lundi 7 juin 2010

C'est le métier qui rentre

La semaine dernière, j'ai assisté à un gala de remise de bourses culturelles dans ma région. J'avais en effet présenté un dossier en tant qu'artiste de la relève (ce qui me rendait éligible à un faramineux montant de 750$) et on m'avait appelée pour confirmer que je serais présente. Me fiant aux concours littéraires auxquels j'ai participé, je me suis dit que si on m'appelait, c'était bon signe et je me suis présentée là avec un bon espoir de gagner un petit quelque chose...

En arrivant, j'ai fait quelques constatations :

Premièrement, je n'étais pas habillée assez chic comparativement au "gratin" présent (des maires des alentours et des représentants des Caisses Desjardins). Les prix avaient beau être minimes, les efforts d'élégance déployé variaient de l'important au tape-à-l'oeil. Ma tenue bohème-chic (portée au bureau dans la journée) n'était pas le ton. Cependant, comme j'étais aussi très en dessous de la moyenne d'âge, on pouvait sans doute m'excuser.

Deuxièmement, ce n'était pas un événement où le réseautage pouvait se révéler fructueux puisque personne n'était identifié et qu'on n'y rencontrait que des artistes de différents domaines et les baîlleurs de fonds. Pas d'éditeur ou autre producteur artistique et aucun moyen de savoir si d'autres écrivains étaient présents.

Troisièmement, après que j'aie pris quelques gorgées de ma coupe de vin rouge, mon chum m'a fait remarquer que j'aurais dû y aller pour du blanc : si on devait me prendre en photo après la remise de la bourse, le vin rouge me ferait des dents grises. Je l'ai noté pour la prochaine fois...

Quatrièmement, comme m'a dit Vincent, il aurait fallu se munir d'un pare-bave, parce que les organisateurs et baîlleurs de fonds ont chacun prononcé un petit discours (systématiquement trop long et ennuyant) et en ont profité pour se faire une lèche éhontée. Assez pénible, mais bon, si on devait me payer, je pouvais endurer...

Malheureusement, dès la première remise de prix, le présentateur nous a annoncé que chaque récipiendaire s'était fait demander de préparer un petit mot pour nous expliquer en quoi l'argent allait l'aider à avancer dans ses projets. Comme on ne m'avait pas demandé de préparer quoique ce soit, j'ai su dès ce moment que je venais de perdre ma soirée. Bon, c'est le métier qui rentre je suppose : la prochaine fois, je saurai que si on m'appelle pour confirmer ma présence, je devrai demander si j'ai quelque chose à préparer. Devant une réponse négative, je trouverai une excuse pour me défiler.

Bref, soirée de discours dégoulinants et de performances artistiques assez moyennes (dont l'une faite par une fille qui a comme par hasard gagné une bourse de la relève, alors que ses chansons tournent déjà à la radio FM, tandis que sa mère a remporté une bourse lui permettant de mettre en marché le CD de sa fille, mais non, non, y'a pas de plug voyons...).

Il y a quand même eu un moment très comique dans la soirée : un couple dans la cinquantaine a reçu une bourse pour leur projet consistant à aller donner des concerts de chansons des Beatles dans des églises, en les jouant à l'aide de... un orgue, une harpe celtique et une harpe paraguaïenne! Ils auraient faits de très bons invités pour la radio-communautaire de Pérusse, après le café-chrétien jazz...

17 commentaires:

ClaudeL a dit…

Pas ma tasse de thé non plus. Mon père y excellait, autant pour monter un dossier que pour déambuler, très à l'aise, dans tout genre de milieux. Faut bien que je tienne un peu de ma mère aussi!!!

Gen a dit…

Si encore j'avais su qui était qui, je me serais débrouillée, mais là c'était assez nul comme organisation.

Gen a dit…

lol! Cela dit, c'est vrai qu'on doit bien tenir un peu de nos deux parents ;)

Vincent a dit…

Quelle soirée ennuyante... Les gros bonnet étaient là pour "flasher" et les artistes de la "relève" sont déjà en train de percer (ou ont déjà percé). Une décevante gamique, une course au prestige. Une soirée de perdue. :P

Isabelle Lauzon a dit…

Pfff! Méchante gang de t... oups! Je vais faire attention à mon langage... ;)

Mais qu'ils sont poches, de t'avoir fait miroiter que tu aurais cette bourse! Me semble que ça manque du minimum élémentaire de savoir-vivre. Quoi, ils voulaient avoir des figurants pour remplir la salle?

Enfin, vois le côté positif : tu sais maintenant que pour monter dans ce type de milieu, il faut faire beaucoup de lèche. Je ne sais pas pour toi, mais je serais plutôt portée à dire : laissez donc faire!

Vincent a dit…

C'est en plein l'impression que j'ai eu aussi: ils voulaient remplir al salle pour avoir des applaudissements plus nourris... C'est pas un milieu très tentant, en effet. Mais ça reste attrayant pour les bourses.

Gen a dit…

@Isa : En effet, étant donné les montants versés, je crois que je vais laisser faire. Je vais pas investir mes énergies à faire de la lèche et endurer des soirées plates pour 750$. J'ai déjà un boulot ennuyant, je vais pas transformer les à-côtés de l'écriture en corvée!

@Vincent : Ouais, ils voulaient des figurants. Je me réessaierai pour les bourses quand j'aurai déjà percé. Je présume qu'à ce moment-là j'aurai moins de lèche à faire, puisque ce qu'ils veulent c'est se péter les bretelles en disant qu'ils ont encouragé des vedettes en devenir (mais ils disent pas qu'ils les encouragent seulement au moment où c'est clair qu'ils vont accéder au statut d'artiste connu).

Pat Isabelle a dit…

Genre de soirée où ton verre de vin est ton meilleur ami.

baboulebou a dit…

La prochaine fois essaye de proposer de chanter des reprises des Rolling Stones dans des temples Boudhistes avec une manche à balais et une cornemuse... Me semblerait que tu aurais plus de chances...

Merci de partager l'experience en tout cas, ça peut nous aider à économiser du temps.

Gen a dit…

@Pat : Euh, ouais, mais disons que c'était pas des grands crus non plus.

@Alex : Je pensais monter des spectacles de danse à claquette en gougoune (pour rester dans le ton pérussien...). Et oui, si on vous invite à ce genre de gala, vous saurez que vous devez demander si vous avez un ti-mot à préparer.

Annie Bacon a dit…

Je commence moi aussi à apprendre à la dure que les mondanitées font un peu partie de la "game". On a été plusieurs auteurs invités à Bergeronnes pour un salon du livre, et il y a eut non pas un, mais bien trois repas mondains au court desquels, à chaque fois, une trentaines de fonctionnaires locaux se sont félicités et remerciés les uns les autres! Ne lâche pas pour la bourse! Il y en aura d'autres!!

Frédéric Raymond a dit…

À mon avis, ces soirées ne sont pertinentes que si le repas et le vin sont très très bons...

Gen a dit…

@Annie : Au moins tu étais invitée au salon, ce qui veut dire qu'un petit quelque chose te revenait dans cette histoire. Et on te nourrissait. ;)
(Ah et bienvenue chez moi en passant!)

@Fred : Ce n'était pas un souper, seulement un cocktail. Et non, pas fameux le vin. Correct, mais ça valait pas le déplacement. Tant qu'à moi, ces soirées ne sont pertinentes que si on gagne! hihihihi

ClaudeL a dit…

J'ai connu des vernissages, des lancements, des remises de prix, des galas. Des gratuits, des payants. Des gros, des petits. Beaucoup d'invitations reçues des Chambre de commerce, des associations, des CLD, des galeries d'art, des éditeurs. Surtout pour avoir du monde, pouvoir dire aux journaliste friands de statistiques; "il y avait xxxx personnes" Pour avoir l'air prospère.
Je n'ai aimé aucun, rien gagné évidemment.
Je les choisis maintenant et c'est seulement si vraiment je suis obligée.
Et je ne peux même pas dire que c'est parce que je suis gênée en public, pas du tout. Mais passer deux heures à dire ou à écouter des niaiseries, pas mon fort.

Gen a dit…

@ClaudeL : Exactement! J'ai pas de temps à perdre. J'en manque déjà pour écrire. Un salon du livre ou un rassemblement d'auteurs, au moins j'y rencontre des gens intéressants (et des contacts potentiellement utiles). Mais ce genre de gala tape-à-l'oeil, ça ne m'apporte rien si je ne gagne pas. Alors, basta!

Éléonore a dit…

ha mon doux tu me rappelles des souvenirs lolol

ça existe ce genre de gala dans le sport et dans le bénévolat.

Écoutes, l'an passé mon club de patin de vitesse a soumis ma candidature comme bénévole de l'année dans ma ville. Je cumule des milliers d'heure de bénévolat en milieu scolaire (10 ans conseil d'établissement, comité de parent, déléguée de congrès, etc) et en sport (patin artistique, patin de vitesse, athlétisme, etc). Je savais que ma candidature était potable.

On m'a fait déplacé pour une photo dans les jours précédents, ensuite tout le monde a été invité pour un 5 à 7. Finalement, la salle était pleine, surtout de personnes agées sur leur 36. Je n'ai pas gagné et tout ce qu'on a vu de moi c'est ma photo passé sur un fond avec les 150 autres nominés !

Si au moins les nominés avaient monté sur la scène, avaient reçu une fleur et un petit "méritas". Non rien !

Je pensais aux personnes agées dans la salle qui se déplacaient pour rien.... entéka...

Pis il y a deux ans, il y a avait un gala du mérite sportif, il se déroulait à 2-3 heures de route d'ici et ma fille était en nomination, pour se rendre elle aurait du manquer l'école et mon mari du travail ! j'ai dit wow le maudit niaisage pour rien !

Gen a dit…

@Éléonore : lol! Comme quoi peu importe le domaine, fuyons les galas!!!