lundi 2 août 2010

La Gare du livre

Dominic Bellavance nous lance, ce matin, le défi de décrire notre librairie de rêve. Qui sait, ça donnera peut-être des idées à quelques personnes...
-------------------------------------

Je descends du bus et j'entre par cette porte qui n'a l'air de rien, mais qui m'attire invariablement. À l'intérieur, l'ambiance est feutrée. On dirait une vieille gare. Les gros vendeurs sont en vedette sur des tables qui imitent le fer forgé, avec un ou deux exemplaires bien visibles au haut de pyramides de livres. Cependant, autour d'eux, ce sont les petits titres moins connus qui se pressent. Comme d'habitude, les titres québécois sont dans leurs supports fleurdelysés. Autour des tables, il y a des chaises et des fauteuils où je peux m'installer et feuilleter.

À la Gare du livre, les "Chevaliers d'émeraude" ne sont pas entourés des innombrables déclinaisons de fantasy vite lues, vite oubliées, mais plutôt de petites merveilles du genre : un Champetier, des Vonarburg, des numéros de Solaris, un Mieville. Chaque gros vendeurs sert à attirer le lecteur vers des trésors cachés. Ici, les littératures de genre, les littératures "de gare" sont à l'honneur. On vise un public adulte. Le bar, tout au fond des lieux, sert un bon café équitable toute la journée et quelques alcools le soir. Régulièrement, on y trouve un auteur en scéance de signature ou un groupe de lecteurs assidus réunis pour un 5 à 7 intime. La libraire qui agit comme serveuse aujourd'hui sourit en me voyant. Un geste suffit à commander mon café habituel. Elle me connaît si bien!

Si rien ne m'attire sur les tables près de l'entrée, je peux aller fouiller dans les rayons, café en main. On ne craint pas trop les dégâts causés par les breuvages: les livres sur les rayons ne sont que des démonstrateurs. Le stock est rangé dans des tiroirs, au bas des rayons, bien à l'abri des petits accidents. Policier, horreur, science-fiction, fantastique, il y en a pour tous les goûts. Les revues occupent une section à elles seules. Si je ne trouve pas mon bonheur parmi les démonstrateurs, je m'approche de l'un des discrets postes électroniques. J'utiliserais bien mon ordinateur portable pour me brancher, sans fil, au site de la librairie, mais je ne l'ai pas avec moi aujourd'hui. Je furète dans l'extension virtuelle du lieu. Ah, le Chandler que je cherche est bien ici, mais dans l'entrepôt du sous-sol, cette caverne d'Ali-Baba. Un clic me permet de le commander. Il sera à la caisse dans quinze minutes. Je n'aurai même pas fini mon café.

L'ancien numéro de Solaris n'est pas disponible, lui. Qu'à cela ne tienne : je peux le commander en ligne, en format électronique. Je le fais livrer dans ma boîte de courriel. Je le lirai plus tard, sur mon ordinateur. Ah bah, je joue de malchance aujourd'hui : le Bellavance n'est pas en stock non plus! Sans importance : je le commande en deux clics lui aussi. J'ai le choix entre le faire livrer à la Gare ou chez moi. J'opte pour la Gare. Le système automatisé m'enverra un courriel quand ils le recevront. Ainsi, je n'aurai pas à passer pour rien.

Évidemment, ce ne serait pas pour rien de toute façon. J'ai un roman à finir moi et cet endroit est le plus inspirant que je connaisse pour écrire. Demain, je vais revenir avec mon ordinateur portable pour écrire pendant quelques heures...

10 commentaires:

ClaudeL a dit…

Ce que j'aime le plus: les fauteuils. Pour lire. Arès tout, il y a bien des bancs pour écouter de la musique, il serait temps qu'il y ait des fauteuils pour lire.

Pas certaine que le café en main soit une bonne idée. Même si couvercle sur le verre. Personnellement, suis du genre à en renverser...

C'est étrange comme vos librairies (je dis vos, celle de Isa, Dominic et la tienne pour l'instant) ressemblent à des bibliothèques au sens qu'on peut y flâner, y écrire et pourtant vous n'avez pas l'air adeptes d'aller écrire à la biblio.

Gen a dit…

@ClaudeL : Isa est une adepte des biblios. Moi j'ai un gros problème avec les biblios de mon coin : on n'y trouve pas de café. En plus, c'est bien beau les biblios, mais y'a pas de nouveauté ou elles sont sorties, les livres sont abîmés, c'est souvent situé dans des locaux de troisième zone et décoré comme un sous-sol d'église...

Gen a dit…

Pour les fauteuils, je spécifie : y'a rien que j'haïs autant que d'essayer de feuilleter un enième livre debout, avec ma pile de livres déjà choisis sous un bras. Il commence à y avoir des librairies qui nous offre des sacs ou des paniers pour traîner nos achats, mais je me demande pourquoi on n'a pas l'équivalent du "voulez-vous que je vous le mettre dans une cabine?" des magasins de vêtement? Nos livres choisis pourraient nous attendre à la caisse!

ClaudeL a dit…

Tu as bien raison, je me vois aussi debout avec un livre de 800 pages dans une main, essayer d'en lire un autre.

Tu connais un magasin où ils te mettent tes vêtements dans une cabine, en attendant?? Moi pas. Faut dire que ces années-ci, je vais au Village des valeurs!!!

Gen a dit…

@ClaudeL : Heu... C'est sûr que c'est pas trop le genre du Village ou du Sears, mais n'importe quelle boutique (Jacob, Smart Set et compagnie) est dotée d'un millier de petites vendeuses anorexiques dont la job est de t'arracher le linge des mains pour que tu partes pas avec et d'aller le placer dans une cabine d'essayage, puis de te dire que la robe qui te donne l'air enceinte te va très bien.

Vincent a dit…

Hahaha! J'adore l'histoire des vendeuses anorexiques: tellement vrai!

ClaudeL a dit…

"l'air enceinte" c'est une annonce?
Il est vrai que tu as écrit "l'air"!

Gen a dit…

@ClaudeL : J'ai effectivement écrit "l'air". Quand je ferai une annonce, ce sera clair, promis :p

Pierre H.Charron a dit…

à Mirabel, les biblios sont vraiment agréables. Même charmantes. Et y a des fauteuils tout moelleux.Y manquent juste le café.;)

Et pour l'option de comnander le numérique, je suis pour. faut être de son temps...un tout petit peu.
Et pourquoi pas des Bornes avec des liseurs ?

Gen a dit…

@Pierre : Borne avec liseur... pas fou... mais je sais pas... tant qu'à aller dans une librairie, c'est pour feuilleter les vrais bouquins, quitte à les acheter en format électronique plus tard.