lundi 8 mars 2010

Les Moufettes attaquent au crépuscule

Ces temps-ci, étant donné mes projets personnels, je me suis lancée dans la lecture de romans pour ados, lecture dont j'essaie de tirer des enseignements. Mon premier arrêt (amitié virtuelle et curiosité pathologique obligent) fut donc du côté de Dorbourg et de Les moufettes attaquent au crépuscule, premier roman de François Bélisle.

L'intrigue de ce tout petit bouquin est simple : un quatuor d'amis décident de venger la fermeture de la maison des jeunes de leur ville en fomentant un "attentat" à l'eau de javel contre les tenues de gala de personnes bien en vue. Cette trame narrative principale (et toutes les interractions qu'elle provoque entre les jeunes personnages) n'occupe toutefois que la moitié du récit environ, car ce que les jeunes ignorent (mais que le lecteur découvre), ce sont tous les jeux politiques qui se déroulent en arrière-plan et qui ont motivé la fermeture de la maison des jeunes. 

Le roman, à cause de cette dimension politique, est à la fois très original... et un peu frustrant. Original, car il est rare que les romans pour ados introduisent une dimension politique. Frustrant, car le jeu politique reste très en surface et il est raconté plus que vécu. Cependant, ce dernier reproche est celui d'une lectrice adulte. Un ado préférerait sans doute cette façon de lui mâcher l'ouvrage.

La narration du roman est à souligner : l'auteur s'est amusé à faire varier le point de vue de narration d'un chapitre à l'autre, en employant toujours le "je". Cela introduit une belle dynamique, mais les points de vue sont si nombreux que je suis restée un peu sur ma faim en terminant ma lecture : il me semble que je n'ai pas eu le temps de connaître la myriade de personnages... mais bon, voilà encore un reproche de lectrice aguerrie! (Et, peut-être, un travers de romancier qui en était à sa première oeuvre?)

La série comptant désormais deux suites, je suis certaine que les deux tomes supplémentaires satisferont mon envie de découvrir davantage les habitants de Dorbourg, plus précisément le quatuor de personnages principaux! :)

Bref, à lire... avec les tomes 2 et 3 à portée de la main :)

Leçon tirée de ma lecture : restreindre le nombre de personnages ou écrire un gros roman... ou faire accepter tout de suite des suites! :p

4 commentaires:

Isabelle Lauzon a dit…

Point de vue intéressant : Analyser ses lectures et en tirer des leçons. Je vis souvent la même frustration que toi, lorsque je lis des romans pour adolescents. Les idées sont souvent formidables, mais la superficialité qui régit le traitement global me laisse souvent sur ma faim. Enfin, c'est là le problème de la lectrice adulte qui carbure aux lectures jeunesse... ;)

D'un autre côté, les romans pour ados me rejoignent souvent davantage au niveau des sentiments véhiculés, des éléments fantastiques et de science-fiction.

Enfin, tu fais bien de puiser dans cette catégorie de romans les éléments qui te permettront de mieux cibler lors de ton écriture. Une recherche essentielle, si tu veux que le résultat conviennent à ce type de public.

Gen a dit…

J'ai à peu près complètement sauté l'étape "roman jeunesse" dans ma démarche de lectrice (j'étais une ado qui carburait aux romans pour adultes). Alors là, je découvre...

Et je n'en reviens pas de tous les raccourcis de narration... Mon éditeur va devoir s'armer d'un maudit gros crayon rouge pour rayer tous mes blablas inutiles... :S

François Bélisle a dit…

Il faut bien que je laisse une note ici…

J’ai essuyé de nombreux refus, notamment parce qu’il y avait trop de politique dans ce tome. Et trop de personnages…

Mais je suis une tête de cochon et je n’ai pas voulu le comprendre jusqu’à ce que le livre ait une vie autonome. Il faut dire que j’ai romancé ici une histoire qui est réellement arrivée (sauf l’attentat, bien entendu) et j’ai tenu mordicus à tout conserver.

Pour cette raison : dans le second tome, un adulte devait passer aux douanes et à la fouille avant d’entrer dans l’histoire. Deux : que de la fiction.

C’est la beauté de la chose, je crois sincèrement avoir appris entre le premier et le second. Dans pizza, j’ai voulu que l’action prime et dans le troisième… je crois avoir joué avec l’atmosphère et je suis resté près de mes Moufettes.

Merci Gen! ;o)

Gen a dit…

@François : Je dois dire que j'ai critiqué le nombre de personnages, mais que je ne vois honnêtement pas comment tu aurais pu couper des personnages ou de l'action politique... sinon en écrivant une histoire plus longue! :) (C'est intéressant de savoir que c'est basé sur des faits réels)

Lol! J'aime bien l'image du personnage adulte devant passer à l'interrogatoire en règle. "Vous vous appelez comment?" "Vous venez faire quoi dans les Moufettes?" "Pensez-vous rester longtemps?" hihihihi

Et tout le plaisir était pour moi :)