jeudi 10 décembre 2009

Prime Time : le livre que je voulais aimer

Je voulais aimer Prime Time de Claude Bolduc et Serena Gentilhomme. On m'en avait fait l'éloge. Et puis, ça partait bien : c'est une satire des téléréalités, que je trouve d'une niaiserie consommée. Y'avait aussi des cannibales, un bon ingrédient d'horreur cynique et d'humour noir. Et puis mes quelques échanges avec Claude me l'avaient fait trouver fort sympathique, avec une vision de la vie qui me rejoint. Finalement, j'avais déjà lu quelques nouvelles de lui et j'avais beaucoup apprécié. Bref, j'étais prête à adorer le roman et à me bidonner à chacune de ses pages.

J'avais peut-être trop d'attentes... Ou c'est pas mon genre d'humour... Ou bien j'ai pas regardé assez de téléréalités (j'avoue n'en avoir suivie qu'une : The Ultimate Fighter, saison 1, Griffin vs Bonnar oblige) pour goûter le sel des plaisanteries... Ou alors Cendryne-la-tarte-française-venue-d'un-village-creux me faisait trop penser à des gens que je connais pour que je trouve la caricature amusante... Peut-être que c'était trop exagéré... Ou que c'était simplement trop Français pour moi... Trop de baise, de bouffe et de prises de bec... (Après tout, il a pas été distribué au Québec, alors j'étais sans doute pas le public-cible).

Bref, j'ai pas trippé. Ça n'a pas été une lecture pénible, mais j'attendais plus... Trop sans doute.

Et là je me suis retrouvée devant le délicat problème de l'honnêteté intellectuelle : est-ce que je devais faire un billet peu élogieux sur le bouquin ou est-ce que je devais le passer sous silence? Claude sachant que je l'avais (puisque je le lui ai acheté directement) et que j'allais bien finir par le lire, si je ne disais rien il se serait sans doute imaginé le pire...

Alors voilà, n'écoutant que mon honnêteté, mon courage et ma grande gueule (ils étaient trois contre moi, quoi), j'avoue franchement que j'ai pas tellement aimé Prime Time... Sauf les 60 dernières pages. Celles-là, elles m'ont fait rire. Le retour de Jed dans le chalet avec les deux psychopathes qui commentent l'action comme s'il s'agissait d'un film d'horreur cliché... priceless! La fin n'est pas piquée des vers non plus. Et les autres téléréalités évoquées ici et là... délicieuses!

Pour me consoler de ma petite déception, là j'ai un Solaris bourré de nouvelles de Claude :) Suite à leur lecture (la première me rend déjà parano au sujet d'un bouton suspect découvert ce matin...), je pourrai probablement mettre tous les défauts que j'ai trouvé à Prime Time sur le dos du sujet lui-même... Après tout, c'est dur de tourner en ridicule quelque chose qui l'est déjà tellement!

Addendum
Serena a confié sur le blog d'Isa que les répliques les plus débiles du roman sont tirées de téléréalités véritables... ça explique peut-être pourquoi je ne suis pas arrivée à en rire : elles m'ont semblées si vraies que j'ai pris les personnages en pitié. Avoir pu, je les aurais appelés pour leur dire de retourner se cacher chez eux, parce qu'ils faisaient honte à leur maman!!! C'est dire que si je n'ai pas été tordue de rire tout au long de ma lecture (comme je l'espérais), je n'y ai pas été indifférente pour autant!

9 commentaires:

Elisabeth a dit…

J'admire ton honnêteté; elle est devenue trop rare entre lecteurs et écrivains et pourtant elle peut être d'une grande utilité...

Gen a dit…

Merci... mais mettons que là j'espère que Claude va encore vouloir me parler...

claude b. a dit…

Étant donné le thème choisi et, surtout, le traitement qui y est appliqué, c'est évident que Prime Time ne peut pas plaire à tout le monde, alors tu n'as pas à t'en faire avec ça. D'ailleurs, comme c'est souvent le cas avec les écrits en collaboration, Prime Time ne ressemble ni à ce que je fais habituellement ni à ce que fait Serena. Mais bon sang qu'on a eu du fun!

Et puis, si les critiques professionnels ne se gênent pas pour dire ce qu'ils pensent, pourquoi t'en priverais-tu?

Gen a dit…

@Claude b. : T'es adorable, tu le sais, j'espère? :p

Ça paraît que vous avez eu du fun à écrire en tout cas. Ça pourrait pas être aussi délirant sinon. :) Comme je dis, j'ai pas réussi à embarquer, mais ça m'arrive souvent avec les comédies les plus burlesques. Je deviens mal à l'aise et gênée pour les personnages, lol!

N'ayant pas le souvenir d'avoir lu Serena, je ne peux pas dire si on reconnaissait sa plume, mais en tout je n'ai pas senti la tienne.

claude b. a dit…

Si tu es curieuse, il y a une nouvelle de Serena, «Main de gloire», dans Solaris no 135. Dans le cas de Prime Time, bien qu'à la base il y a eu deux blocs de texte distincts, il se sont fusionnés tranquillement. En plus, l'un est intervenu dans le bloc de texte de l'autre. Sans compter que, du simple point de vue linguistique, Serena n'animait pas exclusivement des personnages européens, et moi pas nécessairement des personnages nord-américains. Il y a donc eu pas mal de dépannage mutuel en cours de route.

À noter qu'il existe, sous forme de nouvelle, une espèce d'antécédent de nos sympathiques tueurs en série. «Livraison exceptionnelle» a paru dans Solaris no 142.

La satire, le burlesque et le grotesque sont bien heureux quand le lecteur se sent mal pour un personnage.

claude b. a dit…

Tu parlais du nouveau numéro de Solaris, j'ai une coïncidence à mentionner à ce sujet. La nouvelle «De l'amour dans l'air», parue auparavant dans une antho non distribuée ici, voit donc sa première publication en terre québécoise. Exactement au même moment paraît son adaptation en récit graphique dans l'album La Machine du Bonhomme Sept-Heures. Le hasard fait bien les choses.

Gen a dit…

Oh, c'est intéressant d'apprendre comment vous avez écrit ça. :) Je me demandais justement... Ça me fascine ces collaborations. L'acte d'écriture est plutôt solitaire d'habitude.

Merci pour les références des nouvelles de Solaris. Je vais... les ajouter à la liste des trucs à acheter :s (Quoiqu'il me semble que j'ai au moins le 135 à la maison...)

Je suis justement en train de lire "De l'amour dans l'air" là (Je suis condamnée à faire la réception du bureau aujourd'hui, alors je lis entre deux appels... c'est bien le seul côté plaisant de la tâche!!!). C'est effectivement une heureuse coïncidence de parution :)

Isabelle Lauzon a dit…

Bravo pour ton honnêteté, Gen, ça n'a pas dû être facile de pondre ce billet et de le mettre en ligne!

Personnellement, j'ai trouvé Prime Time rafraîchissant, car je n'avais jamais rien lu de semblable. Et pour la fin, en effet, c'est complètement délirant, j'ai adoré! Rien que de penser que les personnages sont basés sur des personnes réelles, je flippe. Et la collaboration des deux auteurs m'a beaucoup intéressée. D'ailleurs, ils en ont parlé au Boréal... Oh! C'est vrai, tu n'y étais pas! J'espère que ta place est réservée pour le prochain... ;)

Gen a dit…

@Isa : :p T'es aussi haïssable que moi, ma parole!