.

Bref, t'avais une bulle. Et quand ils rentraient chez eux le soir, tes bourreaux étaient confrontés à eux-mêmes. Des fois, ça suffisait pour qu'un moment donné, ils se lassent.

Malheureusement, de nos jours, si un jeune se fait intimider, ça commence à l'école, mais ça le suit partout. Des messages sur Facebook, MySpace et Twitter. Via leur compte X-Box ou PS3 en ligne. Des vacheries organisées, publicisées, comme une page "Un tel est un con / est fif / etc". Des textos sur son cellulaire. Des photos sur le web. Des vidéo Youtube qui feront le tour non pas juste de sa classe, mais de l'école, de la ville, puis du monde.

Depuis l'arrivée des téléphones intelligents, les adolescents trimballent carrément la cour et les corridors de l'école dans leurs poches. Pour le meilleur (les parents d'ado ayant enfin récupéré l'usage du téléphone et de l'ordinateur familial), mais surtout, me semble-t-il, pour le pire. Les intimidés n'ont jamais accès à une bulle de paix. Et les intimideurs ne sont jamais seuls, leurs "bons coups" pouvant être partagés et appuyés instantanément.

Je suis et je serai toujours partisane de la philosophie "un peu de souffrance à l'école prépare pour les déceptions et les difficultés futures de la vie". Mais une bitcherie ou deux, une petite trahison de temps à autre, ça suffit à forger le caractère. Des années d'enfer, d'un harcèlement qui suit le jeune partout, qui l'empêche d'avoir un espace dans laquel se réfugier, c'est trop, beaucoup trop.

Alors la solution? Je la connais pas. Des brouilleurs de cellulaire dans les écoles, ça serait un bon début, ça découragerait les jeunes d'en avoir un et ça empêcherait les élèves suspendus d'encourager leurs amis à poursuivre l'intimidation. Des parents "amis Facebook" avec leurs enfants afin d'exercer une vigilance constante, ça ne ferait sans doute pas de tort. Un âge minimum pour posséder un téléphone intelligent aussi, peut-être? Mais là je rêve en couleur.

En fait, je crois surtout que ça prendrait du personnel de surveillance plus allumé. Qui saurait fait la différence entre une insulte "jeu" comme les jeunes s'en crient souvent, une "chicane d'enfants" ponctuelle et un harcèlement constant. Peut-être aussi des "surveillants web" pour garder un oeil sur ce qui se fait sur les réseaux sociaux? Puisque les corridors se sont étendus, faudrait que la surveillance suive. Et qu'on n'hésite pas à sévir.

Faut qu'on réalise que le virtuel a pris une telle place dans nos vies qu'il en est devenu très réel... et parfois, pour des jeunes déjà fragilisés par ce qui se passe à l'école, il peut devenir mortel.

jeudi 1 décembre 2011

J'me sens cruelle

J'me sens cruelle aujourd'hui...

Alors j'vais vous signaler que c'est le 1er décembre.

Et qu'il vous reste donc 24 jours pour faire vos achats de Noël!

Mouahahahahahahahahahaha!
(imaginer ici un sinistre rire de sorcière)

Euh... 'tendez minute... Les miens sont pas faits non plus!!! O_o

Il me reste donc 24 jours pour trouver les cadeaux, décorer, faire des pâtés au poulet, des tourtières, des biscuits en pain d'épice, du sucre à la crème... Sans oublier d'avancer l'écriture d'Hanaken, la dernière version du Chasseur et le demi-millier d'autres projets (regardez dans la colonne de droite, sous les "projets en cours", vous allez comprendre ce que je veux dire).

Eh merde! Y'a pas de doute : c'est le temps des Fêtes qui arrive!

Pour me consoler, Alibis vient de me confirmer l'acceptation de la nouvelle "Comme une poupée brisée", la suite des aventures de Miuri Mishima-Sauvé, qui menait déjà l'enquête dans "Seppuku". Vous étiez plusieurs à m'avoir dit que ce personnage était apprécié, malgré la glace qui lui coule dans les veines, alors vous la reverrez bientôt, plus acérée que jamais et toujours aussi résolue à garder pour elle-même ses sentiments! ;)

Cette publication s'ajoute aux deux autres déjà prévues pour 2012, soit "Le Chasseur", ma novella aux Six Brumes et "La Maillarde", une nouvelle fantastico-historique qui devrait paraître chez Brins d'éternité. À ça s'ajoutera évidemment la suite de "Hanaken", mais j'ose pas le dire officiellement puisqu'elle est pas encore écrite et que j'ai pas le contrat en main.

Si je survis aux Fêtes, 2012 s'annonce occupé par chez nous!

mercredi 30 novembre 2011

Blade runner de Philip K. Dick

Bon, réglons tout de suite deux points :
1- Non, je n'avais pas encore lu ce bouquin, pourtant classique. Honte à moi.
2- Ne me demandez pas le titre en français. "Blade runner" EST le titre français (seulement pour les éditions ayant suivi le film, me signale-t-on). En anglais, c'est "Do androids dream of electric sheep?" (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) ce que je trouve plus approprié.

Alors, ça raconte quoi ce bouquin? Eh bien, Deckard, le personnage principal, est un blade runner, c'est-à-dire un traqueur professionnel de créatures organiques manufacturées à apparence humaine appelées répliquants. Il reçoit la mission de trouver et d'éliminer quatre répliquants de dernière génération qui se sont échappés de la colonie extra-terrestre où ils étaient utilisés. Il espère que cette mission lui permettra de gagner assez d'argent pour remplacer son mouton électrique par un mouton organique. Évidemment, rien ne se passera comme prévu et Deckard en viendra à s'interroger sur ce qui sépare réellement les humains des répliquants.

Étant depuis longtemps une fan du film tiré de ce roman, je ne savais pas si j'apprécierais la lecture du récit original. Philip K. Dick fait partie des auteurs qui, selon moi, on souvent des concepts plus intéressants que leur rendu. (Je m'attends à une pluie de tomates...)

Cette fois-ci, j'ai cependant trouvé que le roman valait le coup. Bon, certains éléments ont été éliminés avec bonheur par les scénaristes du film (notamment une espèce de néo-spiritualité assistée par une machine et des orgues à humeur servant à se programmer soi-même son attitude du jour), mais d'autres auraient pu être gardés (surtout la relation quasiment révérentielle que les humains de cette Terre détruite entretiennent envers les animaux). L'action générale et les éléments-clefs de l'intrigue du roman ont été préservés dans le film.

Par contre, les scénaristes du film se sont permis de jouer avec une ambiguité qui est rapidement évacuée dans le roman : l'idée que Deckard lui-même pourrait être un répliquant. Ambiguité que j'ai toujours beaucoup aimée et dont l'absence m'a déçue.

Au final, "Blade runner" était un classique qui méritait d'être lu, ne serait-ce que, lorsqu'on connaît bien le film, pour se livrer au jeu des comparaisons!

(Lecture 2011 #47)

mardi 29 novembre 2011

Montréel d'Éric Gauthier

Éric Gauthier, dont j'avais énormément apprécié "Une fêlure au flanc du monde" est de retour dans l'univers du roman avec "Montréel", le livre québécois le plus difficile à chercher sur Google! (Essayez, vous verrez, Google s'obstinera à vous corriger le titre en "Montréal")

Je viens de terminer ma lecture et je dois dire que je ne sais pas trop comment vous résumer ça... Voyez-vous, "Montréel", ça tient de la collision entre "Ghostbuster" et les "Chroniques du Plateau Mont-Royal". Trippant, mais vaste et complexe mettons!

Dans un univers parallèle où la magie naît des concentrations d'humains en un même lieu (et surtout de leurs souvenirs et échos emmaganisés par les structures), la ville de Montréel est hantée par les fantômes, mais douze ancres (ainsi qu'une montagne immunisée à la magie) assurent sa stabilité... Jusqu'à ce qu'un quartier tout entier disparaisse, habitants inclus! Cela va bouleverser toute la ville, mais plus particulièrement les trois personnages principaux, soit :

- Clovis Thériaud, un sympathique concierge, qui se fait confier une mission par un fantôme apparu chez lui au cours d'une nuit mouvementée.

- Léopold Sanschagrin, locataire de l'immeuble de Clovis et mage rebelle de son état, qui se retrouve mêlé à la mission de Clovis par la force des choses... et qui s'empresse d'entraîner le jeune concierge dans quelques autres affaires troubles histoire de faire bonne mesure.

- Oscar Martel, le nouveau président de la Commission d’urbanisme de Montréel, dont le prédécesseur est décédé depuis peu et qui se retrouve sur la ligne de front des fonctionnaires chargés d'élucider la disparition.

Le tour de force d'Éric Gauthier est de nous donner l'impression que, autour de ces trois personnages centraux, c'est bel et bien une ville entière qu'on voit s'agiter, se questionner, tourner en rond, chaque individu tentant de maintenir une vie normale malgré le quartier disparu, les habitants envolés et la peur, constante, que son immeuble soit le prochain à se volatiliser.

Évidemment, avec une histoire de cette envergure, le récit avance lentement, avec des moments où il nous semble à la limite de l'éparpillement. Cependant, tous les éléments finissent par trouver leur place dans cette vaste fresque et on referme le bouquin en souriant, avec l'intention de revenir de temps à autre visiter les avenues, bien alignées, de Montréel. Seul le personnage d'Oscar Martel demeurera, au final, dur à cerner... mais, bon, ce n'est pas très étonnant puisqu'il s'agit d'un politicien et que cet univers parallèle n'est pas si éloigné du nôtre! ;)

(Lecture 2011 #46)

lundi 28 novembre 2011

Le dit du Musè (7)

Mon chum de me demander, hier :

- Savais-tu, chérie, que la gravité a un effet sur le temps?

J'attendais une explication façon physique quantique (à laquelle j'aurais sans doute pas compris grand chose), lorsqu'il a plutôt pointé l'horloge de la salle d'entraînement, arrêtée depuis un mois parce qu'on est trop paresseux pour aller acheter de nouvelles piles.

Alors que l'horloge, je m'en souvenais, s'était arrêtée aux alentours de 3 heures de l'après-midi, elle indiquait désormais 6h30 et 30 secondes, ses trois aiguilles laissées à elles-mêmes ayant lentement glissé jusqu'à pointer vers le bas!

Très très local cet effet de la gravité sur le temps! ;)

vendredi 25 novembre 2011

Pourquoi j'ai d'la misère à bloguer

J'ai réalisé dernièrement que j'ai de plus en plus de mal à bloguer et que mes billets sont rarement prévus des semaines à l'avance comme c'était le cas à mes débuts. Plusieurs des facteurs qui jouent contre moi sont connus (notamment le manque de temps et l'essoufflement après presque trois ans de blogue), mais j'en ai réalisé un autre hier soir. C'est que, voyez-vous, la liste des sujets que ne peux pas aborder est rendue assez longue!

En voici un aperçu :

- Ma famille (ils sont une gang à venir lire, alors je me garde une petite gêne et je ne publie ici que les anecdotes comiques dont personne ne me tiendra rigueur)

- Mon boulot (idem que la famille : ils commencent à être nombreux à rôder par ici de temps en temps, alors faut une bonne couche de maquillage pour que je me permette d'évoquer une anecdote ou une autre)

- La politique interne du milieu de l'édition (y'a des choses qu'on peut dire et d'autres qu'on est mieux de taire... j'apprends tranquillement à faire la différence entre les deux)

- Les critiques de film ou de livre vraiment trash et baveuses (pas envie de recevoir de mises en demeure pour libelle!)

- Ma vie quotidienne (personne ne m'a signalé avoir du mal à dormir, alors je vais m'abstenir de vous alimenter en somnifères)

- Les arts martiaux à haute dose (je pourrais en parler 24 heures sur 24, mais la plupart d'entre vous changeriez de poste après 30 secondes...)

- Mes réflexions quasi-dépressives sur l'actualité ou la vie en générale (y'a assez de trucs déprimants dans le monde et j'écris des fictions assez noires, pas besoin d'en rajouter une couche)

- Des textes de fiction originaux (je passe moi-même très vite sur ceux que je vois sur d'autres blogues, sauf quand c'est des extraits de publication à venir)

- Des recettes (y'en a déjà assez sur le web, non?)

- Des billets trop fréquents sur l'état des projets (une fois par mois, ça passe, mais quotidiennement, ce serait un peu ridicule!)

Alors il me reste quoi comme sujets? L'écriture, les lectures et les films relativement recommandables, ainsi que les anecdotes drôles ou touchantes n'ayant qu'un très lointain rapport avec la famille ou le boulot.

Mouaip, pas étonnant que je manque d'inspiration par moment! Dites, puisque c'est vous qui me lisez, vous auriez pas des suggestions?

jeudi 24 novembre 2011

La métaphore de la maison

Y'en a qui sont écrivains, y'en a d'autres qui sont architectes.

Y'a des architectes qui accouchent de trucs comme le Guggenheim. Y'en a qui pondent plutôt le plan du prochain néo-manoir disponible en trois couleurs dans le nouveau quartier ultra-monotone de lointaine banlieue. (Ici, ma métaphore vacille, parce que les promoteurs qui font des quartiers tous pareils ont rarement des architectes à leur emploi, mais bon...). Y'en a un qui a pensé à l'horreur ultra-moderne à deux rues de chez moi... qui s'est pourtant vendue dans le temps de le dire l'été passé.

On peut apprécier le Guggenheim, vivre dans un néo-manoir parce que c'était ce qu'il y avait sur le marché et reconnaître qu'une maison ultra-moderne, c'est ptêt laid, mais c'est super fonctionnel. Et tous les architectes aimeraient construire le prochain Guggenheim, mais il y en a qui ont tout juste l'occasion ou le talent pour faire des néo-manoirs. Une chose est sûre : l'architecte fait de son mieux avec ses moyens et ses contraintes. L'architecte ne décide pas un bon matin de construire une maison inhabitable qui va s'écrouler.

Pis l'écrivain ne s'assoit pas devant son ordinateur en se disant "Bon, aujourd'hui, je vais écrire de la marde".

Fallait que j'en parle...

mercredi 23 novembre 2011

Le dit du Musè (6)

Vincent, qui jouait à son jeu vidéo tandis que j'écrivais que je bloguais, s'exclame soudain : "Yes! Je viens de trouver un des objets magiques les plus forts du jeu!"

Un peu blasée par les noms des objets magiques dans les jeux vidéos (qui semblent souvent conçus par des Japonais passionnés des mêmes quatre mythes), je demande : "Ah, c'est quoi cette fois-ci? Excalibur? Le marteau de Thor? Masamune? Murasame?"

"Non, me répond-t-il, c'est pas une épée, c'est des souliers :  les Souliers éternels. Des souliers pour personnages féminins qui durent éternellement!"

Ok, là je dois admettre, j'étais impressionnée. Y'a pas de doute, ça doit vraiment être un objet magique d'une puissance infinie!

Addendum
Non, non, je ne viens pas de m'acheter de nouveaux souliers après un magasinage long et douloureux. Je vois même pas pourquoi cette idée aurait pu vous traverser l'esprit... ;)

mardi 22 novembre 2011

Utiliser la mythologie (7) - Comparaisons et Monomythe

Dernier billet sur la mythologie! Bravo, vous en êtes venus à bout sans me submerger de courriels me demandant de changer de sujet! hihihihi ;)

Aujourd'hui, je vais aborder la question très délicate (et contestée) de la mythologie comparée. Bon, il ne faut pas la tête à Papineau pour remarquer qu'il y a des mythes qui se ressemblent. On ne sait plus combien il y a de mythe du déluge (au moins un Grec, un Mésopotamien, un chrétien). Les cieux abondent en grands barbus brandissant des éclairs (Zeus et Thor en tête de liste). Et la terre est souvent une jeune fille qui meurt une fois l'hiver venue (Perséphone ou les déesses celtes de la végétation).

Des anthropologues ont étudié ces similitudes entre les mythes, en cherchant à y trouver du sens, un "signifiant humain commun". Des psychologues ont essayé de comprendre les raisonnements qui avaient mené à la création de ces mythes. D'autres chercheurs ont voulu tracer la carte de la dispersion de ces mythes et essayer de remonter jusqu'à l'origine de ces mythes communs (que Dumézil, ben oui encore lui, imaginait tous issus du peuple originel).

Les résultats de la mythologie comparés ont été tantôt fort heureux (par exemple en permettant d'extrapoler un système de croyance complet à partir d'éléments fragmentaires grâce à la comparaison avec des systèmes semblables), tantôt fort malheureux (lorsque des Chrétiens se sont mis en tête de prouver qu'un dieu unique était déjà présent dès les origines de l'humanité et que tout mythe n'était donc qu'une Bible mal écrite). Le problème c'est que les découvertes de la mythologie comparée ne peuvent quitter le domaine théorique et sont donc extrêmement sujettes aux interprétations et aux préjugés des chercheurs.

Le plus connu des adeptes de la mythologie comparée est sans doute Joseph Campbell, un chercheur qui, après avoir étudié maintes mythologies, a écrit "Le héros aux mille et un visages". Dans cet essai, Campbell soutient le postulat du monomythe, c'est-à-dire que, selon lui, tous les mythes sont les variations de la même et unique histoire (normalement, ça devrait vous dire quelque chose, parce que cette idée circule beaucoup dans les milieux où on tente désespérément de créer du neuf...). Pour Campbell, la structure fondamentale de tout mythe contient un certain nombre d'étapes, qui incluent :

1.Un appel à l'aventure, que le héros doit accepter ou décliner

2.Un cheminement d'épreuves, où le héros réussit ou échoue

3.La réalisation du but ou du gain, qui lui apporte souvent une meilleure connaissance de lui-même

4.Un retour vers le monde ordinaire, où le héros réussit ou échoue

5.L'utilisation du gain, qui peut permettre d'améliorer le monde

Si vous avez l'impression que vous êtes en terrain connu, c'est normal. Non seulement George Lucas a admis ouvertement s'être inspiré de l'ouvrage de Campbell pour écrire Star Wars (et c'est rare qu'il est aussi transparent à propos de ses sources d'inspiration : il nie encore avoir imité "The Last Castle" de Kurosawa...), mais disons que le bouquin est bien connu à Hollywood et qu'on en retrouve des traces très nettes de Disney à Avatar, en passant par Matrix.

Bref, c'est peut-être pas la meilleure piste à creuser si vous voulez être un tantinet original! ;)

lundi 21 novembre 2011

Au salon du livre de Montréal

Au salon du livre de Montréal, en arrivant j'étais crevée et démoralisée, auteure orpheline de mère et de livres (puisqu'Hanaken n'était nulle part) venue là un peu par principe.

Puis j'ai jasé avec pleins de copains passionnés, qui écrivent, qui publient, qui vont publier... Les Isabelle, Jonathan, Ariane, Caroline, Élisabeth, Mylène, Luc, Dominic, Guillaume, Philippe-Aubert, Sébastien, Pascale, Richard, Pat, Mariane et Josée de ce monde, vous m'avez fait un bien fou hier! :)

J'ai aussi eu le temps de discuter avec la Grande Dame d'une nouvelle que j'avais travaillé avec elle en atelier et que Solaris venait de refuser (en me disant qu'ils aimeraient en lire une ré-écriture). Je crois qu'avec son aide et celle d'Isa, on a réussi à la remettre sur de meilleurs rails. On verra ce que ça donne une fois réécrite.

Au 5 à 7 des blogueurs, j'ai eu la grande joie de voir apparaître mon chéri, qui pourtant n'aime pas tellement les occasions où la conversation tient lieu d'unique divertissement.

Plus tard, de retour au salon, alors que je faisais signer Yves Ménard dans mon Solaris, il m'a demandé comment allaient mes projets. Je me suis dit que c'était le monde à l'envers...

J'ai terminé la soirée assise derrière une table de dédicace, dans le stand Alire, après avoir fait la bise à Daniel Sernine, à Francine Pelletier et à Joël Champetier. Éric Gauthier est venu me demander une dédicace pour ma nouvelle gagnante du prix Alibis. Des amis ont amenées leurs copies de Hanaken spécialement pour l'occasion. J'ai signée tout ça les mains tremblantes.

Au salon du livre de Montréal, en repartant je me sentais comme une petite fille émerveillée. J'ai l'impression d'entrer peu à peu dans un monde magique que j'ai regardé de loin toute ma vie. Et même s'il se révèle moins idyllique que je l'aurais souhaité, peu importe : c'est dans ce monde-là que je veux vivre!

vendredi 18 novembre 2011

Salon du livre de Montréal

Le Salon du livre de Montréal bat son plein et, tel qu'annoncé dans la page "Pour passer me voir" (pour ceux qui ont pris la peine de cliquer) je vais être au kiosque Alire samedi soir à 20h pour signer des Alibis! :) 

Par contre, comme vous l'aurez peut-être remarqué en regardant le programme, je n'ai pas de séance de signature de prévue pour Hanaken. Pourquoi? Ben parce que la cession d'éditeur en cours a causé des problèmes au niveau du distributeur et que là mon pauvre petit bouquin se retrouve entre deux chaises. Il est supposé être quelque part sur les tablettes du salon, mais l'auteure, elle, aura pas la chance de s'asseoir derrière une tite table pour harponner les clients. J'suis déçue, mais bon, c'est la vie (et comme je suis encore dans une phase "au moins moi je suis en vie et en santé", ça m'aide à relativiser le reste).

Bref, tout ça veut dire que samedi, ce sera pour moi... un gros party!!!

Je vais passer la journée avec Isa à parcourir les allées, faire des coucous aux amis, envoyer mon budget aux oubliettes, placoter à m'en décrocher la mâchoire, boire au 5 à 7 des blogueurs organisé par Lucille et finir tout ça en jouant les vedettes au stand Alire.

Quand même pas pire comme journée, non? ;)

jeudi 17 novembre 2011

Utiliser la mythologie (6) - Fonctionnalisme et Histoire

Je vous rassure : cette interminable série achève. J'ai presque fini de mettre de l'ordre dans mes notes de cours et, en plus, j'ai déjà décidé comment j'aborderais la mythologie que je désirais construire! hihihi

Alors, aujourd'hui nous allons aborder l'école "fonctionnaliste" de l'interprétation des mythes, ainsi que l'école proprement historique. J'en parle en parallèle, parce que la frontière entre les deux est trop ténue, tant qu'à moi, pour qu'on s'y attarde.

En gros, les fonctionnalistes disent que les mythes avaient une fonction sociale, qu'ils servaient à refléter et à véhiculer les valeurs de la société, à éduquer. (Et, à mon avis, ils semblent être tombés pas mal près d'une explication assez universelle...)

Cette vision des mythes semble s'appliquer particulièrement aux mythes grecs entourant Héra. En effet, Héra, femme de Zeus, le plus infidèle des dieux, est toujours représentée comme une épouse fidèle. Elle peut être jalouse ou vindicatrice, mais elle ne vit jamais d'aventure extraconjugale. Comme, dans le monde grec, la pureté de la descendance était importante, on comprend que les mythes entourant Héra servaient à éduquer les jeunes filles. On leur apprenait à imiter cette "reine des dieux" et à rester fidèle à leur époux. On leur apprenait aussi que si elles avaient des aventures, elles risquaient de s'attirer le courroux d'Héra. Bon, par la bande, on leur apprenait aussi qu'il était correct d'être méchante envers l'époux infidèle ou ses conquêtes, mais je suppose que c'était un juste retour du balancier! ;)

Les mythes entourant Arès (dieu de la guerre brutale) et Athéna (déesse de la guerre rusée, de l'espionnage et de la stratégie) avaient également une valeur d'éducation. En effet, dans toutes les histoires où les deux divités s'opposent, Arès perd. Le message aux jeunes Grecs (destinés à vivre en tant que soldat dans un pays en guerre constante) était clair : si vous comptez juste sur vos muscles, vous vous ferez battre par une fille! ;)
(Mais non, je ne vulgarise pas à outrance, voyons! ;)

Pour les historiens, cette interprétation de la fonction sociale des mythes est évidemment une mine d'or pour essayer de retracer les valeurs des civilisations, en dehors des textes de lois officiels ou des écrits des intellectuels de l'époque. À partir de cette interprétation, on peut extrapoler et interpréter un changement dans la version du mythe comme un changement de valeur sociale et en tirer certaines conclusions.

Mais ce qui est le plus intéressant au niveau des mythes, pour les historiens, c'est tout le bagage de culture matérielle et de gestes quotidiens qu'ils traînent avec eux sans en avoir l'air. Quand on lit l'Illiade et qu'on se fait raconter trois fois qu'un combattant, pour se rendre, touchait les genoux de son adversaire pour se mettre sous sa protection, on finit par comprendre qu'il y a une signification là. Que ce n'est pas seulement une enjolivure de l'auteur. Même chose lorsqu'on lit le mythe de Prométhée, qui accomplit le premier sacrifice animal en faveur de Zeus et lui demande de choisir la part qui revient aux dieux. Zeus est trompé et choisit par erreur la graisse et les os, laissant la peau et la viande aux humains. Ce récit a permis aux historiens de comprendre que lors d'un sacrifice fait aux dieux, on ne laissait pas l'animal pourrir ou se gaspiller : seule la graisse et les os était brûlée pour honorer les dieux. Le reste était mangé.

Évidemment, il faut faire toutes ces interprétations historiques avec beaucoup de prudence, parce qu'il est très difficile de savoir à quelle époque les mythes font référence. Ainsi, on ne sait pas si la manière de faire des sacrifices a évolué dans le temps, si un jour les gens ont décidé de brûler un peu de viande pour les dieux ou, au contraire, d'arrêter de leur donner les os, mais en conservant le mythe tel quel par habitude. D'ailleurs, on a fini par découvrir que l'Illiade raconte des événements qui se sont passé vers la fin de l'époque Mycénienne (vers -1200), mais que les poèmes ont probablement été codifiés, écrits et figés dans leur forme au cours des Siècles obscurs (vers -750). Alors les événements et la taille des armées correspond à la gloire de l'époque Mycénienne, mais la description des objets d'usage courant, des palais, de la structure des familles, etc, semble plutôt être celle des Siècles obscurs, qui étaient beaucoup plus pauvres.

Cela dit, ce qui donne des maux de tête aux historiens peut se révéler une manne pour les écrivains. On peut aisément imaginer des mythes qui se révèlent être en partie vraie, mais dans un cadre chronologique différent, avec des conséquences sur des "légendes" officielles ou de la propagande et tous les impacts tordus que vous pourrez imaginer! ;) Quant à la fonction pédagogique des mythes, suffit de la rendre un peu subtile (et de la prévoir longtemps à l'avance dans le récit) pour en faire un ressort d'intrigue fort utile.

mercredi 16 novembre 2011

Tu sais que (9)

Tu sais que ton livre est bon quand t'es obligé d'écarquiller les yeux pour les garder ouverts, parce qu'il est vraiment l'heure que tu fermes ton bouquin et que tu ailles te coucher! (sauf qu'il reste juste 30 pages à lire...)

Tu sais que t'es fatiguée quand, un matin, tu as plus envie de prendre l'autobus que de faire le trajet en voiture avec ton conjoint, parce que dans l'autobus y'a personne de vexé si tu dors. (Et, non, cette affirmation n'a rien à voir avec la précédente, voyons!)

Tu sais que t'as pas pris assez de vacances cette année quand les ressources humaines t'appellent pour te demander si tu es bien sûre que tu veux te faire payer toutes ces journées là. Ben c'est pas que j'aime pas être en congé, mais pendant ce temps-là le boulot s'accumule et je reviens plus stressée qu'avant de partir. J'peux-tu donner mes journées de vacances à mes patrons pis leur enlever leurs blackberries avant de les mettre de force dans un avion? Ça, ça me reposerait.

Tu sais que la personne qui te parle monologue sans se soucier de son interlocuteur lorsqu'elle te vante depuis vingt minutes les vertus et les bienfaits de l'exercice physique... qu'elle pratique trois fois par semaine depuis un gros deux semaines. C'est pas que je suis pas d'accord, c'est juste que je suis un ti-peu au courant!!!

mardi 15 novembre 2011

Utiliser la mythologie (5) - Psychanalyse, Dumézil et Structuralisme

Alors, j'espère que cette petite interminable série de billets sur la mythologie vous intéresse, parce qu'en voilà un autre épisode...

Ce qui est bien avec la mythologie, c'est que comme c'est vieux et fragmentaire et éclaté, on peut finir par lui faire dire à peu près n'importe quoi. Il y a d'ailleurs trois hommes qui sont passés maîtres dans l'art de faire dire n'importe quoi aux mythes. Dans l'ordre chronologique, nous avons donc...

Freud et l'approche psychanalytique

Selon Freud, tous vos problèmes viennent de vos rapports à votre mère ou à votre père ou au sexe ou à la mort ou aux trois en même temps. La preuve, c'est que c'était déjà comme ça dans l'Antiquité, c'est pas pour rien que les Grecs ont écrit le mythe d'Oedipe. (Pitchez-moi pas de tomates, je simplifie outrageusement, je sais, je sais!). Bref, Freud cherchait dans les mythes des archétypes des problèmes humains. Pis des fois il les trouvait tellement facilement que c'est dur de dire qu'il avait tort. À d'autres moments... Passons.

L'aspect intéressant de l'approche psychanalytique, pour un écrivain de SFFF, c'est de considérer le fait qu'une civilisation non humaine risque d'avoir une psychologie non humaine et sans doute alors des mythes basés sur cette psychologie pour expliquer le tout... (J'espère que je viens de donner des maux de têtes aux écrivains de SF! ;)

Dumézil et les indo-européens

Pendant longtemps, on a cru qu'il y avait eu une grande civilisation perdue, la civilisation des indo-européens, qui était à l'origine de tous les peuples caucasiens et de presque toutes les langues d'Europe. Dumézil, suivant ce courant de pensée, en est arrivé à la conclusion qu'en analysant ce que les langues et les mythes avaient en commun, il arriverait à reconstituer la culture de ce peuple originel.

Bon, depuis on s'est rendu compte qu'il y avait plutôt eu des échanges culturels constants entre les premiers peuples (ce qui explique par exemple la parenté entre le mythe japonais d'Izanagi et d'Izanami avec celui, gréco-romain d'Éros et Psychée) et qu'il n'y avait donc pas de noyau fondateur. Mais c'est pas grave : avouez que la théorie de Dumézil, cette idée de remonter vers une vérité (ou un peuple perdu) à travers les mythes, a quelque chose de franchement séduisant pour un écrivain!

(Surtout si je vous casse pas les pieds avec l'autre théorie de Dumézil, celle voulant que tout mythe indo-européen est marqué par la tri-fonctionnalité religieuse/ guerrière/ nourricière, c'est-à-dire qu'il y a toujours trois personnages qui occupent toujours ces trois fonctions, même si en fait on ne voit que deux personnages ou même s'il y en a quatre et si là vous commencez à plus rien comprendre, c'est normal, c'est pas pour rien qu'un essai d'histoire s'intitule "Faut-il brûler Dumézil?")

Lévi-Strauss et le structuralisme

Cette école-ci, je vais vous en parler vite, principalement parce que j'y ai jamais rien compris. En gros, Lévi-Strauss a avancé l'idée que l'important avec les mythes ce n'était pas ce qu'ils racontaient, mais la structuration (d'où "structuralisme") de leurs idées. Le structuralisme identifie les "mythèmes" importants des mythes (la méthode par laquelle les mythèmes sont choisis reste un mystère, mais je soupçonne que ça inclut des sacrifices animaux) puis fait une lecture du récit en regardant comment ces mythèmes (combat, liens familiaux, émotions, etc) sont traités. Et, à la fin, il vous sortira une théorie voulant que le minotaure représentait l'amour déçu, en opposition avec l'affection filiale. Ah bon.

Ce qui m'étonne le plus, c'est que cette école, à ce que j'ai pu remarquer, est la plus étudiée dans les cours de littérature qui traitent de la mythologie. Probablement parce que son rapport aux symboles peut être générateur d'inspiration... ou parce qu'elle apprend à l'écrivain qu'en retournant un récit suffisamment longtemps, on arrive toujours à le présenter de façon à ce qu'il reflète des thèmes importants pour le lecteur... ou pour un jury du Conseil des arts! ;)

lundi 14 novembre 2011

Utiliser la mythologie (4) - Étiologie et Fondation

C'est lundi! Alors on commence avec un cours de mythologie (avouez qu'il y a pire matière pour partir sa semaine ;)

Une partie des universitaires pédants partisans du "positivisme", dont je vous ai déjà parlé, ont un jour changé leur fusil d'épaule et se sont mis à dire que les Grecs n'étaient pas des arriérés qui croyaient vraiment que leurs dieux vivaient sur une montagne et fôlatraient avec les bergères, mais qu'ils étaient au contraire des scientifiques qui tentaient d'expliquer le monde à l'aide d'un vocabulaire limité et qui utilisaient donc des récits fantasistes pour préserver et faire connaître leurs découvertes.

C'est ce qu'on nomme l'interprétation "étiologique" d'un mythe, c'est-à-dire que le récit raconté est destiné à expliquer les causes et les effets d'une réalité du monde.

Ainsi, les tenants de l'étiologie prennent souvent comme exemple le mythe d'Hélios et de Phaéton (où Hélios est le dieu qui conduit le soleil dans un char autour de la terre et Phaéton le fils qui veut un jour conduire le char de papa, mais qui fait ça tout croche et brûle une partie de l'Afrique parce qu'il passe trop près), croyant y trouver la preuve que les Grecs savaient que la Terre était ronde (ils ont fini par savoir, en effet) et que la peau noire des Africains était une acclimatation au climat.

Personnellement, je crois que l'interprétation étiologique des mythes est à utiliser avec précaution, parce qu'une fois qu'on connaît les faits scientifiques, c'est facile de retourner en arrière et de plaquer la vérité par dessus les multiples fantaisies des mythes. Cela dit, si vous décidez de parsemer vos fictions de faux récits étiologiques, ça pourrait se révéler très drôle! C'est particulièrement adapté à un univers qui aurait connu un âge obscur ou autre éclipse de la science.

Les scientifiques qui sont à l'écoute ont peut-être des exemples de récits étiologiques intéressants? (soit parce qu'ils sonnent vrais, soit parce qu'ils racontaient vraiment n'importe quoi)

Certains rapprochent les mythes de fondation des grandes cités à des mythes étiologiques, parce que ce sont également des mythes destinés à expliquer un phénomène ou ses origines.

Par exemple, dans l'Antiquité, les Grecs racontaient que Rome avait été fondée par un descendant du Troyen Énée. Cela expliquait, à leurs yeux, pourquoi la civilisation romaine était si puissante, sans être grecque : les Romains étaient les descendants d'un autre peuple "civilisé" que les Grecs avaient côtoyé.

Du côté des Romains, on racontait plutôt que Rome avait été fondée par les deux frères Rémus et Romulus, enfanté par le dieu Mars lui-même (selon les versions, soit avec une femme d'une grande beauté, soit avec une descendante d'Énée). Les enfants ayant été abandonné, ils furent nourris par une louve (en latin, ça se dit lupa et c'est pas clair si c'est un animal ou une prostituée puisque les deux se disaient pareil). Lorsque les frères, ayant grandi, avaient dû décider qui dirigerait la ville, Rémus avait vu en premier un augure le favorisant, mais Romulus en avait vu de plus nombreux. La primauté aurait dû l'emporter, mais le nombre des augures était si impressionnant que Romulus était devenu le chef. Cela avait laissé Rémus amer et il s'était moqué de Romulus en franchissant le sillon qui marquait l'enceinte sacrée de la cité. Outré qu'on bafoue ainsi sa cité, Romulus tua Rémus.

Ainsi, les Romains, selon leurs propres mythes, descendaient d'une louve et du dieu de la guerre, d'un homme pour qui la force du nombre pouvait l'emporter sur un principe et qui n'avait pas hésité à tuer son frère pour protéger sa ville. Disons qu'ils servaient un avertissement clair à tous les peuples qui auraient pu se dresser sur leur chemin, tout en expliquant d'où leur venait leur férocité au combat.

vendredi 11 novembre 2011

Utiliser la mythologie (3) - Evhémérisme

Après cet intermède, je continue ma série de billets sur la façon d'interpréter et d'utiliser la mythologie.

Après le positivisme et la simple compilation, une autre école d'interprétation de la mythologie, c'est de considérer que toutes les histoires concernant les dieux ou les héros sont en fait des récits rapportant, en les exagérant et les amplifiant, les exploits de gens morts depuis fort longtemps, mais qu'on a divinisé (ou tout comme). On nomme cette école "evhémérisme" et elle était déjà présente dans l'Antiquité!

Et c'est à partir de ce billet-ci que mon petit exposé sur les mythologies va devenir intéressant (ou que vous allez décrocher complètement) : l'evhémérisme est une interprétation tout à fait acceptable des mythes. Enfin, de certains d'entre-eux. Ou plutôt de certaines parties d'entre-eux. Parfois. Sous le bon éclairage. En oubliant pas que c'est exagéré. (Vous allez voir, je vais vous dire ça à propos de plein d'autres écoles d'interprétation, parce que s'il y a une règle avec les véritables mythologies, c'est qu'elles sont toujours floues et issues d'un amalgames d'influences.)

Le meilleur exemple d'evhémérisme est sans doute le cas du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde. Un roi nommé Artus faisait partie d'un cycle de légendes celtes bien avant que Chrétien de Troyes le récupère pour en faire un roi modèle. Les sources historiques nous laissent penser que ce roi a bel et bien existé. Quant aux divers personnages qui peuplent sa cour, ils seraient apparus à différentes époques, chaque ancêtre un peu illustre des divers peuples voyant ses exploits reculer dans le temps peu à peu jusqu'à ce qu'il devienne un contemporain d'Arthur.

Ce procédé est parfaitement utilisable en littérature, mais pour donner un bon résultat vous devrez probablement établir les actions vraiment posées par votre héros, puis la légende qui en découle, puis la réaction des gens à cette légende et peut-être, éventuellement, la découverte d'une partie de la vérité grâce à des fouilles archéologiques ou autres recherches (mais faites attention : on a rarement des réponses claires et complètes avec l'archéologie!). Oups, je viens de vous raconter une des trames qui sous-tendent "Chroniques du Pays des Mères" d'Élisabeth Vonarburg... :p

Maintenant, pour terminer la semaine en beauté, jouons à un jeu : quel personnage moderne pourrait faire l'objet d'évhémérisme et prendre un aspect mythologique dans une histoire de SF qui se déroulerait dans deux ou trois siècles?

jeudi 10 novembre 2011

Nager sans se mouiller de Carlos Salem

Prenons une pause de mythologie et laissez-moi vous parler d'un roman que j'ai acheté à Toulouse, après avoir rencontré l'auteur, un Argentin établit en Espagne qui, soit dit en passant, avait des tatous de gang sud-américains plein les bras, un bandeau de pirate sur la tête et une voix hyper rauque qui compétitionne avec celle d'Éric Lapointe. Bref, il avait l'air d'un sympathique bandit à la retraite, alors je me suis dit qu'une personnalité pareille devait avoir pondu des oeuvres assez originales. Étant celle que je suis, je lui ai demandé son roman "le plus noir" et je me suis retrouvée avec Nager sans se mouiller, publié en français chez Actes Sud et chez Babel Noir (en format poche).

Le résumé du roman est le suivant :

Juanito Pérez Pérez, bientôt quadragénaire, timide et divorcé, est cadre supérieur dans une multinationale. Mais il est aussi Numéro Trois, un redoutable tueur à gages qui ne s’est jamais posé de questions sur son métier. Jusqu’à ce jour. Au cours des premières vacances qu’il passe seul avec ses enfants, il devra remplir un contrat de dernière minute : surveiller une future victime dans un camping de nudistes sur la côte sud de l’Espagne.

Là, Juanito/Numéro Trois va découvrir que rien n'est ce que l'on croit. Nu face à la vie et nu face à la mort, il rencontrera son ex-femme et son nouvel amoureux, un ami d'enfance à qui il a volé un œil et une jambe, un policier atypique qui a plusieurs fois croisé sa route, un rival au sein de sa propre Entreprise qui est peut-être là pour l'exécuter ainsi que sa famille, et une mystérieuse jeune fille qui va le pousser à affronter les dangers de l'amour.

Entre l'urgence de sauver les siens et le besoin de comprendre, le protagoniste sent que l'heure est arrivée de choisir qui il veut être, s'il survit. Et que, comme disait toujours son vieux maître, "il est impossible de nager sans se mouiller".
 
Dès le résumé, le coup du tueur à gages pogné dans un camp de nudiste, m'a semblé excellent. Quoi de mieux pour dépouiller l'assassin professionnel de tout son arsenal et de le forcer à résoudre ses problèmes d'une manière originale? Je me suis donc plongée dans la lecture du bouquin...
 
Je ne peux pas dire que j'ai été déçue. L'écriture s'est révélée très originale, comme la personnalité de l'auteur me l'avait laissé présager. Pendant toute la première moitié du bouquin, j'ai rigolé toute seule devant les situations plus cocasses les unes que les autres. 
 
Puis l'histoire s'est embourbée un peu. La noirceur annoncée n'est jamais arrivée. Et l'imbroglio fantasque s'est dénoué de façon toute aussi improbable qu'il s'était créé. J'ai refermé le bouquin en ayant l'impression d'avoir passé un très bon moment, mais pas nécessairement celui que j'attendais. Un peu comme si on m'avait présenté le film The Princess Bride/La Princesse Bouton d'or alors que je prévoyais voir Braveheart.
 
Bref, une très bonne lecture si vous avez envie de quelque chose de léger et de rigolo sans trop vous éloigner du rayon "polar". Mais une maudite chance que j'ai demandé à l'auteur son roman "le plus noir"!!!
 
(Lecture 2011 #45)

mercredi 9 novembre 2011

Utiliser la mythologie (2) - Positivisme et Compilation

L'école d'interprétation dite du "positivisme" est la plus ancienne et la plus connue. Au fond, ce n'est pas une école d'interprétation, mais tout simplement le fait de prendre les mythes au pied de la lettre.

Cette école est rencontrée chez les adeptes peu éduqués des diverses civilisations antiques (et chez certains de nos contemporains qui habitent l'Ouest Canadien! hihihi), ainsi que chez les universitaires condescendants qui ont propagé, pendant un temps, l'idée que les Grecs croyaient vraiment que leurs dieux vivaient sur le sommet de l'Olympe ou que c'était un type nommé Zeus qui lançait les éclairs lors des orages.

En littérature, présenter un peuple qui interprète ses mythes de façon positiviste veut dire mettre en scène une belle gang de naïfs, un monde hyper magique ou encore de sinistres fanatiques religieux constamment confirmés dans leur foi! En variant les mythes et les interprétations au pied de la lettre, on peut donc arriver tant à des effets cocasses qu'horribles.

Question quizz pour vous garder réveillés : avez-vous des exemples de roman utilisant cette approche de la mythologie?

Les positivistes rencontrent souvent un gros problème dans leur interprétation de la mythologie et il s'agit du fait que les versions d'une même histoire varient fréquemment et substanciellement. D'ailleurs, dès l'Antiquité, des compilateurs se sont acharnés à tenter de repérer toutes les versions d'une même histoire et de les fondre tant bien que mal en une seule (au grand bonheur des positivistes).

Cependant, ce qui est intéressant (pour l'historien) avec les compilations des versions d'un même mythe, ce n'est pas d'arriver à un résultat final cohérent, mais bien d'essayer de comprendre d'où viennent les variations dans le récit et ce qui les explique... mais pour ça, faut souvent faire appel à d'autres méthodes d'interprétation de la mythologie (qui seront abordées dans de prochains billets ;)

En attendant, (puisqu'on est entre écrivain) rien ne nous empêche d'imaginer nos propres mythes, nos propres variations et cos propres explications!

mardi 8 novembre 2011

Utiliser la mythologie (1)

Pour faire suite à mes deux billets sur Le Silence de la Cité et Chroniques du Pays des Mères d'Élisabeth Vonarburg, j'ai décidé de vous faire une série de billets pour parler un peu de mythologie. Ou plutôt, de vous jaser d'une notion chère aux historiens : les écoles d'interprétation de la mythologie.

(Veuillez noter que j'entends "mythologie" dans son sens le plus large, celui d'ensemble d'histoires qui se veulent des réponses aux "grandes questions" de l'humain : d'où vient-il, où va-t-il et pourquoi? Cette utilisation du terme "mythologie" empiète donc un peu sur le terrain de la légende et est peuplée de dieux, demi-dieux, héros, personnifications diverses et monstres.)

Dans la plupart des bouquins de SFFF, on présente des mythologies alternatives, très solides, très claires, très structurées, reconnues comme véridiques par les populations... Bref, des mythologies qui puent l'intervention de l'auteur à plein nez! (en tout cas, pour un historien)

Voyez-vous, selon les textes qui nous sont parvenus, il semblerait qu'à partir du moment où une civilisation atteint le niveau technique nécessaire pour coucher ses mythes et légendes par écrit, cette civilisation commence déjà à moins croire à eux. À remettre sa mythologie en question. Et à tenter de l'interpréter afin d'en tirer tout de même des enseignements...

Alors histoire de vous donner des idées pour développer vos sociétés dans vos prochaines histoires de SFFF (et afin de mettre au propre mes notes de cours qui datent déjà de quelques années), je vais vous présenter dans les prochains jours quelques écoles d'interprétation des mythologies. Et lancer un million de pistes sur la façon de les utiliser! (Ça a l'air gentil de ma part, mais en fait c'est parce que je vous utilise comme public pendant que je réfléchis à des avenues possibles pour un projet qui mijote, héhéhéhé).

J'ai l'intention de prendre pour matériel les mythes gréco-romains, alors est-ce qu'il y en a que vous connaissez bien et/ou préférez? (Comme ça je saurai dans quel matériel puisez mes exemples)

lundi 7 novembre 2011

Du mérite d'un conseil

En fin de semaine, je m'entraînais au jiu-jitsu avec mon chum (1 pied plus grand que moi, environ 40 livres de plus) et son frère (11 pouces de plus de moi, minimum 60 livres de plus). Au programme : travail sur la position dite "de garde". Principe de la position : la personne qui tente de se défendre est couchée sur le dos et enroule ses jambes autour de la taille ou des hanches de son adversaire, pour contrôler sa liberté de mouvement. (Si vous tentez d'imaginer la pose et que ça vous semble une image franchement tendancieuse, vous avez compris le principe...)

Mon problème dans cette histoire? Je n'ai pas la masse musculaire et l'effet de levier nécessaire pour immobiliser et contrôler des hommes de la carrure de mes partenaires d'entraînement. Voilà des années que je tente de développer des stratégies, des façons de bouger, d'attaquer, de me déplacer pour pallier à la différence de gabarit. Rien à faire. Il y a des positions au jiu-jitsu où être petite m'avantage. Mais dans la position de garde, c'est un méchant inconvénient. Lorsque j'allais régulièrement m'entraîner dans un dojo, c'était pas trop grave : je me trouvais un "petit" partenaire (genre un gars qui faisait à peine 6 pouces et 30 livres de plus que moi) et j'arrivais à me débrouiller. Mais depuis que je m'entraîne principalement chez moi, avec les deux géants qui me servent de chum et de beau-frère, je découvre l'étendue de mon handicap.

Or, en fin de semaine, mon chum a eu une illumination. Il s'était déjà entraîné avec notre prof de jiu-jitsu, qui était très petit. Et il s'est souvenu que le prof, en position de garde, n'essayait pas de contrôler son opposant (ce qui est la stratégie normale), mais appuyait plutôt ses talons sur les hanches de son adversaire et se servait de ses jambes pour accompagner ses mouvements et le déstabiliser. Incapable d'utiliser lui-même les principes dont il venait de se souvenir, mon chum me les a expliqués.

Et ce fut le déclic qui me manquait. Bon, je suis pas parvenue à exploiter immédiatement le plein potentiel de cette stratégie et j'ai quand même perdu la majorité de mes combats, mais c'est pas grave : j'ai donné du fil à retordre à mes adversaires et je sais que je suis sur la bonne voie.

Comme quoi un bon conseil, c'est parfois tout ce qui nous manque, peu importe s'il origine de quelqu'un qui ne l'applique pas lui-même! ;)

vendredi 4 novembre 2011

La machine est relancée

Après tous les hauts et les bas encaissés dernièrement, j'ai eu du mal à me mettre à écrire la suite d'Hanaken. Je tournais en rond, je taponnais mon plan, je saisissais toutes les occasions de faire autre chose. Or, le délai se rapproche (faudrait que je livre une première version au mois de mars) et mon chum commençait à devenir nerveux!

Alors il m'a un peu poussée dans le dos pour que je me mette à écrire. Ce fut pénible. Le chapitre un voulait pas sortir, je trouvais pas le bon ton. Il m'a fallu deux fins de semaine pour le rédiger (alors qu'il fait à peine 1700 mots). Puis j'ai écrit un second chapitre. Tout aussi pénible à coucher sur papier. Et franchement moche à la relecture. J'ai écris la première phrase du troisième chapitre et j'ai tout fermé, découragée.

Le document a macéré quelques jours dans les entrailles informatiques de mes multiples outils de sauvegarde. Et un drôle de phénomène s'est produit : le document s'est mis à m'appeler.

Tellement qu'un midi je l'ai ouvert au bureau. J'ai relu ce que j'avais écrit. Et c'était pas aussi nul que je me le rappelais. J'ai retouché quelques phrases. Ajouté un peu de couleur.

Et réalisé que ça faisait longtemps que j'avais pas écrit durant mon heure de lunch... Depuis que j'avais mis la touche finale au tome I, en fait.

Bon, j'pense que mon chum peut arrêter de s'inquiéter : la machine est relancée!

jeudi 3 novembre 2011

Je voulais parler d'autre chose

Je voulais vous parler de tout autre chose aujourd'hui... Puis je suis tombée sur deux articles qui m'ont touchée et qui m'ont donné d'écrire ce billlet en forme de point d'interrogation...
Tout d'abord, il y a eu l'article de Patrick Lagacé qui dit, en somme, que les homosexuels qui cachent leur orientation se font les alliés involontaires des jeunes qui intimident leurs pairs à cause de leurs airs efféminés ou de leur homosexualité affirmée. Après tout, dit Lagacé, si les adultes cachent leur orientation, ils envoient le message aux jeunes que celle-ci est honteuse, que c'est une différence qu'on doit cacher, une raison valable, donc, d'intimider et de mettre à l'écart les homosexuels qui s'affichent. Lagacé résume le problème à un manque de modèles homosexuels que les jeunes, hétéros ou non, respecteraient et qui leur feraient mieux accepter l'homosexualité. Pour lui, afficher son orientation serait donc un devoir pour toutes les vedettes et personnalités publiques homosexuelles.

Ensuite, j'ai lu l'article d'Yves Boisvert qui répond à celui de Lagacé. Boisvert, en tant que chroniqueur judiciaire, est aux premières loges pour observer le fait que la discrimination, malgré les lois qui la prohibe, n'est pas chose du passé. Qu'un homosexuel qui s'affiche rencontre souvent de nombreuses difficultés tant dans sa vie personnelle que professionnelle. Boisvert soulève aussi l'idée que ce n'est pas tout le monde qui est capable de devenir un modèle, un héros, un porte-étendard. Plusieurs homosexuels ont eu besoin de nombreuses années avant de s'accepter eux-mêmes, en privé. Ils ont connu des adolescences difficiles, se sont fait intimider, rejeter, juger... Souvent, leur famille ne les a pas suivis sur le chemin de leur "sortie de placard". Boisvert trouve injuste qu'on fasse peser sur eux une obligation morale de s'afficher au grand jour.

Voyez-vous, j'avais envie de vous parler de ces deux articles, parce que je trouve qu'ils reflètent bien l'ambivalence que je ressens sur la question de l'affichage ou non de l'orientation sexuelle des gens. Comme Lagacé, je crois que si plus de personnalités publiques affichaient leur homosexualité (surtout des sportifs que personne oserait traiter ouvertement de "fif"), cela rendrait la vie plus facile à la jeune génération.

Par contre, comme Boisvert, je sais que s'afficher n'est pas facile pour les homosexuels et que tous n'ont pas la personnalité leur permettant de le supporter. Ma petite soeur a été capable d'assumer le fait qu'elle aimait les femmes et de le vivre ouvertement, mais il lui a fallu des années pour y arriver (et une famille très ouverte d'esprit, qui avait deviné depuis longtemps). Et lorsque les parents de sa copine actuelle l'ont rejetée, elle s'est sentie à nouveau comme une adolescente à qui l'ont crie des noms...

Alors, dites-moi, d'après vous, les personnalités publiques ont-elles un devoir moral d'afficher leur orientation sexuelle? Davantage de modèles homosexuels aideraient-ils vraiment les gens à mieux accepter ce genre de différence? Ou est-ce qu'ils permettraient seulement aux jeunes homosexuels de mieux vivre avec eux-mêmes? Ce qui pourrait déjà constituer un grand pas en avant...

mercredi 2 novembre 2011

Chroniques du Pays des Mères d'Élisabeth Vonarburg

Au Pays des Mères, quelque part sur une Terre dévastée du futur en train de se remettre lentement, les hommes sont très rares. Seules les Captes des Familles ­ les Mères font leur enfantes avec les Mâles. Les autres femmes doivent utiliser une forme hasardeuse d'insémination artificielle.

Lisbeï et Tula ne s'en soucient pas trop : filles de la Mère de Béthély, elles grandissent ensemble, soeurs et amies. Mais Liseï se révèle stérile ; ne pouvant être la Mère comme elle en avait rêvé, elle doit quitter Béthély, et Tula.

Devenue «exploratrice», elle accomplira un autre de ses rêves : découvrir les secrets du lointain passé du Pays des Mères. Mais certains rêves sont difficiles à vivre...

J'avais lu pour la première fois "Chroniques du Pays des Mères" d'Élisabeth Vonarburg quand j'avais quatorze ou quinze ans et je l'avais adoré. Pourtant, à l'époque, une bonne partie des thématiques du roman m'avait complètement échappé. Cependant, ce bouquin a beaucoup de rythme et de souffle. Le personnage de Lisbeï est complexe, torturé et il s'insère dans un arrière-monde très mystérieux : la société du Pays des Mères, une structure étrange, à la fois jeune et ancienne, engoncée dans des tabous dont elle ne se rappelle plus l'origine, mais qu'elle n'ose pas transgresser. Le lecteur vieillit avec Lisbeï et découvre à travers ses yeux le Pays des Mères, ses croyances et ses légendes.

En revisitant dernièrement le Pays des Mères avec mes yeux de femme adulte (et de femme connaissant des difficultés à concevoir son premier enfant), j'ai remarqué les aspects plus philosophiques du roman : l'éternelle interrogation d'Élisabeth à propos des genres, bien sûr, mais également une réflexion sur le passé, la foi, la légende, ainsi qu'une représentation du désir de survie de la race humaine dans ce qu'il peut avoir de plus maladif et excessif.

À l'époque de ma première lecture, ce roman m'avait laissé l'impression d'une histoire féministe, du récit d'un monde où l'on se passait très bien des hommes. Or, à la relecture, il m'apparaît au contraire comme un récit empreint d'une grande tendresse et d'une grande affection envers les hommes, que les tabous de la société du Pays des Mères relèguent au rang de reproducteur et qu'on soupçonne toujours d'être des sources de violence, alors qu'au fond, on le sent au fil des chapitres, la quasi-disparition des mâles n'a pas du tout éradiqué la violence.

Toutefois, ce qui m'a le plus impressionnée lors de mon retour au Pays des Mères, ce n'est ni l'aspect philosophique du roman, ni sa relation aux genres. Non, ce qui m'a frappée, c'est la façon qu'a eu la Grande Dame (et le surnom est parfaitement mérité) de déconstruire sa propre oeuvre (Le Silence de la Cité) pour en faire la matière des contes et légendes du Pays des Mères.

Élisabeth n'est pas la première à utiliser l'un de ses romans comme arrière-plan mythologique pour un récit subséquent. Cependant, dans ces cas-là, les écrivains tombent souvent dans le péché de la mythologie trop claire, trop organisée (j'y reviendrai dans un prochain billet). Or, il n'y a rien de tel chez Élisabeth. Même après avoir lu "Le Silence de la Cité", à certains moments on se demande comment les faits qui y sont racontés ont pu être détournés au point de devenir la base de la foi du Pays des Mères. Et pourtant, le tout fonctionne et présente même une logique typiquement religieuse.

Bref, si vous avez envie d'un bouquin de science-fantasy à la fois intelligent et divertissant, "Chroniques du Pays des Mères" est à lire. Et si vous êtes un écrivain qui a envie d'apprendre quelques trucs, je vous suggère fortement de vous procurer "Le Silence de la Cité" en prime et de lire les deux volumes en conjonction. Y'a beaucoup de matière à réflexion là-dedans!

(Lecture 2011 #44)

mardi 1 novembre 2011

Le Silence de la Cité d'Élisabeth Vonarburg

Plus de trois siècles se sont écoulés depuis les catastrophes climatiques de la fin du second millénaire et les héritiers de la civilisation détruite, de plus en plus rares et de plus en plus désaxés, vivent dans une Cité souterraine avec leurs doubles technologiques. Dernière enfant de cette Cité, Élisa est une petite fille aux capacités physiques étonnantes ; fruit des expériences génétiques de Paul, elle annonce une humanité résolument nouvelle. Mais Élisa saura-t-elle se libérer du passé qui l'a littéralement modelée? Et qu'en sera-t-il des hommes qui, hors les Cités, ont survécu à la barbarerie et aux mutations de toutes sortes ?
 
Ceux qui ont assité à des Congrès Boréal ont probablement entendu Élisabeth Vonarburg parler de l'écriture du "Silence dans la Cité" (publié d'abord chez Denoël, puis ré-édité par Alire). Et surtout de la scène-clef où, alors que plusieurs personnages sont rassemblés, un meurtre se produit. Scène-clef pour laquelle Élisabeth avait envisagé toutes les combinaisons possibles, croyait-elle, et avait dû laisser le texte reposer pendant quelques jours avant que la solution lui saute aux yeux (il y avait une possibilité qu'elle n'avait pas considérée et qui, à la lecture, nous semble pourtant comme la seule issue possible).
 
C'est donc pour tirer au clair cette histoire de scène-clef et de dilemne d'écrivain que j'ai acheté le roman et que je me suis plongée dans sa lecture. C'est le premier roman d'Élisabeth, alors il n'a pas tout à fait le souffle ou la poésie qu'on rencontrera par la suite dans l'oeuvre de la Grande Dame, mais ses thèmes fétiches y sont déjà. 
 
Son personnage principal, Élisa, est le fruit d'une expérience et accepte de porter le fardeau auquel ont l'a destinée dès sa conception. Cependant, ses propres enfants, fruits également de manipulations génétiques, se poseront davantage de question. De plus, dans ce monde frappé par un virus où il naît beaucoup moins d'hommes que de femmes, la question des genres et de leur définition occupe une grande place dans le récit... et trouve une résolution pour le moins étonnante.
 
Quant à la fameuse scène-clef, j'ai eu une surprise en la lisant : j'ai réalisé qu'il s'agissait en fait des événements qui allaient servir de toile de fond à une autre oeuvre d'Élisabeth Vonarburg : "Chroniques du pays des mères". L'ayant lu des années plus tôt, en l'empruntant à la bibliothèque, je me suis empressée de l'acheter afin de le lire à nouveau...
 
(Lecture 2011 #43)

lundi 31 octobre 2011

L'Halloween un lundi

L'Halloween ne devrait jamais tomber un autre jour qu'un vendredi, vous pensez pas?

C'est trop étrange de commencer la semaine avec cette fête-là...

Se faire accueillir au bureau par un gardien de sécurité portant un costume de Cerbère, se déguiser, manger trop de sucre, passer sa soirée terré dans son sous-sol toutes lumières éteintes une fois qu'on a épuisé sa provision de bonbons... Tout ça, c'est pas des activités normales pour un début de semaine!

Après ça, qui aura envie d'enfiler des vêtements ordinaires et de passer une journée normale plate demain?

Peut-être qu'on pourrait s'arranger pour que, dans les cas où l'Halloween tombe un lundi, la fête doive durer toute la semaine?

Je récolte les votes d'appui ci-dessous! ;)

Et bonne Halloween! 

vendredi 28 octobre 2011

Recommandation aux auteurs - Ajout

Puisque c'est la semaine où je me prends pour une sommité du milieu littéraire et où je vous ensevelis sous des conseils d'origine douteuse, j'ajouterais une recommandation aux auteurs qui viennent de publier ou qui vont publier prochainement...

Vous savez, ces quelques copies gratuites que l'éditeur vous a fournies? (En tout cas, c'est dans la plupart des contrats semble-t-il...) Ne les donnez pas toutes! (Et, surtout, ne les vendez pas étourdiment après avoir écoulé tous vos exemplaires achetés à rabais).

Parce que quand vous allez commencer à faire des demandes de bourse, vous allez souvent vous retrouver à devoir envoyer 2, 3 ou même 5 (!!!) exemplaires de votre oeuvre à un conseil, comité ou jury. Ils promettent généralement de les retourner, mais ils ne vous garantissent pas dans quel état et, à ce que je peux juger jusqu'à maintenant, les délais sont longs. (Les vétérans qui traînent parfois par ici pourront peut-être nous dire si le "retour des pièces justificatives" est un mythe ou pas...)

Bref, si vous comptez faire des demandes de bourse et que vous ne voulez pas vous retrouver à devoir commander encore et encore des exemplaires à votre éditeur, prévoyez vos affaires et gardez-vous une dizaine d'exemplaires sous la main.

Oh pis faites provision de méga-grandes enveloppes matelassées!

Addendum
Au cas où mon éditeur s'inquièterait : oui, il me reste assez de Hanaken, mais lors de la demande de bourse précédente, je m'étais retrouvée le bec à l'eau.

Re-Addendum
Hé! Hanaken est officiellement une recommandation Archambault dans sa circulaire jouets-jeux! :)

jeudi 27 octobre 2011

Où j'en suis?

Calcul rapide : depuis le 30 septembre, je n'ai pas eu une seule semaine normale. Pas une!

Ce fut d'abord le Salon du Saguenay, puis le départ pour la France, puis les mauvaises nouvelles, puis un retour au boulot qui m'a donné tout juste le temps de désensevelir mon bureau et de doucher l'enthousiasme de tous ceux qui me demandaient comment mon voyage s'était déroulé, puis les funérailles...

J'ai un ti-peu hâte que ça finisse. À partir de la semaine prochaine, je reprends le métro-boulot-dodo (rajouter un bus avant, un entraînement après et c'est presque ça) et, pour la première fois de ma vie, ce sera avec plaisir.

Peut-être qu'avec un peu de stabilité dans mon horaire, je vais réussir à me remettre à écrire sérieusement.

Parce que j'ai écris, vous en faites pas :  j'ai pris des tonnes de notes, j'ai jeté mes trippes sur le papier, j'ai accumulé du matériel pour les années à venir, je me suis défoulée un brin, mais les projets, eux, ont pas avancé le yâbe!

Bon, c'est pas tout à fait vrai : je viens de livrer une nouvelle version du Chasseur. Et le premier jet du premier chapitre de Hanaken II a été effectué en fin de semaine (ben quoi, faut commencer quelque part). Mais bon, c'est pas exactement des avancées extraordinaires. Et les dates de tombée se rapprochent (Hanaken II devra être présentable à la Grande Dame à la fin de mars au plus tard!). Et j'aurai des nouvelles à retravailler prochainement!

Bref, où j'en suis? Euh... Dans le jus?

mercredi 26 octobre 2011

L'art d'harponner le client

Ok, alors à la demande générale (de ClaudeL), voici un petit billet issu de ma longue (toux embarrassée ici) expérience (de deux salons) sur l'art d'harponner un client. (Les techniques, je tiens à le préciser, me viennent surtout des vétérans que j'ai eu la chance d'espionner d'observer de près).

Étape 1 : Le contact visuel

C'est tentant, quand on est assis en arrière d'une table de livres avec rien à faire, de jaser avec l'auteur désoeuvré à côté de nous, de lire un livre amené pour l'occasion, de jouer sur son cellulaire ou d'écrire. Mais, à ce que j'ai remarqué, il ne faut pas!

Laissez plutôt votre regard errer sur la foule. Observez les gens qui passent devant vous. Souriez rêveusement, ça vous donnera l'air aimable et facile d'approche (même si vous êtes mentalement en train d'écrire une histoire où le gamin bruyant qui tripote tous les livres de ses mains sales est assassiné par un signet empoisonné tendu par une vieille écrivaine au nez crochu). Attirer visuellement l'attention sur vous (par un costume, le plus souvent) peu être utile avec un certain public, mais prenez garde à ne pas en faire trop : ce qui marche avec les jeunes enfants pourra faire fuir les ados et inversement. Alors adaptez-vous à votre public. Pour Hanaken, comme il est "pour tous", j'ai opté pour la tunique d'inspiration asiatique dans les mêmes couleurs que la couverture.

Sans en avoir l'air, suivez le regard des gens. N'apostrophez pas les gens qui vous regardent distraitement, vous ou votre livre, c'est une perte de temps (et ça vous donnera l'air d'un perroquet). Cherchez plutôt la lueur d'intérêt dans les yeux des passants. Le meilleur regard est celui qui se pose sur votre livre, s'attarde, puis remonte sur vous. Le regard qui vous prend directement pour objet n'est pas mauvais non plus, même si l'intérêt manifesté n'est peut-être pas uniquement littéraire.

Bon, une fois que vous croyez avoir remarqué un regard intéressé, tentez de le croisez, décochez lui votre plus beau sourire et enchaînez avec...

Étape 2 - La question-harpon

Après six jours de salon, mon expérience personnelle m'a démontré que le meilleur harpon à lecteurs est une question. "Aimez-vous les nouvelles policières?" marchait très bien pour les Alibis. "Un petit voyage au pays des samouraïs?" faisait merveille pour Hanaken.

Vous voulez une question-harpon intriguante, mais, surtout, reliée à votre livre. Vous voulez que cette seule question permette au badaud de savoir si ce que vous avez à offrir est pour lui ou pas. Si c'est pas pour lui, vous voulez qu'il vous réponde "non", parce que vous économiserez tous les deux du temps. Si cette question intrigue le passant, qu'il a envie d'y répondre par l'affirmative, vous aurez souvent un indice physique de cet intérêt renouvelé (la personne ralentira sa marche, s'avancera d'un pas vers votre table, vous répondra, sourira, etc). Ce sera alors le moment de déballer la...

Étape 3 - Phrase-résumé

Trouvez moyen de résumer votre roman en une seule phrase, quitte à ce que ce soit un raccourci qui laisse plusieurs nuances dans l'ombre. Ainsi, Hanaken c'est "L'histoire de deux jeunes samouraïs qui ont perdu leurs parents et qui vont devoir survivre à la guerre qui se prépare." Après avoir énoncé votre phrase-résumé, observez la personne qui se tient devant vous. Est-ce qu'elle a l'air intéressée? Est-ce qu'elle a pris le livre dans ses mains? Est-ce qu'elle a posé un doigt surpris sur un détail de l'illutration de couverture? Est-ce qu'elle vous demande tout de go à quel public s'adresse le livre? Si oui, c'est le moment d'entamer...

Étape 4 - Le développement concentrique

Exploitez l'attention de la personne et ce que vous pouvez deviner d'elle, puis répondez à ses interrogations en spécifiant et en développant votre phrase-résumé. Dans le cas d'Hanaken, si la personne semble intéressée par la phrase-résumé, je lui parle ensuite de ce qu'est un samouraï. Puis, aux filles, j'explique que les femmes aussi étaient samouraï. Aux garçons, j'insiste sur l'aspect du devoir guerrier. Aux adultes, je précise que le livre est "pour tous", qu'il y a des passages flous que les enfants ne saisiront pas, mais que j'ai écrit pour les plus vieux. À tous, j'introduis le pourquoi du comment de la mort des parents. La dureté de ce monde guerrier dans lequel les deux enfants doivent faire leur place. La pression familiale avec laquelle ils devront composer. Etc.

Je fais les ajouts peu à peu, en les greffant à ma phrase-résumé. C'est pour ça que je parle de développement concentrique : le résumé est là d'abord, au centre, puis je le précise, je présente peu à peu l'univers du roman, en allongeant les phrases et en ajoutant des détails, tant que la personne m'accorde son attention, mais en faisant des pauses fréquentes pour laisser mon vis-à-vis poser une question, manifester son intérêt ou son ennui.

Soyez attentif à votre client potentiel, parlez-lui, demandez-lui ce qu'il aime et souhaitez-lui une bonne journée s'il décide de partir sans avoir acheté. Qui sait, il pourrait recommander votre bouquin à quelqu'un d'autre ou même changer d'idée et revenir plus tard.

Personnellement, je n'essaie pas de vendre mon livre à tout prix quand je comprends qu'il ne convient pas à la personne devant moi. À date, je fais de la présence en salon un exercice fort stimulant d'écoute de l'autre. Il faut en faire un jeu, je crois, et s'en amuser. Apprendre à jauger les lecteurs, essayer de deviner leurs goûts et leur personnalité à leurs vêtements, leur attitude. Ça pourra toujours servir dans un prochain roman! :)

Alors, qu'est-ce que vous en pensez de ma technique? Je raconte n'importe quoi ou ça vous semble logique? Avez-vous des éléments à ajouter?