mercredi 3 février 2010

Pauvres enfants doués

Une collègue de travail, réagissant à une série d'articles parus dans La Presse, se plaignait l'autre jour, haut et fort, du fait que son fils, dûment diagnostiqué comme doué, avec un QI de 130 malgré ses seulement 8 ans, n'était pas assez stimulé à l'école. Qu'il s'y ennuyait et que c'était pour ça qu'il était turbulent. Qu'il avait besoin d'une école spéciale, mais qu'il n'y en avait pas dans sa région. Que son potentiel était gaspillé.

Je ne pouvais pas m'empêcher de plaindre le pauvre petit bonhomme. J'ai été une enfant douée moi aussi. Sauf que dans mon temps, on disait "hypersensible et éveillée". J'avais un QI très au-dessus de la moyenne, sauf que mes habiletés sociales accusaient du retard. Parce que c'est ça un enfant doué. Il mature de la tête plus vite que la normale, laissant d'autres éléments à la traîne.

Comme le petit garçon de ma collègue, je me suis rapidement emmerdée à l'école. Au début de ma deuxième année, j'avais tendance à bavarder, car je finissais toujours les exercices plus vite que tout le monde. Mais je traînais aussi une peluche dans mon sac d'école. Je lui parlais durant les récréations. 

De nos jours, je me serais retrouvée chez le psychologue scolaire illico presto et j'aurais passé une batterie de test. À l'époque, ma mère m'a simplement expliqué que j'allais faire rire de moi, mais que si je me sentais mieux avec ma peluche, malgré les moqueries, que sans, c'était correct. Elle m'a aussi dit, et répété, que je ne devais pas déranger les autres en classe. Que c'était pas tout le monde qui finissait aussi vite que moi. Elle m'a acheté des livres jeunesse un peu au-dessus de mes capacités de lecture et m'a dit de les amener en classe et de les lire en silence quand j'aurais fini mes exercices. Ma professeure de l'époque, voyant mes excellents résultats, a accepté la solution avec plaisir. Elle a même placé le dictionnaire de la classe sur le coin de mon pupitre.

À Noël, j'avais abandonné ma peluche. J'avais remplacé sa présence sécurisante par celle de romans. Des romans jeunesse au début. Puis des romans pour adolescents. Je me suis fait quelques amis qui venaient, à la récréation, m'écouter raconter les histoires que je lisais. Mes habiletés sociales se sont développées.

Durant tout mon parcours scolaire, j'ai absorbé la matière scolaire comme une éponge. En plus, je lisais boulimiquement. Au moins deux gros romans par semaine. Et, contrairement à ce que j'ai déjà entendu, ce n'était pas du divertissement vide. Oui, je m'amusais, mais Assimov a été mon prof d'astronomie, Dumas m'a enseigné l'histoire de France, Zimmer Bradley m'a appris qui étaient les Celtes. Quand quelque chose m'intriguait dans un roman, je cherchais dans les encyclopédies.

J'ai grandi comme ça. Sans devoirs supplémentaires (j'expédiais ceux de l'école en cinq minutes, pour retourner ensuite à mes bouquins). En explorant au gré de mes intérêts. En découvrant comment me stimuler moi-même. À être autonome. À vivre avec les autres, même ceux qui étaient pas vite-vite. En jouant. En vivant une vie d'enfant, quoi. Et en apprenant à devenir adulte. J'ai découvert les vertus de l'étude à l'université. Ça n'a pas été un problème : j'adorais apprendre et c'était la première fois de ma vie que ça s'avérait difficile. J'ai donc donné un coup de collier, de bon gré.

Je ne crois pas que j'aurais perservéré si longtemps dans mes études si on me les avait rendues ardues. Si on m'avait bourrée de devoirs, de matière avancée, de lectures obligatoires. Ça me désole d'entendre des parents qui voudraient bourrer le crâne de leur enfant doué et en faire un futur prix Nobel, de sciences idéalement. Qui ont l'impression que si leurs enfants ont trop de temps pour s'amuser, c'est du gaspillage. Qui disent que l'école ne comprend pas leur enfant, qu'elle n'est pas adaptée à eux. Ils n'ont pas l'air de réaliser que "doué" n'est pas "génial" et que le QI élevé de leur enfant ne continuera pas à se développer, comme chez les vrais génies, mais restera plutôt stable (et même, comme les vrais tests de QI ajustent les résultats en fonction de la moyenne de gens du même âge, son QI pourrait paraître descendre avec le temps). Un enfant doué atteint son potentiel plus vite et il deviendra sans doute un adulte vif d'esprit, mais pas nécessairement un individu hors normes.

C'est bien beau vouloir adapter l'école aux enfants doués, pas doués, normaux. Mais la société, elle, elle ne s'adaptera pas. Un enfant doué devrait le comprendre plus vite que les autres et s'y préparer tout de suite. Apprendre à s'évader, à se réaliser. Par lui-même.

36 commentaires:

Elisabeth a dit…

J'aime beaucoup ton commentaire de ce matin, surtout parce qu'il m'est en lumière le fait qu'une multitude de parents d'aujourd'hui se plaignent de ce que l'on offre à leurs enfants, mais ne prennent jamais eux-mêmes d'initiatives et ne cherchent pas non plus de solutions. Ils plaignent leurs enfants, point. Et ce n'est jamais la faute du gamin s'il est turbulent, s'il n'écoute pas, etc, c'est toujours la faute de l'école, du prof, de la nature même de l'enfant (pauvre petit, c'est pas de sa faute, il s'ennuie c'est parce qu'il est doué). J'ai suivi à peu près le même parcours que toi, peluche en moins ;), devenant une boulimique de lecture parce que c'est la solution que mes parents et mes profs avaient trouvé pour m'occuper et m'éviter de bavarder, ça et aider ceux qui avaient de la difficulté. Malheureusement, beaucoup de jeunes d'aujourd'hui peineront à s'adapter à la société et à se débrouiller justement parce qu'on demande à la société de s'adapter à chaque cas et non le contraire... Triste, non?
Et le pire dans tous ça, c'est que c'est maintenant devenu la norme que d'essayer d'adapter un milieu à un enfant par crainte de représailles de la part des parents. Je l'ai vu souvent avec Cédric, qui a de multiples «problèmes» dû à son passé d'hôpital et aux séquelles de tumeurs cérébrales; il m'est souvent arrivé de devoir appeler a l'école non pas pour quémander des privilèges, mais plutôt pour demander qu'on lui en enlève!!! J'argumentais chaque fois que la vie ne lui ferais pas autant de cadeaux, encore moins la société, et qu'il devrait apprendre à vivre avec ses handicaps et développer des solutions parce qu'il ne pourrait pas passer son existence à expliquer à chaque personne qu'il rencontrait qu'il était comme ça parce que... long roman de sa vie ici. Et que, de toute façon, la majorité s'en ficherait éperdument. On appelle ça outiller un enfant pour l'avenir, mais la psy de l'école et les intervenantes me trouve, au contraire, trop dure avec mon fils. Pourtant, c'est un enfant heureux et épanoui, en plus d'être drôlement débrouillard. Il ne me donne franchement pas l'impression d'être malheureux d'avoir une mère aussi «dure». Mais bon, c'est vrai qu'il y a moins de ouate chez nous qu'ailleurs pour enrober les enfants. Je me dis que ça fera ainsi moins mal quand il frapperont des murs dans l'avenir... ;)

Elisabeth a dit…

... parce qu'ils se seront habitués a se cogner le nez avant! (il manquait un bout phrase. :S)

Gen a dit…

@Elisabeth : Contente de voir que tu t'es reconnue dans mon commentaire... :) (peluche en moins... j'imagine même pas ce qu'on dirait à présent d'une fillette de deuxième année qui traîne une peluche!!!)

Et épatée d'apprendre que tu forces ton fils à se cogner le nez de temps en temps contre les aspérités de la vie. En effet, je crois que tu es en train de l'outiller pour l'avenir... mais mon dieu que la plupart des parents ne voient pas les choses de cette façon de nos jours! Surtout quand leur enfant a un handicap, si minuscule soit-il.

C'est fou pareil que l'école insiste autant pour traiter ton fils différemment, surtout après que tu leur aies dit de ne pas le faire. Ils ont peur que tu les poursuives faut croire!

J'espère que je vais réussir à être une maman aussi impitoyable (dans le bon sens du mot) que toi ;)

Frédéric Raymond a dit…

Qu'est-ce que tu as contre La Science ;-)

Sans blague, je suis vraiment d'accord avec toi. J'ai vécu sensiblement la même chose et je ne m'en porte pas plus mal aujourd'hui. Plus le temps pour la lecture, l'imaginaire, les G.I. Joe et les concours de mathématiques, c'est parfait pour un enfant!

Gen a dit…

Je n'ai rien contre la science. Seulement contre le fait que dès qu'un enfant est brillant, c'est vers ça qu'on le pousse.

Comme tu dis avoir fait le même parcours que moi, tu es, en tant que bio-informaticien, la preuve vivante que c'est pas nécessaire de bourrer le crâne d'un enfant pour qu'il devienne plus tard un scientifique de pointe. :p

"Concours de mathématique" Whoa, même contrainte et forcée, par sûre que quelqu'un aurait réussi à me participer à ça! lol!

Elisabeth a dit…

C'est triste mais vrai de dire que c'est exactement ce dont l'école a peur; qu'on la poursuive. J'espère que ça aura changé quand tu auras des enfants mais présentement, c'est «débile» le mode de la surprotection. C'est pas des farces, à l'école primaire de mes enfants, ils ont étalé des MILLIERS (le chiffre exact vous ferait peur!!!!) de dollars de paillis de cèdre sous les jeux et les balançoires dans la cour parce que les «pôvres» petits pourraient se faire mal en tombant donc il faut amoindrir les chocs potentiels (yeux au ciel) On s'est planté quand on était gamin pis on est pas tous en chaise roulante pour ça... Mais bon, faut croire que les enfants d'aujourd'hui sont plus fragiles...

Concernant Cèd, je suis habituée aux jugements. Quand il était dans sa pire phase de chimio et que tous étaient convaincus qu'il allait mourir, je me suis fait engueulé plus d'une fois parce que j'osais le chicaner s'il faisait des bêtises (par chicaner, on s'entend que j'y allais quand même mollo, je ne suis pas si irresponsable que ça comme mère quand même ;)) On m'a dit, et je cite: S'il meurt, tu vas t'en vouloir le reste de ta vie de l'avoir disputé! Ce a quoi je répliquais: Pis s'il vit, ben il ne me montera pas sur la tête a six parce que je l'aurai bien élevé malgré la maladie!

Gen a dit…

J'ai pu constater en tant que prof cette mode de la surprotection. J'avais pas un élève normal dans mes classes. À entendre les parents, ils avaient TOUS un problème requérant des ajustements ou des précautions particulières. J'ai pas abandonné l'enseignement pour rien!

Sans farce Élisabeth, je salue ton courage dans ton attitude vis-à-vis ton fils. Non pas tant le fait que tu l'aies chicané comme s'il était n'importe quel enfant (je pense que c'était naturel de le faire : comme tu dis, tu voulais l'élever malgré sa maladie), mais simplement parce que je vois présentement la pression que les proches peuvent mettre en se mêlant d'affaires qui ne le concernent pas.

Elisabeth a dit…

Tu as donc dû remarquer que tous le monde autour de nous a toujours l'air de savoir mieux que nous ce qu'il faut faire et comment le faire, mais que personne ne veut réellement notre place ni se dépêtrer avec tout ce que ça implique! Je comprends très bien dans quelle genre de situation tu dois te trouver et je te lève mon chapeau parce qu'en plus, tu dois composer avec un adulte malade et non un enfant, donc tu es probablement tiraillée dans les deux sens. Au moins, Cèd, à 30 mois, ne discutait pas. (Bien que j'aurais parfois aimé qu'il nous donne son avis sur ce que l'on choisissait pour lui :( ) Je me permettrai même un conseil; apprends (parce que c'est vraiment un apprentissage) à t'éloigner des grugeurs d'énergies qui commentent tout ce que tu fais et décides. Ça m'a pris des années à comprendre ça, mais maudit que j'étais bien après avoir fait le ménage dans mes relations!

Gen a dit…

@Elisabeth : Ouais, mets-en qu'il y en a du monde qui a des bonnes idées, tant que c'est pas eux qui doivent les appliquer.

Merci pour le conseil. C'est en cours en fait. C'est juste plate, parce qu'après avoir coupé ces ponts-là, il ne me restera plus grand chose comme famille. Heureusement que j'ai des amis (réels et virtuels) sur lesquels compter. ;)

Vincent a dit…

Je suis un peu tard pour commenter! Mais bon, je dois dire que je suis contre la surprotection des enfants à l'école, par les parents, etc. Les enfants ne sont pas si fragiles. Physiquement, ils sont fait en caoutchouc et mentalement aussi! À force de s'assurer qu'il n'aient jamais mal, on les affaiblit.

On grandit en rencontrant des obstacles et en les surmontant. Ça ne veut pas dire qu'il faut les laisser aller sans les surveiller et les guider, mais tout de même, il ne faut pas les empêcher de s'écorcher les genoux et se casser la marboulette quelques fois.

Éléonore a dit…

J'ai bien apprécié lire ta vision de la situation basée sur ton histoire personnelle.
C'est évident que la lecture est un support incroyable pour un enfant "éveillé" (donnons lui le nom qu'on voudra.)

Cependant, il me semble qu'il existe quand même des programmes adaptés aux élèves dont les apprentissages se font rapidement même au primaire. Des programmes intéressant alors si L,enfant le veut pourquoi s'en priver ? Par exemple, les programmes d'immersion en langue seconde, les programmes de création de comédie musicale (très populaire dans ma région), les programmes d'initiation à la musique ou aux sports.

Mes deux filles ont fait la sixième année dite intensive avec la moitié du parcours en anglais. Elles ont nagé la dedans comme des poisson dans l'eau et en conservent encore des années pluatard une belle facilité avec l'anglais.

De même ma plus jeune a toujours choisi des programmes arts-études lui permettant de condenser les matières obligatoires et de libérer du temps pour la création artistique, puis pour la photo. Aujourd'hui, a 17 ans, la photo est sa passion, sa valorisation, son ouverture sur le monde et même un beau petit side-line.

Elle aurait pu aussi choisir l'éducation internationale car elle a une grande passion pour l'espagnol.

Pourtant, j'ai rien d'une bourreuse de crane qui veut faire des petits génies sauf que si la capacité est là, que l'enfant le veut (condition essentielle), que le service est offert, pourquoi j'aurai refusé à mes enfants de gouter au théatre, au chant, à la danse, etc ?

je ne suis pas certaines non plus que la société ne soit pas mieux adaptée aux gens doués. Enfin peut-être ai-je mal compris le sens de ton dernier paragraphe. Sur le marché du travail par exemple, la personne qui comprend vite, qui a une bonne mémoire, qui cherche à compléter sa formation, à acquérir des compétences, qui se perfectionne sera toujours mieux perçue que le bon employé qui malgré ses bons services manque de dynamisme...

Gen a dit…

Attention, je n'ai pas dit : maintenons les enfants éveillés dans des programmes plates. Surtout que tous les programmes dont tu me parles ne sont pas à proprement parler des programmes de "douance" appliqué au début du primaire, mais bien des programmes de secondaire dynamiques, faits pour stimuler les enfants en respect, comme tu le soulignes avec LEURS intérêts.

Malheureusement, ces programmes-là ont tendance à ne pas être disponibles partout et à ne pas accepter les enfants qui sont "ordinaires". Je trouve ça injuste pour eux. Un enfant qui est moyen voire faible dans les matières de base pourrait sans doute trouver une nouvelle motivation si on lui permettait de faire des programmes d'art et de sport à côté.

Sur le marché du travail, la personne douée sera sans doute mieux perçue que l'employé "moyen" par ses employeurs. Cependant, elle est mieux d'avoir acquis une attitude humble, coopérative et non condescendante envers les gens moins "vites" qu'elle, sinon elle va trouver ses milieux de travail pénible très rapidement, car elle va générer du ressentiment et de la jalousie.

C'est dans ce sens-là que je veux dire que la société ne s'adaptera pas.

De plus, à moins de faire partie des (très) rares chanceux qui trouvent leur boulot constamment stimulant, elle est mieux de savoir nourir son esprit en dehors de son milieu de travail.

Amélie a dit…

(Je suis tombée ici par hasard -- bonjour! ;p)

J'aime tellement, tellement ce billet.

J'ai toujours été une enfant très douée à l'école & j'ai grandi dans une toute petite ville où les écoles manquaient de ressources & de personnel -- alors les cours intensifs ou les programmes enrichis ou toutes ces choses-là, on oublie ça. Mais j'ai passé le primaire & le secondaire à lire quand je terminais avant tout le monde, comme toi, ou bien à aider les élèves qui comprenaient moins bien, même quand ça me tentait pas, parce que c'était la dynamique que les enseignantes & enseignants avaient mis en place. & j'ai développé, je sais pas, une certaine intelligence émotionnelle, une capacité d'empathie, beaucoup de patience & pas mal de tolérance -- & ce sont des choses qui me servent énormément aujourd'hui. En fait, ce sont probablement les choses que j'aime le plus de moi-même.

Je comprends les parents de vouloir développer le plein potentiel de leurs enfants. Mais je crois qu'il y a plus à l'école que ce qu'on y apprend en classe, avec des manuels & des exercices. Bref! Merci pour ce billet. :)

Gen a dit…

@Amélie : Bonjour et bienvenue :)

Je suis contente que tu te reconnaisses aussi dans ce billet :) Et oui, je pense qu'il y a tellement plus à l'école que les matières enseignées. C'est une reproduction de toute la société au fond. (Je précise d'ailleurs que j'ai fini par me sortir le nez de mes livres pour apprendre à aider les autres... ça a juste été plus long, étant donné le point d'où je partais! hihihi)

J'espère que malgré leurs tâches qui ont pas d'allure et la réforme qui en a encore moins, il existe encore des professeurs capables de pousser les enfants à apprendre non pas plus de matière, mais plus de qualités sociales (patience, tolérance, empathie...)

Gen a dit…

@Amélie : De Russie!?!?! Tu atterris sur mon blogue depuis la Russie!?!? O_o

Curiosité : tu viens d'ici et tu habites présentement là-bas? tu viens de là-bas et tu parles français pour le fun? tu habites à Montréal et tu voulais juste pas le dire? :p

Des détails, svp (sinon tu vas te retrouver en personnage dans une de mes nouvelles ;)

Luc Dagenais a dit…

@ Gen: AAAAAH! La "Douance", que de souvenirs... J'en faisait parti au secondaire et maudit que j'ai détesté ça.

Gen a dit…

@Luc : Lol! Merci d'approuver ma position ;p

Je pense qu'il y a des jeunes pour qui ça va... mais faudrait réaliser que c'est pas tous! Et que ceux qui n'en ont pas envie ne deviendront pas des larves pour autant.

Y a le risque qu'ils soient écrivains par contre... ;p

Vincent a dit…

Au secondaire, j'ai "sauté" un an et ensuite, j'ai toujours eu les cours enrichi. Le fait d'être en avance d'un an à un âge où les ados changent rapidement, ça ne m'a pas vraiment aidé à m'intégrer aux groupes. Et en arrivant un an plus tôt au Cégep, je n'avais aucune idée sur ce que je voulais faire dans la vie.

Ne sachant pas trop ce que je voulais faire, j'ai commencé le programme de sciences de la nature... pour me planter solidement en mathématiques. Je n'avais pas de motivation à me défoncer à l'école parce que je ne voyais pas où ça pouvait me mener.

Si c'était à refaire, j'éviterais autant que possible de sauter un an. Et je prendrais plus de temps pour envisager ce que je ferais de ma vie. Ça aurait probablement été mieux au cégep.

Bref, toujours pousser les enfants à exceller à tout prix, ce n'est pas nécessairement la bonne marche à suivre... Enfin, c'est ce que mon expérience personnelle m'a démontrée. :)

Luc Dagenais a dit…

@ Gen: Personnellement, c'est justement la "douance" qui m'a transformé en larve paresseuse: on nous sortait des cours pour nous faire faire de l'"enrichissement", sous pretexte que nous serions capable de combler le retard ainsi créé (et par le fait meme nous tenir tranquille parce qu'on rushait pour rattraper les autres au retour).

Ce qui fonctionnait dans le fond, et qui m'a enseigné de solide habitudes de travail qui m'ont accompagnées tout au long du secondaire, cegep, et univ.: sèche tes cours, écoute pas le prof, fais autre chose, part dans la lune, tu pourras toujours te rattraper par la suite... 8-S

Gen a dit…

@Luc : Mouhahahahaha!

Comique, j'ai acquis des habitudes de travail inverses : suis le cours (sauf quand le prof répète), fais tout ce qu'on te demande le plus rapidement possible (et le mieux possible : ça évite de recommencer), puis profite du reste du temps pour te la couler douce :p

Éléonore a dit…

"Malheureusement, ces programmes-là ont tendance à ne pas être disponibles partout et à ne pas accepter les enfants qui sont "ordinaires". Je trouve ça injuste pour eux. Un enfant qui est moyen voire faible dans les matières de base pourrait sans doute trouver une nouvelle motivation si on lui permettait de faire des programmes d'art et de sport à côté."

En effet, c'est un question qui fait débat présentement dans le milieu scolaire, doit-on ouvrir les "options art-sport-étude" à tous performants ou non, il y a des pour et des contre de chaque côté. Le sport en entre autre peut être une motivation et une valorisation importante pour éviter le décrochage des garçons. N'empêche que pour dégager 3-4 heures libres dans ta grille-horaire, il faut bien que tu aies été capable de faire tes autres matières en 3-4 heures de moins que le programme normal.

Par contre si on revient à l'exemple de base, c'est à dire comment toi tu as occuppé ton temps libre scolaire profitablement, soit par la lecture. C'est un profil classiquement féminin de la petite fille sage cela dit sans aucun jugement, j'ai le même profil ayant même sauté ma deuxième année ;)

Cependant comme tu le dis toi-même "mais faudrait réaliser que c'est pas tous!" il faut être ouvert aussi au fait qu'un garçon performant au primaire aie d'autres envies et d'autres besoins. Peut-être que dans son temps libre il lui serait plus profitable de s'initier à l'informatique, à la conception d'un petit moteur électronique, d'une voiture téléguidée, d'avoir accès à un petit atelier de modèles réduits, je lance des idées comme cela, juste pour dire qu'il existe des modèles de comportement plus masculins aussi.

Une dernière petite précision, je parle bien de programme d'immersion anglaise au primaire. Dans certaines commissions scolaire, ce programme existe dès la 4ième année sinon 5ième ou 6ième.
"Au Lac-Saint-Jean, à la commission scolaire du même nom, le programme d’anglais intensif existe depuis 13 ans. Aujourd’hui, 17 des 21 écoles primaires y participent. Dans la majorité des écoles, le programme est ouvert en sixième année. Quelques écoles le donnent en cinquième année"

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changement de sujet, Marion Zimmer Bradley ? tu dois parler du cycle d'Avallon, on a eu les mêmes lectures

Gen a dit…

(Oups... c'est parti tout seul)

À l'université, j'ai rencontré quelques "doués" qui avaient acquis ce sentiment de quasi-invulnérabilité "je me rattraperai plus tard".

Je trouvais ça bien drôle de les voir rusher en fin de session pendant que je prenais une bière sur une terrasse ;) (Ah, l'Uqam...)

Éléonore a dit…

"puis profite du reste du temps pour te la couler douce"

Bien tu vois, c'est dans définition même de se la couler douce que peuvent intervenir différentes perceptions et visions.

Pour les uns se la couler douce c'est lire, dessiner, pour les autres c'est avoir une activité plus physique.

Gen a dit…

@Éléonore : Il y a des cours au secondaire qui pourraient être avantageusement remplacés. Les jeunes ont tellement de math et de français qu'ils en sont écoeurés... et ça c'est sans compter le fameux cours d'Éthique et culture religieuse. Mettez une option à la place (comme "dans mon temps") ça ne fera que des heureux.

C'est sûr que j'avais le profil "petite fille sage" (quoique... non, j'étais une peste quand on ne me laissait pas lire). Cependant, je pense que l'aspect important, c'est qu'on m'a forcée à rester dans une classe normale, en silence, avec les autres, tout en apprenant des trucs qui me plaisaient davantage. Un garçon aurait pu lire autre chose (ou faire des problèmes de logique ou math). L'important, je crois, c'est de faire comprendre aux enfants doués qu'il y a des moments où il faut s'occuper soi-même, sans déranger les autres.

Et les loisirs, je suis pas contre du tout. Mais ça peut se faire en dehors de l'école. Pourquoi toujours essayer d'adapter l'école, les profs, etc? C'est surtout ça mon interrogation.

J'avais vu que le programme d'anglais intensif était au primaire. Cependant, on s'entend qu'en sixième année, on est loin des apprentissages de base. Et puis, tant que c'est la classe au complet qui suit le même cours, je n'ai rien contre.

Ce que je trouve dommage, c'est quand on ghettoïse les enfants doués. Qu'on les pousse dans des directions qui ne sont pas les leurs.

Pour le dernier sujet : Les dames du Lac ET Le cycle de Ténébreuse. ;)

Gen a dit…

@Éléonore : Pour moi, se la couler douce, ça veut dire exactement ça : avoir du temps libre pour choisir ce qu'on veut faire... quitte à s'ennuyer si on n'arrive pas à se décider.

Ça ne voudra cependant jamais dire : "faire des devoirs supplémentaires imposés par un programme de douance".

Mais bon, question de perception en effet...

Éléonore a dit…

@Vincent "Bref, toujours pousser les enfants à exceller à tout prix, ce n'est pas nécessairement la bonne marche à suivre... Enfin, c'est ce que mon expérience personnelle m'a démontrée. :)"

Tu as parfaitement raison. Mais il ne faut pas non plus négliger le fait que certains enfants en veulent plus d'eux-même, ce sont eux qui en demandent.

Ma fille ainée est performante en sport, ce n'est pas moi qui lui ai transmis cela, mais la motivation de son père était contagieuse, lui il aime les sports alors elle a embarqué à fond dans la course. ce n'est pas nous qui la poussons c'est elle qui nous tire lol

Pour l'année que tu as sauté oui il ya des risques d'être légèrement plus immature que les autres, pour ma part le flottement a duré un an ou 2, mais par la suite je l'oublais même la plupart du temps.

Vincent a dit…

@Éléonore: C'est sûr que si l'enfant veut exceller et est super-motivé, il faut l'encourager et non pas le freiner.

Pour le fait d'avoir sauté un an d'école, ça a finit pas se replacer moi aussi, mais au cégep, pas au secondaire. Mon problème n'était pas la maturité mais mon aspect physique! J'étais le seul (ou presque) à ne pas avoir grandi encore et comme en plus j'étais le "petit bolé" qui a sauté un an, disons que je partais déjà avec deux prises. On ajoute à cela que j'étais pas doué dans les sports: la troisième prise! (J'exclut les arts martiaux des sports, mais comme on en fait pas d'arts martiaux à l'école...)

Amélie a dit…

Hahaha, j'habite en Russie seulement pour cette année, je suis à Québec habituellement! ;)

ClaudeL a dit…

Coudonc, j'étais où aujourd'hui? Ce billet m'est passé sous le nez. Pars ce soir voir une conférence sur le rire, mais de retour demain, promis, pour ajouter mon grain de sel, comme ex-élève et ex-prof, dans la moyenne en tout, sauf en tricot et en gymnastique!

Éléonore a dit…

Bien moi je voulais vous dire que j'ai apprécié la discussion et la qualité de toutes vos interventions. J'aime bien faire l'avocat du diable, mais je ne mords pas :)

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Ha la saga de Ténébreuse que de bons souvenirs, j'ai eu franchement de la peine quand j'ai su que Marion ZB était morte, les auteurs ça ne devrait pas mourrir :(

Gen a dit…

@Amélie : Ah, je comprends alors! :) Au plaisir de te revoir ici :)

@ClaudeL : Oui, oui, je veux ton grain de sel.

@Éléonore : J'ai bien apprécié aussi la discussion. J'aime les avocats du diable, ça met du piquant. :) J'adore susciter des échanges (de là certaines positions en apparence choquantes). Mais ne t'en fais pas : on est quand même des gens qui font dans la nuance.

Pour ce qui est des auteurs qui devraient pas mourir... Bof... Je suis contre l'immortalité en général. Chez les artistes, surtout, j'aurais peur qu'ils finissent par ne plus se renouveler... Promis: ce sera un sujet pour un prochain billet ça ;)

ClaudeL a dit…

Ah! l'école! Déjà quand j'étais élève, je le sentais: l'école n'est pas faite pour tout le monde. J'ai cherché des études ce matin pour apporter un peu de sérieux à mon assertion, mais je me suis dit que ce n'est qu'un commentaire, pas une analyse. Certains disent qu'elle n'est faite que pour les filles, peu importe les réformes et les changements de programmes que chacun et chacune ont pu connaître. Que l'école "dans notre temps" était surtout faite pour les auditifs capables d'appendre en écoutant les cours magistraux. Si j'avais connu cette théorie des auditifs-visuels, je n'aurais pas enseigné de la même façon, mais je pense quand même que je l'ai fait d'instinct. Que l'école est faite que pour des élèves moyens, peu importe les numéros de cours 300-310-320, A, B ou C, alors forcément les bons y perdent leur temps et les faibles sont oubliés.
Comme professeur au secondaire (de I à V, en différentes matières), je l'ai réalisé dès la deuxième année. J'aurais donc voulu envoyer tout de suite certains élèves ailleurs, les reclasser, mais il y a des sortes d'écoles qui n'existent pas. Je retournerais au temps des apprentis.
Et quand je vois ce que sont devenus ces hommes et ces femmes, moi, mes parents, mon frère, mes nièces, mon neveu, je peux conclure que peu importe le système, le genre de cours, ce que l'école peut leur offrir, chacun sort de l'école avec les outils qu'il a été cherchés sans trop s'en apercevoir, selon les professeurs, les parents et les amis qu'il ont eus et non pas tellement par les connaissances et les compétences (les mots de la réforme) qui lui étaient offerts.

Je sais c'est général.
Ce qui revient à dire: même si l'école c'est fait pour apprendre, ça reste que c'est par des personnes qu'on apprend: soi, les profs, les parents, les amis.
Je n'ai rien appris en anglais à Lévis parce que l'institutrice que j'aimais pourtant beaucoup m'a donné le goût de lire (que j'avais déjà) parce qu'elle nous lisait des histoires le vendredi après-midi, mais la pauvre, elle ne savait rien en anglais. En 7e année, je n'ai rien appris en tricot parce que ma mère et ma grand-mère ne l'avait déjà montré et, d;es septembre, je dépassais le stage des mitaines et des foulards. Arrivée à Ville Saint-Laurent en 9e année (syntaxe en fait, on ne disait pas secondaire II à ce moment-là), les équipes de hand-ball étaient toutes formées depuis l'année précédente où je n'y étais pas, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, parce que, très bonne en gymnastique et moyenne dans tout le reste, je voulais performer en sport et montrer que j'étais première en quelque part. Et j'ai commencé à quatre ans la maternelle, et, parce que nous avons déménagé très souvent, mon frère a dû recommencer sa deuxième année et sa 10e, mais mon père, professeur-premier-en-latin-mais-dernier-en-chimie, lui a fait faire sa 5e année pendant l'été. Et ma mère, première de classe, parfaitement bilingue à 15 ans (ce que je ne suis pas encore à 59), n'aurait pas fait un très bon professeur parce qu'elle a de la difficulté à comprendre que les autres ne comprennent pas. Et j'ai encore des tas d'exemples chez les élèves: un pas très bon à l'école et tannant en plus fait une excellent homme d'affaires, à la tête d'une petite entreprise de plomberie, parce que très bien encadré par sa famille.

Mais voilà quand bien même on saurait tout ça, et tout ce que cette discussion a pu apporter à l'édifice de l'éducation, il n'y aura jamais de système parfait, il n'y aura toujours que des humains qui doivent apprendre à vivre ensemble.

Finalement ce n'était pas un commentaire mais quasiment un sermon. J'ai bien le goût d'effacer tout ça et ne laisser que les exemples qui n'apportent rien non plus mais que l'anecdote peut amuser.

Gen a dit…

lolol! Merci pour cette tranche de vie ClaudeL. Décousue, mais très intéressante ;)

Je retiens ta conclusion : l'école, c'est des humains qui doivent apprendre à vivre ensemble. Je crois que c'est le meilleur apprentissage qu'on en retire.

Pur bonheur a dit…

Ton cheminement ressemble beaucoup à celui de ma fille. Sauf qu'elle, lorsqu'elle préparait ses valises pour aller passer quatre mois à Paris pour ses recherches de mémoire, elle a glissé discrètement SA DOUDOUNE parmi ses vêtements !!
On l'a bien taquiné là dessus :D
Pur bonheur

Gen a dit…

@Pur Bonheur : hihihi! ;)

ClaudeL a dit…

Comment ça décousu?!!!(ton taquin bien sûr)
Prémisses, hypothèse générale, exemples particulliers, conclusion.
Mais bon, je vois que tu es déjà passée à un autre sujet. Ne nous éternisons pas.