mercredi 30 juin 2010

Ce que l'atelier littéraire m'a appris

L'analyse d'Élisabeth sur mes textes a été douloureuse à entendre, mais je dois lui donner raison (ce qui fait encore plus mal).

En gros, elle m'a dit que j'ai une belle plume, que je maîtrise très bien la technique, les structures, etc, mais que je fais des textes "plats" (ne pas confondre avec "plate", quoiqu'on en soit pas loin). Tout y est placé, calculé. Mes personnages ont des sensations et des émotions, mais pas de passé ni d'aspiration. Ils sont souvent au service de l'intrigue. Quand ce n'est pas le cas, c'est que l'intrigue, elle, est faible. Bref, j'ai tendance à me concentrer sur l'un ou l'autre des grands aspects du texte, pas sur les deux, ce qui donne des textes manquant de relief et de profondeur.

Les exercices qu'on a fait à l'atelier et la comparaison avec les textes des autres me permettent de voir en gros ce que je devrai faire pour corriger ce travers. En gros, dis-je. Pas sûre que j'arriverai à l'appliquer réellement.

La Grande Dame suggère aussi que je ne brainstorme probablement pas assez longtemps tous les éléments de mes plans. Que je devrais prendre plus de notes, histoire de me sauver du temps en ré-écriture. (Pour elle, voir les détails de l'intrigue et des dialogues se dessiner au fil de l'écriture relève du péché mortel! lol!).

Enfin, elle m'a dit que je devais apprendre à me déstructurer et à tricher. À sortir des cadres, à explorer mon subconscient. J'ai tendance à être très disciplinée et cela me bloque parfois. Par exemple, nous avions deux jours pour écrire une nouvelle sur place. J'ai donc aussitôt imaginé une nouvelle que je pouvais écrire en deux jours, avec peu de personnages et une intrigue simple, plutôt que de fouiller à fond les mots que j'avais pigé, quitte à ce que ça m'entraîne dans un projet d'envergure que je ne pourrais pas terminer. Résultat : la nouvelle produite sur place souffre pas mal des mêmes défauts que celle produite avant l'atelier. Misère!!!

Bref, je reviens du Saguenay un peu déprimée. Ça va me passer, bien sûr, mais pour l'instant je regarde le chemin que j'ai à faire et ça me décourage un peu. Je me demande si j'en serai capable.

Je m'ennuie aussi de l'ambiance de camaraderie qu'on avait à l'atelier, de nos déconnages, de nos échanges constants. Là je suis de retour dans mon quotidien, je recommence à écrire en solitaire. Pas facile.

Mais bon, heureusement vous êtes là! ;)

mardi 29 juin 2010

Ça se passe comment un atelier littéraire

Bon, je sais qu'il y a de nombreux curieux, alors je vais vous expliquer comment s'est passé l'atelier littéraire au Saguenay. Je vous avertis tout de suite, je peux pas vous dire si tout c'était un fonctionnement typique, parce que c'était mon premier atelier. La logique aurait d'ailleurs voulu que je commence par faire un atelier court plutôt que le marathon sur 5 jours, mais j'aime ça les sports extrêmes! lolol

On était un petit groupe, ce qui était parfait pour les besoins de l'exercice. Cinq personne en tout : Élodie Danielou, Pascale Raud, Sébastien Aubry, Philippe-Aubert Côté et moi.

Dans un premier temps, dans les semaines précédant l'atelier, on a écrit des nouvelles chacun de notre côté, puis on les a envoyées par courriel aux autres participants (incluant Élisabeth), qui ont fait des commentaires. On les a lus (et on a braillé dans notre coin) avant de se diriger vers Chicoutimi.

À Chicoutimi, nous étions hébergés dans un gîte du passant (aka Bed and Breakfast) qui était vraiment très beau et confortable, quoiqu'un peu cher au final. Point très positif : il y avait un salon pour les résidents comportant un coin cuisine, ce qui nous a permis de travailler à notre aise le soir et de nous cuisiner de la bouffe un soir (et de faire un peu de yoga pour se détendre, d'où la photo d'hier...).

Le deuxième temps de l'atelier a consisté, une fois sur place, à faire un espèce de résumé des commentaires en compagnie d'Élisabeth, qui nous a pointé nos forces et nos faiblesses et nous a donné un devoir de réécriture (par exemple, je devais refaire le début de mon texte en passant d'un narrateur en Je à un narrateur en Il, mais aligné dans le personnage). La réécriture a occupé toute la journée du jeudi. On était tous les cinq dans une salle de l'Université de Chicoutimi, à taper comme des malades sur nos portables, sans distraction autre que les pauses-repas. En fin de journée, Élisabeth a branché un projecteur sur son ordinateur et nous a corrigé nos réécritures en direct. Ce fut à mon avis (et Sébastien était d'accord) l'un des moments les plus formateurs de l'atelier. 

Ensuite, on a ramassé les miettes de nos égos et on est passés à la troisième étape. Durant le souper, la Grande Dame nous a fait piger des mots à partir desquels nous devions écrire une nouvelle. Nous avions les deux jours suivants pour l'écrire. Ouch! Je crois que ma chaise à l'université porte désormais l'empreinte de mes fesses! lol! J'ai jamais écrit aussi intensément! Je suis contente : je suis arrivée à faire un premier jet.

L'idée, évidemment, était non seulement d'essayer de mettre au point une histoire qui se tenait à partir des contraintes qui nous avaient été données, mais également de remarquer et d'analyser nos réflexes, nos blocages, nos démarches de création.

Je vous explique demain ce que j'en ai retenu! :)

Photo de Pascale, Élodie et Sébastien au travail dans le salon du gîte (prise par Philippe-Aubert) :


lundi 28 juin 2010

Mon cerveau est resté couché

Ouais! Je suis de retour! :)

Par contre, au moment où vous lisez ces lignes, soit je suis encore physiquement couchée, soit mon corps est levé, mais pas mon cerveau!

J'suis arrivée en bus à Montréal hier soir. J'ai ensuite pris un métro pour me rendre sur la Rive-Sud, puis mon chéri est venu me chercher pour me ramener jusque chez moi. Aujourd'hui, je me suis fait porter pâle au boulot. J'en profite pour me coller contre mon chum, dont c'est le tour d'être en vacances. J'suis crevée, mes bagages sont pas défaits et je carbure au café... ça a été une super expérience cet atelier!!! :)

Si j'arrive à rassembler suffisamment d'énergie (et à me décoller de mon chum!), je vais répondre à mes courriels et puis faire un ou des billets pour vous raconter un peu l'atelier. Si je m'écroule de fatigue, vous aurez une critique de roman...

Pour ceux qui s'inquièteraient, mais non, c'est pas compliqué de faire plaisir à Élisabeth...


dimanche 27 juin 2010

Atelier : jour 5

Whoa! C'est la dernière journée!

Au programme aujourd'hui : revenir sur le travail accomplit sur place, recueillir les derniers précieux conseil d'Élisabeth, réaliser que je vais m'ennuyer du fait d'écrire à temps plein et de ne pas avoir de tâches ménagères à faire (après avoir passé cinq jours à m'ennuyer de mon chum et de ma maison), prendre un dernier repas avec les autres, écraser une larme en pensant qu'on se reverra pas avant un petit bout de temps... et sauter dans le bus pour Montréal.

Je présume que j'aurai le cerveau trop grillé pour écrire dans le bus, alors je ferais bien d'en profiter pour dormir...

La période "blogue en différé" achève! :)

samedi 26 juin 2010

Genèse du texte d'hier (Atelier : jour 4)

Le texte d'hier, "La malédiction de l'éditeur", m'a été inspiré par deux conversations que j'ai eues au dernier Salon du livre de Montréal.

La première s'est déroulée autour de la table des Six Brumes, avec Jonathan Reynolds, Guillaume Houle et Dominic Bellavance. On discutait du fait que la série de fantasy de Dominic ne contient aucun elfe et que c'était fort original dans le contexte actuel. Jonathan, en déconnant, m'avait dit que de toute façon, les elfes, il était plus capable. Que s'il tombait sur le mot elfe dans une histoire, il ne la finissait pas et il jetait les manuscrits à la poubelle.

Quelques heures plus tard, j'ai brièvement discuté avec Michel Vézina, de la collection Coup de tête. Il avait soupiré que 2009 avait été une très mauvaise année, entre ses problèmes de santé et le suicide de Nelly Arcand. Sur le coup, je m'étais dit qu'il était maudit.

De retour chez moi après le salon, j'avais noté les deux idées : un éditeur maudit et un éditeur ne voulant rien savoir des elfes. Quand l'Ermite a lancé son concours et que je suis passée à travers ma banque d'idées à développer pour voir si quelque chose ne m'inspirerait pas, les deux idées se sont greffées l'une à l'autre et hop, mon petit récit était trouvé.

Pas une pièce d'anthologie, mais de quoi faire sourire je pense :) ... quoique c'est peut-être parce que l'histoire de sa genèse m'amuse...

Bon, de mon côté, j'en suis à ma quatrième journée d'atelier. Je m'ennuie de Vincent à en devenir folle (ou à en rendre les autres dingues) et je manque manque de sommeil. Par contre, alors que je m'attendais à taper un peu sur les nerfs de tout le monde et à ce que les autres commencent à taper sur les miens, on dirait qu'un drôle de phénomène se produit. À force de souffrir tous ensemble et de vivre plutôt entassés les uns sur les autres, une belle complicité se crée. Ça aide à se défoncer au travail et à oublier le reste! :)

Bientôt de retour!

vendredi 25 juin 2010

Bonne fête blogue! (Atelier jour 3)

Ce blogue a un an aujourd'hui. En le commençant, je m'étais donné pour défi de publier un billet par jour de la semaine, pendant un an. Ensuite, m'étais-je dit, j'aviserai. Objectif atteint et dépassé! (J'ai parfois fait des billets la fin de semaine). Pour souligner ça, je vous offre un petit texte original. Demain, je vous raconterai sa genèse.

Oh et oubliez pas que je suis toujours à l'atelier littéraire au Saguenay, donc il est fort possible que je ne réponde pas aux commentaires élogieux que vous allez me laisser ;)

Addendum
Et ça risque d'être parce que je suis morte d'ennui ou de chagrin. Vincent me manque tellement que je suis toujours sur le bord d'éclater en sanglots. Je me retiens, mais c'est limite. J'ai hâte d'être revenue.

--------------------------------------------

La malédiction de l’éditeur

Marcel aurait dû lire le manuscrit depuis des jours. La baisse de ses activités n’a cependant pas changé ses vieilles habitudes. Les auteurs qui insistent pour le rencontrer l’ennuient, alors il se prépare toujours à la dernière minute pour les entrevues. Il aimerait les refuser systématiquement, mais sa maison d’édition périclite. Les auteurs le fuient. Il a besoin de redorer sa réputation. L’écrivain d’aujourd’hui lui a juré qu’il avait un moyen d’y parvenir.

Sceptique, Marcel se verse un café, puis il s’attaque à la lecture du manuscrit. Par habitude, il commence par le feuilleter rapidement, son regard aiguisé parcourant les pages à la recherche du mot honni. Si jamais il le rencontre, le manuscrit prendra le chemin de la corbeille au mépris des promesses de l’auteur.

Il s’arrête au milieu d’une page, réalisant ce qu’il est en train de faire. Une bouffée d’angoisse lui serre la poitrine. Il a recommencé, malgré tout ce qui lui arrive ! Par automatisme, il s’est encore empressé de s’assurer que le récit ne contient pas ce mot…

Marcel se renverse dans son fauteuil le temps de se calmer, puis il se remet au travail. Cette fois, il commence sa lecture à la première page, comme un lecteur bien élevé.

Trois feuillets lui suffisent à se faire une idée du style d’écriture. Pas mauvais, mais pas de quoi rebaptiser le Goncourt. L’intrigue prend quelques chapitres à se préciser. Ce sera une histoire psychologique, plutôt amusante, mais pas très originale, avec des relents du Haute fidélité de Nick Hornby. Le personnage principal est un salaud et un raté. Il enchaîne les copines névrosées. Il espère chaque matin qu’il gagnera le gros lot à la loterie…

L’éditeur consulte l’horloge. Il ne lui reste que quelques minutes avant l’entrevue. Il saute plusieurs chapitres et atterrit au milieu d’une scène où le personnage principal se fait salement corriger par une fille qu’il a insultée. À l’hôpital, il avoue à l’infirmière qu’il est un taré et qu’il ne sait pas par où commencer pour remettre sa vie sur les rails. Qu’il n’a fait, jusque là, qu’attendre que la fortune tombe du ciel. L’infirmière trouve sa franchise touchante…

Un coup de sonnette interrompt l’éditeur dans sa lecture. Il se lève et va ouvrir. Derrière le battant, il découvre un grand type mince, en jeans élimés et chemise tapageuse. Le nouveau venu a le teint blême de celui qui ne fréquente que les bibliothèques et les écrans d’ordinateur. Pas de doute, c’est l’écrivain.

Marcel lui tend la main, en combattant le réflexe qui lui fait fixer les oreilles de son visiteur. Petites et rondes, celles-ci n’ont rien de remarquable.

- Monsieur Quinère, je présume ?

- Appelez-moi Paul, répond l’autre avec un sourire large et une poignée de main solide qui évoquent à Marcel un vendeur de voiture usagées.

- Dans ce cas là, appelez-moi Marcel ! dit l’éditeur en indiquant un siège à son visiteur.

Les deux hommes s’assoient de part et d’autre de la table de travail de l’éditeur. L’ouvrage de Paul Quinère y trône bien en vue.

- Alors ? fait ce dernier au bout d’une seconde de silence. Allez-vous me publier ?

Marcel est un peu surpris. D’ordinaire, les auteurs veulent savoir comment il a trouvé leur récit. Un seul autre lui a demandé d’entrée de jeu s’il allait le publier… Il se secoue pour chasser ce mauvais souvenir. Paul est normal, lui.

- Paul, commence Marcel, je présume que vous êtes au courant des difficultés présentes de ma maison d’édition…

- Difficultés ? s’étonne l’autre. Vous aimez les euphémismes, vous. Dans le milieu, tout le monde sait que vous êtes maudit !

- Une telle affirmation…

- Écoutez, Xang s’est pendu, Yberville a eu une crise cardiaque et Zara s’est fait frapper par un train. Trois décès d’écrivain en un an, c’est déjà étonnant pour une seule maison d’édition, mais quand, en plus, les morts connaissent la même fin que leur personnage principal, ça ne peut plus être une coïncidence.

- Oh, vous, les écrivains, décidément, vous avez trop d’imagination. Je pourrais simplement les avoir tués moi-même, non ? Ça ne vous a pas traversé l’esprit ?

- Si, mais les policiers ont enquêté et ne vous ont pas accusé. Donc… reste la malédiction. D’ailleurs, on murmure partout que vous avez couru après. À ne jamais vouloir publier une histoire parlant d’elfe…

Le mot seul fait sursauter l’éditeur, qui grimace de dégoût.

- À refuser tous les manuscrits qui parlaient d’eux, Marcel, vous avez fini par les offenser et ils se sont vengé.

Tendant de ne pas laisser voir son trouble, Marcel écarte d’un geste les explications de Paul. Il transpire abondamment malgré la fenêtre ouverte. Il se rappelle sa surprise ce jour-là lorsque le visiteur éconduit avait enlevé son béret. Les longues oreilles cireuses hantent encore ses cauchemars…

- Si vous croyez vraiment à cette malédiction, pourquoi voulez-vous publier chez moi, hein ? se défend Marcel.

- Parce que vous êtes mal pris, dit Paul, et que vous êtes donc le seul éditeur à ne pas pouvoir faire la fine bouche. Vous allez me publier, n’est-ce pas ?

- Je…

Marcel réfléchit un instant.

- Bon, je vais être honnête avec vous. Normalement, non, je ne vous publierais pas. Votre histoire, c’est du déjà vu. Cependant, dans les circonstances…

Le visage de l’écrivain s’illumine. Il sait ce qui va suivre.

- Dans les circonstances, d’accord, Paul, poursuit Marcel. Je vais vous publier. Mais… enfin, vous savez que vous prenez un risque statistique, n’est-ce pas ?

À ces mots, Paul éclate de rire.

- Ah, alors c’est vrai que vous lisez rarement les manuscrits jusqu’à la fin ?

Marcel se renfrogne.

- Pourquoi cela vous amuse-t-il ?

L’écrivain répond en affichant à nouveau son sourire de vendeur.

- Grâce à moi, vous allez transformer votre malédiction en occasion d’affaires.

Devant cette affirmation, l’éditeur lève un sourcil incrédule.

- À la dernière page, Marcel, mon personnage gagne le gros lot.

jeudi 24 juin 2010

Atelier : jour 2 (Ceci est un vrai billet)

Bonne St-Jean! Je vous envoie ce billet en direct cette fois! Le gite est en effet doté d'une connection wifi qui fonctionne à peu près normalement :) Désolée pour le coq à l'âne qui suit, mais j'en ai beaucoup à dire et très peu de temps...

L'écriture avance assez bien (j'avais écrit un chapitre de roman dans l'autobus entre Montréal et Québec, alors ça a bien commencé). On tirera les thèmes pour la nouvelle à écrire sur place seulement en fin de journée aujourd'hui finalement (sinon je vous les aurais déjà donnés).

Élisabeth m'a demandé de ré-écrire en "il" mon texte écrit en "je" (arrgggg!). Mais bon, c'est vrai que mon "je" donnais un texte trop moderne pour le propos. J'ai aussi constaté (en lisant les commentaires des autres) que j'ai pris des choses pour acquises côté références historiques. Va falloir que je rajoute des détails!

Après la rencontre avec Élisabeth, histoire de pas trop taper sur les nerfs de mes coateliéristes, je suis allée dépenser un peu d'énergie en joggant sur le bord du Saguenay hier soir. C'était très bien, à part la côte à remonter pour revenir au gite!

Oh et j'ai eu la chance de souper avec Keven hier. Vraiment le fun (quoique toujours étrange de rencontrer en vrai les gens qu'on connaît bien, mais seulement virtuellement). J'espère qu'il est pas rentré chez lui trop tard.

D'après nos coups de fil et courriels, il semble que Vincent n'est pas mort de faim même si c'est moi qui cuisine d'habitude ;)  Me voilà rassurée! hihihi (mais je m'ennuiiiiiiiie!!!)

Demain, ce blogue fêtera sa première année d'existence. Je vous ai donc prévu une petite surprise! :) Restez à l'écoute (même si c'est moins animé que d'habitude). À bientôt!

mercredi 23 juin 2010

Atelier : jour 1

Je suis sans doute en train de faire la grasse matinée en compagnie d'Audrey, mon amie du Lac qui vit désormais au Saguenay et qui m'héberge avant le début de l'atelier littéraire.

Ou alors, nous sommes en train de nous promener dans Chicoutimi.

Ou alors j'ai rejoint Keven pour un café.

Ou alors, je suis très occupée à m'ennuyer intensément de Vincent.

Bref, dans tous les cas, je suis loin de toute connection Internet (je me demande si je vais avoir des symptômes de manque, comme les doigts qui s'agitent dans le vide ou qui cherchent des boutons "refresh"...).

À 17h aujourd'hui, c'est le rendez-vous à l'auberge et le début officiel de l'atelier. Au programme : retravailler une nouvelle soumise au début du mois avec l'aide des commentaires de mes co-ateliéristes ET écrire une nouvelle sur place, à l'aide de mots/contraintes/autres qui seront tirés au hasard, ce soir-même si j'ai bien compris.

J'essaie très fort de ne pas penser au fait que ce sera pas le moment de tomber en panne d'inspiration ou de souffrir d'angoisse de la page blanche... Souhaitez-moi des muses fécondes! :)

mardi 22 juin 2010

En route vers l'atelier

Au moment où me lisez, je suis sans doute déjà dans l'autobus Montréal-Chicoutimi, en route vers l'atelier littéraire d'Élisabeth Vonarburg, version longue.

En gros, au lieu de tenir simplement son habituel atelier littéraire sur une fin de semaine, la Grande Dame a donné cette année la possibilité à certains écrivains débutants (mais qui ont déjà fait leurs preuves) de venir la rejoindre dans son coin de pays pour cinq jours, afin de travailler sous sa férule. J'ai sauté sur l'occasion. Je présume qu'Élisabeth va donc nous enfermer à double tour dans une auberge, nous donner des trucs à travailler, installer des caméras et faire payer les gens pour qu'ils éliminent des participants... Heu, non, s'cusez, je divague là...

Remarquez, j'ai aucune idée de ce qui m'attend exactement. Je sais simplement qu'aujourd'hui j'ai 6-7 heures de bus devant moi. Ensuite, je rejoins une amie de l'université qui vit désormais à Chicoutimi et que j'ai pas vu depuis 3 ans. Je vais squatter chez elle ce soir. On va sans doute jacasser jusqu'aux petites heures. L'atelier ne commence que demain.

D'ici à ce que j'arrive à Chicoutimi, j'ai Bibitte (préalablement chargée à bloc) sur les genoux et je travaille sur mon roman. J'ai pas d'accès Internet, alors je ne répondrai pas aux commentaires. Par contre, le blogue ne devrait pas être trop silencieux pour les prochains jours : j'ai préparé des billets qui devraient s'afficher automatiquement :)

Bon reste de la semaine à vous tous! Pensez à moi qui s'ennuie de vous... et de mon chum!

lundi 21 juin 2010

Revoir 24

Récemment, j'ai eu une de mes pires idées : j'allais réécouter la série 24 (24 heures chrono pour ceux qui l'ont vu en français) dont je possédais les DVD (achetés à l'époque où la série était à peu près inconnue).

Après tout, mis à part quelques scènes avec Terry Bauer (la femme absolument gossante du personnage principal, Jack Bauer) à partir de la douzième heures, j'avais bien aimé la première saison...

Ouille! L'effet de surprise avait dû y être pour beaucoup... Ça et la jolie gueule de Kiefer Sutherland (pour lequel j'ai un faible depuis qu'il a joué Athos).

À la seconde écoute, mettons qu'on voit les câbles avec lesquels ils ont fait tenir l'intrigue de la série (faut dire qu'ils les ont recyclés dans les saisons subséquentes). On se rend compte aussi que les scripteurs n'ont pas travaillé trop fort. Jack Bauer répète encore et encore les mêmes phrases (notamment Damn it!; We're running out of time; You gonna have to trust me; et You gonna tell me what I wanna know). Mon chum m'a aussi fait remarquer qu'aucune femme n'a un rôle utile et positif dans la série (il y a seulement des traîtresses, des boulets et des éléments de décor) et que la performance d'acteur de Sutherland se résume souvent à avoir l'air essoufflé en regardant à gauche et à droite et en parlant au téléphone...

Mais le pire dans tout ça, c'est qu'une fois que j'ai eu commencé à réécouter la série, j'ai pas pu m'empêcher de me rendre jusqu'au bout (au grand désespoir de mon chéri). Pourquoi? Ben parce qu'il y a tout de même des personnages sympathiques dans cette série et que quelques scènes sont vraiment bien faites. Et puis c'est très amusant de voir à nouveau cette histoire, où on tente de protéger la vie d'un sénateur Noir qui sera peut-être le prochain président, après l'élection d'Obama. :)

Par contre, je dois dire qu'après un second visionnement je ne peux qu'être d'accord avec ceux qui disaient que la série 24 a probablement servi de cheval de Troie au gouvernement américain pour faire accepter l'idée d'un plus grand usage de la force. Je ne sais pas si l'auteur de la série avait vraiment cette idée en tête ou s'il est juste arrivé avec le bon concept au bon moment.

Mais on peut s'interroger...

samedi 19 juin 2010

Mon texte chez l'Ermite

Mon texte, "Sang, cendre et poussière", qui s'est rendu dans le top 10 du concours des Milles mots de l'Ermite est présentement en vitrine sur le blogue de Richard. :) Si vous êtes intéressés à connaître un peu plus ma plume et ma façon de créer, je vous suggère donc deux choses :

Premièrement, allez lire le texte! ;) C'est ici. Ensuite, si ça vous intéresse, revenez et lisez ci-dessous mes explications sur la création de ce petit texte qui ressemble peu à mon style habituel et qui m'a demandé pas mal de réflexion.

-----------------

À lire après avoir lu le texte (sinon plaignez-vous pas si je vous vends le punch!)

Le sujet de "Sang, cendre et poussière" m'a été inspiré par la mythologie mésopotamienne après que j'aie fini de lire "L'épopée de Gilgamesh". En effet, les gens de cette époque étaient assez pessimistes (ou réalistes). Contrairement aux religions qui vont suivre, les Mésopotamiens croyaient que la vie sur terre était le meilleur moment de l'existence, car selon eux les morts s'en allaient vivre dans un monde stérile et mangeaient de la poussière. De là est née mon idée d'un monde stérile où les êtres vivants sont ceux qui sont morts dans notre monde et où on plante des graines qui pousseront dans le monde des vivants. Ajoutez une petite morale (chère aux historiens) voulant qu'on construit notre vie grâce à la mort de ceux qui nous ont précédés et vous voyez dans quelles eaux mon imaginaire nageait ;)

Quand cette idée m'est venue, je l'ai notée sans trop savoir ce que j'en ferais. Une nouvelle? Une novella? Un roman? Puis l'Ermite a lancé l'idée de son concours et j'ai décidé de voir si je serais capable de développer mon thème en 1000 mots.

J'ai écrit une première version avec un narrateur en "il". J'ai fait 800 mots et je me suis aperçue que j'arriverais trop long. En plus, j'expliquais trop, alors ça me plaisait pas. J'ai recommencé avec un narrateur en "je" et le texte au passé composé. Déjà, ça avait plus de style. J'ai fait une première version complète. 1200 mots. Ouille, encore trop long.

J'ai commencé à essayer de couper des mots sans couper de contenu. Je me suis retrouvée avec 1100 mots et un texte qui commençait à contenir beaucoup de phrases elliptiques. Presque télégraphiques. Je ne détestais pas cela. Mais il manquait encore quelque chose au texte. Pourtant, j'avais l'impression d'avoir essayé de choisir soigneusement tous les paramètres : idée, narrateur, longueur des phrases...

C'est alors que ça m'a frappée : je n'avais pas fait de travail conscient sur le temps de narration. Or, il existait un temps de verbe qui s'accorderait au style court et elliptique du texte : l'infinitif. J'ai donc repassé sur mon texte, me livrant à l'étrange exercice consistant à retirer le plus de verbes conjugés possibles. En même temps, j'éliminais des pronoms, ce qui m'aidait beaucoup à réduire le nombre de mots.

Le résultat final est donc chez l'Ermite :) J'en suis très fière, surtout à cause de la démarche de création qui l'a accompagné... et pour ceux qui s'inquièteraient : non, d'habitude, je ne réfléchis pas aussi longtemps que ça à un texte! hihihihi! Je ne pense pas qu'il faille nécessairement s'interroger aussi longtemps sur une nouvelle, mais, des fois, ça peut valoir la peine pour nous faire créer quelque chose de différent.

(Et ça permet aussi d'écrire un billet explicatif qui se révèle plus long que le texte lui-même!) :p

vendredi 18 juin 2010

Mes problèmes face au défi 30-30

Au début juin, Mathieu Fortin a lancé le défi 30-30. L'idée? Écrire un résumé de roman fictif par jour pendant 30 jours.

Sur le coup, j'ai trouvé ça génial! :) Voilà qui allait me stimuler de force la fibre créatrice. Bon, le nombre de résumés à pondre m'a un peu fait peur, mais je me suis dit que je participerais au moins irrégulièrement...

Seulement, dès ma première tentative de rédaction d'un faux résumé, je me suis heurtée à plusieurs gros, gros problèmes :
1- Je ne pouvais pas résumer mes projets en cours, par peur de me faire piquer mes idées.
2- Je ne pouvais pas résumer mes idées de projets à venir, par peur de me faire piquer mes idées.
3- Je ne pouvais pas publier les résumés que je trouvais géniaux après les avoir écrits, parce qu'ils devenaient des projets futurs et que je ne voulais pas me faire piquer mes idées.
4- Je ne pouvais même pas publier des versions trafiquées de mes bonnes idées, parce qu'elles deviennent banales quand j'essaie de les maquiller...

Bref, jusqu'ici j'ai inventé 9 résumés. De ces 9 résumés, il y en a 5 que j'ai gardés pour moi, parce qu'ils deviendront peut-être, un jour, des romans ou des nouvelles. J'ai mis 4 résumés en ligne. Une farce et trois trucs pas très bons. Pas de quoi faire une belle publicité à ma plume ou à ma créativité. :(

J'suis peut-être parano de ne pas avoir voulu mettre mes bonnes idées en ligne. Sauf que... Sauf que tout circule tellement vite sur le net. Et j'ai tellement plus d'idées que je n'ai de temps pour les écrire. Ça me désolerait que quelqu'un les développe à ma place.

Qu'est-ce que vous en pensez? J'ai bien fait ou pas de garder mes meilleures idées pour moi? Est-ce que je devrais disséminer à tous vents mes rares traits de génie et offrir du contenu gratuit? Ou est-ce que vous comprenez mon désir (mercantile diront certains) de conserver un certain contrôle sur les fruits de mon imaginaire?

Enfin, dans tous les cas, ce défi aura fait naître 5 embryons d'histoire. On verra bien ce qu'elles donneront ;)

jeudi 17 juin 2010

La création et l'art, ce n'est qu'un loisir

Je lis rarement le Devoir, mais je suis tombée sur cet article hier.

Il concerne le dernier projet de loi visant à modifier la Loi sur le droit d'auteur. Un projet de loi (un autre) qui fait peur.

Premièrement, comme on le souligne dans l'article, c'est un projet de loi qui est fait pour et par l'industrie. On y prévoit beaucoup de mécanismes (notamment l'inviolabilité des verrous numériques) pour que les industries établies puissent dormir sur leur montagne de profits pendant encore un bout de temps.

Deuxièmement, c'est un projet à courte vue. Il concerne le modèle économique actuel, où chacun possède sa copie d'une oeuvre. Pas un modèle où on va écouter une chanson en ligne sur Youtube ou lire une nouvelle sur un blogue.

Troisièmement, c'est un projet qui se fout des créateurs. Dans un monde idéal, avec l'avènement du streaming et des lecteurs de ebook, les redevances comme celles versées sur les CD vierges auraient dû être étendues aux nouveaux supports (téléphones intelligents, lecteurs divers et même, pourquoi pas, carrément jusque sur les ordinateurs et les consoles de jeu). Sauf que ce n'est pas le cas. Pire, les protections déjà en place seront affaiblies (notamment dans le domaine de l'éducation où, si je comprends bien, on n'aura plus rien à payer lorsqu'on utilise des extaits d'une oeuvre).

Le message final est clair : pour le gouvernement en place, la création et l'art, ce n'est qu'un loisir, pas un travail sérieux. Vous ne devez pas vous attendre à en tirer un revenu. Vous pouvez vous amuser à créer, mais ce seront les fournisseurs d'accès Internet et les vendeurs de téléphones qui feront l'argent.

Désolant. Notre seul espoir semble être que ce foutu projet de loi ne soit pas adopté. :(

mercredi 16 juin 2010

Je devrais travailler dans un attrape-touriste

Imaginez la scène. Quatre touristes Américains (ou Français ou Japonais) gesticulent autour d'un plan, sur un coin de rue bondé du Vieux Montréal ou au pied des escaliers du métro. Une foule de gens les dépassent dans l'indifférence des deux parties. Mais, immanquablement, quand ces touristes déroutés par les pancartes en français finissent par apostropher quelqu'un pour avoir de l'aide, sur qui ça tombe?

Moi.

Bon, c'est peut-être juste parce que j'ai l'air naturellement serviable et gentille. Ou alors c'est parce qu'un sixième sens permet à ces pauvres âmes perdues de deviner que je comprends leur langue. Toujours est-il qu'en période d'affluence touristique, je remets quotidiennement deux à trois groupes de touristes sur la bonne voie.

Jusque là, ça pourrait sembler banal. Cependant, j'ajouterais que je me fais également régulièrement inviter à suivre lesdits touristes dans leurs périples. Les Américains surtout semblent particulièrement friands de ma binette et voudraient bien l'amener avec eux dans les bars, les restos... et même au Grand Prix.

À chaque fois que ça arrive, je me dis que je devrais m'ouvrir un musée attrape-touriste ou une boutique d'articles "I love Montreal". Je ferais fortune je pense. J'attire les touristes aussi sûrement qu'une tour croche ou un rocher troué!

Enfin, je suppose que je devrais pas me plaindre. J'ai eu une amie qui attirait les repris de justice...

Et vous, vous avez des atomes mystérieusement crochus envers des groupes de gens particuliers?

mardi 15 juin 2010

Que fait-on après l'école de magie?

Depuis la vague Harry Potter, on lit beaucoup d'histoires d'écoles de magie de toute sorte, où des jeunes apprennent à manier des pouvoirs tous plus extraordinaires et puissants les uns que les autres. Cependant, bien peu de ces romans s'attardent sur l'après "graduation". 

C'est là que réside une bonne part de l'originalité du livre que je viens de finir, The Magicians de Lev Grossman (qui n'est malheureusement pas encore traduit). Ce roman commence comme les autres classiques du genre : des jeunes sont invités à se joindre à une école de magie très secrète et on les suit alors qu'ils accomplissent leur scolarité et s'émerveillent de leurs nouveaux pouvoirs, s'amourachant au passage les uns des autres. Cependant, cette époque de scolarité n'occupe même pas le premier tiers du bouquin.

Et tant mieux, car c'est à la sortie de l'école que les choses deviennent vraiment intéressantes. En effet, le monde appartient à ces jeunes sorciers. Littéralement. Ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent. Rien n'est à leur épreuve ou hors de leur portée...

Rien, sauf, pour un petit groupe d'entre-eux, le bonheur. Dépourvus de raison de vivre, ces jeunes magiciens cherchent la réponse à leur mal être au fond de bouteilles, de seringues, de lits aux draps froissés... ou dans les livres de conte qui ont bercé leur enfance, livres où les jeunes gens venus de la Terre sont des rois... livres qui ne sont que l'expression d'une dimension parrallèle qui existe réellement, à quelques sortilèges de là... La tentation est grand d'aller se réfugier dans ce monde où tout est si simple...

Mais vous devinez sans doute que le remède du vague à l'âme ne sera pas si facile à trouver!

The Magicians constitue un excellent roman, peuplé de personnages vrais à défaut d'être toujours sympathiques. On réfléchit pas mal, tout en le lisant, à ce qui nous tire en avant et nous donne envie de vivre. Je suppose qu'on apprécie d'autant plus la lecture si on peut refermer le livre en se disant en souriant que, nous, nous saurions quoi faire de nos merveilleux pouvoirs une fois sortis de l'école de magie! ;)

lundi 14 juin 2010

Qui aura la peau de Panzer Bishop - Extrait

Le numéro 13 de Biscuit Chinois est enfin sorti! :) (Le lancement était vendredi soir en fait. Mais comme c'était loin de chez moi et que les détails me sont parvenus un peu à la dernière minute, j'ai dû passer mon tour. Ce n'est que partie remise).

Le thème du numéro est Hôtel/Motel.  C'était parfaitement approprié à ma nouvelle, où un jeu de pouvoir en coulisses d'une ligue de combats ultimes se passe justement dans une suite d'un hôtel luxueux. Voici un extrait du texte. Pour commander le numéro de la revue, c'est ici. Ne vous inquiétez pas : le site n'est pas à jour, mais on m'assure que si vous demandez le numéro 13, vous l'obtiendrez! :)

-------------------------

Qui aura la peau de Panzer Bishop?

Les projecteurs s’allument dans la cage. Au milieu des cris de la foule, l’annonceur présente les deux combattants. Dans le coin droit se tient Francis Labé, une sculpture vivante à la gloire de la puissance guerrière : six pieds et demi de force pure, deux cent cinquante livres de muscles nerveux, vingt-deux ans d’une vie consacrée au combat. Sa présence est si impressionnante que chacun de ses pas tranquilles semble ébranler l’arène surélevée. Dans la foule, des femmes se pâment pour lui en hurlant son nom, tandis que de jeunes hommes en costumes décontractés l’encouragent en brandissant les poings.

En face de lui, John « Panzer » Bishop fait triste figure. Le vétéran vient tout juste de souffler sa trentième bougie, mais il a l’air d’avoir quarante ans bien sonnés. Une bedaine de bière pend par-dessus la ceinture de son short. Ses bras ont la taille de troncs d’arbre, mais la consistance de jambonneaux. Alors que Labé attend le début du combat en se dégourdissant posément les jambes, Panzer fait les cent pas de son côté de la cage en marmonnant dans sa barbe avec un air d’enragé. Curieusement, malgré son aspect décati, il ne manque pas de spectateurs pour l’acclamer. Ce sont pour la plupart des brutes épaisses ou des motards vieillissants qui lui ressemblent beaucoup et que l’odeur du sang a attirés à ce gala de combats ultimes.

L’arbitre s’avance. Il regarde un instant les deux adversaires si dissemblables, l’air de se demander si on ne lui a pas joué une mauvaise farce, puis il donne le signal du départ.

[...]

Une demi-heure après l’appel de Coltane, les deux hommes sont toujours seuls dans la suite louée par Lenoir. Celui-ci ne fait même plus d’efforts pour cacher son impatience. L’argent gagné ces dernières années, depuis la mise sur pied la ligue, l’a habitué à plus d’empressement.

- Quand est-ce qu’elle se pointe, ta greluche ? explose finalement le président.

L’autre grimace.

- J’éviterais d’être impoli avec elle, met-il en garde. C’est une amie de la famille tu sais…

La précision refroidit brusquement Lenoir.

- Tu veux dire que ce sera ce genre de solution-là ? Je pensais que tu avais coupé les ponts ? On peut pas se permettre…

L’Italien gesticule brièvement de façon apaisante.

- Ne t’en fais pas. De toute façon, en cas de problème, c’est ma tête qui va rouler, si? fait observer Lucio en alourdissant volontairement son accent. C’est moi l’assistant louche. Toi, tu es le président blanc comme neige.

Lenoir sourit et s’apprête à répliquer lorsqu’un coup bref retentit contre porte de la suite.

- Pas trop tôt, marmonne le patron tandis que son assistant va ouvrir.

La femme qui pénètre dans la suite est d’une élégance si superbement distinguée que Lenoir ne peut pas s’empêcher de l’imaginer en escorte de haut vol. Sa beauté est d’une perfection glaciale, soulignée par de courts cheveux blonds et les fines rides de la quarantaine. Ses talons aiguilles ressemblent à des épées qui embrochent l’épaisse moquette à chaque pas. En lui tendant la main, elle adresse à Lenoir le sourire condescendant des femmes de pouvoir.

- Daniel, fait Coltane, laisse-moi te présenter madame Kathryn.

vendredi 11 juin 2010

Bibitte, mon meilleur achat

Quand j'ai acheté Bibitte (mon mini-portable) j'avais bien pris le temps de cerner mes besoins : légèreté, petitesse, grande autonomie, capacité de naviguer sur le web et de traiter du texte.

Au début, je pensais me servir de Bibitte un peu comme d'un carnet, c'est-à-dire pour les séances d'écriture rapide, et utiliser mon vieux portable ou un poste fixe pour les autres opérations. Mais finalement, après quelques jours d'acclimatation à la taille de l'écran et du clavier, je me retrouver à travailler sur Bibitte 95% du temps. Pourquoi? Hé bien tout simplement parce qu'elle correspond exactement à mes désirs.

Grâce à elle, je connais enfin les joies d'écrire avec un ordinateur sur les genoux sans prendre deux places de large sur le sofa, sans avoir les cuisses engourdies au bout d'une demi-heure et sans avoir peur que quelqu'un se prenne les pieds dans le fil. :) Je n'ai plus à vivre cloîtrée dans le bureau. C'est mon chum qui est content de m'avoir à côté de lui pendant la soirée! :) (surtout depuis qu'il a réalisé que ça signifie que je peux lui chercher des trucs sur les walktrought de ses jeux vidéo... hihihi)

Bon, je dois admettre que quand un certain directeur littéraire (suivez mon regard) m'envoie un texte bariolé aux couleurs de l'arc-en-ciel, j'apprécie avoir un peu plus de surface de travail, mais sinon je blogue, je lis les nouvelles, j'envoie mes courriels, je fais mes recherches et j'écris uniquement sur mon mini-portable.

Bref, Bibitte, c'est mon meilleur achat depuis fort longtemps!

En plus, je suis assez fière de moi, parce qu'on s'entend qu'on est dans une société qui nous encourage davantage à acheter la dernière bébelle plutôt qu'à choisir celle qu'il nous faut. Or, les produits sont en train de devenir à la fois très évolués et très spécialisés, alors il faut prendre le temps de savoir ce qu'on veut et pourquoi on le veut :)

Et vous, avez-vous fait des bons coups ou des mauvais coups côtés équipement technologique (ou autre) dans la dernière année?

Et Luc, comment va ta relation avec Mona? (c'est son Ipad)

jeudi 10 juin 2010

Noires nouvelles ou gare aux clowns

Je ne fais pas partie des gens qui trouvent les clowns sinistres ou inquiétants. Personnellement, je les trouve juste laids. Cependant, je suis consciente que cette peur des clowns existe. Je ne sais pas si Michel J. Lévesque l'a déjà ressentie, mais en tout cas il semble s'en être inspirée pour créer ses Odi-Menwatt, un ordre de clowns-assassins que l'on retrouve dans environs la moitié des récits de son recueil "Noires nouvelles". J'ai adoré ces Odi-Menwatt :  le nom sonne bien, le costume (un imperméable noir, un feutre à larges bords et une canne épée) est génial et la mission de redresseurs de torts permet des intrigues noires à souhait. Délicieux! :)

Les autres nouvelles du recueil mêlaient elles aussi avec justesse des éléments de SF, de fantastique et de noir, en une combinaison qui m'a énormément plu.

En fait, dans tout le recueil, seules deux choses m'ont agacée. Premièrement, je sais pas pourquoi, mais les personnages vivaient dans des logements dits "biotopes". J'ai trouvé que l'adjectif était lourd, un peu comme si l'auteur avait voulu nous rappeler un peu maladroitement qu'on lisait de la SF, ce qui ne me semblait pourtant pas nécessaire.

L'autre chose, ce fut la nouvelle "Une porte sur Methlande" où une femme doit sauver le royaume des rêves en préservant la vie de son imbécile de mari, car là-bas il est un prince bon et noble... J'ai détesté. Au milieu des autres récits, sombres et violents, elle m'a semblé d'une légèreté incongrue, peuplée de deus ex machina agaçants, en plus de sentir le relent de "Talisman" de Stephen King/Peter Straub (qui n'est déjà pas leur meilleur roman).

Cette nouvelle mise à part, le reste du recueil est du bonbon. J'espère que Lévesque écrira un jour un roman prenant les Odi-Menwatt et les Arcurides pour thème, parce qu'il me semble que son cycle de nouvelle a à peine effleuré la surface de l'univers qu'il a créé. En attendant qu'il se décide, le recueil est à lire! :)

mercredi 9 juin 2010

Des nouvelles de mes activités littéraires

Bon, je me rends compte que ça fait longtemps que j'ai pas fait le bilan d'où j'en étais dans mes activités littéraires, alors puisque je manque un peu de sujet aujourd'hui, c'est le bon moment! ;)

Ok, alors en premier lieu, mon texte dans Biscuit Chinois, "Qui aura la peau de Panzer Bishop?", devrait paraître vers la fin du mois. Comme le site est pas à jour et que l'équipe de la revue me paraît ultra-débordée, c'est dur d'en savoir plus. Dès que je serai fixée, je vous mettrai, comme d'habitude, un extrait du texte. Je peux déjà vous dire que c'est une histoire à la fois noire et parodique où une ligue de combats ultimes est aux prises avec une vedette encombrante. Cette histoire m'était venue à une époque où je regardais des vieux UFC et où j'avais hâte d'être débarassée de l'une de leurs têtes d'affiche. Donc toute ressemblance avec des personnes réelles sera totalement volontaire, mais les faits restent fictifs! hihihi

Ma parution dans Alibis, "Seppuku", devrait elle aussi être en vente cet été. Cette nouvelle-là est du noir, point. C'est même probablement le texte le plus noir que j'aie réussi à faire sans tomber dans le trash ou le gore. Au moment où je l'ai écrite, elle fut très libératrice. Vous comprendrez peut-être pourquoi en la lisant ;) Là encore, je vous mets un extrait dès qu'elle sera en vente.

Alors que ces gentils textes sont sur le point d'arriver enfin en format imprimé, je continue à travailler sur mon roman jeunesse (dont il me reste moins d'un tiers du premier jet à écrire et que j'espère finir à la fin août) et je dois aussi corriger ma nouvelle pour Brins d'éternité (d'ici fin juin)Une fois ces deux projets terminés (ou, en bonne voie dans le cas du roman jeunesse), je vais retravailler ce qui sera, peut-être, si la réécriture va dans un sens qui plaît à l'éditeur, mon premier roman adulte! (Vous comprendrez que je peux pas en dire plus pour le moment, sinon que sera noir et fantastique). À temps perdu (riez pas!) j'essaie de songer à l'historiette de 500 mots pour très jeune enfant qu'on m'a mise au défi de composer... Bref, d'ici janvier 2011, mon agenda est plein!

En plus, je dois bientôt aller passer cinq jours au Saguenay sous la houlette d'Élisabeth Vonarburg. Je vais arriver là-bas avec un texte à retravailler et on doit en pondre un autre sur place, ce qui fait que je reviendrai peut-être avec deux trucs publiables dans mes cartons! :) (ou plutôt dans le ventre de Bibitte).

À travers tout ça, je travaille toujours à temps plein (d'ailleurs mon nouveau poste me demande d'être plus éveillée que le précédent, ce qui me force à augmenter ma consommation de café! lol!) et j'arrive à maintenir un rythme d'entraînement minimal (mais je dois avouer que je suis plus près de 4h semaines que de mes anciennes 6h30 ce qui se ressent sur mon humeur et ma forme physique).

Bref, on s'ennuie pas par chez nous. Et vous, ça va? :)

Addendum
Et Alamo vient de me faire réaliser que j'aurai un petit texte qui paraîtra chez l'Ermite de Rigaud au cours de l'été. Là encore, je vous tiendrai au courant.

mardi 8 juin 2010

Les yeux du dragon

Étant donné que je suis en train d'essayer d'écrire un roman pour ado, j'ai plongé dans ma bibliothèque et j'en ai ressorti LE roman qui m'a marquée quand j'étais ado : Les yeux du dragon de Stephen King.

Ce livre aurait pu être le premier roman que je lisais en anglais, car c'est dans cette langue qu'il m'avait été donné par mon papa. J'ai passé péniblement à travers les 30 premières pages. C'était trop pour moi à l'époque, mais, déjà, ma curiosité avait été piquée. Je l'avais donc emprunté en français à la bibliothèque... et je l'ai dévoré! Des années plus tard, j'en ai reçu une version en grand format, illustrée, version que je chérie toujours et dans laquelle je me suis replongée derrièrement. Les trajets d'autobus ont passé très vite cette semaine! :)

Le roman raconte l'histoire de deux princes, Peter et Thomas, héritiés d'un royaume où plane depuis des années l'ombre de Flagg, le sombre magicien qui conseille le roi Roland, leur père. Roland, ce roi qui un jour tua un dragon...

Évidemment, derrière ce résumé qui pourrait avoir l'air convenu se cache la plume de King. Le bon roi Rolland est donc un petit gros un peu simplet, Thomas est jaloux de son frère, Peter est droit au point d'en être naïf et Flagg... Flagg est effrayant, sombre, sournois, rusé, avec un sens de l'humour macabre... Bref, c'est sans doute un des meilleurs personnages de méchant magicien que King ait créé. Ce n'est pas pour rien qu'il l'a ensuite repris dans Le Fléau et dans son cycle de La Tour Sombre.

Si vous ne l'avez jamais lu et que vous avez envie d'un bon roman de fantasy, d'une facture semblable à celle des meilleurs contes, je vous suggère de regarder du côté de celui-ci. De regarder... avec les yeux d'un dragon ;)

lundi 7 juin 2010

C'est le métier qui rentre

La semaine dernière, j'ai assisté à un gala de remise de bourses culturelles dans ma région. J'avais en effet présenté un dossier en tant qu'artiste de la relève (ce qui me rendait éligible à un faramineux montant de 750$) et on m'avait appelée pour confirmer que je serais présente. Me fiant aux concours littéraires auxquels j'ai participé, je me suis dit que si on m'appelait, c'était bon signe et je me suis présentée là avec un bon espoir de gagner un petit quelque chose...

En arrivant, j'ai fait quelques constatations :

Premièrement, je n'étais pas habillée assez chic comparativement au "gratin" présent (des maires des alentours et des représentants des Caisses Desjardins). Les prix avaient beau être minimes, les efforts d'élégance déployé variaient de l'important au tape-à-l'oeil. Ma tenue bohème-chic (portée au bureau dans la journée) n'était pas le ton. Cependant, comme j'étais aussi très en dessous de la moyenne d'âge, on pouvait sans doute m'excuser.

Deuxièmement, ce n'était pas un événement où le réseautage pouvait se révéler fructueux puisque personne n'était identifié et qu'on n'y rencontrait que des artistes de différents domaines et les baîlleurs de fonds. Pas d'éditeur ou autre producteur artistique et aucun moyen de savoir si d'autres écrivains étaient présents.

Troisièmement, après que j'aie pris quelques gorgées de ma coupe de vin rouge, mon chum m'a fait remarquer que j'aurais dû y aller pour du blanc : si on devait me prendre en photo après la remise de la bourse, le vin rouge me ferait des dents grises. Je l'ai noté pour la prochaine fois...

Quatrièmement, comme m'a dit Vincent, il aurait fallu se munir d'un pare-bave, parce que les organisateurs et baîlleurs de fonds ont chacun prononcé un petit discours (systématiquement trop long et ennuyant) et en ont profité pour se faire une lèche éhontée. Assez pénible, mais bon, si on devait me payer, je pouvais endurer...

Malheureusement, dès la première remise de prix, le présentateur nous a annoncé que chaque récipiendaire s'était fait demander de préparer un petit mot pour nous expliquer en quoi l'argent allait l'aider à avancer dans ses projets. Comme on ne m'avait pas demandé de préparer quoique ce soit, j'ai su dès ce moment que je venais de perdre ma soirée. Bon, c'est le métier qui rentre je suppose : la prochaine fois, je saurai que si on m'appelle pour confirmer ma présence, je devrai demander si j'ai quelque chose à préparer. Devant une réponse négative, je trouverai une excuse pour me défiler.

Bref, soirée de discours dégoulinants et de performances artistiques assez moyennes (dont l'une faite par une fille qui a comme par hasard gagné une bourse de la relève, alors que ses chansons tournent déjà à la radio FM, tandis que sa mère a remporté une bourse lui permettant de mettre en marché le CD de sa fille, mais non, non, y'a pas de plug voyons...).

Il y a quand même eu un moment très comique dans la soirée : un couple dans la cinquantaine a reçu une bourse pour leur projet consistant à aller donner des concerts de chansons des Beatles dans des églises, en les jouant à l'aide de... un orgue, une harpe celtique et une harpe paraguaïenne! Ils auraient faits de très bons invités pour la radio-communautaire de Pérusse, après le café-chrétien jazz...

vendredi 4 juin 2010

C'est quoi un narrateur absent?

Hier, j'ai parlé du narrateur absent (allez voir : c'est juste en dessous). Suite à ce billet, on m'a posé plusieurs fois la même question : c'est quoi un narrateur absent? (La plupart l'ont fait par courriel, preuve que Pierre est le plus courageux de mes lecteurs... Hihihihi)

J'explique donc (mais gardez à l'idée que je suis loin d'être une experte de la question). Le narrateur absent, c'est celui qui décrit sans prendre parti, sans adopter un point de vue plutôt que l'autre, comme si la scène était un tableau ou quelque chose qui était observé à vol d'oiseau. Il n'entre pas dans la tête des personnages ou, s'il le fait (et s'éloigne ainsi un peu du narrateur absent classique), il n'explique pas les raisons des sentiments qu'il décrit. Il est neutre, descriptif, point. Je vous donne un exemple :

L'homme et la femme se regardent, de part et d'autres de leurs cafés refroidis. Elle se mord les lèvres. Il se penche vers elle, pose la main sur la table, paume vers le haut. Elle jette un coup d'oeil à cette main, en enroulant nerveusement une mèche de ses longs cheveux autour de son annulaire gauche. Une fois. Deux fois. Il lui sourit, mais cela semble un peu forcé. Trois fois. Elle attrape vivement son sac à main, bondit sur ses pieds.
- Non, je ne peux pas, jette-t-elle en s'éloignant.

De quoi ont-il parlé? Que voulait l'homme? La narration n'en dit rien, mais vous imaginez sans doute déjà un scénario. Si vous êtes observateurs, vous avez au moins un indice : la conversation a dû durer, puisque je précise que les cafés se sont refroidis. Si vous faites dans le symbolisme, vous avez peut-être aussi noté que la femme enroule ses cheveux autour de son annulaire gauche, doigt où on met les alliances. Ce doigt est-il mentionné par hasard?

Hé bien non, sans doute pas (pas du tout en fait, mais je triche : je le sais parce que j'ai écrit le texte...). Avec le narrateur absent, l'auteur doit subtilement orienter le lecteur, le pousser à croire une chose plutôt qu'une autre, afin que le récit reste cohérent. Évidemment, il peut donner beaucoup d'indices à travers les dialogues. Ici, j'utilise même un adverbe (nerveusement) qui nous fait entrer dans la tête de la femme, mais en nous donnant seulement son état d'esprit, pas ses motivations. Cependant, il est aussi possible de recourir aux symbolismes et aux lieux communs pour pousser le lecteur à penser d'une façon plutôt qu'une autre.

Dans la nouvelle dont je parlais hier,  Les sept ponts de Mishima, quatre personnages tentent d'accomplir un rituel supposé exaucer l'un de leur voeu. L'auteur décrit l'un des personnages comme étant laid, bizarre, d'abord désagréable. À la fin du récit, comme il est le seul à voir réussi à accomplir le rituel et qu'il refuse de révéler son voeu, on le soupçonne invariablement d'avoir souhaité l'échec des trois autres personnages... pourtant, rien dans la narration ne nous permet d'en être sûr!

C'est ce genre de tour de force qui m'impression avec le narrateur absent. Vous voyez pourquoi à présent?

Addendum
La seconde question qu'on m'a posée hier c'est : y a-t-il des textes écrits avec ce narrateur-là au Québec? Je ne me souviens pas en avoir lu, alors je fais un appel à tous!

jeudi 3 juin 2010

L'art japonais du narrateur absent

À chaque fois que je relis Dojôji de Yukio Mishima (et surtout la nouvelle Les sept ponts), j'ai l'impression de recevoir une taloche donnée à un élève maladroit par un maître impatient. Après avoir lu ça, comment est-ce que je peux penser que ce que j'écris, ce sont des nouvelles valables?!?

Mishima est connu pour ses romans (très revendicateurs sur les plans de la culture guerrière et de l'homosexualité), mais je trouve que l'apogée de son art reste dans ses nouvelles. En fait, je dirais que tout ce que j'ai lu des auteurs japonais montre une maîtrise de la forme courte que l'on retrouve peu chez les Occidentaux. Ils arrivent à en raconter beaucoup en très peu de mot, principalement parce qu'ils usent souvent, et avec brio, de l'un des narrateurs les plus délicats et difficiles de la littérature : le narrateur absent.

Les nouvellistes et une bonne partie des romanciers japonais donnent l'impression qu'ils n'écrivent pas, mais qu'ils peignent simplement des tableaux. Ils nous décrivent les gestes des personnages, les éléments du décor, rapportent les paroles... et nous laissent faire les liens, deviner les implications, les pensées, les motivations. On termine donc notre lecture en ne sachant pas trop ce qu'on doit penser des actions qui se sont déroulées, en prenant arbitrairement parti pour l'un ou l'autre des personnages... comme si la scène s'était réellement passée sous nos yeux, quoi!

Certains lecteurs n'aiment pas ce genre de récit, mais moi je dois dire que j'adore. J'espère bien arriver à écrire un truc du genre un de ces jours...

Et vous, le narrateur absent, il vous plaît? vous déplaît? vous fascine? vous décourage?

mercredi 2 juin 2010

La voix du couteau : on adore ou on déteste

Je viens de finir "La voix du couteau" de Patrick Ness, une recommandation de mon éditeur. L'écriture, m'avait-il dit, y est très particulière. Ouille, particulière en effet. C'est une véritable esplozion de termes approzimatifs qui donnent l'impression que le personnage a pas reçu une ben grosse éducassion.

Non, la phrase précédente n'est pas une erreur, ni une exagération. Le livre tout entier est écrit comme ça. Dès qu'un mot est un tantinet compliqué, l'orthographe en est tordue. Cela nous permet vraiment d'entrer en raisonnance avec le personnage principal... mais ça peut aussi taper sur les nerfs. Personnellement, je suis passée par-dessus et, au bout d'un temps, ça a participé à la couleur du récit. Mon chum a abandonné sa lecture au quart du bouquin et m'a demandé de lui raconter le reste.

Le reste... c'est un peu ici que le bât blesse en fait. Au plan des personnages, c'est pas si mal. Le personnage principal est un jeune adolescent solitaire et tourmenté, qui s'exprime avec une certaine violence, mais qui, au moment crucial, révèle un coeur tendre, et même trop tendre pour son propre bien. Il est apparié avec une jeune fille dégourdie et allumée, assez classique. Les interractions entre les deux sont intéressantes et réalistes, mais pas très originales. En fait, l'aspect de la psychologie des personnages qui sort le plus de l'ordinaire est probablement l'espèce de vénération mystique que le personnage principal voue à son couteau (une version à longue lame crantée façon Rambo). Cela dit, comme Vincent me l'a souligné, c'est un peu malsain comme concept...

L'intrigue du roman quant à elle est une longue fuite en avant, ponctuée de révélations plus ou moins surprenantes. Au début, il n'est pas supposé y avoir de femme sur la planète où se déroule le récit, puisqu'elles ont supposément toutes été tuées par une épidémie. Et puis on rencontre la jeune fille. Qui ne tombe pas malade et ne meurt pas. Puis on découvre...

Encore autre chose. Couche par couche, le mystère qui entourait l'histoire de la planète et de ses coutumes nous est dévoilé. C'est triste car, au bout du compte, il me semble que ce qu'on découvre en dessous est banal. Cruellement et violemment banal.

Cela dit, c'est un roman destiné aux adolescents. Étant moins blasés que moi, peut-être vont-ils en tomber sur le derrière et avoir envie de lire la suite de la série. Pour ma part, je m'arrête ici.

Addendum
Ma critique ayant l'air surtout négative, je précise : la majeure partie du bouquin m'a tenue en haleine. La fuite en avant est fort intéressante, ainsi que le mélange des genres. Ce n'est qu'une fois le bouquin refermé et analysé que ça se gâte un peu. Je ne le relirais pas, mais le lire fut très agréable.

mardi 1 juin 2010

Un petit coup de blues (ajout)

En fin de semaine dernière, Vincent et moi avons décidé de jouer les associaux. On a refusé toutes les invitations, repoussé toutes les tâches ménagères à plus tard et on a passé deux jours à la maison, à se détendre, profiter de la présence de l'autre, regarder des films, jouer à des jeux vidéo (pour Vincent) et écrire (pour moi).

Ça faisait longtemps que j'avais pas pu autant avancer mes projets d'écriture en si peu de temps. J'ai corrigé la nouvelle que je dois présenter à l'atelier littéraire à la fin du mois, relu encore une fois un texte que je dois retravailler sous peu, écrit deux nouveaux chapitres de mon roman jeunesse, retouché mon plan et préparé quelques billets de blogue, dont des trucs pour le défi 30-30 de Mathieu Fortin (qui a eu l'idée de nous demander d'écrire un résumé de livre qui n'existe pas chaque jour pendant 30 jours).

Bref, ça a été une fin de semaine que je pensais ressourçante.

Au bout d'une heure de retour au travail, hier, j'avais déjà déchanté. Au contraire, je pense que la fin de semaine m'a juste montré à quel point ma vie serait agréable si je n'avais pas à me pointer au boulot 5 jours sur 7. Misère.

J'ai réalisé aussi qu'avec mon horaire de fous et l'atelier littéraire qui vient, je peux oublier le défi 30-30. Ça me chagrine, mais faut que je respecte mes priorités : mes projets d'abord. Cela dit, je publierai peut-être un résumé ou deux, on verra bien.

Le coup de blues se poursuit ce matin. Vivement les vacances!

Addendum
Écrivez-moi pas que je trouve le boulot pénible parce que j'aime pas ma job, ok? Je sais depuis longtemps que personne est prêt à me payer un salaire décent pour ce que j'aime faire (écrire, faire des recherches et m'entraîner). Et puis j'ai de la misère à croire que même les gens passionnés par leur métier n'y vont pas à reculons de temps en temps...

Re-Addendum
Ah pis je triche un peu : j'ai participé au défi 30-30. Si jamais c'est ma seule contribution, on saura pourquoi... ;)