lundi 13 septembre 2010

Maleficium de Martine Desjardins

J'ai acheté Maleficium de Martine Desjardins avec une certaine crainte. Le résumé laissait entendre que l'histoire, les confessions d'hommes ayant succombé à la faiblesse de leur chair, serait érotique, sulfureuse, "une invitation à voyager aux limites des plaisirs et de la souffrance"... bref, j'avais un peu peur de me retrouver avec un récit de perversions sexuelles frôlant la porno, ce qui n'est pas mon genre de lecture.

Le contenu des confessions a donc été une heureuse surprise. L'érotisme des récits est légers, mais la sensualité, elle, au sens strict du "plaisir des sens", est omniprésente et envoûtante. La langue, ainsi que tous les autres lecteurs de ce livre l'ont souligné, est incroyablement riche et nuancée. J'ai dévoré la première moitié du bouquin!

Sauf qu'arrivée là, j'ai commencé à ressentir une certaine lassitude. Le livre, en effet, m'a paru souffrir d'un problème de structure. Je m'explique : il est divisé en huit chapitres, chacun d'eux étant une confession faite par un personnage différent, chacune de ses confessions se rattachant aux autres par un fil conducteur qui laisse entrevoir un récit plus vaste. Jusque là, l'idée est excellente. Les confessions, prises une à une, sont mystérieuses, exotiques, étranges....

Malheureusement, l'accumulation de ces courts récits m'a essouflée. Voyez-vous, chacun d'eux est narré à la première personne, avec un niveau de langue époustouflant... mais identique. Ce qui finit par s'expliquer, mais laisse tout de même perplexe au début. De plus, chaque confession suit rigoureusement la même structure : présentation du châtiment reçu, récit de la tentation et de la faute qui y mena, avertissement au curé qui écoute. S'il n'y avait eu que trois ou quatre confessions, le lecteur n'aurait pas eu le temps de s'en rendre compte qu'il aurait été rendu au bout de l'histoire (dont le tableau final diffère légèrement), mais avec huit épisodes, on a amplement le temps de voir la structure apparaître derrière le texte et de s'en agacer.

Je suis tout de même fort satisfaite de mon achat et de ma lecture, car l'intertexte chrétien est habilement amené, les thèmes exploités le sont avec un symbolisme évocateur, le vocabulaire est brillant sans sentir l'effort, bref, c'est une lecture riche, onctueuse, aussi délicieuse qu'un baklava... mais avec la même capacité de vous tomber sur le coeur si vous en abusez. C'est donc à lire un ou deux chapitres à la fois pour vraiment l'apprécier.

6 commentaires:

David Hébert a dit…

Tout comme toi, j'ai trouvé la structure des chapitres plutôt redondante, surtout qu'avec huit chapitres du même genre, ça devient vite lassant. Par chance, l'écriture est fort jolie, et la plume de Desjardins pallie quelque peu le défaut de la redondance. Et que dire de la fin, qui rallie tous les chapitres précédents d'une manière surprenante, laissant tout de même un sentiment de satisfaction à la fin de la lecture ?

Frédéric Raymond a dit…

La structure répétitive des chapitres ne m'a pas dérangé, j'ai même bien aimé. C'est plutôt le huitième chapitre qui m'a laissé un peu froid. J'aurais aimé une finale un peu plus grandiose, quelque chose qui m'aurait réellement donné l'impression que ce livre était impie. C'est pas de l'eau de rose, mais je ne sentirais pas le besoin d'excommunier qui que ce soit pour ces propos.

Sinon, j'ai adoré le reste, surtout le style, qui m'a rappelé les écrivains fantastiques du siècle dernier, mais avec une touche de modernité qui reste là sans qu'on puisse mettre le doigt dessus.

Cela dit, je crois que j'ai dit tout ce que j'avais à dire sur ce livre, ce qui va m'éviter de faire un billet sur le sujet... Merci Gen, tu m'as sauvé une heure!

Luc Dagenais a dit…

Idem pour moi; j'ai trouvé la structure très répétitive et la fin ma laissé sur ma faim, mais j'ai adoré l'écriture et le style.

Gen a dit…

@David : Je sais pas pour la fin... Elle m'a semblé manquer de mystère et en laisser trop planer tout à la fois. Pas aussi subtile que le reste je dirais.

@Fred : Ah ben tant mieux si je te sauve du temps ;) Je pense que si tu l'as pas lu d'une traite, la structure a peut-être été moins apparente.

@Luc : Ouais, c'est définitivement l'écriture qui fait ce bouquin!

Frédéric Raymond a dit…

@Gen Mais je l'ai lu d'une traite! Et j'ai remarqué la structure... Mais ça ne m'a pas dérangé.

Gen a dit…

@Fred : Ah bon, t'es plus toffe que moi alors ;)