lundi 6 septembre 2010

Le détournement du web 2.0

En suivant un lien sur la Clique du Plateau, je suis tombée sur cet article de Patrick Dion (que je ne connaissais pas jusque là). Le monsieur accuse la Clique d'être snob parce que, alors qu'il y a 2000 personnes qui le suivent sur Twitter, lui n'en suit que 29. Après avoir accusé la Clique à mot couvert de se foutre de ses fans, il ajoute :

Pourquoi des gens s'intéresseraient-ils à un individu qui ne s'intéresse pas à eux en retour?

Ça m'a vraiment fait sursauter comme affirmation. C'est parfaitement 2.0 et nivellement par le bas comme manière de penser, vous trouvez pas? Après tout, posez la question à n'importe quel abonné du 7 jours, il pourra vous répondre. Demandez à n'importe quel fan fini de Stephen King (ou autre écrivain ou cinéaste), il le sait. Mieux encore, posez la question à n'importe quel individu qui est un peu absent de Facebook ces derniers temps, il devrait avoir un point de vue intéressant sur la question. Depuis des siècles, des artistes, des penseurs et des scientifiques vivent parce que des gens s'intéressent à eux et à leur talent. Et ces gens n'ont pas nécessairement de quoi intéresser artistes, penseurs et scientifiques. Pourquoi est-ce que ça changerait à l'ère du virtuel? Oui, on peut technique tous être une vedette de nos jours, mais encore faut-il avoir quelque chose à présenter pour intéresser les gens!

Le web 2.0 est un lieu d'échange et de partage, je suis la première à l'apprécier. Je me suis fait un cercle d'amis-écrivains qui viennent me lire et que je lis. Mais je vais aussi sur le blogue d'une criminologue. Elle ne suit pas le mien. Normal : je veux m'informer sur l'univers criminel et elle n'en a rien à foutre de mes états d'âme d'écrivaine! Parce qu'il ne faut pas oublier : le web 2.0 c'est aussi un lieu d'information et un bouffe-temps. Chaque utilisateur doit donc choisir ce qu'il met en ligne, ce qu'il va lire en ligne et le temps qu'il y consacre.

À trop vouloir entretenir la fiction disant qu'on peut tout savoir et être en contact avec tout le monde, on finira par vider le web de son contenu et à consacrer tout son temps à donner signe de vie à des gens trop occupés à nous répondre pour prendre le temps de nous lire.

Ça, ce serait un détournement complet de l'usage potentiel du web 2.0, non?

13 commentaires:

Pierre H.Charron a dit…

Je t'appuie à 100%. Tous les matins, je lis une vingtaine de blogues Technos dont la moitié sont Européen. Je lis des blogues d'opinion aussi et je lis des blogues qui parle de Sport (du CH surftout). Et tout ce beau monde ne save même pas que j'existe.Et c'est ben correct comme ça!

Elisabeth a dit…

Parfaitement d'accord ;) Faut cesser de croire qu'on mérite tous la même attention!

Yves a dit…

Je suis sur Twitter et j'ai eu un malaise à observer toute cette discussion, à laquelle je crois même Dany Turcotte a participé de façon active.

Je dois dire que je te rejoins là-dessus. Twitter (ou les autres réseaux sociaux) n'est pas un outil de nivellement de popularité. Je cite Dominic Bellavance sur mon site : "Personnellement, je trouve que les réseaux sociaux, c’est bien, mais ça donne la fausse impression de pouvoir, d’être capable d’atteindre tout le monde."

Je crois qu'il est tombé pile dessus. Si je suis sur Twitter et que Barack Obama est sur Twitter, est-ce que je suis en droit d'exiger une réponse si je lui pose une question? Pas du tout.

Twitter en particulier (car c'est là que le débat a pris naissance) doit plutôt être perçu comme un outil d'information, de nouvelles rapides et d'échanges entre personnes qui se connaissent. Si une personnalité nous répond, tant mieux, sinon tant pis! On ne peut pas s'attendre à ce qu'un personne qui se fait suivre par 20 000 personnes en suive autant. c'est de l'utopie.

Bref, c'était mon grain de sel dans cet océan d'opinions divergentes...

ClaudeL a dit…

Ce matin, mes yeux lisent mais mon cerveau est en somnolence, alors pour ce qui est de penser.
Passe mon tour.

Gen a dit…

@Pierre : Même chose pour moi au sujet des blogues de combattants de MMA! ;)

@Élisabeth : Hé qu'on est élitistes pareil :p

@Yves : Ton point de vue est très intéressant étant donné que tu es justement sur ce réseau. En fait, je suis tout simplement estomacquée que quelqu'un ait pu croire qu'il fallait que ce réseau soit nivellé, égal... Heu... le reste de la vie ne l'est pas! lol! Pourquoi Twitter le serait?

@ClaudeL : t'es pardonnée ;)

Le Mercenaire a dit…

Moi aussi j'ai lu la note dont tu parles et elle m'a beaucoup fait rire. Comme tu le soulèves si bien, les choses se sont toujours passées ainsi et pourquoi donc changeraient elles aujourd'hui? Est-ce que quelqu'un sur facebook possédant 3259 amis doit - pour être un bon & juste usager du web 2.0 et être digne de sa popularité - lire tous leurs status d'heure en heure, répondre à tous leurs commentaires, pokers tous ceux qui l'auraient poké, et ce religieusement, sous peine de faillir à l'éthique et de sombrer dans le snobisme? Ça frise l'absurde. Et s'en indigner le frise encore plus.
Ce genre de note (celle de Patrick Dion) me fait penser à un phénomène qui prend chaque jour de l'ampleur.
Dans la multitude qui s'est mise à proliférer lorsque le web est véritablement devenu accessible à tous comme lieu de tribune (l'ère myspace & devianART; le tout début des blogues), même les créateurs les moins talentueux pouvaient se faire connaître. Ce mouvement s'est amplifié avec l'arrivée de Facebook et de Twitter. En bout de ligne, je crois que les médias sociaux n'ont qu'accentué le «goût du célèbre» chez ceux qui ne pourraient jamais l'être. S'offusquer que quelqu'un de célèbre ne réponde pas au tweet de quelqu'un qui l'est moins (ou pas) est à mon sens un symptôme de ce besoin pathologique de notoriété.

Gen a dit…

@Le Mercenaire : Bienvenu chez moi. Et en effet, je crois que tu mets le doigt sur le bobo avec ton idée du "besoin pathologique de notoriété".

D'ailleurs, lors de mon bref passage en tant que prof au secondaire, j'avais remarqué une nette tendance chez les jeunes à ne plus vouloir être joueur de hockey, comédien, musicien, mais bien "vedette sportive", "vedette de la musique" et "vedette" tout court.

Phil a dit…

Il ne faut pas confondre étiquette et obligation. L'esprit 2.0 encourage fortement une communication bi-directionnelle mais ça demeure optionnel (et heureusement).

Gen a dit…

@Phil : Bonjour et bienvenu ici ;)

En effet, l'esprit 2.0 encourage une communication bi-directionnelle, mais je l'ai toujours pensée basée plutôt sur l'entraide et le partage d'info. À partir du moment où les gens ne suivent que des vedettes, faut pas s'étonner qu'ils ne répondent pas à tous les messages qui leur sont adressés, non?

Phil a dit…

Shaquille O'Neal et Demi Moore ne me suivent pas, c'est grave ? ;-)

Gen a dit…

@Phil : Non, c'est eux qui sont snob! :p

Isabelle S. a dit…

Je n'ai pas vu la commentaire, ni le débat en question, mais je crois que le phénomène dont on parle en est un qui se généralise un peu partout.
Oui MySpace, Twitter et Facebook ont donné de l'ampleur au phénomène, mais il passe aussi par les Youtubes et toutes les téléréalités. J'ai en tête l'image d'une dame légèrement enrobée avec une tenue moulante et plein de piercing qui chanet comme une casserole et qui "pète sa coche" a Simon à AmericanIdol en disant qu'elle aurait du être retenue. Oui tout le monde veut son moment de gloire et beaucoup de gens en ce bas monde manque d'autocritique et de G.B.S. : c'est pas nouveau.
Anciennement, je crois que ces gens auraient été des troubles fête tentant de faire tomber le pouvoir.

Gen a dit…

@Isabelle S : Pas sûre que je leur accorde assez de crédit pour les voir en révolutionnaire voulant faire tomber le pouvoir... plutôt en foule hurlante lors des exécutions...